Catégorie : Événements et rapports

« Les petits-déjeuners du Bridge » : Une nouvelle édition autour de Bernard Cazeneuve

Le 12 janvier 2023, The Bridge Tank a eu le plaisir d’organiser une nouvelle édition des « petits-déjeuners du Bridge, » autour de Monsieur Bernard Cazeneuve, Ancien Premier ministre.

Cette rencontre a permis de rassembler en format fermé une vingtaine d’éminents décideurs économiques et politiques français et internationaux afin d’échanger sur des sujets portant sur la structuration de la vie politique française et les grands enjeux européens et internationaux.

Organisée au Cercle France-Amériques, la séance modérée par notre board member Jean Bizet, ancien président de la Commission des Affaires européennes au Sénat, et Joël Ruet, Président, The Bridge Tank et économiste à l’Ecole Polytechnique, a abordé des thèmes allant du chamboulement du paysage politique français, au conflit entre l’Ukraine et la Russie, en passant par la situation sécuritaire au Sahel et la position française dans la région.

À travers les échanges avec les participants, M. Cazeneuve a également pu partager son expertise et ses analyses sur des thèmes tels que :

  • Le couple franco-allemand en matière de stratégies et d’industries de défense ;
  • Le besoin de renforcer la coopération européenne sur des questions de transition énergétique ;
  • La relation entre entreprises et citoyens ;
  • La crise migratoire et la politique européenne sur la question ;
  • L’importance de l’Afrique dans la transition énergétique française.

De nombreux board members de The Bridge Tank se sont joints à cette session d’échange, comme par exemple :

  • Irina Bokova, Ancienne Directrice Générale de l’UNESCO
  • Mohamed Chaïbi, Président du Conseil d’Administration de Ciments du Maroc
  • Christian Connan, Ancien Ambassadeur
  • Hakima El Haite, Présidente de l’Internationale libérale, Ancienne Ministre-Déléguée de l’Environnement du Maroc
  • Stéphane Gompertz, Ancien Ambassadeur et Directeur au Quai d’Orsay
  • Guillaume Henry, Président de l’Association pour l’étude écologique du droit
  • William Nkontchou, CEO de l’AFIIP -African Financial Institutions Investment Platform
  • Jean Pasternak, CEO Green Tie

Cette édition des « petits-déjeuners du Bridge » a également eu le privilège d’accueillir des participants tels que :

  • Pierre Ducret, Ancien Président, I4CE – Institute for Climate Economics- Caisse des Dépôts et Consignations
  • Jean-Dominique Giuliani, Président, Fondation Robert-Schuman
  • Sabine Lochmann, Présidente ASCEND et membre du comité Stratégique du Fonds d’investissement Blue Like an Orange
  • Sylvia Pariente, Directrice du pôle Transition énergétique et développement durable, cabinet DS & Associés
  • François Quentin, Ancien DGA de Thalès, Ancien Président du Conseil d’Administration de Huawei France
  • Claus Sorensen, Ancien Directeur Général, Direction Générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO)
  • Mehdy Taleb, Directeur Général Adjoint, APCO France
  • Sylvianne Villaudière, Vice-Présidente, Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale
  • Marie-Laure Vercambre, Directrice Générale, Partenariat Français pour l’Eau
  • Teuta Vodo, Ancienne Vice-Ministre de la Justice, Albanie, Membre de l’Internationale Socialiste.

Inspiré par la richesse et la qualité de cette session d’échange, The Bridge Tank entend approfondir et apporter une contribution concrète à certains des thèmes abordés, en particulier la relation franco-allemande sur les stratégies et les industries de défenses, et l’assainissement des relations entre la France et l’Afrique, en particulier en lien avec les enjeux de la transition énergétique et la finance climat.

Hydro-diplomatie : The Bridge Tank lance la World Water for Peace Conference

Depuis l’an 2000, le nombre de conflits liés aux ressources transfrontalières en eau douce est en hausse. Simultanément, le taux de coopération institutionnalisée, par le biais de traités et d’organisations de bassins fluviaux, a diminué, comme en attestent les processus des Nations unies.

Fort heureusement, de nombreux outils, idées, et initiatives sont développés par les praticiens et les penseurs de l’eau sur le terrain, tandis que les réseaux d’échange de praticiens de l’eau s’approfondissent. Par conséquent, le potentiel d’expansion et de diffusion des approches innovantes actuelles est considérable, que The Bridge Tank

– observées et documentées lors de visites de terrain au cours des deux dernières années,

– suivies d’une tournée d’engagement à travers l’Europe en juin 2022 pour promouvoir une pratique renouvelée de l’hydro-diplomatie.

En effet, malgré ces tendances alarmantes et la fixation médiatique sur des cas notoires, des réussites moins documentées mais durables existent, avec des innovations institutionnelles résilientes et de bonnes pratiques de cogestion des eaux transfrontalières entretenues à travers le monde, comme le montrent des cas inspirants en Afrique, en Asie centrale ou en Europe. Ceux-ci présentent tous des structures novatrices, que ce soit en matière de gestion, d’échelle, de prise en charge coordonnée d’objectifs intersectoriels, d’outils communs ou d’approches communes en matière de ressources naturelles. Soutenues par une forte volonté locale des praticiens de l’eau, ces innovations ont en retour nourri la volonté politique.

Nous soutenons que cette abondance d’expériences permet de considérer de nouvelles voies pour l’hydro-diplomatie. Repenser l’hydro-diplomatie et sa pratique présuppose des approches multipartites impliquant un nombre d’acteurs plus important et la création, le développement et l’amélioration d’outils et de pratiques, tels que des organismes de bassin, des infrastructures partagées, ou des programmes de données partagées, de recherche et d’incubation.

Reconnaissant à la fois les lacunes existantes dans la conception et la pratique actuelles de l’hydro-diplomatie ainsi qu’un potentiel considérable, The Bridge Tank:

– a publié un policy brief, qui appelle à une pratique renouvelée et élargie de l’hydro-diplomatie ;

– a organisé un panel de haut niveau sur l’hydro-diplomatie à Paris, le 6 décembre 2022, afin de débattre de ces idées et hypothèses. Cet événement a réuni des experts de terrain et des acteurs du développement familiers des défis sur le terrain, des universitaires et des juristes pensant les outils institutionnels et cadres juridiques présents et futurs, et des décideurs politiques ayant œuvré pour une gestion durable des ressources en eau.

Ces échanges entre pratiques et géographies ont de fait créé une plateforme de dialogue portant sur une hydro-diplomatie élargie, transcendant les frontières, soutenue par la variété, la reproductibilité des outils et pratiques existants même si consciente de leurs limites. Ces discussions ont confirmé la nécessité d’ancrer ces outils et pratiques dans cette compréhension renouvelée de l’hydro-diplomatie et de travailler à une gestion apaisée des ressources hydriques, servant de socle à la « paix des bassins. »

Afin de poursuivre dans la dynamique établie lors de cette première session de dialogue, The Bridge Tank est heureux d’annoncer le lancement de la World Water for Peace Conference.

La World Water for Peace Conference a pour objectif de questionner et d’enrichir les prémisses de l’hydro-diplomatie et de la gestion des fleuves transnationaux, afin de :

1) passer d’une hydro-diplomatie défensive, reposant sur la rivalité entre usagers pour l’accès aux ressources hydriques, à une hydro-diplomatie positive, basée sur des outils et des forums partagés ;

2) passer d’une hydro-diplomatie pratiquée principalement par des diplomates à une hydro-diplomatie holistique, englobant la pluralité des acteurs.

Nous croyons que ce changement de paradigme par le biais d’outils et de pratiques permettra de passer des guerres de l’eau à la paix des bassins fluviaux, en bref de passer d’une eau propice aux conflits à l’eau vectrice de paix.

