Catégorie : Gouvernance Mondiale

Concordia Europe Summit: Souveraineté européenne, sécurité énergétique & relations transatlantiques

Les 15 et 16 juin 2023, d’éminents décideurs de toute l’Europe et du monde entier se sont réunis à Madrid, en Espagne, à l’occasion du Concordia Europe Summit 2023. Deux jours de conversations de haut niveau à huis clos sur le thème de la démocratie, de la sécurité et des risques géopolitiques ont permis d’aborder certaines des questions les plus urgentes auxquelles l’Europe est confrontée, notamment la cybersécurité, la sécurité énergétique et les outils diplomatiques. The Bridge Tank était présent au sommet, représenté par son président Joel Ruet et Raphael Schoentgen, board member, qui a participé à une session sur la transition énergétique de l’Europe.

Souveraineté européenne : Objectifs climatiques, autonomie et sécurité énergétique

Lors de la session d’ouverture du sommet, l’ancien président de la Commission européenne (CE), José Manuel Barroso, a témoigné du lien étroit entre l’établissement d’objectifs climatiques à caractère contraignant et la concrétisation des objectifs de sécurité énergétique en Europe. Malgré les défis que représentent ces objectifs climatiques, la stratégie UE 2020 a été réalisée en élargissant le problème de sa composante environnementale à la sécurité énergétique, gagnant ainsi les nouveaux membres de l’UE à mesure que la CE lançait des investissements dans les infrastructures, a-t-il noté. Cette approche a également été utilisée par les États-Unis et l’Inde.

Plaçant le débat actuel sur l’autonomie stratégique de l’UE dans son contexte géopolitique, Othmar Karas, premier vice-président du Parlement européen, a noté que l’agression de la Russie avait largement conditionné le débat sur l’autonomie stratégique et la souveraineté de l’UE, ainsi que sur sa stratégie de défense. M. Karas a déclaré que ce débat était mené « dans un esprit de coopération avec l’OTAN ».

José Manuel Barroso
Othmar Karas
Joel Ruet (à gauche)

Le président de The Bridge Tank, Joel Ruet, a profité de cette occasion pour échanger avec le premier vice-président du Parlement européen sur la contribution du Green Deal européen à l’autonomie stratégique de l’UE. Les politiques contraignantes ne sont en effet bénéfiques que dans la mesure où elles s’inscrivent dans des compromis plus larges. Il est donc important que l’UE et les États-Unis ne perdent pas leur coopération en matière d’autonomie face aux régimes illibéraux. En particulier, la guerre des subventions à court terme à laquelle se livrent actuellement les deux blocs constitue une tendance inquiétante, selon Joel Ruet.

Au milieu des nouvelles rivalités qui se dessinent, les dix prochaines années seront cruciales pour mettre au point les modèles de financement et d’inventeurs/adoptateurs PPP, a soutenu Will Roper, ancien secrétaire adjoint de l’armée de l’air américaine.

Au cours d’une session sur le « chemin vers l’indépendance », l’ambassadrice Paula Dobriansky, ancienne sous-secrétaire d’État américaine aux affaires mondiales sous la présidence de George W. Bush, a rappelé que le gouvernement américain était également très concentré sur les ramifications de la guerre en Ukraine. Elle a reconnu les avancées notables en matière d’énergie nucléaire et d’hydrogène en Europe, ce qui a également été souligné par d’autres intervenants qui ont insisté sur la nécessité de travailler sur l’offre de sécurité énergétique afin de progresser vers l’autonomie de l’Europe. Cette question a également été abordée par notre board member Raphael Schoentgen lors d’une session sur « Le paysage énergétique de l’Europe : Alternatives pour la transition vers les énergies renouvelables ».

L'ambassadrice Paula Dobriansky
Raphael Schoentgen (centre)
Diplomatie et sécurité transatlantiques et le rôle de l’Amérique latine

La question de la coopération transatlantique a été un thème central du sommet. Les avantages d’une Europe forte et souveraine pour les États-Unis ont été soulignés par différents intervenants, les partenariats bénéficiant de la force et de la confiance des deux parties.

Une session intitulée « Diplomatie et sécurité transatlantiques : Forces et opportunités futures » (Transatlantic Diplomacy & Security : Strengths and Future Opportunities) a réuni l’ancien président colombien Iván Duque Márquez, le ministre espagnol des affaires étrangères José Manuel Albares, l’ambassadrice américaine en Espagne Julissa Reynoso et Radoslava Stefanova de l’OTAN.

Selon José Manuel Albares, la relation transatlantique est très importante dans le contexte de l’agression russe. Les États-Unis sont un allié naturel de l’UE et l’agenda transatlantique sera au cœur de la prochaine présidence espagnole de l’UE, y compris dans le domaine technologique, a déclaré M. Albares. Dans ce processus d’évolution vers une Europe de la défense et une plus grande intégration, l’UE doit également envisager un processus de prise de décision basé sur la majorité qualifiée et non sur l’unanimité, a-t-il ajouté.

Le rôle central de l’alliance transatlantique est également reconnu de l’autre côté de l’Atlantique, a soutenu l’ambassadrice Reynoso, ajoutant que l’actuel président des États-Unis a été celui qui a le plus cru à cette alliance dans l’histoire récente. Sur cette base, Radoslava Stefanova a rappelé à l’auditoire que l’OTAN assurait déjà un certain degré d’intégration des systèmes et des acquisitions militaires sur la base des engagements des pays membres, et qu’elle œuvrait donc à la convergence.

Iván Duque Márquez a évoqué les opportunités créées par la présidence espagnole de l’UE en offrant un point d’union entre l’Amérique latine et l’UE. Les écosystèmes d’Amérique latine sont essentiels dans la lutte contre le changement climatique et le continent est un acteur clé de l’approvisionnement en énergie, qu’il s’agisse de pétrole, de gaz ou d’hydrogène vert, mais aussi de la sécurité alimentaire de l’UE. En outre, l’Amérique latine est confrontée à des questions similaires à celles soulevées au sein de l’UE quant à la meilleure façon d’aborder ses relations avec la Chine, en particulier en matière de commerce.

Iván Duque a également évoqué ces questions lors d’une session avec l’ancien président du Mexique Felipe Calderón, au cours de laquelle ils ont discuté du rôle de l’Amérique latine dans la durabilité mondiale. Iván Duque a notamment souligné l’hypocrisie qui veut que la tonne de CO2 vaille 50 dollars à Bruxelles et 5 dollars dans le bassin du Congo ou en Amazonie. Felipe Calderon a appelé à une véritable mise en œuvre du principe du « pollueur-payeur » et à une récompense pour l’absorption à un prix égal sur l’ensemble de la planète. « Le financement réel des coûts d’investissement est plus important que les promesses », a-t-il ajouté.

Transatlantic Diplomacy & Security: Strengths and Future Opportunities
Ivan Duque & Felipe Calderón

Sommet du T7 Japon – Appel à une plus grande collaboration avec les pays du Sud et entre G7 & G20

Le Japon présidant le G7 en 2023, le groupe d’engagement Think 7 (T7) du groupe des 7 auprès des think tanks s’est réuni à Tokyo les 27 et 28 avril 2023 pour son sommet annuel, trois semaines seulement avant le sommet du G7 qui s’est tenu à Hiroshima du 19 au 21 mai. Faire face aux crises, relancer le développement durable, rapprocher le G7 et le G20 (Addressing Crises, Reigniting Sustainable Development, Bridging the G7 and G20), tel était le thème du T7 Japon cette année.

Membre du T7 depuis 2022, The Bridge Tank avait participé au webinaire de passation du T7 en novembre 2022, au cours duquel l’Allemagne avait cédé la présidence du T7 au Asian Development Bank Institute (ADBI). Cette réunion avait marqué le début d’une année au cours de laquelle le T7 s’est consacré à « la promotion du multilatéralisme et de l’engagement du G7 auprès des pays en développement pour les aider à relever les défis mondiaux » ainsi qu’à la promotion d’une « croissance et d’un développement inclusifs et durables ».

