Catégorie : Chine-Inde-Afrique

Accélérer les ODD et débloquer de nouveaux modèles d’engagement à mi-course de l’Agenda 2030

En amont de la Conférence des Nations unies sur les Objectifs de développement durable, Joel Ruet s’est joint à une table ronde animée par notre board member Judit Arenas dédiée à mettre en lumière de nouveaux modèles d’engagement transformateurs pouvant contribuer à accélérer la mise en œuvre et la réalisation des ODD de l’ONU.

Organisée le 14 juillet par APCO Worldwide et EY et présidée par Judit Arenas, directrice d’APCO Worldwide, les échanges ont porté sur les moyens d’accélérer les efforts pour atteindre les objectifs fixés par les ODD. L’Agenda 2030 étant arrivé à mi-parcours, la réunion a permis d’aborder les opportunités et les lacunes existantes dans la poursuite des ODD. Comment intégrer et mobiliser au mieux les parties prenantes dans tous les secteurs, favoriser un dialogue transformateur, obtenir des consensus et explorer de nouveaux modes d’engagement – tant de sujets qui ont rythmé les échanges.

Joel Ruet a ainsi partagé la perspective de The Bridge Tank et l’expérience accumulée en la matière au fil des ans. Se concentrant sur le continent africain, Joel Ruet a noté que grâce au soutien du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), un nombre croissant d’Etats avaient développé des stratégies de financement intégrées pour la réalisation des ODD. L’un des grands défis de notre temps est donc de savoir comment réaliser au mieux ces stratégies et mobiliser des financements internationaux.

Deux points sont à souligner ici:

  • Les programmes devront être élaborés sur la base de portefeuilles de projets ou de pré-projets. Cette logique d’origination des projets au niveau national assure un niveau de cohérence et d’homogénéité pour chaque pays. Aucune coordination internationale plus large n’est nécessaire à cet effet. Au contraire, cette approche garantit une plus grande lisibilité des programmes et des portefeuilles de projets. Elle s’appuie sur la science, les bonnes pratiques, les savoir-faire et les technologies, en particulier pour les ODD ayant une composante technique plus importante (par exemple, la gestion des ressources en eau, les sols et les terres, les énergies renouvelables). La communauté internationale et les banques panafricaines de développement financent et exploitent ces outils depuis des années dans la formulation de ces programmes.
  • Il est essentiel d’impliquer les institutions financières locales, sous-régionales et panafricaines dans les montages financiers qui en résultent. Une fois que les portefeuilles de projets et les programmes ont été dé-risqués par la communauté internationale, fournissant un degré d’assurance pour les programmes, ces derniers deviennent rentables. Il est donc nécessaire d’intégrer les institutions financières régionales dans leur financement. Cela garantit une plus grande égalité, l’accès à la rentabilité et le renforcement des capacités des institutions financières du Sud. Ce renforcement des capacités n’est pas en premier lieu institutionnel et organisationnel, mais se réalise à travers des actions concrètes.

La réunion s’est déroulée selon les règles de Chatham House. Elle a rassemblé des hauts responsables du secteur privé, des décideurs politiques, des chercheurs, universitaires, des organisations de la société civile et des membres de diverses organisations internationales et associations professionnelles.

FRANCE CULTURE – Crédits carbone des forêts tropicales d’Afrique : crise ou Eldorado ?

Dans la continuité des travaux de The Bridge Tank sur la finance verte et de notre investissement dans le cadre du G20 pour une nécessaire implication des organismes financiers du Sud dans la définition de cette dernière, Joël Ruet était l’invité du « Magazine du week-end » sur France Culture pour une émission dédiée aux crédits carbone dans la forêt tropicale en Afrique.

Alors que les projets de compensation carbone sur la base d’efforts de conservation des forêts se multiplient, l’efficacité de ces nouveaux mécanismes financiers est aujourd’hui remise en question. L’émission était l’occasion pour Joël Ruet d’échanger avec Alain Karsenty, Chercheur au Département « Environnements et Sociétés » du CIRAD et Wannes Hubau, Ingénieur biologiste spécialisé dans les forêts tropicales, professeur à l’université de Gand, sur les limites et opportunités de ces modèles de financement climat innovants.

Au micro de Marguerite Catton, Joël Ruet a introduit les grands défis rencontrés aujourd’hui dans la structuration d’outils de finance verte:

« Il y a une finance verte qui est en cours de structuration, qui est nécessaire mais qui n’existe pas, ce qui est le lieu de tous les dangers d’appropriation et d’expropriation. D’autre part, cette finance verte doit à la fois couvrir la finance pour le climat, pour le développement durable et pour la biodiversité. Il y a donc 3 finances qui n’existent pas, qui doivent se définir, se codéfinir simultanément, avec des parties prenantes très disparates : les populations, les états du Sud, les organismes du Nord, et les pouvoirs financiers du Nord. »

Dans ce contexte, les forêts tropicales africaines génèrent un intérêt tout particulier pour des projets de compensation carbone. Souvent décrites comme les poumons de la planète, ces forêts jouent un rôle clé dans la séquestration du carbone et constituent de fait des puits de carbone importants qu’il s’agit aujourd’hui de conserver. Les projets de compensation carbone sur la base d’actifs forestiers offrent ainsi une finance d’un nouveau genre,

« une finance qui ne va plus être dans les ordinateurs de Wall Street ou de la city mais géolocalisée dans des endroits où les gens vivent, où les états souverains essaient d’être souverains sur le plan économique. »

La structuration d’actifs financiers sur la base de la capacité de ces forêts à capter et séquestrer du carbone dépend toutefois de certaines conditions, comme a pu le noter Alain Karsenty, Chercheur au Département « Environnements et Sociétés » du CIRAD.

« Ce n’est pas parce qu’un pays a une forêt qui absorbe du CO2 qu’il peut vendre des crédits carbone, l’absorption doit être additionnelle. Il faut qu’un pays puisse démontrer qu’il a pris des mesures pour réduire la déforestation par rapport à un scénario de référence. »

Prenant l’exemple du Gabon, Joël Ruet a souligné les nécessaires arbitrages politiques à l’incorporation de la forêt tropicale dans la CDN du pays. Il s’agit en premier lieu de différencier ce qui relève du don de la nature d’une part et des efforts de protection consentis dans le puits de carbone actuel de l’autre, ainsi que de modéliser l’avenir, une tâche difficile tant l’incertitude est quasi-entière sur la réaction des forêts au changement climatique en cours.

Si la forêt gabonaise absorbe aujourd’hui 100 millions de tonne de CO2, le simple maintien d’une telle capacité d’absorption à l’horizon 2050 nécessitera des efforts de conservation et de non-déforestation importants. Ceux-ci impliquent des mesures inconditionnelles et d’autres conditionnelles au financement international.

La dichotomie entre eldorado & crise des crédits carbone émane donc également de l’incertitude autour du périmètre ainsi que de la durabilité du sous-jacent: de sa stabilité biologique dans le temps, des modèles scientifiques sur lesquels ces mécanismes de compensation reposent, et de la sincérité des mesures et certifications par des acteurs privés intéressés au résultat.