La World Water for Peace Conference a pour ambition de rechercher des idées innovantes et des solutions concrètes sur trois grandes questions :

  1. La politique et les pratiques de la paix des eaux transfrontalières;
  2. Les outils juridiques et institutionnels innovants de coopération inclusive pour l’hydro-diplomatie;
  3. La recherche scientifique sur les fleuves, l’innovation technique et l’incubation d’entreprises.

La World Water for Peace Conference apportera une contribution précieuse à la pratique de l’hydro-diplomatie en mobilisant toutes les parties prenantes impliquées ou affectées par l’eau et sa gestion, des sources aux deltas, par-delà les frontières et les secteurs socio-économiques:

  1. Les décideurs politiques
  2. Les penseurs et développeurs de systèmes de l’hydro-diplomatie
  3. Les praticiens de l’eau et utilisateurs de l’eau des différents secteurs économiques
  4. Les scientifiques et incubateurs

The Bridge Tank s’engage à servir de secrétariat à la World Water for Peace Conference. Bénéficiant de membres actifs aux compétences, géographies et expériences diverses, nous mettrons à profit les liens que nous avons tissés au fil des ans entre les secteurs, les communautés et les pays, et nous nous appuierons sur notre position à la croisée des chemins entre la sphère politique et la communauté scientifique pour accueillir cette plateforme de rapprochement et d’échanges constructifs.

Les prochaines étapes de l’action de The Bridge Tank en faveur de la World Water for Peace Conference se dérouleront à Davos, lors du Forum économique mondial de janvier 2023, et lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 en mars, à New York – la première conférence de ce type depuis 1977.

 
Les voix de la paix des eaux transfrontalières

Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins où « l’eau sera soit un vecteur de paix et de prospérité pour tous, soit une arme comme l’énergie est en train de le devenir« . Ce choix important qui se profile a été décrit par Hakima El Haite, membre du Board de The Bridge Tank et ancienne Championne du Climat auprès des Nations unies, lors du panel de haut niveau du 6 décembre. « L’eau et le développement sont les deux faces d’une même pièce, qui est la pièce de la paix« , a poursuivi Mme El Haite.

 
“L’eau sera soit un vecteur de paix et de prospérité pour tous, soit une arme comme l’énergie est en train de le devenir.”

Hakima El Haite, Board Member de The Bridge Tank et ancienne Championne du Climat auprès des Nations unies

L’urgence de la situation a également été soulignée par Erik Orsenna, président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française, dans son discours d’ouverture du panel. « Si nous ne changeons pas les mécanismes de la guerre en outils de la paix, nous sommes perdus », a déclaré M. Orsenna, appelant à faire de l’eau un outil de paix, malgré, ou précisément à cause de sa proximité avec les menaces futures.

 
 
 
“Si nous ne changeons pas les mécanismes de la guerre en outils de la paix, nous sommes perdus”

Erik Orsenna, Président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française

Ce changement de paradigme n’est pas une mince affaire. Hamed Semega, Board Member de The Bridge Tank et ancien haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), s’est donc tourné vers le préambule de l’UNESCO pour y trouver conseil: « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».

L’hydro-diplomatie doit donc être considérée comme une source d’espoir, pour laquelle « la volonté politique combinée à la nécessité peut réellement transformer ce qui est une question conflictuelle en une source de stabilité et de paix », a souligné M. Semega lors de la conférence de Paris. Le fondement de la coopération sur l’eau est la connaissance ; une connaissance commune du fleuve, le partage de l’information et la science sont essentiels, a déclaré M. Semega.

 
 
“La volonté politique combinée à la nécessité peut réellement transformer ce qui est une question conflictuelle en une source de stabilité et de paix.

Hamed Semega, Board Member de The Bridge Tank et ancien haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS)

Toutefois, « nous ne pouvons pas atteindre un objectif sans tenir compte des autres ». Cette reconnaissance de l’eau en tant que composante importante des objectifs de développement durable des Nations unies et le constat de son interconnexion avec d’autres enjeux ont été apportés au panel par Irina Bokova, coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour la durabilité du Conseil international de la science (CISS) et ancienne directrice générale de l’UNESCO.

Mme Bokova a souligné l’importance d’aborder l’eau d’un point de vue plus large, en tant que droit de l’homme et question de société. Cette vision plus large, en dehors du silo de l’eau, nécessite des approches partagées en raison de l’impact considérable de l’eau sur la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, l’égalité des sexes, l’inclusion sociale, le climat et l’économie.

Mme Bokova a insisté sur la nécessité de mobiliser tous les secteurs, d’impliquer les scientifiques, l’innovation et la technologie, et de créer des plateformes et des institutions afin d’établir des solutions concrètes.

 
 
 
L’Agenda 2030 est universel et interdépendant, nous ne pouvons pas atteindre un objectif sans tenir compte des autres.

Irina Bokova, coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour la durabilité du Conseil international de la science (CISS) et ancienne directrice générale de l’UNESCO

Claus Sorensen, ancien directeur général du service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO), a également abordé la question de la meilleure façon d’aborder l’eau et la gestion de la ressource.

M. Sorensen a insisté sur le fait qu’il fallait à la fois une action communautaire, à la base, et le soutien de ceux qui définissent le cadre, au sommet. « Si nous parvenons à faire le lien entre la base et le sommet, je pense que nous tenons quelque chose de très important », a-t-il ajouté.

 
“Nous avons besoin de l’action communautaire venant d’en-bas et du soutien de ceux qui fixent le cadre. Si nous pouvons établir un lien entre la base et le sommet, je pense que nous tenons quelque chose de très important.”

Claus Sorensen, ancien directeur général du service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO)

L’absence de connexion entre les différentes parties prenantes a été soulignée par Runa Khan, fondatrice et directrice exécutive de l’ONG Friendship, Bangladesh, qui a noté que si la solidarité de pensée existait, il y avait encore un manque considérable de « solidarité d’action entre les différentes parties prenantes, des scientifiques aux activistes, aux personnes sur le terrain, aux décideurs politiques ».

 
 
« Nous n’avons toujours pas assez de solidarité d’action entre les différentes parties prenantes, des scientifiques aux activistes, aux personnes sur le terrain, aux décideurs politiques« 

Runa Khan, Fondatrice et directrice exécutive de l’ONG Friendship, Bangladesh

Dans une allocution au panel du 6 décembre, Sidi Touré, ministre des ressources animales et halieutiques de Côte d’Ivoire, a présenté les actions possibles du point de vue des décideurs politiques, en soulignant l’importance d’adopter des politiques, des stratégies et des programmes qui innovent pour une meilleure protection, sauvegarde et gestion des ressources en eau.

Selon M. le ministre Touré, la valorisation optimale des ressources hydriques en Afrique doit s’appuyer sur 2 leviers essentiels :

  1. Le développement des infrastructures, notamment les infrastructures hydrauliques pour lutter contre l’insécurité alimentaire (bétail, ressources agricoles et personnes)
  2. La mise en place de dispositifs institutionnels appropriés, qui déterminent l’efficacité de la protection des ressources et l’équité dans son allocation aux différents acteurs.

« La prise en compte de la pluralité des acteurs et de leurs visions donne une tonalité originale aux politiques. Sur le plan international, des dynamiques sont déjà à l’œuvre. Sur le plan local, l’adaptation des techniques et de la ressource sont les pistes privilégiées, dans le cas notamment des groupes communautaires et associations, » a également noté M. le ministre Touré.

« L’Afrique est très riche en eau. La valorisation optimale de cette ressource doit s’appuyer sur 2 leviers essentiels 
1. Le développement des infrastructures, notamment les infrastructures hydrauliques pour lutter contre l’insécurité alimentaire
2. La mise en place de dispositifs institutionnels appropriés, qui déterminent l’efficacité de la protection des ressources et l’équité dans son allocation aux différents acteurs. »

Sidi Touré, Ministre des ressources animales et halieutiques, Côte d’Ivoire

Diaka Sidibé, Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Guinée, a utilisé sa contribution au panel pour souligner les domaines d’action existants et partager son témoignage sur les politiques progressistes en matière d’eau en Guinée.