Au cours des derniers mois, le T7 Japon a étudié et élaboré des recommandations politiques au sein de quatre groupes de travail :

  • Développement et prospérité économique,
  • Bien-être, durabilité environnementale et transition juste,
  • Science et digitalisation pour un avenir meilleur,
  • Paix, sécurité et gouvernance mondiale.
Les recommandations & priorités du T7

Le sommet de Tokyo qui s’est tenu les 27 et 28 avril 2023 a présenté les conclusions et les recommandations formulées par les différents groupes de travail du T7 pour le G7 au cours du premier semestre 2023. Le communiqué du Think7 Japon d’avril 2023 a souligné l’urgence de :

  1. Faire face aux crises interconnectées : les menaces pour la paix mondiale, la crise financière mondiale et la crise de la dette, toutes deux endémiques, les menaces pour le climat et la biodiversité et la nécessité de renforcer la diplomatie environnementale ;
  2. Redynamiser l’Agenda 2030 et souligner la centralité des ODD en tant que forces directrices pour l’avenir ;
  3. Investir dans les systèmes scientifiques mondiaux et les infrastructures de recherche ;
  4. Favoriser une plus grande collaboration entre le G7 et le G20.

Cet appel à une plus grande collaboration entre le G7 et le G20 a également été illustré lors du sommet du T7 par une session réunissant les présidents du T7 2022 Allemagne, du T7 2023 Japon, du T20 2023 Inde, du T20 2024 Brésil et du T7 2024 Italie, les deux groupes d’engagement ayant exprimé leur volonté d’approfondir les liens.

Un engagement plus fort avec les pays du Sud

À la veille du sommet du G7 à Hiroshima, le doyen de l’ADBI et président du T7, Tetsushi Sonobe, a réaffirmé la nécessité pour le G7 et ses partenaires d’approfondir leur engagement avec les pays en développement. Une telle collaboration entre le G7 et les pays du Sud serait essentielle pour faire face aux crises interconnectées et encourager le développement durable, a ajouté le doyen Sonobe.

L’appel lancé par le T7 en faveur d’un plus grand engagement avec le Sud a trouvé un écho lors du sommet du G7 à Hiroshima, puisque le sommet a été ouvert à une large communauté de nations, en particulier du Sud. Parmi les pays invités figuraient le Brésil, qui préside actuellement l’Organisation du traité de coopération amazonienne, l’Inde, qui assure la présidence du G20 en 2023, les Comores, qui président l’Union africaine en 2023, l’Indonésie, qui préside actuellement l’ASEAN, ainsi que le Vietnam, les Îles Cook, la Corée du Sud et l’Australie.

The Bridge Tank durant le wébinaire de passation du T7 en Nov. 2022

The Bridge Tank s’associe aux Rencontres Technology for Change 2023 de l’École Polytechnique

Du 4 au 6 avril 2023 ont eu lieu à Paris les Rencontres Technology for Change, organisées par la Chaire Technology for Change de l’École Polytechnique. Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, est intervenu lors de la Conférence d’Ouverture, le 4 avril, dans le cadre d’une session sur la question de l’accès à l’eau et de la préservation des ressources en eau comme enjeu de développement durable.

Les Rencontres Technology for Change ont pour mission d’établir un état des lieux des liens entre technologie, société et industrie afin d’explorer différentes approches et perspectives pour un développement et une innovation technologique contribuant à un monde plus durable et inclusif. En ouverture de la Conférence s’est tenue le 4 avril dans l’enceinte du Collège de France une session intitulée « Accès à l’eau : gestion et préservation – Quelles sont les stratégies actuelles et les challenges à relever pour placer l’eau au centre des problématiques de développement durable ? », autour de:

  • Pilar Acosta – Professeure en Science de gestion, École polytechnique, IP Paris
  • Joël Ruet – Économiste, Chercheur CNRS, École polytechnique, IP Paris & Président, The Bridge Tank
  • Marie-Laure Vercambre – Directrice générale, Partenariat Français pour l’Eau

La session a abordé les grandes questions et enjeux de l’eau dans le monde actuel: quelles sont les stratégies actuelles en gestion de l’accès à l’eau ? en préservation de l’accès à l’eau ? Qu’en est-il au niveau international ?
Comment placer l’eau au centre des problématiques de développement durable ? Dans quelle mesure la technologie est-elle un levier pour relever ces défis?

Marie-Laure Vercambre a ainsi rappelé le contexte de crise mondiale de l’eau, avec une demande qui va continuer à croître de 1% par an jusqu’en 2050. L’Agenda 2030 et l’objectif 6 des ODD de l’ONU résument les nombreux défis dans la gestion et la conservation de l’eau douce: accès à l’eau potable, assainissement, qualité de l’eau, utilisation rationnelle, gestion intégrée des ressources en eau, enjeux transfrontaliers, gouvernance, préservation des écosystèmes, etc. La transversalité des enjeux de l’eau présente un défi de taille dus aux approches en silo des différents utilisateurs. Une telle approche n’est pas appropriée pour la gestion d’un bien commun mais est difficile à infléchir. Joël Ruet a quant à lui souligné que l’organisation des pratiques devait se faire sur 3 axes: 1) optimisation de la ressource, 2) préservation/conservation en considérant l’eau et ses écosystèmes, 3) renaturation.

La technologie est un levier important pour relever ces nombreux défis: transport d’eau, dessalement, traitement de l’eau, ou réutilisation. Répondre à ces enjeux nécessite également plus de données spatio-temporelles, pour lesquels des outils technologiques sont nécessaires. Joël Ruet a ainsi également rappelé l’importance de préserver les têtes de sources des fleuves, un défi de taille puisque celles-ci se trouvent le plus souvent dans des zones plus reculées. Prenant l’exemple du Massif du Fouta Djalon en Guinée, une zone montagneuse menacée par les effets du changement climatique et la pression démographique, dans laquelle se trouve les sources de grands fleuves ouest-africains, Joël Ruet a illustré cette transversalité des actions nécessaires pour la préservation des ressources en eau. Celle-ci impacte les méthodes d’exploitation agricoles et forestières, d’agroforesterie, ainsi que le besoin de création de donnée locale. L’incubation de strartups locales est un terrain d’action intéressant pour soutenir le développement de cette technologie et de ces données nécessaires à l’action de conservation. Celles-ci pourront également être mobilisées pour des mécanismes de finance verte. Ces derniers ont besoin de données pour mesurer l’impact du changement transformationnel qu’ils visent à financer.

Massif du Fouta Djalon: Un plan d’action et un appel à la préservation lancé aux Nations Unies

Le Massif du Fouta Djalon – château d’eau de l’Afrique de l’Ouest – se meurt. Ce trésor de la nature abrite dans ses hauts plateaux forestiers en Guinée les sources des grands fleuves Sénégal, Gambie et Niger, abreuvant ainsi une région de près de 300 millions d’habitants. Face à l’urgence de la menace qui pèse sur les écosystèmes fragilisés du Fouta Djalon, The Bridge Tank, Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) et l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) ont uni leurs forces pour alerter la communauté internationale et présenter un plan d’action lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 à New York.

Le 24 mars, The Bridge Tank, IAGF, et l’OMVS ont organisé dans l’enceinte du siège de l’ONU un side event officiel sur le thème « Le Fouta Djalon: Visions & Actions pour la Sauvegarde du Chateau d’Eau de l’Afrique de l’Ouest » avec le soutien officiel de la France et de la Guinée, représentées respectivement par Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’écologie de la République française et par la directrice de cabinet d’Aly Seydouba Soumah, Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures de la République de Guinée. Le side event a été organisé en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD), le Partneriat Français pour l’Eau (PFE), le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB), et le Geneva Water Hub.

Structure de la session:

  • Ouverture de la session par Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’écologie de la République française, Erik Orsenna, Président, Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) & membre de l’Académie française, et Joël Ruet, Président, The Bridge Tank
  • Présentation et état des lieux des défis dans le Fouta Djalon par Soufiana Dabo, coordinateur national de la cellule OMVS en Guinée et Abderahim Bireme Hamid, secrétaire exécutif de l’Autorité du bassin du Niger (ABN)
  • Le rôle des organismes de bassin et les actions en cours par Lionel Goujon, responsable de la division Eau et Assainissement de l’Agence Française de Développement (AFD)
  • Un programme d’action et une discussion autour des solutions pour la sauvegarde du Fouta Djalon.

