Catégorie : Gouvernance Mondiale

G20/Business 20 : The Bridge Tank prend part à la Conférence de Lancement du B20 Inde

Après le mandat de l’Indonésie en 2022, ce début d’année a vu l’Inde prendre la présidence du G20 pour l’année 2023.

Du 22 au 24 janvier 2023, la ville de Gandhinagar dans le Gujarat, en Inde, a accueilli la conférence de lancement du groupe d’engagement Business 20 (B20) du G20 afin de discuter avec la communauté des affaires de l’économie mondiale et de certains des problèmes les plus pressants auxquels notre monde fait face. La réunion a rassemblé des ministres et des délégués indiens, ainsi que d’influents chefs d’entreprise et décideurs politiques internationaux.

En tant que membre du B20, The Bridge Tank a assisté au sommet à Gandhinagar, représenté par son président Joël Ruet. Outre les sessions publiques au Mahatma Mandir, la réunion de lancement a notamment marqué le lancement des groupes de travail et des groupes d’action du B20, auxquels The Bridge Tank contribuera activement au cours de l’année à venir.

Axant sa participation sur trois grands thèmes : la durabilité, la recherche et l’innovation, et le rapprochement entre l’Afrique et le G20, à l’invitation de la présidence indienne du G20, The Bridge Tank est ainsi membre de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources, ainsi que du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine.

Joël Ruet à la Conférence de Lancement du B20
Le ton est donné pour la présidence indienne du G20 en 2023

Organisée par la Confédération de l’Industrie Indienne (CII), en charge du secrétariat du B20 Inde, la session plénière de la réunion de lancement du B20, qui s’est tenue au Mahatma Mandir le 23 janvier, a donné le ton du sommet et de la présidence indienne du G20 en 2023.

La session inaugurale a mis en lumière la vision, les priorités thématiques et les valeurs qui animeront le B20 Inde. M. Chandrajit Banerjee, directeur général de la CII, a rappelé aux participants l’acronyme R.A.I.S.E – Responsible, Accelerated, Innovative, Sustainable and Equitable Businesses (en français: des entreprises Responsables, Accélérées, Innovantes, Durables et Équitables) – qui servira de pierre angulaire au B20 Inde.

"Le thème du B20, qui a été formé sous l'égide de la présidence indienne du G20, est R.A.I.S.E. - pour des entreprises Responsables, Accélérées, Innovantes, Durables et Équitables."
M. Chandrajit Banerjee
Directeur Général, Confédération de l'Industrie Indienne (CII)

Au cours de son discours d’ouverture sur les conditions nécessaires à la réussite du B20 Inde, M. N Chandrasekaran, président du B20 Inde et président de Tata Sons, a souligné l’importance de réduire les inégalités à travers la transformation numérique. Il a également insisté sur certaines des grandes priorités retenues pour le B20 Inde, notamment la durabilité, la transition énergétique, la mobilité, la biodiversité, la gestion de l’eau et les ODD de l’ONU.

"La présidence du B20 est l'occasion pour l'Inde de présenter et de partager des bonnes pratiques, ainsi que de travailler à l'élaboration de recommandations spécifiques pour apporter l'égalité grâce à la transformation numérique."
M. N Chandrasekaran
Président, B20 Inde & Président, Tata Sons
Développement durable et transitions énergétiques :  la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources

L’importance de la lutte contre le changement climatique et la place des transitions énergétiques et du développement durable dans les priorités du B20 Inde ont été présentées lors de la session plénière par M. Som Parkash, Ministre d’État au commerce et à l’industrie.

Le ministre Parkash a ainsi déclaré que « l’Inde, sous la présidence du G20, doit s’efforcer de donner la priorité à la lutte contre le changement climatique et à la dégradation de l’environnement par des efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir les énergies propres.« 

Cette priorité, conforme à la devise R.A.I.S.E du B20, a été reprise un jour plus tard, le 24 janvier, lors de la première réunion de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources, à laquelle The Bridge Tank a assisté en tant que membre de la task force.