Afin de préserver les sources d’eau de la Guinée, en particulier dans le Fouta Djalon, communément appelé le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », Mme la ministre Sidibe a insisté sur les points d’action qu’elle considère comme cruciaux:

  • Développer et d’orienter des thèses de recherches pour disposer de données quantitatives et qualitatives sur les ressources en eau – ces données étant cruciales pour adapter la planification et la gestion durable de ses ressources;
  • Développer des technologies pour traiter ces données, comme la big data, les supercalculateurs pour la prévision et l’optimisation et la connaissance spatio-temporelle;
  • Développer des diagnostics territoriaux avec les universités et les centres de recherche.

« Ne pas agir aujourd’hui pour sauvegarder le Massif du Fouta Djalon, c’est menacer la sécurité en eau pour nos enfants et les générations à venir, » a conclu Mme la ministre Sidibé.

« Pour la préservation des sources d’eau, il apparaît primordial de développer et d’orienter des thèses de recherches pour disposer de données quantitatives et qualitatives sur les ressources en eau. Ces données sont cruciales pour adapter la planification et la gestion durable de ses ressources.« 

Diaka SidibéMinistre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Guinée

L’importance d’aborder les questions relatives aux eaux transfrontalières, aussi litigieuses soient-elles, a également été soulignée par Pascal Delisle, responsable des questions économiques, de développement, d’environnement et du numérique au Service européen pour l’action extérieure (SEAE), à Genève.

Le Service européen d’action extérieure en a ainsi fait l’une de ses priorités en vue de la préparation de la Conférence des Nations unies sur l’eau de 2023.

 
« Il a été important pour le Service européen d’action extérieure de faire pression politiquement pour que l’eau transfrontalière soit un sujet prioritaire lors de la conférence des Nations unies sur l’eau 2023. »

Pascal Delisle, Responsable des questions économiques, de développement, d’environnement et du numérique au Service européen pour l’action extérieure (SEAE), Genève

Mais qu’est-ce qui détermine réellement l’efficacité des outils et mécanismes existants de l’hydro-diplomatie et de la gestion de l’eau ? Comment les appliquer au mieux ?

Telles furent quelques-unes des questions clés abordées lors de la conférence par Susanne Schmeier, professeure associée en droit et diplomatie de l’eau, Institute for Water Education (IHE), Delft. Partageant son expertise dans le domaine, Susanne Schmeier a rappelé l’importance de remettre en question l’efficacité de ces mécanismes et outils, ce qu’elle a décrit comme « l’affûtage des outils ».

Ceci est d’autant plus important pour évaluer précisément ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en termes d’hydro-diplomatie, d’outils et de processus de notification.

 
 
 
 
“Nous devons affûter les outils dont nous disposons dans le domaine de la diplomatie de l’eau, en allant au-delà de la simple hypothèse selon laquelle il suffit d’avoir un traité, un organisme de bassin ou un processus de notification, afin de permettre réellement à ces mécanismes de faire face à tous les changements à venir.”

Susanne Schmeier, Professeure associée en droit et diplomatie de l’eau, Institute for Water Education (IHE), Delft

Mara Tignino, Spécialiste juridique en chef, Geneva Water Hub, and Christian Brethaut, Directeur Scientifique, Geneva Water Hub (GWH), Observatoire mondiale pour l’eau et la paix (OMEP), ont partagé leurs connaissances et l’expertise du Geneva Water Hub avec les autres panélistes.

Résumant quelques-unes des conclusions importantes de la session thématique qu’il a modérée sur les « Outils innovants pour une hydro-diplomatie revisitée », M. Brethaut a relevé que « lorsqu’on parle des outils eux-mêmes, le simple processus de mise en œuvre des outils peut déjà conduire à l’instauration de la confiance. Il s’agit alors également de se concentrer sur le processus, plutôt que de considérer les outils comme une fin en soi. »

Mme Tignino a quant à elle présenté l’un de ces outils novateurs pour l’hydro-diplomatie à travers la perspective des droits de la nature et du processus d’attribution d’une personnalité juridique à un fleuve, en présentant à la fois les tendances nationales et internationales. Mme Tignino a ainsi particulièrement souligné l’importance d’impliquer les communautés locales dans ce processus d’attribution.

 
« Il est très important que le processus d’attribution de la personnalité juridique passe par un processus au niveau communautaire. Il est très important d’impliquer la communauté locale. »

Mara Tignino, Spécialiste juridique en chef, Geneva Water Hub

Les enjeux sont importants pour agir afin d’assurer la préservation et la durabilité des ressources en eau. Mats Karlsson, ancien vice-président de la Banque mondiale et ancien secrétaire d’État au développement du ministère des affaires étrangères, Suède, a rappelé au panel le caractère central de l’eau dans le développement des générations futures :

« Il n’y a pas d’élément plus important pour le développement de la petite enfance que la qualité de l’eau. Et il n’y a pas d’investissement qui ait un plus grand impact à long terme que l’investissement dans le développement de la petite enfance. »

 
 
“Il n’y a pas d’élément plus important pour le développement de la petite enfance que la qualité de l’eau. Et il n’y a pas d’investissement qui ait un plus grand impact à long terme que l’investissement dans le développement de la petite enfance.”

Mats Karlsson, ancien vice-président de la Banque mondiale et ancien secrétaire d’État au développement, ministère des affaires étrangères, Suède

Repenser l’hydro-diplomatie : The Bridge Tank organise un panel de haut niveau en marge du Sommet ONU-Eau sur les eaux souterraines 2022

Le 6 décembre 2022, The Bridge Tank a organisé un panel de haut niveau sur l’hydro-diplomatie à Paris, en marge du Sommet de l’ONU sur les eaux souterraines 2022, coordonné par l’UNESCO.

Cet événement était placé sous le haut patronage de :

Mme Irina Bokova

Coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour le développement durable du Conseil international de la science et ancienne directrice générale de l’UNESCO

M. Erik Orsenna

Président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française

Hamed Semega, Erik Orsenna, Irina Bokova, et Joel Ruet
Contexte

Sous le titre « Repenser l’hydro-diplomatie : Les fleuves internationaux comme instruments de paix. Expériences partagées, solutions et gestion durable des ressources, » la conférence a été placée et organisée dans un contexte de regain d’intérêt pour l’eau de la part des Nations Unies. La Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023, prévue en mars à New York, sera le premier événement de ce type depuis 1977.

Alors que les conflits liés à l’eau prennent de l’ampleur en raison de l’augmentation du stress hydrique autour du globe, l’hydro-diplomatie est appelée à devenir un sujet crucial dans les années et les décennies à venir. Suivant la récente publication de notre policy brief et l’appel lancé pour une pratique renouvelée et étendue de l’hydro-diplomatie, cette conférence représentait la continuité des efforts de The Bridge Tank de se positionner et de contribuer au développement et à la pratique de l’hydro-diplomatie.

Erik Orsenna, Irina Bokova, et Joel Ruet
Arnab Das, Eric Kuindersma, et Sophie Gardette
Objectifs de la conférence

Partant d’une conviction profonde que l’hydro-diplomatie n’est pas seulement la pratique des diplomates et des entités étatiques, la conférence a visé à offrir une réflexion et un échange sur le développement d’outils pour l’hydro-diplomatie et vers la désescalade des conflits liés à l’eau.

The Bridge Tank a, par conséquent, organisé ce panel pour rassembler des personnes partageant cette même conviction et qui se consacrent à une meilleure approche et gestion des ressources hydriques. Parmi ces personnes figuraient d’éminents responsables et décideurs politiques, des organisations humanitaires et du développement, chercheurs, experts juridiques et praticiens impliqués dans les questions hydriques.