Retrouvez l’enregistrement de la session dans son intégralité sur notre chaîne YouTube.

Erik Orsenna, Bérangère Couillard & Joël Ruet
Bérangère Couillard
Ouverture de la session aux Nations Unies

Venant appuyer le soutien de la France pour ce side event onusien modéré par Sophie Gardette, Directrice, IAGF, Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’écologie de la République française a ouvert la session par une allocution au panel.

Dans son intervention, la secrétaire d’État a introduit l’importance de préserver le massif du Fouta Djalon et son incroyable écosystème afin de protéger les grands fleuves d’Afrique de l’Ouest, soulignant au passage l’interdépendance entre la préservation des écosystèmes et la disponibilité en eau, tant en quantité qu’en qualité. Madame Couillard a également salué le travail des organismes de bassins de la sous-région, notamment l’OMVS, et leur rôle dans la gestion intégrée des ressources en eau au niveau des bassins transfrontaliers. Ce fut une occasion de rappeler à l’auditoire le rôle de la France dans le développement et la promotion de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) et d’encourager une approche multi-sectorielle, conciliant l’ensemble des acteurs puisant sur les ressources du Fouta Djalon et impactant ses écosystèmes. En conclusion, Madame Couillard a rappelé l’importance de la Convention des Nations Unies sur l’Eau et a salué le rôle précurseur du Sénégal et du Tchad, qui ont été les premiers pays hors-Europe à rejoindre la Convention.

Erik Orsenna
Bérangère Couillard & Joël Ruet
Erik Orsenna – Le cycle de l’eau et le cycle de la vie

En tant que co-hôte et co-organisateur de cet évènement, Erik Orsenna, Président des Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) & membre de l’Académie française, a lancé un appel à l’action afin de préserver les écosystèmes forestiers et fluviaux du Fouta Djalon. Face à la complexité et la diversité insaisissable de l’eau, « première de toutes les matières », M. Orsenna a insisté sur l’importance de recourir à des personnages concrets et des histoires pour communiquer les défis de la gestion et de la préservation des ressources en eau.

Les fleuves, et notamment les grands fleuves Sénégal, Gambie, et Niger dans le cas du Fouta Djalon, forment cette unité du vivant, ces personnages vivants dont l’histoire peut être racontée. Citant un de ses prédécesseurs à l’Académie française, Jacques-Yves Cousteau, M. Orsenna a noté que « le cycle de l’eau c’est le cycle de la vie. » La santé biologique, la santé économique et la santé sociale sont ainsi intimement liées.

Cette unité du cycle de l’eau et de la vie se retrouve également en Afrique: 60 % de l’eau potable consommée à Dakar et 100% de celle consommée à Nouakchott viennent du fleuve Sénégal. De plus, Erik Orsenna a fait l’expérience d’un autre théorème en se rendant sur les bords du Lac Tchad au Niger: « moins il y a d’eau dans le lac Tchad, plus il y a de terroristes ». « Et c’est pour ces deux raisons-là que nous avons décidé de lancer l’alerte sur le Fouta parce que le Fouta c’est la source de toute cette vie dans l’Ouest africain, » a conclu Erik Orsenna.

Joël Ruet – Expériences du terrain

Offrant un témoignage de son voyage dans le Fouta Djalon avec Hamed Semega, ancien haut-commissaire de l’OMVS, Joël Ruet, Président de The Bridge Tank & économiste à l’Institut Interdisciplinaire de l’Innovation i3t, CNRS a tout d’abord rendu hommage à M. Semega, avec qui il avait fait ce voyage et qui avait été le premier haut-commissaire à se rendre sur les sources du fleuve Sénégal. La mission sur place avait révélé que les hommes et femmes, populations locales vivant à proximité des sources, souffraient également du manque d’eau. Là où l’on ne trouve aujourd’hui plus que des flaques d’eau pittoresques, 10 ou 15 ans auparavant, ces mêmes mares étaient de taille à y voir se noyer un adulte. Il s’agit donc aujourd’hui de transformer un cercle vicieux en cercle vertueux a indiqué Joël Ruet, avant d’ajouter que « les solutions sont avec les gens, avec les communautés locales, et il est de notre responsabilité morale et humaine en tant que communauté internationale de les appuyer dans leurs initiatives. »

Soufiana Dabo
Un Fouta Djalon à l’agonie

Soufiana Dabo, coordinateur national de la cellule OMVS en Guinée, a décrit le contexte actuel du Fouta Djalon avant de rappeler les défis et les menaces pesant sur ce massif qui abrite les sources du fleuve Sénégal, du fleuve Gambie, du fleuve Niger et d’autres plus petits fleuves. Ce territoire montagneux dans le nord de la République de Guinée et s’étendant vers le Sénégal, le Mali et la Guinée-Bissau se situe à des altitudes allant d’un peu plus de 500 à 1515 mètres, avec le Mont Loura comme point culminant. L’écosystéme unique du Fouta Djalon est aujourd’hui en danger et de nombreuses espèces endémiques, de la faune ou de la flore, se font rares.

La région est habitée par des agriculteurs et des éleveurs sédentaires dont les activités cohabitent. La pression démographique a néanmois mené à des mouvements de populations vers les sources d’eau afin de répondre aux besoins d’eau pour l’agriculture et pour la consommation quotidienne, à la fois humaine et du bétail. Cette pression sur les sources cause une diminution des quantités d’eau disponibles mais également la dégradation des abords des fleuves, impactant à la fois l’amont en Guinée et les pays et 300 millions de personnes vivant en aval.

Abderahim Bireme Hamid, secrétaire exécutif de l’Autorité du bassin du Niger (ABN), a également noté des dégradations supplémentaires infligées au massif par l’homme. Celles-ci impliquent par exemple la fabrication des briques cuites, les coupes de bois abusives et l’exploitation minière, en particulier l’exploitation traditionnelle de l’or.

La réduction du couvert végétal et la dégradation des sols – conséquence du surpâturage et de pratiques agricoles inappropriées au contexte démographique, telles que l’agriculture sur brûlis et la réduction des temps de jachère ont également contribué à fragiliser le Fouta Djalon. Ces pratiques agricoles et forestières non durables réduisent les couverts forestiers et assèchent les sols, menaçant la stabilité des écosystèmes du Fouta Djalon. Ces dynamiques accélèrent ainsi la désertification et l’ensablement des cours d’eau et de leurs sources, réduisant également la capacité d’absorption des sols. La menace est aussi environnementale, puisque le changement climatique affecte la pluviométrie et le microclimat particulier du Fouta Djalon, avec des températures sans cesse en hausse.

« Ensemble nous devons mobiliser nos actions, énergies, consciences, et l’information autour de ce qui doit être entrepris dès maintenant pour restaurer cet écosystème […], pour amener les population à prendre conscience mais aussi à continuer leurs activités sans être en conflit avec la nature, » a conclu M. Dabo.

« Si nous n’agissons pas activement pour changer la donne et refaire vivre le massif du Fouta Djalon, le risque serait pour l’ensemble de ces pays (ndlr: les 9 pays membres de l’ABN), pour l’ensemble de ces populations en Afrique, » a quant à lui conclu M. Hamid.

Les organismes de bassin au coeur de l’action de sauvegarde

Lionel Goujon, responsable de la division Eau et Assainissement de l’Agence Française de Développement (AFD) a présenté les initiatives de préservation et de gestion durable existantes et les actions déjà menées sur le terrain par l’AFD. Celles-ci sont notamment développées et menées en partenariat avec les différents organismes de bassin de la région. La présence de hauts responsables de ces organismes de bassins, avec M. Soufiana Dabo pour l’OMVS, un organisme que l’AFD appuie depuis environ 40 ans, et M. Abderahim Bireme Hamid pour l’ABN, avec laquelle l’AFD collabore depuis une vingtaine d’années, a illustré l’investissement et le rôle central de ces organismes dans la gestion des ressources hydriques et la préservation des écosystèmes de la région.