Selon Wannes Hubau, ingénieur biologiste spécialisé dans les forêts tropicales, professeur à l’université de Gand, l’augmentation de la concentration de carbone dans l’atmosphère affecte directement la forêt:

« avant les émissions de CO2 les forêts matures étaient en équilibre avec l’atmosphère donc il y avait du carbone séquestré par les arbres qui poussent et dégagé par les arbres qui meurent, mais maintenant on a découvert que cette pratique libre n’existe plus. A cause d’une fertilisation du CO2 il y a plus de croissance et donc plus de carbone capturé que de carbone qui échappe alors les forêts sont devenues un puits de carbone. »

De nombreux défis d’inclusivité et de justice sociale subsistent encore pour ce marché encore balbutiant,

« c’est un marché relativement jeune. Il faudra encore améliorer les réglementations pour que les fonds arrivent vraiment aux villages où se trouvent les gens qui protègent la forêt. »

Alain Karsenty pointe également du doigt les questions de crédibilité, d’efficacité et d’intégrité environnementale de ces compensations carbone.

« Tout est basé sur un scénario de référence. Cela peut être le passé, en comparant avec les niveaux de déforestation dans le passé […] ou alors un scénario business as usual, avec une déforestation augmentant dans des proportions prédéfinies pour répondre à des besoins de développement et de population qui augmente. Or ces scénarios sont à la main de ceux qui les produisent, c’est-à-dire les gens qui élaborent des projets, ou les états qui élaborent leurs scénarios de référence. On ne peut pas les contester et ces scénarios impliquent souvent de fortes augmentations de déforestation. […] Il y a un problème de crédibilité majeur du point de vue de l’intégrité environnementale de ces mécanismes. »

OPENBOX TV avec Alain Juillet – Inde/France: un partenariat stratégique

À l’occasion de la visite d’État du premier ministre indien Narendra Modi en France, reçu comme invité d’honneur du défilé du 14 juillet, Joël Ruet était l’invité d’Alain Juillet, ancien Haut-Commissaire à l’Intelligence Économique à Matignon, sur OpenBoxTV pour une émission spéciale sur l’Inde et son importance partenariale stratégique pour la France.

« L’Inde est un pays plus vaste que le monde, » disait le poète et ancien ambassadeur du Mexique en Inde Octavio Paz. C’est à partir de ce constat que Joël Ruet et Alain Juillet ont exploré ensemble la diversité et complexité sociétale, politique, économique et géopolitique de la « plus grande démocratie du monde ». De la Chine à la France, en passant par l’Angleterre, Joël Ruet a également abordé le positionnement stratégique de l’Inde face au monde, entre non-alignement et alliances partielles, et l’importance d’un partenariat continu entre la France et l’Inde.

Retrouvez l’émission en intégralité:

B20 Inde – Dernière réunion du Conseil d’Action sur l’Intégration Économique Africaine

Après 6 mois de travail et d’engagement proactif de la part de ses membres, le Conseil d’action du B20 Inde sur l’intégration économique africaine s’est réuni pour sa quatrième et dernière réunion le 30 juin 2023. En tant que membre et contributeur du Conseil d’action, The Bridge Tank a pris part à la réunion, représenté par son président Joel Ruet.

Le Conseil d’action du B20 Inde sur l’intégration économique africaine est une initiative du Business20 (B20) – le groupe d’engagement du G20 avec les entreprises, fédérations professionnelles et organisations patronales des pays du G20 – lancée par la présidence indienne 2023 et présidée par Sunil Bharti Mittal, fondateur et président de Bharti Enterprises. Militant de longue date pour une plus grande intégration économique du continent africain et d’un plus fort engagement Nord-Sud et Sud-Sud, The Bridge Tank avait rejoint le Conseil d’action en janvier 2023, lors de la réunion de lancement du B20.

Les coprésidents du Conseil d’action Mauro Bellini, président du conseil d’administration de Marcopolo (Brésil), Tony Elumelu, président de Heirs Holdings (Nigeria), Patricia Nzolantima, fondatrice de Bizzoly Holding (République démocratique du Congo), Valentina Mintah, fondatrice de Bizzoly Holding (République démocratique du Congo), Valentina Mintah, fondatrice, West Blue Consulting (Ghana), Cas Coovadia, PDG, Business Unity (Afrique du Sud), Birju Pradipkumar Patel, codirecteur général, ETG World (Afrique du Sud), et Sudarshan Venu, directeur général, TVS Motor Company, (Inde) sont également intervenus lors de la réunion.

Le président du Conseil d'Action Sunil Bharti Mittal
Le co-président Tony Elumelu

La réunion a permis de présenter le document d’orientation (policy paper) élaboré par le Conseil d’action sur la base de cinq thèmes prioritaires :

  • Promouvoir un capital humain renforcé dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la formation professionnelle;
  • Transformation de l’agriculture et des systèmes alimentaires pour améliorer durablement la productivité, la sécurité alimentaire et les niveaux de nutrition;
  • Transformation structurelle par l’industrialisation grâce aux investissements privés, à l’adoption de technologies, à l’habilitation des MPME et à l’accès à l’énergie;
  • Faciliter le commerce pour exploiter le potentiel d’intégration des chaînes de valeur régionales et mondiales;
  • Combler les lacunes en matière de connectivité physique et numérique en facilitant les investissements.

Le document d’orientation et ses recommandations vont maintenant être soumis au G20 et présentés aux parties prenantes dans le cadre du dialogue B20/G20. Le document espère servir de base au plaidoyer et au dialogue en faveur de l’intégration économique du continent africain.

Policy Brief – Comment la Chine est parvenue à dominer la chaîne de valeur mondiale des batteries lithium-ion automobiles

Ce policy brief a été rédigé par Xieshu WANG, Experte Senior Finance, Matières, Mobilité, The Bridge Tank, et a été initialement publié par le Centre d’études sur le commerce et le développement, Copenhagen Business School Policy Brief No. December 2022. Pour consulter la publication originale, cliquez ici.

L’électrification des véhicules s’accélère et l’industrie automobile mondiale est en pleine transformation. La Chine est devenue un partenaire indispensable pour les fabricants de véhicules électriques, car elle est le seul pays à avoir réussi à mettre en place une chaîne de valeur industrielle complète et compétitive pour les batteries lithium-ion des véhicules électriques. La politique gouvernementale descendante (top-down) a été un catalyseur important ; la stratégie et les investissements ascendants (bottom-up) d’intégration verticale au niveau de l’entreprise ont effectivement créé une chaîne d’approvisionnement en boucle fermée. L’Afrique n’en est qu’à ses débuts dans cette transition de la mobilité. Mais avec ses riches gisements de minéraux et ses marchés potentiels, elle peut devenir un acteur clé de la chaîne de valeur mondiale des véhicules électriques, si un écosystème favorable à l’adoption rapide des véhicules électriques et des entreprises vertes connexes peut être mis en place à temps.