La réunion, présidée par M. T V Narendran, PDG de Tata Steel Ltd et coprésident de la task force, a présenté les priorités et les résultats attendus de cette dernière.

Dans l’espoir d’accélérer les transitions énergétiques, l’efficacité des ressources et les mesures d’adaptation dans les économies du G20, les priorités du groupe de travail ont été décrites comme étant largement alignées sur les priorités du G20 en matière de changement climatique.

L’objectif est donc d’aborder les questions suivantes :

  1. les transitions mondiales nettes zéro;
  2. la sécurité énergétique et l’accès à l’énergie;
  3. les transitions justes;
  4. l’économie circulaire et l’efficacité des ressources;
  5. la finance climat et l’innovation technologique;
  6. l’adaptation et la résilience.
"L'Inde, sous la présidence du G20, doit s'efforcer de donner la priorité à la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l'environnement en déployant des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et promouvoir les énergies propres."
M. Som Parkash
Ministre d'État au commerce et à l'industrie

Les priorités de la task force couvrent de nombreux thèmes, notamment :

  • Le renforcement de la coopération mondiale pour accélérer la transition nette zéro par le biais de coalitions mondiales spécifiques aux différentes industries, et la focalisation des investissements et des financements vers des axes prioritaires;
  • L’amélioration des investissements, du développement et de la commercialisation de technologies d’énergie verte;
  • L’amélioration du financement de la lutte contre le changement climatique grâce à de nouvelles voies de financement pour la transition énergétique, en définissant des mandats clairs en matière d’énergie pour les banques multilatérales de développement et en harmonisant le développement des marchés carbone nationaux ;
  • L’amélioration de l’efficacité des ressources grâce à des cadres réglementaires, des politiques, et des modèles commerciaux et financiers qui encouragent l’économie circulaire ;
  • La mise en œuvre de politiques d’adaptation privilégiant des approches fondées sur les écosystèmes existant afin de développer des infrastructures résilientes, tout en veillant à ce que l’adaptation tienne compte de la dimension de genre et en mobilisant les financements nécessaires.

The Bridge Tank entend mettre son expertise accumulée au fil des ans sur des thèmes de trajectoires énergétiques, de transitions énergétiques, de finance climat, de financement mixte, ainsi que sa contribution de longue date au développement de modèles de développement durable et d’économie circulaire à la disposition de la task force. Cette dernière se réunira à nouveau les 14 et 15 mars 2023.

Rapprocher l’Afrique et le G20 : le Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine

Évoquant les efforts déployés par le B20 Inde pour représenter les questions pertinentes pour l’économie mondiale, M. Sanjiv Bajaj, président de la CII et président-directeur général de Bajaj Finserv Ltd, a présenté au public de la session plénière le programme ciblé et le Conseil d’Action sur l’Intégration Économique Africaine, qui espère renforcer les liens entre les économies africaines et le G20.

En tant que défenseur de longue date d’une plus grande intégration du continent africain dans les actions du G20 et désormais membre contributeur du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine, The Bridge Tank salue cette initiative.

Le 24 janvier, dernier jour de la conférence de lancement, The Bridge Tank a ainsi également pris part à la session inaugurale du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine, qui a examiné les objectifs et les priorités du conseil.

La réunion a soulevé les trois principaux résultats attendus pour soutenir l’intégration économique du continent africain :

  1. La formulation d’un programme de Facilités d’assistance technique (FAT) par les membres du G20, afin d’accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf par le biais d’une assistance technique et financière aux 54 nations africaines.

  2. Des engagements de la part des États du G20 à conclure des accords commerciaux préférentiels personnalisés avec au moins 20 pays africains (avec un minimum de 100 lignes tarifaires sur les produits ou services à libéraliser dans chacun de ces accords).