Il s’agit d’éviter la tragédie des communs et la tragédie du Fouta Djalon, a déclaré M. Goujon, citant le concept développé par Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009. Les défis dans l’action de préservation sont nombreux: manque de connaissances, de mesures, et de données sur les conséquences des changements hydrologiques,  connaissance de la ressource en déclin, ou encore besoins de nouvelles technologies et de moyens et dispositifs humains pour maintenir des réseaux de mesure.

L’action de l’AFD en partenariat avec les organismes de bassin se structure autour de projets comme le projet SCREEN avec l’OMVS, un projet de mesure altimétrique avec des technologies spatiales en collaboration avec de nombreux acteurs français (ex. CNR, IRD, BRL, et CNES). Le projet DYNOBA de dynamisation des organismes de bassin transfrontaliers en Afrique encourage le partage d’expériences entre les organismes de bassin. Le Fouta Djalon pourrait être un terrain d’application de ce partage. L’AFD travaille actuellement également à un projet d’appui aux services météorologiques nationaux de Guinée, afin de renforcer la météorologie nationale et de produire des données plus fiables.

« Il y a plusieurs niveaux auxquels il faut travailler : les niveaux institutionnels, internationaux, nationaux, le niveau local avec les populations pour avoir un impact bénéfique sur cet espace, » a conclu M. Goujon.

Un plan d’action pour le Fouta Djallon

L’objectif de ce side event était non seulement d’alerter la communauté internationale sur la situation alarmante d’un Fouta Djalon mourant mais également de présenter un plan d’action et d’axes prioritaires à mobiliser pour la préservation du massif. Joël Ruet, Président, The Bridge Tank & économiste à l’Institut Interdisciplinaire de l’Innovation i3t, CNRS a ainsi présenté les nécessaires composantes du plan d’action que nous proposons:

  1. Le soutien et la mobilisation des communautés locales du Fouta Djalon, en établissant par exemple un catalogue de bonnes pratiques durables combinant des méthodes agricoles & de préservation des écosystèmes traditionnelles et modernes et en sensibilisant et en formant les populations locales;
  2. Encourager la recherche et l’innovation au niveau local et régional, afin d’améliorer les connaissances et les données sur les ressources et les écosystèmes du Fouta Djallon, à travers l’incubation de start-ups technologiques, le soutien à des projets de recherche, l’ingénierie environnementale locale, le développement de solutions basées sur la nature;
  3. La volonté politique et la coopération régionale à travers la création d’une assemblée des États d’Afrique de l’Ouest, des organismes de bassin et des organisations multilatérales sous-régionales, soutenue par la communauté internationale, pour le Fouta Djallon, afin de développer un cadre de coopération régionale autour de cette ressource commune et d’assurer la durabilité sociale, sociétale et environnementale dans les hauts plateaux et dans toute la région ;
  4. La mobilisation de nouveaux mécanismes de financement vert et bleu au profit du Fouta Djalon, pour la préservation de la biodiversité et le développement des hauts plateaux avec le soutien international.

En particulier, dans la continuité des actions déjà mises en oeuvre, une action concertée de la sous-région pour la préservation du Fouta Djalon devra nécessairement faire intervenir les organismes de bassin. La question de la gouvernance a également été mise en lumière par Lionel Goujon, qui a encouragé une gouvernance à différents niveaux, impliquant les organismes de  bassin, les états et les communautés économiques sous-régionales. « Il faut aujourd’hui créer des coalitions et des plateformes de coopération, » a souligné Joël Ruet. Celles-ci devront nécessairement impliquer les communautés locales, afin de déterminer quelles mesures traditionnelles doivent évoluer et quelles connaissances traditionnelles peuvent être mobilisées comme méthodes de cultivation ou d’agroforesterie plus durables et résilientes. Selon Soufiana Dabo, il s’agit donc en priorité d’adapter et de repenser les solutions existantes.

Un outil qui jouera un rôle important dans cette démarche est l’Observatoire du Fouta Djalon mis en place par l’OMVS. Celui-ci permettra, selon M. Dabo, d’observer, d’analyser et d’agir dans le Fouta Djalon. Soufiana Dabo a ainsi lancé un appel au soutien de l’Observatoire comme centre de recherche, de réflexion et collecte de données nécessaires à l’évolution du massif. Cette évolution vise à accompagner les communautés dans leurs reconversions, soit vers d’autres activités qui auront moins d’impact sur l’écosystème du massif, soit à moderniser les activités qui sont actuellement entreprises par les populations locales. Dans le cadre de ses programmes PGIRE, l’OMVS a ainsi lancé de premières initiatives allant dans cette direction, avec notamment des projets d’aménagement agricole et de mise en place de périmètres irrigués et clôturés pour sédentariser la population. La réhabilitation de réserves piscicoles vise à faire de la pêche une source de revenus alternative.

« Il ne faut pas opposer le développement socio-économique, humain, à la nature et l’environnement, » a insisté Joël Ruet.

Enfin, une dernière communauté qu’il s’agit de mobiliser sont les jeunes diplomés des universités de la région. M. Ruet a conclu en revenant sur l’importance de l’entrepreneuriat technologique local. Le soutien d’incubateurs de jeunes entrepreneurs locaux revenant sur le terrain à la suite de leurs études offrirait les moyens humains pour faire vivre les systèmes de mesure, et de collecte de données nécessaires à toute action de préservation. Ces données pourront également être mobilisées pour des mécanismes de finance durable qui permettent, selon M. Ruet, « un changement transformationnel qui passe à l’échelle. »

Cette session se place dans un engagement de longue date en faveur de la préservation du Fouta Djalon de la part de The Bridge Tank. Au Forum Mondial de l’Eau à Dakar en mars 2022, The Bridge Tank et IAGF avaient déjà co-organisé une session spéciale sur ce même thème de la sauvegarde du massif du Fouta Djalon en partenariat avec l’OMVS et l’Organisation de mise en valeur du Fleuve Gambie (OMVG). Auparavant, Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, avait également participé à une mission de terrain dans le Fouta Djalon menée par notre board member Hamed Semega, alors haut-commissaire de l’OMVS.

The Bridge Tank au Forum BOAO pour l’Asie 2023 : Échanges sur la coopération Chine-UE et les transitions énergétiques

Du 28 au 31 mars 2023, The Bridge Tank, représenté par son président Joël Ruet, a participé au Forum de Boao pour l’Asie 2023, à Boao, Hainan, en Chine. The Bridge Tank participe à la réunion annuelle du « Davos chinois » en tant que partenaire de l’événement depuis 2018. Cette année, le Forum Boao était placé sous le thème « Un monde incertain : Solidarité et coopération pour le développement dans un contexte difficile » (An Uncertain World: Solidarity and Cooperation for Development amid Challenges).

Le Forum a permis à Joël Ruet de participer à deux sessions dédiées au dialogue entre la Chine et l’Union Européenne, avec une table ronde de PDG à huis clos, et un panel sur les chocs dans l’approvisionnement énergétique mondial, tous deux abordant spécifiquement la question des transitions énergétiques. La session plénière du forum a été marquée par les interventions du premier ministre chinois Li Qiang, de l’ancien secrétaire général des Nations unies et actuel président du forum Ban Ki Moon, ainsi que de Lee Hsien Loong, premier ministre de Singapour, et Pedro Sanchez, premier ministre de l’Espagne, qui ont notamment abordé les relations futures entre la Chine et l’UE et le potentiel de coopération.