Points clés :

  • L’élaboration de politiques sous l’égide du gouvernement, les ajustements constants et les politiques de protection temporaires des industries naissantes ont été quelques-uns des principaux moteurs de la croissance rapide de l’industrie des véhicules électriques et du secteur des batteries lithium-ion en Chine.
  • De nombreuses entreprises chinoises déploient une stratégie que l’on peut définir comme une « intégration verticale spécialisée », c’est-à-dire qu’elles entrent activement dans des segments connexes en amont et/ou en aval de la chaîne d’approvisionnement des batteries lithium-ion pour véhicules électriques, tout en continuant à renforcer leur capacité existante dans le segment initial de la chaîne de valeur, qui sert de base d’expansion.
  • Avec l’explosion de la demande de minerais pour les batteries et les VE, l’Afrique, avec ses riches gisements de lithium, de cuivre, de cobalt et d’autres minerais, pourrait devenir un acteur clé de la chaîne de valeur mondiale des VE.
  • La conception d’un cadre réglementaire favorisant les VE, l’application de politiques d’incitation et le développement de programmes de R&D menés par le gouvernement sont des points de départ importants pour attirer des multinationales à la pointe de la technologie dans la chaîne de valeur des VE, encourager les startups locales et développer des pôles industriels compétitifs. La promotion d’alliances et de collaborations régionales ainsi que le développement de fonds d’investissement industriels dédiés aux entreprises de la chaîne de valeur des VE sont d’autres pistes d’action qu’il convient d’explorer.
À propos de l’auteur

Xieshu WANG est Experte Senior Finance, Matières, Mobilité, The Bridge Tank, et chercheuse associée au Centre de recherche en Économie de l’Université Paris Nord (CEPN). Elle est membre de l’Osservatorio sulle Economie Emergenti Torino (OEET) et chargée de recherche à l’Institut interdisciplinaire d’innovation de l’École polytechnique de Paris et au département d’économie et de statistique « Cognetti de Martiis » de l’Université de Turin.

Sommet du T7 Japon – Appel à une plus grande collaboration avec les pays du Sud et entre G7 & G20

Le Japon présidant le G7 en 2023, le groupe d’engagement Think 7 (T7) du groupe des 7 auprès des think tanks s’est réuni à Tokyo les 27 et 28 avril 2023 pour son sommet annuel, trois semaines seulement avant le sommet du G7 qui s’est tenu à Hiroshima du 19 au 21 mai. Faire face aux crises, relancer le développement durable, rapprocher le G7 et le G20 (Addressing Crises, Reigniting Sustainable Development, Bridging the G7 and G20), tel était le thème du T7 Japon cette année.

Membre du T7 depuis 2022, The Bridge Tank avait participé au webinaire de passation du T7 en novembre 2022, au cours duquel l’Allemagne avait cédé la présidence du T7 au Asian Development Bank Institute (ADBI). Cette réunion avait marqué le début d’une année au cours de laquelle le T7 s’est consacré à « la promotion du multilatéralisme et de l’engagement du G7 auprès des pays en développement pour les aider à relever les défis mondiaux » ainsi qu’à la promotion d’une « croissance et d’un développement inclusifs et durables ».

Au cours des derniers mois, le T7 Japon a étudié et élaboré des recommandations politiques au sein de quatre groupes de travail :

  • Développement et prospérité économique,
  • Bien-être, durabilité environnementale et transition juste,
  • Science et digitalisation pour un avenir meilleur,
  • Paix, sécurité et gouvernance mondiale.
Les recommandations & priorités du T7

Le sommet de Tokyo qui s’est tenu les 27 et 28 avril 2023 a présenté les conclusions et les recommandations formulées par les différents groupes de travail du T7 pour le G7 au cours du premier semestre 2023. Le communiqué du Think7 Japon d’avril 2023 a souligné l’urgence de :

  1. Faire face aux crises interconnectées : les menaces pour la paix mondiale, la crise financière mondiale et la crise de la dette, toutes deux endémiques, les menaces pour le climat et la biodiversité et la nécessité de renforcer la diplomatie environnementale ;
  2. Redynamiser l’Agenda 2030 et souligner la centralité des ODD en tant que forces directrices pour l’avenir ;
  3. Investir dans les systèmes scientifiques mondiaux et les infrastructures de recherche ;
  4. Favoriser une plus grande collaboration entre le G7 et le G20.

Cet appel à une plus grande collaboration entre le G7 et le G20 a également été illustré lors du sommet du T7 par une session réunissant les présidents du T7 2022 Allemagne, du T7 2023 Japon, du T20 2023 Inde, du T20 2024 Brésil et du T7 2024 Italie, les deux groupes d’engagement ayant exprimé leur volonté d’approfondir les liens.

Un engagement plus fort avec les pays du Sud

À la veille du sommet du G7 à Hiroshima, le doyen de l’ADBI et président du T7, Tetsushi Sonobe, a réaffirmé la nécessité pour le G7 et ses partenaires d’approfondir leur engagement avec les pays en développement. Une telle collaboration entre le G7 et les pays du Sud serait essentielle pour faire face aux crises interconnectées et encourager le développement durable, a ajouté le doyen Sonobe.

L’appel lancé par le T7 en faveur d’un plus grand engagement avec le Sud a trouvé un écho lors du sommet du G7 à Hiroshima, puisque le sommet a été ouvert à une large communauté de nations, en particulier du Sud. Parmi les pays invités figuraient le Brésil, qui préside actuellement l’Organisation du traité de coopération amazonienne, l’Inde, qui assure la présidence du G20 en 2023, les Comores, qui président l’Union africaine en 2023, l’Indonésie, qui préside actuellement l’ASEAN, ainsi que le Vietnam, les Îles Cook, la Corée du Sud et l’Australie.

The Bridge Tank durant le wébinaire de passation du T7 en Nov. 2022

Massif du Fouta Djalon: The Bridge Tank et l’OMVS en mission sur le terrain en Guinée

En 2021 et 2022, The Bridge Tank a pris part à deux missions de terrain dans le massif du Fouta Djalon, dans le nord de la Guinée. Ce massif forestier, « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », abrite les têtes de sources des grands fleuves Sénégal, Niger et Gambie et offre un réservoir de biodiversité constituant la profondeur stratégique de la Grande Muraille Verte au Sahel. Ces missions menées par notre board member Hamed Diane Semega, alors Haut-Commissaire de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), avec la participation de Joël Ruet, Président de The Bridge Tank, nous ont permis de collecter de précieux témoignages et de constater les défis rencontrés par les populations locales et la dégradation des écosystèmes du Fouta Djalon.

Les missions de terrain ont constitué un élément déterminant dans la structuration de notre feuille de route pour la préservation du Fouta Djalon, présentée aux côtés d’Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) et de l’OMVS lors de notre side event de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 à New York, et notre policy brief sur l’hydro-diplomatie.