Le format hybride de l’événement a permis à des participants du monde entier de partager leurs expériences, leurs réussites, des études de cas, et les défis rencontrés sur le terrain. Les participants se sont joints aux discussions depuis Abidjan, Bruxelles, Conakry, Dhaka, Genève, Marrakech, Oslo, Paris, Skopje, Tachkent et Tokyo.

Marie-Laure Vercambre, Mats Karlsson, Eric Kuindersma, et Joel Ruet
Contribution sur Zoom de Pascal Delisle
Marie-Laure Vercambre, Irina Bokova, Jean Bizet, Lionel Goujon, Hamed Semega, Arnab Das, et Sophie Gardette
Des échanges précieux sur l’eau et l’hydro-diplomatie

La conférence a débuté par une session introductive qui a posé les bases de la journée, offrant une vue d’ensemble du système international existant en matière d’eau. Cette session a également permis de présenter des initiatives existantes dans le domaine de d’hydro-diplomatie et des expériences de cogestion non conflictuelle et de développement intégré de l’eau. Ces remarques introductives ont souligné la nécessité d’aborder l’eau avec une perspective plus large, en tant que question sociétale nécessitant des solutions et des approches partagées et multipartites. La coopération est notamment nécessaire pour répondre d’une part aux menaces environnementales et écologiques et d’autre part pour contribuer à la paix mondiale en réduisant les risques d’escalade de la violence et les conflits liés à l’eau.

La première session thématique de la journée a donné la parole aux décideurs politiques du monde entier afin qu’ils partagent et échangent sur leurs expériences dans la gestion de l’eau. Les messages clés de la session comprenaient un appel à la solidarité d’action multi-sectorielle et multipartite face aux différente crises frappant notre monde et un rappel de la nécessité d’écouter et de croire les communautés locales, qui en subissent les conséquences les plus sévères. Les participants ont à nouveau souligné la nécessité d’aborder les questions relatives à l’eau de manière holistique, une idée qui requiert une approche intégrée de la gestion de l’eau. D’autres points clés ont été soulevés, notamment la nécessité de combiner la gestion et l’action locale avec une vision et une compréhension scientifiques plus large du monde.

La deuxième session thématique s’est tournée vers les acteurs du développement et de l’aide internationale. À partir de leur connaissance du terrain et de leur expérience du développement, les participants ont souligné l’interconnexion des problèmes, l’eau étant un point d’entrée et un facteur essentiel dans la sécurité alimentaire, la santé et le développement de la petite enfance, le développement énergétique, la gestion des risques de catastrophe, le changement climatique et les questions de transport. L’importance d’une approche intégrée et multilatérale de l’eau et la nécessité de l’action locale et communautaire ont également été soulignées au cours de cette session. La gouvernance transfrontalière requiert toutefois la présence d’une volonté politique exprimée pour aller de l’avant. Un dernier point crucial abordé par de nombreux intervenants a mis en avant le rôle de l’éducation et de la connaissance de la ressource hydrique et fluviale afin d’assurer un meilleur entretien et une meilleure gestion des bassins fluviaux.

Enfin, la dernière session thématique était dédiée à la diversité des outils au service de l’hydro-diplomatie. Les participants ont ici encore encouragé une approche communautaire, partant du niveau local, pour développer des solutions adaptées aux besoins des communautés. Les organismes de bassin doivent, par conséquent, être compris et analysés dans leur diversité, car leurs différences structurelles et organisationnelles sont le résultat de la diversité des besoins et des fonctions qu’ils remplissent. Le rôle central des connaissances, des données, et de la recherche scientifique en tant que conditions préalables nécessaires à l’action a également été abordé par les participants durant cette session. En outre, les idées d’infrastructures partagées et de systèmes d’information partagés ont été décrits comme des outils prometteurs pour l’hydro-diplomatie.

Annukka Lipponen, Lionel Goujon, et Marie-Laure Vercambre
Contribution sur Zoom de Claus Sorensen
Susanne Schmeier et Arnab Das
Participants sur Zoom: Pascal Delisle, Lars Andreas Lunde, et Claus Sorensen
Grandes conclusions de la conférence

A partir des nombreuses contributions des participants à la conférence et des discussions animées qui en ont découlé tout au long de la journée, diverses approches de l’hydro-diplomatie en sont ressorties, permettant l’établissement de ce qui pourrait être défini comme une taxonomie de l’hydro-diplomatie.

Nous avons identifié 3 points-clés:

1. Une première approche de l’hydro-diplomatie se trouve dans sa dimension fondamentalement diplomatique, à travers son rôle dans la prévention et la désescalade des conflits. Les participants ont convenu de rappeler l’approche classique du droit international, soulignant son importance dans les problématiques de l’eau.

2. A partir de ce premier bilan, de nombreuses contributions ont souligné le rôle central de la volonté politique dans l’hydro-diplomatie. Des témoignages et expériences venant du monde entier ont prouvé que les initiatives hydro-diplomatiques comme les Organismes de Bassin peuvent être des vecteurs de paix, de coopération et de gestion durable des ressources hydriques. Cependant, toutes ces initiatives et organisations transfrontalières requièrent une volonté politique préalable.

  • Les discussions sur la manière de générer cette volonté politique incontournable se sont concentrées sur une approche dite « bottom-up », soulignant ainsi l’importance de l’action locale et de ce que l’on pourrait appeler l’hydro-diplomatie parallèle. Les connaissances et l’activité issues de la société civile en matière de préservation des ressources fluviales et hydriques, combinées aux échanges entre praticiens et scientifiques de différents pays, permettent cette hydro-diplomatie parallèle nécessaire à l’établissement d’une volonté politique parmi les responsables politiques.
  • L’interaction entre les communautés scientifiques et de praticiens de l’eau d’une part et des décideurs politiques d’autre part a donc un rôle central dans la croissance de la volonté politique en faveur de l’hydro-diplomatie. Comme l’ont toutefois souligné les participants, combler le fossé entre les scientifiques et les dirigeants politiques n’est pas sans difficultés. Les interactions entre ces deux communautés visant à assurer un engagement accru en faveur de l’hydro-diplomatie nécessitent d’aligner les messages et les préoccupations des deux communautés. Il existe donc un réel besoin pour la communauté scientifique de communiquer non seulement l’importance et la pertinence scientifique de l’hydro-diplomatie à travers une approche de l’eau basée sur la coopération et la cogestion, mais aussi de souligner son importance politique. Le stress hydrique grandissant met en danger des communautés entières, aggravant l’insécurité alimentaire, favorisant le développement du terrorisme et accélérant ainsi les vagues migratoires tant internes qu’internationales.
  • Mobiliser la science et la mettre au service de l’élaboration des politiques et de la génération d’une volonté politique a donc été des questions et préoccupations centrales soulevées tout au long de la journée.

3. Une dernière dimension de cette taxonomie de l’hydro-diplomatie issue de la conférence est centrée sur la diversité des outils, des processus et des institutions de cogestion de l’eau ainsi que sur les discussions concernant leur réplicabilité.

  • Les organisations de bassins fluviaux sont des exemples notables de ces institutions et sont des développeurs d’outils importants pour l’amélioration de la gestion et du partage des ressources en eaux transfrontalières. Grâce aux nombreux exemples abordés durant la conférence – le fleuve Sénégal, des représentants des Pays-Bas et de la France discutant de la gestion partagée du Rhin, des perspectives du Pakistan et de l’Inde sur le fleuve Indus, ainsi que des contributions de l’Ouzbékistan avec l’exemple de l’Asie centrale – la conférence a révélé la diversité des approches et des structures des organismes de bassin et des accords de gestion partagée.
  • Les participants issus du monde du développement ont ainsi échangé sur la question de la reproductibilité des organismes de bassin en notant les avantages comparatifs de certaines structures par rapport à d’autres. Cependant, ils ont également souligné que chaque contexte national et transfrontalier, la géographie, et les besoins locaux et régionaux nécessitent une adaptation des structures et priorités institutionnelles des organismes de bassin.
  • Un dernier point important mentionné par les participants : la coopération nécessite fondamentalement le partage et la mise en commun des connaissances et un partage de données. Bien qu’il soit important de respecter la souveraineté nationale et régionale, les défis transfrontaliers à échelle mondiale tels que le changement climatique et l’augmentation du stress hydrique nécessitent des solutions internationales et multilatérales. La solidarité et la coopération transfrontalière en matière d’eau passent nécessairement par le partage des données.