Dialogue à huis clos entre PDG chinois et européens

La table ronde à laquelle Joël Ruet a participé a abordé les opportunités de coopération et les questions de concurrence dans un contexte de rivalité systémique entre la Chine et l’UE. La session a permis à des chefs d’entreprise français, italiens, finlandais, hongrois et allemands d’interagir avec leurs homologues chinois. Les participants incluaient notamment:

  • Justin Yifu Lin, Doyen de l’Institut de la nouvelle économie structurelle, Université de Pékin, ancien économiste en chef et ancien vice-président de la Banque mondiale
  • Li Zixue, Président et directeur exécutif, ZTE Corp
  • Zhang Yue, Président, BROAD Group
    Li Yong, Président, Chinayong Investment Group
  • Joël Ruet, Président, The Bridge Tank & Chercheur associé, Chaire Tech for Change, Ecole Polytechnique
  • Jorge Toledo, Ambassadeur de l’Union européenne en Chine
  • Denis Depoux, Global Managing Director, Roland Berger
  • Norbert Csizmadia, Président, Fondation de l’Université John von Neumann
  • Gianni Di Giovanni, Président, ENI China B.V. et Vice-président exécutif, ENI
  • Fabrizio Ferri, Directeur pour la région Asie-Pacifique, Fincantieri

À travers sa participation à cette table ronde, Joël Ruet a fait part de la situation actuelle et des opportunités en matière de transition énergétique, en particulier en ce qui concerne l’énergie nucléaire et l’hydrogène. Revenant sur les tendances actuelles, M. Ruet a noté qu’en 2022, la transition de l’UE a abouti à une stratégie de couverture à long terme gagnante, basée sur le gaz couvert géographiquement plutôt que sur le pétrole, avec à l’horizon 2030 une couverture de tous les combustibles fossiles.

En ce qui concerne le financement de la lutte contre le changement climatique, Joël Ruet a affirmé que les mécanismes financiers devaient aller au-delà de la tarification du carbone et du financement de l’atténuation. L’adaptation doit en effet être financée par des cobénéfices sur l’agriculture, l’agroforesterie, la fixation du CO2 dans les sols et la préservation de l’eau. Cela nécessite un effort conjoint pour construire une industrie de financement et de dérisquage bancaire au niveau des banques publiques et commerciales. La Chine et l’UE ont un intérêt commun non seulement à partager des idées et des modèles, mais aussi à mettre en place des programmes communs avec les pays les moins développés, a déclaré M. Ruet.

Dans une interview accordée à China Business News, Joël Ruet a souligné l’importance de ce type de tables rondes, car « les décisions commerciales sont basées sur ce type de relations et de compréhension entre les personnes ».

Table ronde sur les chocs énergétiques mondiaux

Le 30 mars, Joël Ruet s’est entretenu avec des dirigeants et experts chinois et internationaux dans le cadre d’une table ronde sur la structure actuelle de l’offre et de la demande dans le secteur de l’énergie. La discussion a porté sur la façon dont l’invasion de l’Ukraine par la Russie a remodelé le paysage de l’approvisionnement énergétique en Europe et sur la façon dont la structure énergétique mondiale a évolué depuis, en tenant compte des sanctions imposées à la Russie et des politiques de restriction de la production adoptées par les pays producteurs de pétrole au Moyen-Orient. La session a également abordé le maintien de la stabilité du marché international de l’énergie et les implications de ces changements sur les efforts de transition énergétique dans le monde.

La session, modérée par ZHONG Shi, présentateur de la chaîne CGTN, a accueilli :

  • Denis DEPOUX, Directeur général mondial, Roland Berger
  • Gianni Di GIOVANNI, Président, ENI China B.V. & Vice-président exécutif, ENI
  • MENG Zhenping, Président, China Southern Power Grid
  • Joël RUET, Président, The Bridge Tank & Chercheur associé, Chaire Tech for Change, Ecole Polytechnique
  • Ernie THRASHER, Directeur, Xcoal Energy & Resources
  • ZHONG Baoshen, Président, Longi, Chairman, Longi

Selon Joël Ruet, la crise énergétique est une opportunité pour mieux comprendre les atouts et les faiblesses des structures énergétiques actuelles, déterminer ce qui est résilient et ce qui est le plus affecté par ces chocs. « Nous devons faire de la crise une opportunité », a déclaré M. Ruet, ajoutant que « dans la transition énergétique, nous devons être inclusifs et unis ». La réaction de l’UE au cours de l’année écoulée montre qu’il ne s’agit pas seulement d’une réponse à un choc à court terme, mais qu’elle ouvre la voie à une accélération structurelle de la transition énergétique, notamment en ce qui concerne les énergies renouvelables ou le gaz. Le fait que plusieurs pays aient des stratégies énergétiques différentes sur le nucléaire en tant qu’énergie renouvelable, sur les utilisations de l’hydrogène ou sur les moteurs de mobilité n’a pas empêché des progrès considérables dans la taxonomie et sert de complément positif, donc de couverture, aux transitions énergétiques européennes.

Enseignements de la session plénière

Lors de la session plénière du forum de Boao, des dirigeants du monde entier ont pris la parole pour traiter des grandes questions d’actualité. Après avoir souligné que « l’agression russe a fragilisé l’ordre mondial », le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a insisté sur le fait qu’au-delà de l’établissement de relations fortes avec la Chine, les pays asiatiques devaient se rapprocher les uns des autres, en soulignant le rôle central de l’ANASE. Faisant l’éloge du RCEP et de la dynamique transpacifique, le Premier ministre Lee a appelé l’Asie à rester une région ouverte établissant des partenariats.

Pedro Sanchez, Premier ministre de l’Espagne, a déclaré que l’Espagne, qui assumera prochainement la présidence de l’UE, souhaite contribuer au rétablissement de la paix et de la confiance. Le pays entend se concentrer sur une approche renouvelée de la mondialisation, soucieuse de son empreinte environnementale et de sa stabilité, en allant au-delà des seules préoccupations liées aux coûts. L’UE construit donc une nouvelle industrie verte et numérique et défendra ses valeurs et ses intérêts. La Chine et l’UE, bien que concurrentes, peuvent également rester partenaires tant que la souveraineté des pays est respectée et que des conditions de concurrence équitables sont maintenues. Selon le Premier ministre Sanchez, la Chine et l’UE doivent rester des partenaires sur le plan économique, mais aussi et surtout travailler ensemble pour atteindre les objectifs fixés dans l’accord de Paris, les ODD, et fournir des financements pour le développement et les risques liés à la dette pour les pays en développement.

 
Ban Ki Moon, Président du Forum de Boao
Lee Hsien Loong, Premier Ministre, Singapour
Pedro Sanchez, Premier Ministre, Espagne
Li Qiang, Premier ministre, Chine

Joel Ruet a également assisté au discours du premier ministre chinois Li Qiang devant les délégués du forum de Boao. Dans son discours, le Premier ministre Li a déclaré que « sans la paix, l’Asie n’aura pas un avenir radieux », avant d’ajouter que « les nombreuses questions auxquelles l’humanité est confrontée doivent être abordées par consensus ». Pour ce faire, Li Qiang a souligné le rôle des pays BRICS dans l’application d’une législation multilatérale, qualifiée de « plus juste et plus équitable » que le système actuel des Nations unies.

Li Qiang a déclaré que « dans un monde incertain, la voie de la prospérité de la Chine est une source de certitude », soulignant l’importance de la croissance de la Chine pour les pays en développement en général et pour l’Asie et l’économie mondiale. La trajectoire de la Chine consistera à « poursuivre l’effort d’approfondissement de la demande tout en structurant l’offre d’une manière favorable à l’investissement étranger ».

Il convient toutefois de rappeler que les investissements ont atteint leur niveau le plus bas en 2022 en raison de la politique « zéro covid » de la Chine, qui aura un impact sur les résultats économiques des deux prochaines années et qui a affaibli la confiance des investisseurs étrangers dans le marché chinois. Ce cycle à court terme devra être amorti, les perspectives à moyen terme étant plus encourageantes et servant de transition alors que la fenêtre d’opportunité démographique se referme.

Regardez l’analyse du discours du premier ministre chinois Li Qiang par Joël Ruet pour CGTN :

Conférence des Nations Unies sur l’Eau : L’hydro-diplomatie à l’honneur d’un side event organisé par The Bridge Tank & l’IAGF

Le 23 mars, deuxième jour de la Conférence des Nations unies sur l’eau 2023 à New York, The Bridge Tank et Initiatives pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) ont coorganisé un side event officiel sur l’hydro-diplomatie intitulé « Towards an inclusive, pre-emptive, and positive hydro-diplomacy » (Vers une hydro-diplomatie inclusive, préventive et positive). Les organisations partenaires du side event incluaient notamment le Partenariat Français pour l’Eau, le Geneva Water Hub, IHE Delft, le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB), la Chaire Technology for Change de l’École Polytechnique, et APCO Worldwide, qui a accueilli la session.