Ces deux missions de terrain dans le massif du Fouta Djalon ont noté le déclin des têtes de sources du fleuve Sénégal et la baisse dramatique des niveaux de ces dernières. Il y a quelques décennies encore, un homme pouvait se noyer dans les profondes mares des têtes de sources. Aujourd’hui, seules de petites flaques d’eau subsistent à ces mêmes endroits. The Bridge Tank a accompangé l’OMVS et son haut-commissaire Hamed Semega, board member fondateur de The Bridge Tank, dans ce qui constituait la première visite d’un haut-commissaire de l’organisation sur le site des têtes de sources du fleuve Sénégal.

En février 2022, Hamed Diane Semega, accompagné du ministre de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures de Guinée, Ibrahima Abe Sylla, du Directeur de la Cellule guinéenne de l’OMVS, Soufiana Dabo, et du Directeur de la SOGEOH (Société de Gestion de l’Énergie des Ouvrages du Haut Bassin du Fleuve Sénégal en Guinée), Souleymane Dravé, ont inauguré ensemble les locaux du futur Centre de Documentation et d’archivage environnemental de Labé, Guinée. Celui-ci contribuera aux efforts de préservation du Fouta Djalon.

Des écosytèmes à préserver et restaurer
Moment de receuillement autour de l'ancienne source tarie du fleuve Sénégal durant la première mission
Des flaques d'eau où l'on pouvait se noyer il y a quelques décennies encore
Les populations locales: premières victimes de la mort des sources

Ces missions ont permis de constater les nombreux défis rencontrés par les populations du Fouta Djalon. Souvent stigmatisées et accusées de puiser excessivement sur les eaux des têtes de sources et de contribuer à la déforestation, les communautés locales sont en fait les premières victimes de la mort des sources.

Dans cette zone à faible densité de population, l’accès à l’eau est un défi quotidien. La mission a noté que les villages sont bien souvent éloignés des sources et des forêts qui les abritent. Les populations souffrent d’un manque cruel d’eau. Celle-ci présente de plus très souvent une turbidité importante et une concentration terreuse la rendant impropre à la consommation.

Entre les deux missions, l’OMVS a équipé certains de ces villages de forages afin de puiser dans les nappes d’eau souterraines, notamment à Soulamayo, village le plus proche de la source géographique tarie du fleuve Sénégal.

Échanges avec les populations locales
Agriculture et hydro-électricité: Une vision de développement à long terme

La région et ses populations requièrent une vision et des solutions permettant un développement plus durable qui prennent en compte à la fois leurs besoins et les questions de préservation et de restauration des écosystèmes forestiers et hydriques. Un tel développement passera notamment par la (ré-)adoption de méthodes agricoles adaptées aux conditions démographiques et environnementales changeantes et par l’avancement de l’électrification.

À Koukoutamba, les populations locales ont exprimé leur soutien pour le prochain grand projet de barrage hydro-électrique de l’OMVS qui est actuellement en cours de développement dans la municipalité. Le barrage hydroélectrique de Koukoutamba, situé sur le fleuve Bafing dans la zone du haut-bassin du fleuve Sénégal aura une puissance aménageable de 294 MW et constituera le barrage le plus important réalisé par l’OMVS. Ce projet financé à hauteur de plus de 800 millions de dollars par la Banque chinoise Exim Bank et développé par l’entreprise chinoise Sinohydro contribuera notamment au développement économique et à l’électrification des zones rurales de la région. 

Un engagement durable

L’engagement de The Bridge Tank en faveur de la sauvegarde du Massif du Fouta Djalon n’a dès lors cessé de croître. En 2021, cet engagement s’est illustré par l’organisation d’une session spéciale au Forum Mondial de l’Eau à Dakar intitulée « Massif du Fouta Djallon : visions et actions pour la sauvegarde du « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » en partenariat avec l’OMVS, l’OMVG et Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF). Dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau en mars 2023, The Bridge Tank et IAGF ont renforcé leur collaboration en faveur de la sauvegarde du Fouta Djalon en lançant l’alerte à travers la publication d’une tribune co-signée par Erik Orsenna, Président d’IAGF, Joel Ruet et Hamed Diane Semega, ainsi qu’à travers l’organisation d’un side event officiel de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 en partenariat avec l’OMVS, et avec le soutien officiel de la France et de la Guinée.

De Davos à New York: The Bridge Tank continue ses recherches sur la finance bleue

La présence de The Bridge Tank à Davos, en Suisse, lors du Forum économique mondial 2023 et notre participation à la Conférence des Nations Unies sur l’eau 2023 à New York ont constitué deux jalons importants dans nos recherches sur la finance bleue et les outils financiers innovants en soutien à l’hydro-diplomatie. Ceci intervient quelques semaines après le lancement de la World Water for Peace Conference.

Le 19 janvier 2023, la promotion de la coopération transfrontalière en matière de ressources hydriques a élu domicile à la House of Switzerland à Davos. Représenté par son président, Joël Ruet, et Raphaël Schoentgen, board member, The Bridge Tank y a participé à un événement intitulé Innovative Impact Investing through Blue Peace Bond (Investissement à impact innovant grâce au Blue Peace Bond) co-organisé par le Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU/UNCDF) et la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC). Deux mois plus tard, le 23 mars, The Bridge Tank a participé à une seconde session sur ce même sujet au siège des Nations Unies à New York lors de la conférence des Nations Unies sur l’eau 2023, en présence de Joël Ruet et de Cédric Terrasson, rédacteur et analyste junior.

Ces deux sessions ont permis de présenter la vision et la structure de la Blue Peace Financing Initiative, un nouveau programme de financement bleu visant à utiliser l’eau et les fleuves transfrontaliers comme point d’entrée pour la consolidation de la paix et le développement socio-économique. Le programme contribuera à développer et à soutenir financièrement des cadres de coopération multisectorielle afin de promouvoir une cogestion durable et intégrée des fleuves transfrontaliers et des ressources en eau. Blue Peace viendra en appui du développement de ces cadres de coopération et des plans d’investissement qui leur sont associés en émettant des obligations Blue Peace qui faciliteront l’accès aux capitaux publics et privés.

Ceci est d’un grand intérêt pour les organismes de bassins versant (OBV) du monde entier. Le projet pilote pour lequel le premier Blue Peace Bond sera émis en 2023 a ainsi été développé en soutien à un organisme de bassin versant d’Afrique de l’Ouest, à savoir l’Organisation pour la mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG).

Investir dans l’Eau pour la Paix et le Développement

Conformément aux objectifs de développement durable des Nations unies, l’initiative Blue Peace vise à fournir un accès aux services liés à l’eau qui soit à la fois abordable, inclusif et sûr afin de garantir la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable et le développement des énergies vertes.

Patricia Danzi

Le programme est fondé sur l’idée que l’eau peut être un vecteur de paix, de coopération et de développement socio-économique. Blue Peace encourage ainsi une gestion intégrée plus équitable, durable et apaisée des ressources en eau transfrontalières.