  3. Des engagements de la part des États du G20 à lancer chacun un minimum de trois programmes de financement du développement au profit d’au moins cinq pays africains (soit bilatéralement, soit par l’intermédiaire d’institutions multilatérales), sur des thèmes tels que les programmes de parcs industriels, les projets d’infrastructures énergétiques ou de transport, les initiatives en matière de santé, d’éducation et de formation, ou les programmes de financement des micro, petites et moyennes entreprises.

Dans le prolongement de ces résultats espérés, Joel Ruet, Président, The Bridge Tank, a avancé l’idée d’un fonds pour les projets de résilience et d’adaptation au changement climatique émanant du G20 et financé par celui-ci. En outre, le G20 pourrait contribuer à dérisquer les projets provenant de pays et d’entreprises du continent africain.

Dans les mois à venir, The Bridge Tank poursuivra ses efforts au sein de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources et du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine.

Le Déjeuner de l’Innovation de The Bridge Tank à Davos : Encourager la coopération en matière de biosécurité

Le dernier jour du Forum économique mondial de Davos, et pour la troisième édition consécutive, The Bridge Tank a organisé son désormais traditionnel « Déjeuner de l’innovation » sur la Promenade de Davos. Cette édition 2023 a notamment été organisée avec l’appui de  notre Board member Judit Arenas, APCO Worldwide, et en partenariat avec Illumina, société de biotechnologie basée à San Diego aux États-Unis, pour échanger sur la biosécurité et la prévention du bioterrorisme.

Parmi les participants à cette table ronde figuraient des spécialistes, des chercheurs et des dirigeants de renom, notamment :

  • John Frank, Directeur des affaires publiques, Illumina
  • Richard Hatchett, PDG, Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI)
  • Matthew McKnight, Directeur général, Biosécurité, Gingko Bioworks
  • Frank-Jürgen Richter, Président, Horasis
  • Megan Palmer, Directrice exécutive, Bio Policy & Leadership Initiatives, Université de Stanford (États-Unis)
  • Eric Christopher Cioe-Pena, Directeur fondateur, Center for Global Health, Northwell Health (États-Unis)
  • Margery Kraus, Fondatrice et Présidente exécutive, APCO Worldwide
  • Raphael Schoentgen, Board Member, The Bridge Tank et PDG, Hydrogen Advisors

La modération de la session a été assurée par nul autre que John Defterios, ancien analyste économique et présentateur de CNN, et conseiller principal, APCO Worldwide, et par Joel Ruet, Président, The Bridge Tank.

John Defterios
John Defterios
Joel Ruet
Joel Ruet

La pandémie de COVID-19 a révélé le risque réel de bioterrorisme et de perturbations que les agents biologiques peuvent causer au sein de nos sociétés. Les participants à ce déjeuner-débat ont mis en évidence la fragilité – voire l’absence – de cadres nationaux et internationaux appropriés en matière de biosécurité et le manque d’infrastructures nécessaires à cette biosécurité.

Avec l’accélération de l’innovation technologique et la prolifération de laboratoires d’expérimentation biologique non réglementés, les risques de bioterrorisme ou de guerre biologique doivent être pris en compte par la communauté internationale. Pour citer l’un des intervenants, « chaque guerre commence avec une technologie et se termine avec une autre ».

John Frank
Richard Hatchett
Matthew McKnight
Frank-Jürgen Richter
Richard Hatchett

Des parallèles ont notamment été établis entre la biosécurité et la sécurité nationale et la cyber-sécurité, les efforts devant commencer au niveau national. La coopération entre les organismes de santé publique et de sécurité nationale devra être renforcée, puisque tous deux sont directement affectés par les perturbations causées par de nouveaux pathogènes ou agents biologiques. Pour élargir l’éventail des actions et des mesures de protection en matière de biosécurité, les efforts du secteur public doivent davantage mobiliser et soutenir les initiatives du secteur privé.