La session animée par Joel RUET, Président, The Bridge Tank, et économiste à l’Institut interdisciplinaire de l’innovation i3t de l’École polytechnique a rassemblé un panel de décideurs politiques, de chercheurs et d’experts de renom comprenant :

  • Mirela KUMBARO FURXHI, Ministre du tourisme et de l’environnement, République d’Albanie
  • Erik ORSENNA, Président, Initiative pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF), Membre de l’Académie française
  • Christian BRETHAUT, Directeur scientifique, Geneva Water Hub (GWH), Observatoire mondial pour l’eau et de la paix (OMEP)
  • Marie-Laure VERCAMBRE, Directrice générale, Partenariat français pour l’eau
  • Alyssa OFFUTT, Chercheuse, Institut IHE Delft pour l’éducation relative à l’eau
  • Clémence AUBERT, Responsable du département Pilotage stratégique et Missions d’Intérêt Général, CNR (Compagnie Nationale du Rhône)
  • Suvi SOJAMO, Chercheuse, Institut finlandais pour l’environnement, et Conseillère principale, Water Cooperation and Peace – Finnish Water Way
 

Le panel s’est attaqué au sujet de l’hydro-diplomatie, s’appuyant sur l’engagement de longue date de The Bridge Tank sur cette question, un engagement qui avait déjà permis l’organisation d’un side event sur l’hydro-diplomatie en partenariat avec l’IAGF en mars 2022 lors du Forum mondial de l’eau à Dakar. Le 6 décembre 2022, The Bridge Tank avait ensuite convié un panel de haut niveau sur l’hydro-diplomatie à Paris, en marge du Sommet de l’ONU-Eau sur les eaux souterraines 2022 coordonné par l’UNESCO.

Ce side event, intitulé « Towards an inclusive, pre-emptive, and positive hydro-diplomacy » a exploré la diversité des initiatives, des outils, des mécanismes institutionnels et des conceptions de l’hydro-diplomatie qui sont développés à travers le monde et qui pourraient être mobilisés au sein d’une pratique élargie et renouvelée de l’hydro-diplomatie. Les exemples de la rivière Vjosa en Albanie et du Rhône en France, présentés respectivement par Madame la Ministre Kumbaro Furxhi et Clémence Aubert, ont fourni deux approches complémentaires de la gestion durable et multisectorielle des ressources en eau et des programmes de renaturation, l’une à travers un Parc National de Rivière Sauvage – le premier du genre en Europe – l’autre à travers les efforts de renaturation déployés par une entreprise.

La session visait à élargir la conversation et la pratique de l’hydro-diplomatie au-delà de la seule activité des diplomates, afin de la rendre plus inclusive. Les discussions ont donc porté sur la manière de relier la diplomatie officielle et la diplomatie parallèle, en intégrant la communauté scientifique et les praticiens de l’eau dans la diplomatie officielle, un principe mis en avant et promu par la Finlande dans son approche et sa pratique de l’hydro-diplomatie au fil des ans. En outre, les différentes contributions ont souligné le rôle central de la Convention sur l’eau en tant que fondement partagé et langage commun sur lequel construire de nouveaux cadres et accords de coopération dans le domaine de l’eau, comme l’a noté Alyssa Offutt de l’IHE Delft Institute for Water Education. Le développement des données, de la coopération et des outils représentent des facteurs contribuant à l’établissement d’une paix durable, comme l’illustre le travail du Geneva Water Hub.

L’industrie des services de l’eau est loin d’être exclue de ce processus ; elle a accompli une transformation environnementale notable, comme le montre le Partenariat français pour l’eau, qui constituait l’épine dorsale de la société civile de « l’équipe France » lors de la conférence.

En clôture de la session, Hamed SEMEGA, ancien haut-commissaire de l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), a annoncé le lancement de la Water for Peace Africa Foundation en partenariat avec The Bridge Tank, l’IAGF et les organismes de bassins fluviaux d’Afrique de l’Ouest. La fondation aura pour but de promouvoir une coopération entre tous les acteurs de la région et d’encourager le partage d’informations, de données et des bonnes pratiques afin de promouvoir la paix.

La vidéo de la session

Conférence des Nations Unies sur l’Eau : The Bridge Tank et l’IAGF organisent un side event sur la préservation du Massif du Fouta Djallon

La préservation du Massif du Fouta Djallon en Guinée, château d’eau de l’Afrique de l’Ouest abritant les sources des grands fleuves de la région, a réuni The Bridge Tank, Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF), et l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), qui ont organisé ensemble un side event officiel de la Conférence des Nations Unies sur l’eau 2023, le vendredi 24 mars, avec le soutien de la France et de la Guinée.

Ce massif forestier est plus que jamais en danger – menacé par les actions combinées des populations locales laissées pour compte par le mal-développement, d’un bétail nécessitant des pratiques plus résilientes, et des effets du changement climatique exigeant une adaptation agraire et sylvicole à portée de main. La présence de hauts dignitaires français et guinéens, dont Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’écologie de la République française, et la directrice de cabinet d’Aly Seydouba Soumah, ministre de l’énergie, de hydraulique et des hydrocarbures, République de Guinée, ainsi que de hauts responsables d’organismes de bassin d’Afrique de l’Ouest, tels que Soufiana Dabo, coordinateur national de la cellule OMVS en Guinée et Abderahim Bireme Hamid, secrétaire exécutif de l’Autorité du bassin du Niger, et des acteurs du développement actifs sur le terrain ont fait de cette conférence une occasion unique de tirer la sonnette d’alarme et d’appeler à une action concertée pour la préservation du Massif du Fouta Djallon.

Erik Orsenna & Bérangère Couillard

Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’écologie, France, a ouvert la session en soulignant l’importance de protéger le Fouta Djallon et les sources des grands fleuves d’Afrique de l’Ouest, et a rappelé à l’auditoire la place toute particulière de la France dans le développement de la gestion intégrée des ressources en eau.

Erik Orsenna, président de l’IAGF (Initiatives pour l’avenir des grands fleuves), a lancé un vibrant appel à l’action pour préserver ces écosystèmes forestiers qui fournissent en eau une région où vivent 300 millions d’habitants. Il a notamment souligné le rôle crucial des organisations de bassins fluviaux pour préserver la paix et développer la coopération transfrontalière, alors que la région est confrontée à un stress hydrique croissant.

Joel Ruet & Soufiana Dabo
Lionel Goujon
Abderahim Bireme Hamid

Représentant un organisme de bassin qui a contribué au développement et à la coopération en Afrique de l’Ouest, Soufiana Dabo, coordinateur national de la cellule OMVS en Guinée, a présenté le contexte spécifique du Fouta Djallon et les risques pesant sur ses sources, de la déforestation à l’ensablement des cours d’eau, en passant par des pratiques agricoles obsolètes.

Lionel Goujon, responsable de la division Eau et Assainissement de l’Agence Française de Développement a présenté les initiatives existantes et les actions déjà menées sur le terrain, notamment en partenariat avec les Organismes de Bassin de la région.

Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, a ensuite dévoilé une feuille de route de solutions pour sauvegarder le Fouta Djallon, incluant notamment la nécessité d’impliquer les jeunes entrepreneurs technologiques locaux, de former les populations locales, et de mobiliser la finance verte pour étendre les actions sur le terrain. Le secrétaire exécutif de l’Autorité du bassin du Niger, M. Abderahim Bireme Hamid, a également souligné l’importance de mobiliser les populations locales avec leurs connaissances et solutions basées sur la nature.

Ce side event organisé dans l’enceinte du siège des Nations Unies était placé sous le haut patronage de la Guinée et de la France, et soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD), le Partenariat Français pour l’Eau, le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB), le Geneva Water Hub et la Chaire Technology for Change de l’École Polytechnique.