La session de Davos a été ouverte par Patricia Danzi, Ambassadrice, Directrice générale de la DDC, et modérée par Christian Frutiger, Ambassadeur, Directeur général adjoint de la DDC, qui a donné la parole aux intervenants suivants :

  • Jaffer Machano, Global Program Manager, FENU/UNCDF
  • Rukan Manaz, Program Specialist, Blue Peace Financing, FENU/UNCDF
  • Hans-Ruedi Mosberger, Responsable de la gestion des actifs et du développement durable, Association suisse des banquiers (ASB)
  • Matus Samel, Directeur de recherche, Economist Impact
Christian Frutiger
Rukan Manaz & Jaffer Machano
Hans-Ruedi Mosberger

Lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau 2023, la session a été inaugurée par Mourad Wahba, Responsable du FENU, et a bénéficié des contributions des intervenants suivants :

  • Daouda Samba Sow, Secrétaire Général, OMVG
  • Rohey John Manjang, Ministre de l’environnement, du changement climatique et des ressources naturelles, Gambie,
  • Usha Rao-Monari, Secrétaire générale adjointe et administratrice associée, Programme des Nations unies pour le développement (PNUD),
  • Benjamin Powell, Responsable du marché de la dette durable, Skandinaviska Enskilda Banken (SEB),
  • Tania Rödiger-Vorwerk, Directrice générale adjointe, ministère fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ), Allemagne,
  • Marjeta Jager, Directrice générale adjointe, DG INTPA, Commission européenne
  • Douglas R. Eger, Président-directeur général, Intrinsic Exchange Group.
Le soutien aux OBV pour un changement durable

Représentant le FENU, Jaffer Machano et Rukan Manaz ont présenté au public de Davos l’approche et la structure de la Blue Peace Financing Initiative. La pression sur les ressources en eau étant devenue l’un des grands défis de notre temps, l’eau est aujourd’hui une source de tension et de conflit dans de nombreuses régions du monde. L’ambition de Blue Peace est de mettre fin à cette mauvaise dynamique et de faire de cette question controversée un point d’entrée pour la coopération et le développement durable.

L’objectif et la mission de Blue Peace sont de générer et de soutenir des initiatives de coopération dans le domaine de l’eau et de développer une compréhension commune de la gestion des ressources en eau transfrontalières en encourageant la prise de décision fondée sur les données. Pour atteindre cet objectif, Blue Peace soutient les entités locales et régionales non-souveraines chargées de la gestion de l’eau, telles que les organismes de bassins versant.

Le soutien de Blue Peace s’articule autour de deux activités essentielles :

  1. Le renforcement des capacités et le développement technique ;
  2. Faciliter l’accès aux capitaux publics et privés par le biais d’un outil financier innovant, à savoir les Blue Peace Bonds.

Le projet pilote de l’initiative de financement Blue Peace en est le meilleur exemple.

Un projet pilote en Afrique de l’Ouest : l’Organisation pour la mise en valeur du bassin du fleuve Gambie (OMVG)
1. Renforcement des capacités et assistance technique

L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG) est un OBV qui assure la cogestion et le développement du bassin du fleuve Gambie. L’organisation comprend quatre États membres, allant des sources au delta du fleuve Gambie : Guinée, Guinée-Bissau, Sénégal et Gambie.

En décembre 2019, l’OMVG et le FENU ont signé un partenariat de collaboration entre les deux organisations. Le Conseil des ministres de l’OMVG a ensuite publié une résolution (Nr.13/CM/45/B/G) donnant le feu vert à l’élaboration du « Plan directeur de développement intégré de l’OMVG, qui servira de base au plan d’investissement conjoint de l’OMVG« . Un tel plan directeur englobe des projets aussi divers que le développement de l’hydroélectricité, de l’accès à l’eau potable, des parcs naturels, de l’irrigation des terres agricoles ou encore des systèmes de transport et de navigation.

Il s’agit là de la première étape de Blue Peace. L’assistance technique et le renforcement des capacités institutionnelles soutiennent l’élaboration de ce plan directeur multisectoriel, offrant une perspective de développement à long terme mise en œuvre par le plan d’investissement conjoint.

2. Faciliter l’accès aux capitaux

Dans la deuxième phase de la Blue Peace Financing Initiative, le partenariat entre l’OMVG et le FENU permet de doter « l’OMVG des outils adéquats pour développer des mécanismes de financement innovants qui lui permettront d’accéder directement aux marchés financiers par le biais de l’émission d’obligations ». Afin de développer et d’atteindre les objectifs du plan directeur et du programme d’investissement commun, l’entité régionale sous-souveraine (dans ce cas, l’OMVG, une organisation multiétatique) émettra une obligation Blue Peace afin de mobiliser des capitaux. Cela se fera par l’intermédiaire d’un Fonds Commun de Créances (FCC) (Special-purpose Vehicle, SPV) créé et contrôlé par l’organisme de bassin, qui est chargé de la gestion et de la mise en œuvre du plan d’investissement.

En s’appuyant sur le plan directeur pour le développement intégré, « l’approche portefeuille » des Blue Peace Bonds permet de combiner de grands projets d’infrastructure qui génèrent des revenus avec des projets plus petits, mais tout aussi importants, qui dépendent davantage des subventions. Cette diversification et ces subventions croisées offertes par les obligations Blue Peace permettent de dérisquer les investissements tout en acheminant des fonds vers des projets plus modestes.

Les partenaires financiers de Blue Peace soutiennent l’obligation Blue Peace en mobilisant les banques et les investisseurs, tout en contribuant à dérisquer l’obligation. Le FCC est chargé de rembourser intérêts et principal grâce aux revenus générés par les projets. En 2023, la première phase de mobilisation de capitaux couvrira entre 500 et 750 millions USD, avec une perspective de 2 milliards USD dans les années à venir.

Les futurs projets Blue Peace

Le Blue Peace Index est un outil qui jouera un rôle important dans le soutien de l’initiative de financement Blue Peace. Matus Samel, directeur de recherche chez Economist Impact, décrit l’indice comme un outil mesurant le degré auquel les pays et les bassins gèrent leurs ressources en eau transfrontalières de manière durable, équitable et collaborative.

L’indice analyse 74 indicateurs qualitatifs et quantitatifs dans cinq domaines :

  • Cadres politiques et juridiques – développement des cadres législatifs et réglementaires au niveau national et au niveau des bassins
  • Institutions et participation – dispositifs institutionnels existants pour la coopération intersectorielle, le renforcement des capacités et la mise en commun de données.
  • Instruments de gestion de l’eau – mise en œuvre des mécanismes de gestion de l’eau
  • Infrastructures et financement – mise en œuvre d’investissements durables dans la gestion de l’eau
  • Contexte de coopération – exposition aux principaux moteurs et facteurs de risque pour la paix

L’indice fournit une vue d’ensemble de l’environnement favorable au financement et à l’investissement dans la gestion des eaux transfrontalières. L’évaluation de l’état de préparation à l’initiative de financement Blue Peace encouragera les investissements adéquats en aidant à identifier les acteurs à soutenir.