Une pratique renouvelée et élargie de l’hydro-diplomatie nécessite donc une plateforme d’échange durable entre toutes les parties prenantes, comblant le fossé entre la communauté scientifique, les praticiens locaux de l’eau et les décideurs politiques. Fidèle à son nom et à sa mission, The Bridge Tank offre de fournir ce pont manquant et d’accueillir une telle plateforme d’échange et de connexion.

Cette conférence a fourni un premier exemple de l’engagement de The Bridge Tank en faveur de l’hydro-diplomatie et devrait devenir un événement annuel avec la « World Water for Peace Conference ».

Lisez la note conceptuelle et l’ordre du jour du panel ici.

Brice Lalonde and Stéphane Gompertz
Erik Orsenna, Hamed Semega, Joel Ruet, and Irina Bokova
Joel Ruet, Lionel Goujon, and Christian Bréthaut

COP 27 : Une avancée sur les pertes et dommages mais pas de percée sur la finance climat malgré une forte implication de l’Afrique de l’Ouest

La crainte de terminer la COP 27 sans aucune avancée significative planait sur Charm el-Cheikh durant les dernières heures de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.

Mais après un ultime marathon de négociations entre les parties, un accord a finalement été trouvé.

L’accord qui a conclu deux semaines de discussions et de négociations dans la ville côtière égyptienne a permis de faire un grand pas en avant sur la question épineuse des pertes et dommages. Les parties se sont mis d’accord sur l’établissement d’un fonds pour les pertes et dommages qui aidera à soutenir les pays les plus touchés par le changement climatique. Le fonds devrait fournir une assistance financière afin de répondre aux effets catastrophiques de la crise climatique, tels que les sécheresses, les vagues de chaleur, les inondations ou les cyclones.

Les efforts demeurent insuffisants

Bien qu’encourageant comme signal de solidarité internationale en réponse aux catastrophes climatiques, l’accord final n’a pas répondu aux attentes et aux espoirs de nombreux participants à la COP 27. Dans une interview pour TV5 Monde, Hakima El Haite, board member de The Bridge Tank, a exprimé sa déception face au manque d’avancées lors de la COP 27 :

« C’est vrai qu’on a avancé d’un pas en se mettant d’accord sur la création d’un mécanisme qui va encore nécessiter du temps. Plus on atténue le CO2 et plus on diminue les concentrations en CO2, moins on aura besoin de nous adapter et moins on aura besoin d’argent pour réparer les dégâts des dommages et catastrophes naturelles. Il faut donc agir et ce n’est pas aux pays vulnérables d’agir, ce sont les pays émetteurs qui émettent 80% des émissions qui doivent apporter 80% de solutions dans leurs propres pays. »

Nombreux sont ceux qui partagent cet avis, en particulier dans le Sud et en Afrique de l’Ouest, une région confrontée aux effets les plus désastreux du changement climatique et qui s’est présentée à la COP 27, COP africaine, avec des attentes et demandes fortes.

Une présence ouest-africaine proactive à la COP 27

Les représentants des pays d’Afrique de l’Ouest étaient arrivés à la COP 27 avec l’espoir de voir des décisions fortes prises pour soulager le continent de la pression climatique qu’il subit. Avant le début de la COP 27, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait exprimé certains des points qu’elle considérait comme cruciaux pour le succès des négociations sur le changement climatique :

  • Augmenter l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en particulier pour les plus gros émetteurs.
  • L’article 6 de l’Accord de Paris : la génération de nouvelles opportunités de financement dans la région et les nouveaux mécanismes de marchés carbone
  • Adaptation : passer de la planification à l’opérationnalisation
  • Pertes et dommages : apporter des réponses concrètes aux pertes et dommages existants en Afrique de l’Ouest.
  • Finance climat : atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars du Fonds vert pour le climat et mettre en place une facilité financière spécifiquement dédiée aux pays africains pour se concentrer sur leurs besoins et priorités en termes d’adaptation.

Décidées à faire entendre la voix de la sous-région à la COP 27, les institutions d’Afrique de l’Ouest ont uni leurs forces à Sharm el-Sheikh au sein du Pavillon West Africa. Ce pavillon était copiloté par la CEDEAO et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), en partenariat avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).

Selon la CEDEAO, « ce pavillon conjoint témoigne de la volonté des institutions régionales de renforcer leur coopération autour du défi commun que constitue la question des changements climatiques pour une meilleure coordination et efficacité de la réponse collective à apporter au bénéfice des populations de la région. »

Pendant deux semaines, les quatre institutions ouest-africaines ont ainsi contribué à faire avancer le débat public sur l’action climatique et la finance climat.

Des voix importantes pour la gouvernance et la finance climat

La Commission de la CEDEAO a profité de sa présence au Pavillon West Africa pour organiser des side events présentant la Stratégie régionale sur le climat de l’union, notamment une session le 9 novembre sur les mécanismes de coordination pour une meilleure gouvernance climatique régionale. Deux jours plus tard, le 11 novembre, un autre side event aborda les opportunités sectorielles que la stratégie offre pour l’agriculture et l’énergie.

La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a également été très active sur le Pavillon. Le 9 novembre, Serge Ekué, président de la BOAD, a donné un point de presse sur le positionnement climatique de la BOAD. Ce fut l’occasion d’évoquer le Plan de Développement Stratégique Djoliba 2021-2025 de la BOAD, qui consacre 25% des engagements totaux de la banque à la finance climat afin d’accompagner les États membres dans le financement de leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN) et à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). À travers son président, la BOAD a exprimé son souhait d’être un catalyseur de la résilience et de l’adaptation au changement climatique tout en jouant un rôle de facilitateur d’une croissance durable et stable.

Capitalisant sur l’importance de la finance climat lors de la COP 27, la BOAD a organisé plusieurs événements sur le sujet, dont un panel sur « Défis et opportunités de la finance climat en Afrique, » et deux sessions le 14 novembre, « Combler les lacunes des politiques d’adaptation au changement climatique pour faciliter l’accès des pays de l’UEMOA à la finance climat » et « La finance carbone comme levier de développement pour les pays de l’UEMOA, » avec la participation de l’Alliance Ouest-Africaine sur le Marché Carbone et la Finance Climat.

La BOAD a également pris part à des sides events organisés par d’autres institutions à Sharm el Sheikh, dont un par le Fonds vert pour le climat sur la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel.

L’importance de la finance climat dans l’agenda de cette année à la COP 27 a également mobilisé The Bridge Tank, qui a co-organisé un side event avec Liberal International sur la dynamique Nord-Sud de la finance climat. Le panel « Towards a balanced, empowered, North-South blended climate finance for mitigation and adaptation » a notamment inclus des acteurs politiques et institutionnels important d’Afrique de l’Ouest et a ajouté une pierre à l’édifice dans la poursuite d’une finance climat plus efficace et équilibrée.

Malgré les appels à prendre des mesures audacieuses, l’accord final de la COP 27 est une conclusion décevante aux deux semaines d’effort et d’investissement des institutions et pays d’Afrique de l’Ouest à Charm el-Cheikh. Le souhait de faire de cette COP 27, COP africaine, une étape importante dans la lutte contre le changement climatique et la mise en place de mécanismes de finance climat durables assurant la préservation du continent n’a pas été réalisé.