En raison de la qualité de bien public de la santé, la communication, le multilatéralisme et les coalitions devront toutefois également être renforcés. Le partage des données pourrait être un point d’entrée pour la coopération internationale et l’instauration de la confiance, afin de renforcer l’idée que la non-coopération aura des conséquences plus graves que le coût de la coopération.

Eric Christopher Cioe-Pena
Megan Palmer
Raphael Schoentgen
Judit Arenas & John Defterios

La qualité des discussions et l’importance toujours plus grande de la biosécurité dans le façonnement de notre monde ont révélé la nécessité de pousser ces questions sur le devant de la scène mais aussi pour The Bridge Tank de les maintenir à l’ordre du jour de l’édition 2024 du Déjeuner de l’Innovation à Davos.

Frank-Jürgen Richter & Joel Ruet

Davos 2023: Les points-clés à retenir de la semaine de The Bridge Tank au Forum Économique Mondial de Davos

La troisième semaine de 2023 a vu le monde entier se réunir une nouvelle fois pour le Forum économique mondial de Davos. Du 16 au 20 janvier, des dirigeants politiques, économiques et de la société civile du monde entier se sont réunis dans les Alpes suisses pour discuter de l’avenir économique de notre monde.

Cette année, le thème de la « Coopération dans un monde fragmenté » s’est avéré particulièrement intéressant pour The Bridge Tank, qui a pu y partager ses vues et échanger sur l’état de la coopération internationale, notamment en ce qui concerne la coopération Sud-Sud et Sud-Nord.

The Bridge Tank était présent à Davos pendant la réunion annuelle du WEF à Davos, représenté par son président Joël Ruet et les board members Judit Arenas, du Mexique, Pranjal Sharma, de l’Inde, et Raphael Schoentgen, de la Belgique.

Cette présence active sur place a permis à nos board members de discuter de la place du Sud dans la révolution numérique, d’explorer de nouveaux mécanismes financiers de coopération Sud-Nord, d’organiser des événements sur les biens publics mondiaux et de se faire un aperçu des diverses ambitions et trajectoires de certains grands émergents.

Pranjal Sharma (à gauche) à la TCS Reception
Judit Arenas au Déjeuner d'Innovations
Raphael Schoentgen (à droite) à la House of Switzerland
La révolution numérique et le Sud

Intervenant régulier des panles du WEF depuis plusieurs années, notre board member Pranjal Sharma a souligné le rôle des pays du Sud dans la conduite des discussions à Davos, agissant comme une force structurante pour façonner l’avenir. Pranjal Sharma a particulièrement insisté sur le rôle de l’Inde dans le renforcement des économies numériques du Sud et sur les efforts déployés par le pays pour amener la révolution numérique à de nouvelles communautés et de nouvelles langues.

Dans la continuité de cette réflexion sur la révolution numérique, M. Sharma a animé une table ronde sur le thème « Tackling Harm in the Digital Era, » (Lutter contre les préjudices à l’ère numérique), au cours de laquelle il a abordé la question de la sécurité des utilisateurs en ligne et la manière de construire des espaces numériques plus sûrs.

Le panel de haut niveau a réuni la vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence de la Commission européenne, la directrice de l’Office of Communications du Royaume-Uni et la vice-première ministre belge pour discuter des cadres réglementaires et des innovations technologiques permettant de lutter contre les contenus dangereux, la violence et les injures en ligne.

La discussion a mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les législateurs, M. Sharma leur demandant comment gérer la violence en ligne à grande échelle et comment assurer la protection des communautés, non seulement dans les pays développés mais aussi dans les économies émergentes, alors que des milliards de personnes et de nouvelles communautés accèdent au monde numérique.

Finance bleue : Les fleuves internationaux comme vecteur de la coopération Sud-Nord

Le WEF a également permis de discuter de nouvelles formes de coopération Sud-Nord. L’un de ces mécanismes innovants sur le front de la finance bleue a été abordé lors d’un événement intitulé « Innovative Impact Investing through Blue Peace Bond » (Investissement d’impact innovant grâce aux obligations Blue Peace), organisé par le Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU) et la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC) à la Maison de la Suisse.