Matus Samel
Attirer les investisseurs pour Blue Peace

Comme l’a fait remarquer Hans-Ruedi Mosberger, responsable de la gestion d’actifs et du développement durable à l’Association suisse des banquiers, le Blue Peace Bond a l’avantage d’avoir été conçu en prenant en compte le point de vue des investisseurs.

M. Mosberger a souligné que les investisseurs n’aiment pas les investissements ponctuels, préférant les projets évolutifs et réplicables qui créent un historique dérisquant l’investissement. La diversification offerte par l’approche portefeuille et le financement croisé de Blue Peace qui s’appuie sur le plan directeur pour le développement intégré contribue à l’amélioration du rapport risque-rendement.

La structure de financement de Blue Peace est un mécanisme prometteur impliquant un financement mixte, c’est-à-dire l’utilisation de fonds publics pour générer une dynamique qui permettra ensuite de lever des capitaux privés, et des obligations non souveraines pour produire un impact positif par le biais de l’eau et des fleuves transfrontaliers.

Comme l’ont toutefois souligné les interventions de M. Ruet et M. Schoentgen lors de la séance de questions-réponses à Davos, cette coopération Sud-Nord ne doit pas seulement impliquer les institutions financières du Nord, mais doit aussi intégrer les institutions financières et les prestataires de services du Sud, afin de permettre à ces derniers de développer leur propre écosystème financier et d’en tirer parti.

Raphael Schoentgen
Joel Ruet

Tribune: « Conférence de l’ONU sur l’Eau à New-York : Chronique de 3 morts annoncées »

Par Erik Orsenna, Joël Ruet, & Hamed Semega. Publié dans Atlantico le 28 mars 2023.

« Ces trois morts sont des fleuves. Ils s’appellent Sénégal, Gambie et Niger.

Ils sont aussi des noms de pays car sans eux, sans l’apport de leur eau, ces pays vont s’assécher. Et mourir.

Ces fleuves sont enfants d’un même château d’eau, un trésor de la nature, le massif forestier du Fouta Djallon. Un massif généreux de dizaines de sources pour chaque fleuve mais ravagé, chaque année davantage, et qui se meurt dans l’indifférence générale.

Comment ne pas être avec les populations locales, qui ont besoin de bois de chauffe, de nourriture, pâture pour leurs bêtes, tout autant que d’activité économique ? Comment ne pas se saisir régionalement de cet enjeu majeur pour plus de 300 millions d’Africains de l’Ouest nourris par ces fleuves ? Comment ignorer cet enjeu pour la sécurité mondiale : le Fouta Djallon est la véritable profondeur stratégique et écologique du Sahel.

La conférence sur l’eau organisée à New-York du 22 au 24 mars sera l’occasion de lancer l’alerte.

Plutôt que de simplement dresser un constat, nous choisissons la voie des solutions avec un accompagnement réel des populations locales dans leur volonté de revisite de leurs traditions territoriales : nouvelles énergies, nouvelles formes de pâturage, création de points d’eau adaptés. Une organisation différente doit pouvoir émerger, pour une meilleure protection des sources par les communautés.

Les nouvelles technologies et la data (systèmes de captages innovants, satellites d’observation, nouvelles formes d’irrigation en goutte à goutte, généralisation des pratiques agroécologiques sobres en carbone du Sahel, etc..) offrent l’opportunité du partage et de la consolidation des connaissances par de véritables plateformes. Elles doivent être prises en main non pas par des start-ups étrangères mais par les jeunes entrepreneurs africains, au sein d’incubateurs.

Le levier de passage à l’échelle de ces nouvelles dynamiques est la finance, au sens noble du terme, donc la finance « durable » (verte et bleue, ou encore l’échange « dette contre résultats environnementaux »), qui s’appuie sur ces mêmes données géo-localisées sur des centaines de sources et points écologiques.

Instances locales, entrepreneurs environnementaux régionaux, data et finance durable mondiale: c’est une nouvelle coalition transnationale qui doit s’organiser, mettant les communautés au coeur du système, pour prendre en main cette transition, avec des actions concertées entre les pays concernés et avec les organismes de bassins africains.

C’est ce plan de sauvegarde, de sauvetage même, que nous présenterons au siège de l’ONU le 24 mars et pour lequel nous espérons attirer l’attention des décideurs et de financeurs.

Dans « un village dont on ne peut que partir, la pluie ne tombe plus, elle demeure en suspens. Le fleuve est à sec », dit le beau conte du mozambicain Mia Couto, la pluie ébahie. Ne restons ni en suspens ni ébahis : l’avenir de ces trois grands fleuves africains est en jeu. »

Erik Orsenna

membre de l’Académie française, Président d’Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF)

 

Joël Ruet

économiste à l’Institut interdisciplinaire de l’innovation (i3), CNRS & Président, The Bridge Tank

 

Hamed Semega

ancien Ministre de l’eau du Mali, ancien Haut-Commissaire de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS)

Pour lire le compte-rendu de notre side event “Le Fouta Djalon: Visions & Actions pour la Sauvegarde du Chateau d’Eau de l’Afrique de l’Ouest » organisé par IAGF, The Bridge Tank et l’OMVS durant la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023, cliquez ici.

Massif du Fouta Djalon: Un plan d’action et un appel à la préservation lancé aux Nations Unies

Le Massif du Fouta Djalon – château d’eau de l’Afrique de l’Ouest – se meurt. Ce trésor de la nature abrite dans ses hauts plateaux forestiers en Guinée les sources des grands fleuves Sénégal, Gambie et Niger, abreuvant ainsi une région de près de 300 millions d’habitants. Face à l’urgence de la menace qui pèse sur les écosystèmes fragilisés du Fouta Djalon, The Bridge Tank, Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) et l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) ont uni leurs forces pour alerter la communauté internationale et présenter un plan d’action lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 à New York.

Le 24 mars, The Bridge Tank, IAGF, et l’OMVS ont organisé dans l’enceinte du siège de l’ONU un side event officiel sur le thème « Le Fouta Djalon: Visions & Actions pour la Sauvegarde du Chateau d’Eau de l’Afrique de l’Ouest » avec le soutien officiel de la France et de la Guinée, représentées respectivement par Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’écologie de la République française et par la directrice de cabinet d’Aly Seydouba Soumah, Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures de la République de Guinée. Le side event a été organisé en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD), le Partneriat Français pour l’Eau (PFE), le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB), et le Geneva Water Hub.

Structure de la session:

  • Ouverture de la session par Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’écologie de la République française, Erik Orsenna, Président, Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) & membre de l’Académie française, et Joël Ruet, Président, The Bridge Tank
  • Présentation et état des lieux des défis dans le Fouta Djalon par Soufiana Dabo, coordinateur national de la cellule OMVS en Guinée et Abderahim Bireme Hamid, secrétaire exécutif de l’Autorité du bassin du Niger (ABN)
  • Le rôle des organismes de bassin et les actions en cours par Lionel Goujon, responsable de la division Eau et Assainissement de l’Agence Française de Développement (AFD)
  • Un programme d’action et une discussion autour des solutions pour la sauvegarde du Fouta Djalon.

Retrouvez l’enregistrement de la session dans son intégralité sur notre chaîne YouTube.