COP 27 : De la défiance à la confiance – pour une finance climat Nord-Sud mixte et équilibrée pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques

Alors que la COP 27 touche  à sa fin, The Bridge Tank poursuit ses efforts en faveur de la justice climatique à Sharm El Sheikh, en Égypte.

Le 17 novembre 2022, The Bridge Tank et l’Internationale libérale ont uni leurs forces et coorganisé un side event sur la finance climat – “Towards a balanced, empowered, North-South blended climate finance for mitigation and adaptation.” The Bridge Tank était représenté par Dr. Joël Ruet, président, et notre board member Dr Hakima El Haite, présidente de l’Internationale libérale.

The Bridge Tank a mis à profit sa longue expérience sur le thème de la finance climat, ayant contribué à la Task Force « Changement climatique et financement » du T20 au cours des six dernières années.

Parmi les participants au panel figuraient Mme Kadiatou N’Diaye, ancienne Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Guinée, des représentants de la Fondation Brazzaville, des directeurs de la Banque agricole du Niger et le président du parti conservateur égyptien.

Le débat a porté sur l’état actuel de la finance climat et du financement de l’adaptation aux changements climatiques. Alors qu’un doublement de l’effort pour ce dernier a été inclus dans le Pacte de Glasgow pour le climat, portant le financement de l’adaptation d’environ 20 milliards de dollars à 40 milliards de dollars, de nombreux défis subsistent. Certains pays développés ne tiennent notamment pas leurs engagements financiers.

La présidente du Fonds bleu pour le Bassin du Congo a ainsi quitté la COP 27 pour dénoncer ce soutien financier manquant. En 2021, le président américain Joe Biden avait promis 50 millions de dollars au Fonds d’adaptation mais cette contribution ne s’est jamais concrétisée. Cette année, Joe Biden a augmenté l’engagement des États-Unis, promettant cette fois-ci 100 millions de dollars. L’exemple du Bassin du Congo est toutefois emblématique de l’écart entre les promesses institutionnelles et la réalité du terrain.

Aujourd’hui, les 82 milliards de dollars de finance climat officiellement mobilisés pour le Sud sont constitués à 60% de prêts privés. Bien que confronté aux effets les plus graves de la crise climatique actuelle, le continent africain ne reçoit que 5% de ces fonds.

Il ne s’agit donc là « ni d’une forme d’obligation ni de solidarité » a déclaré Hakima el Haite puisque les transferts promis ne sont pas contraignants et que les prêts ont un prix. Le consensus politique dans les Etats du Sud est de déplorer les fonds manquant, ce qui est d’autant plus alarmant si l’on considère les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) selon lesquelles il ne resterait que 8 ans avant que la situation ne devienne critique.

Partant de ce constat, le panel a discuté des moyens concrets d’adapter les outils financiers afin de rendre la finance climat plus efficace et plus équilibrée. Les difficultés d’accréditation aux Fonds vert pour le climat (GCF) et Fonds d’adaptation (FA) ont notamment été évoquées, la mobilisation des fonds nécessaires ayant été comparée à un « parcours du combattant ».

Bien qu’elle soit faisable, la mobilisation de sommes dans les dizaines de millions de dollars est ralentie par de longues procédures administratives. Le défi est encore plus grand pour les projets de grande envergure dont les besoins financiers se chiffrent en centaines de millions USD.

Le panel s’est donc penché sur deux questions majeures : développer des sources de financement innovantes et des canaux de décaissement efficients.

La piste des partages des rentes a notamment été évoquée. Celle-ci nécessiterait un futur cadre de réglementation au niveau de l’État pour les contrats privés établissant des accords de partage des bénéfices permettant aux fonds privés et publics d’être versés dans un fonds public commun dédié à des projets concrets. Cette procédure est par exemple déjà utilisée par les sociétés pétrolières. Bien qu’agissant uniquement comme mécanisme parallèle, les crédits carbone pourraient également inclure un reversement direct aux bénéficiaires sociaux.

Les discussions sur les financements alternatifs semblent avoir abandonné l’idée d’une taxation du Nord depuis la COP21 et la COP 22. La solidarité n’est donc pas un terme approprié pour décrire les processus financiers actuels. Avec 80% de la production pétrolière africaine exploitée par des sociétés étrangères, la promesse de financement climatique de 100 milliards de dollars devrait être définie comme une dette du Nord envers le Sud. Mais la finance climat actuelle à base de prêts a un effet inverse, créant une dette supplémentaire du Sud envers le Nord.

D’autres idées proposées se construisent autour d’un système de gouvernance renouvelé. Les problèmes de bancabilité, de transparence, et de compétence associés aux pays du Sud reflète le manque de confiance du Nord envers le Sud. Alors que les défis à la cogestion et au cofinancement se trouvent aussi en partie dans une mauvaise gestion des ressources et des richesses africaines, entravant ainsi la capacité du continent à s’auto-financer pour l’adaptation et l’atténuation, de nouveaux mécanismes doivent être développés pour transformer cette défiance Nord-Sud en confiance mutuelle.

« 

La mise en place d’incubateurs développant des projets structurants à grande échelle pourrait être un moyen d’y parvenir. Travailler sur la cogestion et la co-gouvernance est donc une perspective encourageante, car celle-ci est déjà bien établie dans d’autres cadres, par exemple les business angels ou les fonds d’investissement.

Un autre point clé abordé lors de ce panel implique l’idée d’inverser les conditionnalités afin que l’Afrique puisse elle-même imposer des conditionnalités. Celles-ci pourraient par exemple inclure l’obligation pour les bailleurs d’être présents sur le terrain et ainsi favoriser l’émergence de bureaux d’études locaux et de sociétés de développement locales. L’un des enjeux principaux est donc que les Etats et les bailleurs internationaux soutiennent l’émergence de sociétés multinationales africaines et sous-régionales.

Les problèmes de ressources humaines et de capacités administratives dans le Sud doivent également être reliés à la complexité des procédures internationales. Des signes encourageants existent néanmoins, comme par exemples le programme de micro financements du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et ses procédures administratives assouplies.

Enfin, les questions de financement innovant « bottom-up » ont constitué un autre point de discussion du panel. Pour s’assurer que les actifs complexes soient garantis par des actifs plus simples, un fonds panafricain de sécurité et dérisquage serait nécessaire.

La question des garanties foncières doit également être étudiée, afin de développer un système qui viserait, par exemple, à ce que les projets soient financés à 95% par des subventions et à 5% d’apports locaux ou garantis par des banques privées. Il reste toutefois à savoir si ces dernières seraient acceptées par les agences bilatérales.

Néanmoins, les banques commerciales sont prêtes à aller de l’avant sur de tels projets au vu de l’urgence à agir, comme le montre l’exemple du Niger. Chaque année, le Niger perd 100 000 ha à cause de la désertification, rendant le besoin de financement d’autant plus pressant.

The Bridge Tank poursuit son engagement sur l’hydrogène lors de la COP 27 à travers un panel de haut niveau sur les Hubs d’Hydrogène Vert en Afrique

L’engagement continu de The Bridge Tank sur les questions d’hydrogène l’a placé à l’avant-garde du débat public sur le sujet. Au fil des ans, ce savoir accumulé a mené à un certain nombre de publications sur l’hydrogène (notre rapport et notre policy brief), et a permis à The Bridge Tank d’être le seul think tank invité au lancement du Conseil de l’Hydrogène à Davos, en 2017.

Cette activité et expertise sur l’hydrogène ont une nouvelle fois été mises à profit lors de cette deuxième semaine de la COP 27 en Égypte.

The Bridge Tank, représenté par Dr. Joel Ruet, président, et Dr. Hakima el Haite, board member, a participé à un panel de haut niveau coorganisé par l’Alliance Solaire Internationale (ASI) et l’Internationale libérale sur le thème « Énergie, Hydrogène Vert en Afrique; Perspectives de Solutions » à Sharm el Sheikh, le 15 novembre 2022.