G20/Business 20: Deuxième réunion de la Task Force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources

La présence de The Bridge Tank à New Delhi, en Inde, dans le cadre du CII Partnership Summit 2023 du 13 au 15 mars, a permis à Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, de participer à la deuxième réunion de la Task Force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources (B20 India Task Force on Energy, Climate Change & Resource Efficiency). En tant que membre du groupe de travail, The Bridge Tank avait participé à sa première réunion lors de la Conférence de Lancement du groupe d’engagement Business 20 (B20) du G20, le 24 janvier 2023, à Gandhinagar, en Inde.

La deuxième réunion de la task force, qui s’est tenue le 15 mars, a soulevé trois questions essentielles : (1) l’accélération des transitions ‘zéro émission nette’, (2) une plus grande contribution globale de l’énergie verte, y compris de l’hydrogène et de l’ammoniac verts, et (3) un meilleur accès au financement pour ces transitions. Conformément à l’un des objectifs de la présidence indienne du G20, le groupe de travail a souligné l’importance d’inclure les pays en développement dans ces développements.

L’accent a notamment été mis sur le fait que, bien que des normes mondiales en matière d’ESR, des normes non financières ainsi qu’une impulsion technologique par le biais d’un soutien public soient nécessaires, certains pays bénéficient d’avantages en termes de coûts d’investissement que d’autres n’ont pas. Par conséquent, plus encore que le soutien en ressources humaines ou l’aide au transfert de technologie, il est nécessaire d’instaurer des conditions de concurrence équitables sur le plan financier afin d’inclure les pays en développement, comme l’ont souligné certains membres de la task force, dont The Bridge Tank. Tout en recommandant que les banques multilatérales de développement et les fonds privés prennent ce problème au sérieux, une partie du débat a été consacrée à l’idée de concentrer l’argent public sur la réduction des risques et, selon The Bridge Tank, d’impliquer les écosystèmes financiers locaux, nationaux et régionaux dans ces projets ainsi dérisqués.

De plus, si l’on va au-delà des solutions uniquement adaptées aux pays du G20 – comme la présidence indienne du G20 souhaite que celui-ci prenne en compte les problèmes de l’Afrique par exemple – un débat s’ouvre alors sur l’inégalité des capacités en matière de collecte et traitement de données à travers le monde, qui s’ajoute à l’inégalité des coûts du capital. Il s’agit là d’une ligne de contribution que nous continuerons à intégrer dans le groupe de travail d’ici à sa troisième réunion en avril et à sa réunion finale en juin.

Les discussions et le feedback entre la première et la deuxième réunion de la task force ont soulevé de nombreuses autres questions, notamment l’établissement de normes mondiales pour l’hydrogène, l’évaluation du cycle de vie et du champ d’application des produits recyclables, l’établissement de dispositions pour les transactions nationales et internationales sur le carbone et la facilitation de l’accès au financement et à la technologie. En outre, il est primordial d’inclure et de reconnaître le rôle que les micro, petites et moyennes entreprises ont à jouer. Comme l’ont fait remarquer certains membres de la task force, des résultats et des actions clairs sont nécessaires, car le coût de l’inaction en matière d’adaptation au changement climatique serait désastreux, notamment pour les régions côtières.

La réunion a été convoquée par quelques-uns des principaux dirigeants de l’industrie indienne :

  • M. Sajjan Jindal, Président directeur général, Groupe JSW – président de la task force
  • M. Vineet Mittal, Président, Groupe Avaada – vice-président de la task force
  • M. T V Narendran, Directeur général, Tata Steel – vice-président de la task force
  • M. Christian Cahn von Seelen, Membre du comité exécutif de Volskwagen – vice-président de la task force
  • M. Jean-Pierre Clamadieu, Président du conseil d’administration, ENGIE – vice-président de la task force (représenté par son chef de cabinet)

G20/Business 20 : The Bridge Tank prend part à la Conférence de Lancement du B20 Inde

Après le mandat de l’Indonésie en 2022, ce début d’année a vu l’Inde prendre la présidence du G20 pour l’année 2023.

Du 22 au 24 janvier 2023, la ville de Gandhinagar dans le Gujarat, en Inde, a accueilli la conférence de lancement du groupe d’engagement Business 20 (B20) du G20 afin de discuter avec la communauté des affaires de l’économie mondiale et de certains des problèmes les plus pressants auxquels notre monde fait face. La réunion a rassemblé des ministres et des délégués indiens, ainsi que d’influents chefs d’entreprise et décideurs politiques internationaux.

En tant que membre du B20, The Bridge Tank a assisté au sommet à Gandhinagar, représenté par son président Joël Ruet. Outre les sessions publiques au Mahatma Mandir, la réunion de lancement a notamment marqué le lancement des groupes de travail et des groupes d’action du B20, auxquels The Bridge Tank contribuera activement au cours de l’année à venir.

Axant sa participation sur trois grands thèmes : la durabilité, la recherche et l’innovation, et le rapprochement entre l’Afrique et le G20, à l’invitation de la présidence indienne du G20, The Bridge Tank est ainsi membre de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources, ainsi que du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine.

Joël Ruet à la Conférence de Lancement du B20
Le ton est donné pour la présidence indienne du G20 en 2023

Organisée par la Confédération de l’Industrie Indienne (CII), en charge du secrétariat du B20 Inde, la session plénière de la réunion de lancement du B20, qui s’est tenue au Mahatma Mandir le 23 janvier, a donné le ton du sommet et de la présidence indienne du G20 en 2023.

La session inaugurale a mis en lumière la vision, les priorités thématiques et les valeurs qui animeront le B20 Inde. M. Chandrajit Banerjee, directeur général de la CII, a rappelé aux participants l’acronyme R.A.I.S.E – Responsible, Accelerated, Innovative, Sustainable and Equitable Businesses (en français: des entreprises Responsables, Accélérées, Innovantes, Durables et Équitables) – qui servira de pierre angulaire au B20 Inde.

"Le thème du B20, qui a été formé sous l'égide de la présidence indienne du G20, est R.A.I.S.E. - pour des entreprises Responsables, Accélérées, Innovantes, Durables et Équitables."
M. Chandrajit Banerjee
Directeur Général, Confédération de l'Industrie Indienne (CII)

Au cours de son discours d’ouverture sur les conditions nécessaires à la réussite du B20 Inde, M. N Chandrasekaran, président du B20 Inde et président de Tata Sons, a souligné l’importance de réduire les inégalités à travers la transformation numérique. Il a également insisté sur certaines des grandes priorités retenues pour le B20 Inde, notamment la durabilité, la transition énergétique, la mobilité, la biodiversité, la gestion de l’eau et les ODD de l’ONU.

"La présidence du B20 est l'occasion pour l'Inde de présenter et de partager des bonnes pratiques, ainsi que de travailler à l'élaboration de recommandations spécifiques pour apporter l'égalité grâce à la transformation numérique."
M. N Chandrasekaran
Président, B20 Inde & Président, Tata Sons
Développement durable et transitions énergétiques :  la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources

L’importance de la lutte contre le changement climatique et la place des transitions énergétiques et du développement durable dans les priorités du B20 Inde ont été présentées lors de la session plénière par M. Som Parkash, Ministre d’État au commerce et à l’industrie.

Le ministre Parkash a ainsi déclaré que « l’Inde, sous la présidence du G20, doit s’efforcer de donner la priorité à la lutte contre le changement climatique et à la dégradation de l’environnement par des efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir les énergies propres.« 

Cette priorité, conforme à la devise R.A.I.S.E du B20, a été reprise un jour plus tard, le 24 janvier, lors de la première réunion de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources, à laquelle The Bridge Tank a assisté en tant que membre de la task force.

La réunion, présidée par M. T V Narendran, PDG de Tata Steel Ltd et coprésident de la task force, a présenté les priorités et les résultats attendus de cette dernière.

Dans l’espoir d’accélérer les transitions énergétiques, l’efficacité des ressources et les mesures d’adaptation dans les économies du G20, les priorités du groupe de travail ont été décrites comme étant largement alignées sur les priorités du G20 en matière de changement climatique.