Erik Orsenna, Bérangère Couillard & Joël Ruet
Bérangère Couillard
Ouverture de la session aux Nations Unies

Venant appuyer le soutien de la France pour ce side event onusien modéré par Sophie Gardette, Directrice, IAGF, Bérangère Couillard, secrétaire d’État à l’écologie de la République française a ouvert la session par une allocution au panel.

Dans son intervention, la secrétaire d’État a introduit l’importance de préserver le massif du Fouta Djalon et son incroyable écosystème afin de protéger les grands fleuves d’Afrique de l’Ouest, soulignant au passage l’interdépendance entre la préservation des écosystèmes et la disponibilité en eau, tant en quantité qu’en qualité. Madame Couillard a également salué le travail des organismes de bassins de la sous-région, notamment l’OMVS, et leur rôle dans la gestion intégrée des ressources en eau au niveau des bassins transfrontaliers. Ce fut une occasion de rappeler à l’auditoire le rôle de la France dans le développement et la promotion de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) et d’encourager une approche multi-sectorielle, conciliant l’ensemble des acteurs puisant sur les ressources du Fouta Djalon et impactant ses écosystèmes. En conclusion, Madame Couillard a rappelé l’importance de la Convention des Nations Unies sur l’Eau et a salué le rôle précurseur du Sénégal et du Tchad, qui ont été les premiers pays hors-Europe à rejoindre la Convention.

Erik Orsenna
Bérangère Couillard & Joël Ruet
Erik Orsenna – Le cycle de l’eau et le cycle de la vie

En tant que co-hôte et co-organisateur de cet évènement, Erik Orsenna, Président des Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) & membre de l’Académie française, a lancé un appel à l’action afin de préserver les écosystèmes forestiers et fluviaux du Fouta Djalon. Face à la complexité et la diversité insaisissable de l’eau, « première de toutes les matières », M. Orsenna a insisté sur l’importance de recourir à des personnages concrets et des histoires pour communiquer les défis de la gestion et de la préservation des ressources en eau.

Les fleuves, et notamment les grands fleuves Sénégal, Gambie, et Niger dans le cas du Fouta Djalon, forment cette unité du vivant, ces personnages vivants dont l’histoire peut être racontée. Citant un de ses prédécesseurs à l’Académie française, Jacques-Yves Cousteau, M. Orsenna a noté que « le cycle de l’eau c’est le cycle de la vie. » La santé biologique, la santé économique et la santé sociale sont ainsi intimement liées.

Cette unité du cycle de l’eau et de la vie se retrouve également en Afrique: 60 % de l’eau potable consommée à Dakar et 100% de celle consommée à Nouakchott viennent du fleuve Sénégal. De plus, Erik Orsenna a fait l’expérience d’un autre théorème en se rendant sur les bords du Lac Tchad au Niger: « moins il y a d’eau dans le lac Tchad, plus il y a de terroristes ». « Et c’est pour ces deux raisons-là que nous avons décidé de lancer l’alerte sur le Fouta parce que le Fouta c’est la source de toute cette vie dans l’Ouest africain, » a conclu Erik Orsenna.

Joël Ruet – Expériences du terrain

Offrant un témoignage de son voyage dans le Fouta Djalon avec Hamed Semega, ancien haut-commissaire de l’OMVS, Joël Ruet, Président de The Bridge Tank & économiste à l’Institut Interdisciplinaire de l’Innovation i3t, CNRS a tout d’abord rendu hommage à M. Semega, avec qui il avait fait ce voyage et qui avait été le premier haut-commissaire à se rendre sur les sources du fleuve Sénégal. La mission sur place avait révélé que les hommes et femmes, populations locales vivant à proximité des sources, souffraient également du manque d’eau. Là où l’on ne trouve aujourd’hui plus que des flaques d’eau pittoresques, 10 ou 15 ans auparavant, ces mêmes mares étaient de taille à y voir se noyer un adulte. Il s’agit donc aujourd’hui de transformer un cercle vicieux en cercle vertueux a indiqué Joël Ruet, avant d’ajouter que « les solutions sont avec les gens, avec les communautés locales, et il est de notre responsabilité morale et humaine en tant que communauté internationale de les appuyer dans leurs initiatives. »

Soufiana Dabo
Un Fouta Djalon à l’agonie

Soufiana Dabo, coordinateur national de la cellule OMVS en Guinée, a décrit le contexte actuel du Fouta Djalon avant de rappeler les défis et les menaces pesant sur ce massif qui abrite les sources du fleuve Sénégal, du fleuve Gambie, du fleuve Niger et d’autres plus petits fleuves. Ce territoire montagneux dans le nord de la République de Guinée et s’étendant vers le Sénégal, le Mali et la Guinée-Bissau se situe à des altitudes allant d’un peu plus de 500 à 1515 mètres, avec le Mont Loura comme point culminant. L’écosystéme unique du Fouta Djalon est aujourd’hui en danger et de nombreuses espèces endémiques, de la faune ou de la flore, se font rares.

La région est habitée par des agriculteurs et des éleveurs sédentaires dont les activités cohabitent. La pression démographique a néanmois mené à des mouvements de populations vers les sources d’eau afin de répondre aux besoins d’eau pour l’agriculture et pour la consommation quotidienne, à la fois humaine et du bétail. Cette pression sur les sources cause une diminution des quantités d’eau disponibles mais également la dégradation des abords des fleuves, impactant à la fois l’amont en Guinée et les pays et 300 millions de personnes vivant en aval.

Abderahim Bireme Hamid, secrétaire exécutif de l’Autorité du bassin du Niger (ABN), a également noté des dégradations supplémentaires infligées au massif par l’homme. Celles-ci impliquent par exemple la fabrication des briques cuites, les coupes de bois abusives et l’exploitation minière, en particulier l’exploitation traditionnelle de l’or.

La réduction du couvert végétal et la dégradation des sols – conséquence du surpâturage et de pratiques agricoles inappropriées au contexte démographique, telles que l’agriculture sur brûlis et la réduction des temps de jachère ont également contribué à fragiliser le Fouta Djalon. Ces pratiques agricoles et forestières non durables réduisent les couverts forestiers et assèchent les sols, menaçant la stabilité des écosystèmes du Fouta Djalon. Ces dynamiques accélèrent ainsi la désertification et l’ensablement des cours d’eau et de leurs sources, réduisant également la capacité d’absorption des sols. La menace est aussi environnementale, puisque le changement climatique affecte la pluviométrie et le microclimat particulier du Fouta Djalon, avec des températures sans cesse en hausse.

« Ensemble nous devons mobiliser nos actions, énergies, consciences, et l’information autour de ce qui doit être entrepris dès maintenant pour restaurer cet écosystème […], pour amener les population à prendre conscience mais aussi à continuer leurs activités sans être en conflit avec la nature, » a conclu M. Dabo.

« Si nous n’agissons pas activement pour changer la donne et refaire vivre le massif du Fouta Djalon, le risque serait pour l’ensemble de ces pays (ndlr: les 9 pays membres de l’ABN), pour l’ensemble de ces populations en Afrique, » a quant à lui conclu M. Hamid.