Cette réunion a rassemblé d’éminents dirigeants du monde politique afin d’établir des stratégies permettant au continent africain d’exploiter durablement ses ressources existantes et de répondre à sa demande énergétique croissante, tout en suivant une voie durable vers un avenir net zéro et en réalisant les Objectifs de Développement Durable. Cette demande énergétique est une composante importante du développement économique du continent et offre un moyen de sortir un grand nombre de ses citoyens de la pauvreté.

Les participants à ce panel de haut niveau comprenaient des représentants de diverses organisations gouvernementales, des acteurs du secteur privé, des personnalités politiques et des membres de la presse française et américaine. Parmi ceux-ci figuraient le PDG du Namibia Investment Promotion and Development Board, conseiller du Président de la Namibie, un représentant du Ministre de l’Énergie de la Mauritanie, un représentant de l’Agence Nationale pour les Énergies Renouvelables du Sénégal, et le Vice-Président de la Commission Énergie du Parlement du Portugal.

Parmi les autres participants figuraient le secrétaire général du Congrès International des Jeunes du Nucléaire (IYNC), le Directeur Général d’Energies 2050, ainsi que plusieurs membres de l’Internationale libérale et des représentants d’investisseurs.

Les discussions se sont appuyées sur une présentation de l’Alliance Solaire internationale, portant sur une étude sur le développement possible de hubs d’hydrogène vert en Afrique d’ici 2030-2035. Financée par la Banque Européenne d’Investissement et soutenue par l’Internationale Libérale, cette étude fut menée par l’ISA, une organisation d’environ 120 nations lancée en 2015 par Narendra Modi, Premier ministre de l’Inde, et François Hollande, Ancien Président de la France.

L’étude propose une approche innovante à la production d’hydrogène vert et aux perspectives d’exportation d’hydrogène pour les pays africains, en définissant la création d’un marché local comme une condition préalable nécessaire à une stratégie d’exportation stable à long terme. Ce marché local de l’hydrogène s’appuierait sur une demande industrielle locale émanant de secteurs « hard to abate » (l’industrie sidérurgique, la production d’ammoniac, l’énergie, ou l’exploitation minière), pour lesquels la décarbonisation a une valeur intrinsèque.

L’hydrogène vert serait produit par électrolyse de l’eau en utilisant l’énergie solaire. L’eau étant une denrée rare dans la région, la stratégie prévoit d’utiliser de l’eau de mer désalinisée. Les sites de production seraient donc situés près de la mer et créeraient des écosystèmes d’hydrogène avec des sites industriels locaux.

L’énergie nécessaire à la désalinisation serait couverte par l’hydrogène vert produit, constituant ainsi une méthode de production efficace en termes de coûts et d’énergie. Il serait également possible de désaliniser des quantités d’eau supérieures à celles nécessaires pour la production d’hydrogène. Cette eau pourrait alors être utilisée pour l’irrigation ou être directement incorporée dans les systèmes d’approvisionnement d’eau potable, ce qui atténuerait le stress hydrique sur le continent africain.

Ce plan n’est pas une simple abstraction mais présente des opportunités concrètes et éprouvées, puisque 14 usines de ce type sont actuellement déjà développées par HyDeal en Espagne et au Portugal.

L’exportation d’hydrogène vers l’Europe ne serait donc un facteur d’intérêt qu’à un stade ultérieur, après la mise en place d’un écosystème de l’hydrogène résilient et efficace au niveau local.

Alors que de nombreuses stratégies et études nationales se concentrent sur le potentiel de l’Afrique en tant que producteur et exportateur d’hydrogène vert vers l’Europe, cette étude fournit le chaînon manquant à la mise en place d’une telle production. Elle propose un moyen de sécuriser et de stabiliser une production locale par la création d’un marché local. Le potentiel de l’hydrogène serait donc d’abord exploité pour la consommation domestique et l’utilisation industrielle dans les pays africains avant d’être utilisé pour les exportations dans un second temps.

En outre, cette approche permettrait de créer des écosystèmes d’hydrogène efficaces et stables, reposant sur une meilleure acceptation par la population locale et les acteurs industriels. Les programmes nationaux d’exportation d’hydrogène vert bénéficieraient ainsi d’une stabilité accrue et d’une autonomie stratégique qui les libérerait de la dépendance au marché international, aux variations de prix ou aux incertitudes liées aux technologies d’électrolyseurs.

Pour les importateurs européens, cette stratégie assurerait également une couverture économique et une plus grande efficacité dans la mise à l’échelle de la production d’hydrogène.

L’étude offre une évaluation détaillée et méthodologiquement comparable de ces hubs d’hydrogène vert en Afrique. Bien que l’étude ait été menée principalement en Égypte, en Namibie et en Mauritanie, les conclusions de l’étude peuvent être reproduites et étendues à d’autres pays du continent.

 

Hydrodiplomatie : les fleuves internationaux comme catalyseurs de paix – expériences et solutions des organismes de bassins fluviaux

L’eau a longtemps été une ressource tenue pour acquise. Son flux et sa présence paraissant sans fin, les États voisins se partageant l’accès à des ressources hydriques telles que des bassins fluviaux ont souvent choisi d’aborder l’eau de manière utilitaire et concurrentielle.

Mais alors que la dégradation des écosystèmes et les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir sur cette ressource que l’on croyait immuable, la prise de conscience que l’eau requière une gestion durable s’est lentement imposée.

La Convention des Nations Unies sur l’Eau (Transfrontalière et Internationale) adoptée à Helsinki en 1992 ne rassemble actuellement que 47 pays ; son acceptation par la communauté internationale doit être accélérée. Outre la Convention, et à l’ère des coalitions, l’établissement d’un schéma directeur pour la « paix des bassins fluviaux partagés » s’impose comme une nécessité, à travers la promotion d’une gestion durable, d’outils et d’institutions pour les fleuves partagés, ou, en d’autres termes, d’une pratique de l’hydrodiplomatie renouvelée et élargie.

Concernant la gestion des bassins fluviaux internationaux, la rivalité pour l’accès à la ressource est à la base du droit international. Cependant, la durabilité même de la ressource implique une coopération entre les acteurs, qui est elle-même paradoxalement souvent mise en œuvre au niveau national par des pays en conflit les uns avec les autres.

La gestion de l’eau, et plus particulièrement des fleuves internationaux, ne doit plus se limiter à la seule dimension de la quantité d’eau nécessaire à chaque pays, mais doit être abordée de manière plus holistique en prenant en compte l’ensemble du bassin versant en termes de territoire, d’acteurs et des activités de l’amont vers l’aval – ce que certains organismes de bassin font déjà très bien, un fait rarement mis en avant.

L’Organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS – Organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal), organisation internationale qui œuvre depuis des décennies pour la paix des bassins versants à travers la Guinée, le Mali, la Mauritanie, et le Sénégal, offre une illustration de l’hydrodiplomatie mise en pratique.

Lisez notre Policy Brief complet ici (en anglais).

En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, The Bridge Tank contribue à des événements diplomatiques, de la société civile et du monde des affaires.

Après deux années de pandémie mondiale, l’Assemblée générale des Nations Unies reprend de plus belle en septembre 2022. Comme à sa tradition, cette semaine, très active, se voit réunir à New York les chefs d’Etat et de gouvernements, mais également de nombreux événements organisés par les communautés diplomatiques, de la société civile et du monde des affaires. A cette occasion, The Bridge Tank était présent et contributeur de ces trois dispositifs d’échanges.

Actif auprès de la communauté diplomatique, The Bridge Tank a pris part à nombre d’événements.

En tant que membre observateur de l’Internationale Libérale (LI), The Bridge Tank, représenté par Dr. Joël Ruet, Président, a assisté à la manifestation officielle de haut niveau co-roganisée par LI et « The Alliance of Her » sur le thème : Droits politiques et leadership des femmes – la clé pour relever les plus grands défis mondiaux de notre temps. The Alliance of Her est une plateforme dédiée à la promotion du leadership politique féminin et de la représentation égale en Europe, table ronde qui incluait notre board member, Hakima El Haite, Présidente de LI.