L’événement, auquel Joël Ruet et Raphael Schoentgen ont participé, a présenté le programme de financement Blue Peace (Paix Bleue) et la création des obligations Blue Peace, qui visent à faciliter l’accès au capital pour les organismes de bassins fluviaux et les entités locales et régionales similaires travaillant à une coopération transfrontalière multipartite autour de l’eau. Cet outil innovant de financement des infrastructures et du développement social espère fonctionner comme un dividende de la paix, en faisant de l’eau et des bassins fluviaux transfrontaliers un point d’entrée pour la paix et la coopération.

Comme l’ont souligné les interventions de M. Ruet et de M. Schoentgen, cette coopération Sud-Nord ne doit pas seulement impliquer les institutions financières du Nord, mais doit également intégrer les institutions financières du Sud aux montages financiers et servir d’opportunité pour le Sud de développer et de tirer parti de son propre écosystème financier.

Cette session et l’outil financier basé sur la coopération autour de l’eau qu’elle a présenté ont apporté une contribution précieuse aux recherches menées par The Bridge Tank pour de nouveaux outils à mobiliser dans le cadre d’une pratique élargie de l’hydro-diplomatie, quelques semaines seulement après le lancement de la World Water for Peace Conference.

Edition 2023 des Dejéuners de l’Innovation de Davos, par The Bridge Tank : Renforcer la coopération en matière de biosécurité

Pour conclure la semaine sur le thème de la coopération, Joël Ruet et Judit Arenas ont uni leurs forces le dernier jour du forum pour co-organiser un déjeuner d’échange sur la Promenade de Davos sur le thème de la biosécurité et du bioterrorisme. L’événement était le fruit d’un partenariat entre The Bridge Tank, APCO Worldwide et la société américaine de biotechnologie Illumina. The Bridge Tank organise depuis 2020 des déjeuners de l’innovation à Davos.

La session animée par Joël Ruet et John Defterios, ancien analyste économique et présentateur de CNN, et conseiller d’APCO Worldwide, a mis en évidence la fragilité des cadres nationaux et internationaux de biosécurité et le manque d’infrastructures de biosécurité. Les participants ont ainsi appeler à une plus grande coopération public-privé en la matière.

Cette session en comité restreint a rassemblé 25 spécialistes renommés dans le domaine de la biosécurité et de la cybersécurité, d’universitaires de haut niveau et de dirigeants d’entreprises, tels que John Frank, directeur des affaires publiques d’Illumina, Richard Hatchett, PDG de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI), ou Frank-Jürgen Richter, président d’Horasis.

Frank-Jürgen Richter, Président, Horasis, & Joël Ruet
John Defterios

Focus sur les pavillons et les sessions thématiques à Davos

L’activité bouillonnante des différents pavillons nationaux et d’entreprises a donné lieu à des discussions animées et à des événements sur des thèmes d’intérêt pour The Bridge Tank, à savoir les économies émergentes, le développement durable et la structuration des transitions énergétiques.

L’India Lounge a été un point de rencontre important au WEF cette année. Par l’intermédiaire de son président, Joël Ruet, The Bridge Tank a assisté à une table ronde sur les investissements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de l’Inde et à un débriefing entre entreprises et gouvernement sur la volonté du monde – et en particulier des États-Unis – de renouer le dialogue avec la Chine. L’une des conclusions de cette session est que l’Inde a tout intérêt à suivre de près la question de la relocalisation éventuelle des investissements étrangers en Chine.⁦

Cette présence à l’India Lounge a également été l’occasion de rencontrer Samir Saran, président du secrétariat du T20, et de discuter de la participation de The Bridge Tank au T20 durant la présidence indienne du G20 en 2023. Les thèmes de la coopération et de la croissance inclusive étant au cœur de la présidence indienne, The Bridge Tank apportera  sa pierre à l’édifice du T20 sur les thèmes de la finance bleue et verte et du rapprochement entre le continent africain et le G20.