Les organismes de bassin au coeur de l’action de sauvegarde

Lionel Goujon, responsable de la division Eau et Assainissement de l’Agence Française de Développement (AFD) a présenté les initiatives de préservation et de gestion durable existantes et les actions déjà menées sur le terrain par l’AFD. Celles-ci sont notamment développées et menées en partenariat avec les différents organismes de bassin de la région. La présence de hauts responsables de ces organismes de bassins, avec M. Soufiana Dabo pour l’OMVS, un organisme que l’AFD appuie depuis environ 40 ans, et M. Abderahim Bireme Hamid pour l’ABN, avec laquelle l’AFD collabore depuis une vingtaine d’années, a illustré l’investissement et le rôle central de ces organismes dans la gestion des ressources hydriques et la préservation des écosystèmes de la région.

Il s’agit d’éviter la tragédie des communs et la tragédie du Fouta Djalon, a déclaré M. Goujon, citant le concept développé par Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009. Les défis dans l’action de préservation sont nombreux: manque de connaissances, de mesures, et de données sur les conséquences des changements hydrologiques,  connaissance de la ressource en déclin, ou encore besoins de nouvelles technologies et de moyens et dispositifs humains pour maintenir des réseaux de mesure.

L’action de l’AFD en partenariat avec les organismes de bassin se structure autour de projets comme le projet SCREEN avec l’OMVS, un projet de mesure altimétrique avec des technologies spatiales en collaboration avec de nombreux acteurs français (ex. CNR, IRD, BRL, et CNES). Le projet DYNOBA de dynamisation des organismes de bassin transfrontaliers en Afrique encourage le partage d’expériences entre les organismes de bassin. Le Fouta Djalon pourrait être un terrain d’application de ce partage. L’AFD travaille actuellement également à un projet d’appui aux services météorologiques nationaux de Guinée, afin de renforcer la météorologie nationale et de produire des données plus fiables.

« Il y a plusieurs niveaux auxquels il faut travailler : les niveaux institutionnels, internationaux, nationaux, le niveau local avec les populations pour avoir un impact bénéfique sur cet espace, » a conclu M. Goujon.

Un plan d’action pour le Fouta Djallon

L’objectif de ce side event était non seulement d’alerter la communauté internationale sur la situation alarmante d’un Fouta Djalon mourant mais également de présenter un plan d’action et d’axes prioritaires à mobiliser pour la préservation du massif. Joël Ruet, Président, The Bridge Tank & économiste à l’Institut Interdisciplinaire de l’Innovation i3t, CNRS a ainsi présenté les nécessaires composantes du plan d’action que nous proposons:

  1. Le soutien et la mobilisation des communautés locales du Fouta Djalon, en établissant par exemple un catalogue de bonnes pratiques durables combinant des méthodes agricoles & de préservation des écosystèmes traditionnelles et modernes et en sensibilisant et en formant les populations locales;
  2. Encourager la recherche et l’innovation au niveau local et régional, afin d’améliorer les connaissances et les données sur les ressources et les écosystèmes du Fouta Djallon, à travers l’incubation de start-ups technologiques, le soutien à des projets de recherche, l’ingénierie environnementale locale, le développement de solutions basées sur la nature;
  3. La volonté politique et la coopération régionale à travers la création d’une assemblée des États d’Afrique de l’Ouest, des organismes de bassin et des organisations multilatérales sous-régionales, soutenue par la communauté internationale, pour le Fouta Djallon, afin de développer un cadre de coopération régionale autour de cette ressource commune et d’assurer la durabilité sociale, sociétale et environnementale dans les hauts plateaux et dans toute la région ;
  4. La mobilisation de nouveaux mécanismes de financement vert et bleu au profit du Fouta Djalon, pour la préservation de la biodiversité et le développement des hauts plateaux avec le soutien international.

En particulier, dans la continuité des actions déjà mises en oeuvre, une action concertée de la sous-région pour la préservation du Fouta Djalon devra nécessairement faire intervenir les organismes de bassin. La question de la gouvernance a également été mise en lumière par Lionel Goujon, qui a encouragé une gouvernance à différents niveaux, impliquant les organismes de  bassin, les états et les communautés économiques sous-régionales. « Il faut aujourd’hui créer des coalitions et des plateformes de coopération, » a souligné Joël Ruet. Celles-ci devront nécessairement impliquer les communautés locales, afin de déterminer quelles mesures traditionnelles doivent évoluer et quelles connaissances traditionnelles peuvent être mobilisées comme méthodes de cultivation ou d’agroforesterie plus durables et résilientes. Selon Soufiana Dabo, il s’agit donc en priorité d’adapter et de repenser les solutions existantes.

Un outil qui jouera un rôle important dans cette démarche est l’Observatoire du Fouta Djalon mis en place par l’OMVS. Celui-ci permettra, selon M. Dabo, d’observer, d’analyser et d’agir dans le Fouta Djalon. Soufiana Dabo a ainsi lancé un appel au soutien de l’Observatoire comme centre de recherche, de réflexion et collecte de données nécessaires à l’évolution du massif. Cette évolution vise à accompagner les communautés dans leurs reconversions, soit vers d’autres activités qui auront moins d’impact sur l’écosystème du massif, soit à moderniser les activités qui sont actuellement entreprises par les populations locales. Dans le cadre de ses programmes PGIRE, l’OMVS a ainsi lancé de premières initiatives allant dans cette direction, avec notamment des projets d’aménagement agricole et de mise en place de périmètres irrigués et clôturés pour sédentariser la population. La réhabilitation de réserves piscicoles vise à faire de la pêche une source de revenus alternative.

« Il ne faut pas opposer le développement socio-économique, humain, à la nature et l’environnement, » a insisté Joël Ruet.

Enfin, une dernière communauté qu’il s’agit de mobiliser sont les jeunes diplomés des universités de la région. M. Ruet a conclu en revenant sur l’importance de l’entrepreneuriat technologique local. Le soutien d’incubateurs de jeunes entrepreneurs locaux revenant sur le terrain à la suite de leurs études offrirait les moyens humains pour faire vivre les systèmes de mesure, et de collecte de données nécessaires à toute action de préservation. Ces données pourront également être mobilisées pour des mécanismes de finance durable qui permettent, selon M. Ruet, « un changement transformationnel qui passe à l’échelle. »

Cette session se place dans un engagement de longue date en faveur de la préservation du Fouta Djalon de la part de The Bridge Tank. Au Forum Mondial de l’Eau à Dakar en mars 2022, The Bridge Tank et IAGF avaient déjà co-organisé une session spéciale sur ce même thème de la sauvegarde du massif du Fouta Djalon en partenariat avec l’OMVS et l’Organisation de mise en valeur du Fleuve Gambie (OMVG). Auparavant, Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, avait également participé à une mission de terrain dans le Fouta Djalon menée par notre board member Hamed Semega, alors haut-commissaire de l’OMVS.

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