En amont de cette table ronde, Hakima El Haite a remis le prix de la Liberté de l’Internationale Libérale 2021 à Dr. Sima Samar, Ancienne rapporteuse des Nations Unies et ancienne Ministre des Affaires féminines d’Afghanistan. Tout au long de sa carrière, Dr. Samar n’a cessé de défendre la cause des femmes et des filles et promouvoir l’inclusion des femmes afghanes.

Parmi les participants, étaient présents : Sima Sami Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes, Olha Stefanishyna, Vice-Première Ministre pour l’intégration européenne et euro-atlantique de l’Ukraine, Alexander De Croo, Premier Ministre, Royaume de Belgique, Viktorija Čmilytė-Nielsen, Présidente du Seimas (Parlement), Lituanie, Meryl L. Frank, Diplomate américaine et Membre du Conseil du Mémorial de l’Holocauste des États-Unis et Juli Minoves, ancien Président de LI.

The Bridge Tank a également participé à une réunion à huis clos organisée par la mission permanente estonienne auprès des Nations Unies sur le thème : « Crise en Biélorussie : implications pour la sécurité régionale et mondiale » autour de Sviatlana Tsikhanouskaya, cheffe de l’opposition démocratique biélorusse, qui a pu échanger avec diverses représentations diplomatiques auprès des Nations Unies. The Bridge Tank était aux côtés, entre autres, des représentations suédoise, allemande, britannique, états-unienne, de l’Union européenne auprès des Nations Unies et de la fondation Microsoft et de la fondation PEN pour cette réunion présidée par le ministre des Affaires Etrangères estonien.

Fort de son réseau et de ses actions, The Bridge Tank a permis la rencontre entre notre board member, Hakima El Haité, Présidente de l’Internationale Libérale et Sviatlana Tsikhanouskaya, cheffe de l’opposition démocratique biélorusse.

Auprès de la société civile, The Bridge Tank s’est joint à des rencontres en faveur de la lutte contre les déréglements climatiques, en particulier sur la question des Objectifs de développement durable (ODD), étant un des sujets clés de cette 77ème Assemblée générale des Nations Unies. Le “SDG Moment” (Moment des ODD) de cette année est l’occasion de recentrer l’attention sur les ODD de l’Agenda 2030 de l’ONU, un projet pour un avenir plus juste pour les personnes et la planète.

Joël Ruet a particulièrement apporté son expertise lors d’un déjeuner débat organisé par Diplomatic Courier. Ces échanges ont permis la réflexion autour des questions suivantes: sommes-nous sur la bonne voie pour atteindre les ODD d’ici 2030 ? Comment la pandémie a-t-elle accéléré ou fait dérailler les solutions ? Comment nos objectifs (individuels et organisationnels) s’alignent-ils sur les ODD ? Comment créer des collaborations hors du commun ? Les Objectifs mondiaux en action 2022 réuniront des dirigeants du secteur privé et des organisations internationales afin qu’ils puissent tirer parti de leur expérience, de leur accès au marché et de leurs ressources pour atteindre les ODD. Ainsi, les participants se sont entendus pour conclure sur “la nécessité d’un changement transformationnel [de nos sociétés] pour progresser sur les ODD”.

Dans une continuité des échanges sur les ODD, Joël Ruet a pris part au Sommet annuel de Concordia 2022, qui a été, selon les organisateurs, le plus grand rassemblement en marge de l’Assemblée générale de Nations Unies. Il a pour objectif de réunir les plus grands acteurs du monde pour susciter le dialogue, promouvoir la collaboration et ouvrir collectivement la voie vers un avenir plus équitable et durable autour des thèmes : durabilité environnementale ; commerce mondial, fabrication et chaînes d’approvisionnement ; droits humains et progrès social ; inclusion financière.

Sur ces sujets et autour du Prix Nobel de la Paix, The Bridge Tank a participé à une réunion organisé par le Comité de protection des journalistes (CPJ).

The Bridge Tank s’est enfin investi auprès du monde des affaires, en participant tout d’abord au forum “Invest Africa”, où son Président, Joël Ruet, a pu rencontrer un certain nombre d’acteurs des investissements en Afrique, en particulier en RDC et Namibie – deux pays en pleine transformation qui méritent un regard attentif. Il s’est également rendu à une reception organisée par la représentation de Microscoft auprès des Nations Unies pour échanger sur l’évolution du monde économique.

AUKUS – The Bridge Tank en entretien avec Frank Wisner

L’ambassadeur Frank Wisner, ancien sous-secrétaire à la défense des États-Unis, replace l’AUKUS dans son contexte : un regroupement technologique de nations partageant les mêmes idées face à l’affirmation de la Chine, tout en restant ouvert au dialogue avec la Chine et à la collaboration avec l’Europe, l’Inde et d’autres pays.

La discussion a porté sur les tensions récentes entre la France et AUKUS, les changements géopolitiques survenus depuis le lancement d’AUKUS, y compris en matière de questions nucléaires, et les possibilités d’une coopération technologique plus large entre AUKUS et la France, AUKUS et l’Inde et le Japon.

Cette conversation a été menée suite à un webinaire, co-organisé par The Bridge Tank et le Maritime Research Center.

La vidéo de l’entretien (en anglais)

The Bridge Tank au congrès anniversaire de l’Internationale Libérale à Sofia

Du 30 juin au 3 juillet 2022, l’Internationale Libérale (LI) a célébré le 75ème anniversaire de l’organisation lors de son congrès annuel, à Sofia, en Bulgarie. Joël Ruet, Président de The Bridge Tank, a participé au congrès, le think tank ayant été élu membre observateur de l’Internationale Libérale en 2021.

En tant que présidente de l’Internationale Libérale, notre board member Hakima el Haité a déclaré officiellement ouverte la 63ème édition du congrès. Dans son discours d’ouverture aux délégués, Hakima el Haité a souligné les nombreux défis auxquels la démocratie et l’ordre libéral, la liberté et l’égalité sont confrontés à l’heure actuelle. Elle a toutefois insisté sur l’importance des efforts déployés par LI, avec des dirigeants et des experts du monde entier luttant ensemble contre la destruction de la démocratie, contre la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine et contre le changement climatique.

Durant les jours suivants, l’invasion de l’Ukraine par la Russie fut un thème central du congrès. Olga Stefanishyna, vice-première ministre ukrainienne chargée de l’intégration européenne et euro-atlantique, s’est jointe au Congrès par visio-conférence pour évoquer la manipulation et le chantage exercés par la Russie à travers la crise alimentaire afin de mettre fin à la guerre selon ses propres termes.

Un autre moment fort du congrès de cette année a été une session sur la connaissance des faits de la situation des droits de l’homme en Afghanistan, avec la participation du Dr Sima Samar, ancienne ministre afghane en charge du droit des femmes et lauréate 2022 du Prize For Freedom de l’Internationale libérale.

Joël Ruet a également participé à une session consacrée aux questions de sécurité en Afrique subsaharienne. Gilbert Noel Ouédraogo, Président du Réseau Libéral Africain, a souligné que si la paix n’était pas assurée en Afrique et si le continent n’était pas organisé selon les principes libéraux de coopération régionale, les crises migratoires continueraient à être un défi de taille dans les années à venir.

En tant que think tank indépendant et membre observateur de LI, The Bridge Tank ne participe pas au vote des résolutions. Notre mission consiste à engager le dialogue avec les dirigeants politiques afin d’encourager la construction de consensus dans la mesure du possible.

Dr Sima Samar
Olga Stefanishyna
Hakima el Haité
Joel Ruet & Hakima el Haité
Thème : Overlay par Kaira.
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