L’objectif est donc d’aborder les questions suivantes :

  1. les transitions mondiales nettes zéro;
  2. la sécurité énergétique et l’accès à l’énergie;
  3. les transitions justes;
  4. l’économie circulaire et l’efficacité des ressources;
  5. la finance climat et l’innovation technologique;
  6. l’adaptation et la résilience.
"L'Inde, sous la présidence du G20, doit s'efforcer de donner la priorité à la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l'environnement en déployant des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et promouvoir les énergies propres."
M. Som Parkash
Ministre d'État au commerce et à l'industrie

Les priorités de la task force couvrent de nombreux thèmes, notamment :

  • Le renforcement de la coopération mondiale pour accélérer la transition nette zéro par le biais de coalitions mondiales spécifiques aux différentes industries, et la focalisation des investissements et des financements vers des axes prioritaires;
  • L’amélioration des investissements, du développement et de la commercialisation de technologies d’énergie verte;
  • L’amélioration du financement de la lutte contre le changement climatique grâce à de nouvelles voies de financement pour la transition énergétique, en définissant des mandats clairs en matière d’énergie pour les banques multilatérales de développement et en harmonisant le développement des marchés carbone nationaux ;
  • L’amélioration de l’efficacité des ressources grâce à des cadres réglementaires, des politiques, et des modèles commerciaux et financiers qui encouragent l’économie circulaire ;
  • La mise en œuvre de politiques d’adaptation privilégiant des approches fondées sur les écosystèmes existant afin de développer des infrastructures résilientes, tout en veillant à ce que l’adaptation tienne compte de la dimension de genre et en mobilisant les financements nécessaires.

The Bridge Tank entend mettre son expertise accumulée au fil des ans sur des thèmes de trajectoires énergétiques, de transitions énergétiques, de finance climat, de financement mixte, ainsi que sa contribution de longue date au développement de modèles de développement durable et d’économie circulaire à la disposition de la task force. Cette dernière se réunira à nouveau les 14 et 15 mars 2023.

Rapprocher l’Afrique et le G20 : le Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine

Évoquant les efforts déployés par le B20 Inde pour représenter les questions pertinentes pour l’économie mondiale, M. Sanjiv Bajaj, président de la CII et président-directeur général de Bajaj Finserv Ltd, a présenté au public de la session plénière le programme ciblé et le Conseil d’Action sur l’Intégration Économique Africaine, qui espère renforcer les liens entre les économies africaines et le G20.

En tant que défenseur de longue date d’une plus grande intégration du continent africain dans les actions du G20 et désormais membre contributeur du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine, The Bridge Tank salue cette initiative.

Le 24 janvier, dernier jour de la conférence de lancement, The Bridge Tank a ainsi également pris part à la session inaugurale du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine, qui a examiné les objectifs et les priorités du conseil.

La réunion a soulevé les trois principaux résultats attendus pour soutenir l’intégration économique du continent africain :

  1. La formulation d’un programme de Facilités d’assistance technique (FAT) par les membres du G20, afin d’accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf par le biais d’une assistance technique et financière aux 54 nations africaines.

  2. Des engagements de la part des États du G20 à conclure des accords commerciaux préférentiels personnalisés avec au moins 20 pays africains (avec un minimum de 100 lignes tarifaires sur les produits ou services à libéraliser dans chacun de ces accords).

  3. Des engagements de la part des États du G20 à lancer chacun un minimum de trois programmes de financement du développement au profit d’au moins cinq pays africains (soit bilatéralement, soit par l’intermédiaire d’institutions multilatérales), sur des thèmes tels que les programmes de parcs industriels, les projets d’infrastructures énergétiques ou de transport, les initiatives en matière de santé, d’éducation et de formation, ou les programmes de financement des micro, petites et moyennes entreprises.

Dans le prolongement de ces résultats espérés, Joel Ruet, Président, The Bridge Tank, a avancé l’idée d’un fonds pour les projets de résilience et d’adaptation au changement climatique émanant du G20 et financé par celui-ci. En outre, le G20 pourrait contribuer à dérisquer les projets provenant de pays et d’entreprises du continent africain.

Dans les mois à venir, The Bridge Tank poursuivra ses efforts au sein de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources et du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine.

Le Déjeuner de l’Innovation de The Bridge Tank à Davos : Encourager la coopération en matière de biosécurité

Le dernier jour du Forum économique mondial de Davos, et pour la troisième édition consécutive, The Bridge Tank a organisé son désormais traditionnel « Déjeuner de l’innovation » sur la Promenade de Davos. Cette édition 2023 a notamment été organisée avec l’appui de  notre Board member Judit Arenas, APCO Worldwide, et en partenariat avec Illumina, société de biotechnologie basée à San Diego aux États-Unis, pour échanger sur la biosécurité et la prévention du bioterrorisme.

Parmi les participants à cette table ronde figuraient des spécialistes, des chercheurs et des dirigeants de renom, notamment :

  • John Frank, Directeur des affaires publiques, Illumina
  • Richard Hatchett, PDG, Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI)
  • Matthew McKnight, Directeur général, Biosécurité, Gingko Bioworks
  • Frank-Jürgen Richter, Président, Horasis
  • Megan Palmer, Directrice exécutive, Bio Policy & Leadership Initiatives, Université de Stanford (États-Unis)
  • Eric Christopher Cioe-Pena, Directeur fondateur, Center for Global Health, Northwell Health (États-Unis)
  • Margery Kraus, Fondatrice et Présidente exécutive, APCO Worldwide
  • Raphael Schoentgen, Board Member, The Bridge Tank et PDG, Hydrogen Advisors

La modération de la session a été assurée par nul autre que John Defterios, ancien analyste économique et présentateur de CNN, et conseiller principal, APCO Worldwide, et par Joel Ruet, Président, The Bridge Tank.

John Defterios
John Defterios
Joel Ruet
Joel Ruet

La pandémie de COVID-19 a révélé le risque réel de bioterrorisme et de perturbations que les agents biologiques peuvent causer au sein de nos sociétés. Les participants à ce déjeuner-débat ont mis en évidence la fragilité – voire l’absence – de cadres nationaux et internationaux appropriés en matière de biosécurité et le manque d’infrastructures nécessaires à cette biosécurité.

Avec l’accélération de l’innovation technologique et la prolifération de laboratoires d’expérimentation biologique non réglementés, les risques de bioterrorisme ou de guerre biologique doivent être pris en compte par la communauté internationale. Pour citer l’un des intervenants, « chaque guerre commence avec une technologie et se termine avec une autre ».

John Frank
Richard Hatchett
Matthew McKnight
Frank-Jürgen Richter
Richard Hatchett

Des parallèles ont notamment été établis entre la biosécurité et la sécurité nationale et la cyber-sécurité, les efforts devant commencer au niveau national. La coopération entre les organismes de santé publique et de sécurité nationale devra être renforcée, puisque tous deux sont directement affectés par les perturbations causées par de nouveaux pathogènes ou agents biologiques. Pour élargir l’éventail des actions et des mesures de protection en matière de biosécurité, les efforts du secteur public doivent davantage mobiliser et soutenir les initiatives du secteur privé.

En raison de la qualité de bien public de la santé, la communication, le multilatéralisme et les coalitions devront toutefois également être renforcés. Le partage des données pourrait être un point d’entrée pour la coopération internationale et l’instauration de la confiance, afin de renforcer l’idée que la non-coopération aura des conséquences plus graves que le coût de la coopération.

Eric Christopher Cioe-Pena
Megan Palmer
Raphael Schoentgen
Judit Arenas & John Defterios

La qualité des discussions et l’importance toujours plus grande de la biosécurité dans le façonnement de notre monde ont révélé la nécessité de pousser ces questions sur le devant de la scène mais aussi pour The Bridge Tank de les maintenir à l’ordre du jour de l’édition 2024 du Déjeuner de l’Innovation à Davos.

Frank-Jürgen Richter & Joel Ruet
Thème : Overlay par Kaira.
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