Samir Saran & Joel Ruet
Indonésie : vers un avenir zéro émission nette

Après avoir récemment transmis le témoin de la présidence du G20 à l’Inde, l’Indonésie s’est montrée également très active à Davos cette année.

Le pavillon indonésien a ainsi accueilli une session « Indonesia Net Zero Pathway : Opportunity & Challenges, » le 17 janvier, une session portant sur les opportunités et défis auxquels l’Indonésie fait face pour atteindre son objectif zéro émission nette.

Une présentation de Muhammad Yusrizki, président de KADIN Net Zero Hub, Chambre de commerce d’Indonésie, a abordé certains des objectifs et des défis à venir pour la transition verte de l’Indonésie, y compris la façon de financer la transition énergétique et de dé-risquer les investissements dans les sources renouvelables en Indonésie, mais aussi le besoin de politiques et de cadres institutionnels pour accélérer le voyage du pays vers le net-zéro.

M. Yusrizki a particulièrement insisté sur la nécessité de protéger et de régénérer les mangroves, car celles-ci ont un énorme potentiel de stockage du carbone dans un pays qui abrite plus de 20 % des zones de mangrove du monde.

Le ministre indonésien chargé de la coordination des affaires maritimes et des investissements, Luhut Binsar Pandjaitan, a présenté la stratégie et les priorités sectorielles de l’Indonésie pour atteindre le net-zéro d’ici 2060. Cette voie sera fondée sur l’industrialisation et le développement économique, a déclaré M. Pandjaitan, qui a rappelé aux participants que les émissions de CO2 par habitant en Indonésie étaient inférieures à la moyenne mondiale.

L’économie verte de l’Indonésie s’appuiera sur cinq piliers :

  • un secteur de l’électricité décarboné – avec le soutien du Partenariat pour une transition énergétique équitable (JETP), qui vise à ce que les énergies renouvelables représentent 34 % de la production d’électricité en Indonésie d’ici à 2030 ;
  • des transports à faible émission de carbone – grâce au développement des véhicules électriques ;
  • les carburants alternatifs, tels que le biocarburant ;
  • les industries vertes, en développant par exemple une chaîne d’approvisionnement en batteries de véhicules électriques ;
  • et les puits de carbone – par le biais du captage du carbone et du marché des compensations carbone.

L’Indonésie espère faire du secteur des transports un pilier important de cette économie verte. Premier marché automobile de l’ASEAN, l’Indonésie représente 30 % du marché des véhicules à quatre roues de l’ASEAN et 50 % de son marché des véhicules à deux roues. Si le pays dépend encore des importations, l’Indonésie espère devenir un centre de production dans la région, notamment pour les véhicules électriques, pour lesquels l’Indonésie s’efforce de développer sa propre chaîne de valeur.

L’Indonésie vise également à devenir un leader mondial en matière d’atténuation des effets du changement climatique et sur le marché des compensations carbone. La replantation de mangroves et la restauration d’écosystèmes et de terres dégradés devraient figurer parmi les principaux domaines d’action, comme l’ont indiqué  certains intervenants.

Africa House : La ZLECAf et comment débloquer le potentiel du continent africain

Le continent africain a apporté sa propre contribution à la quête de coopération dans un monde fragmenté de cette édition du Forum Économique Mondial. L’Africa House de Davos a accueilli le 18 janvier un panel sur le commerce, intitulé « Deep-dive into the AfCFTA, exploring how far it has been and unlocking the future potential of the continent » (Un état des lieux de la ZLECAf, le chemin parcouru, et comment débloquer le potentiel futur du continent).

Les participants à la table ronde étaient :

  • Wamkele Mene, Secrétaire Général, Secrétariat de la ZLECAf
  • Samaila Zubairu, Président & Directeur Général, Africa Finance Corporation
  • S.E. la princesse Alanoud Bint Hamad Al Thani, Directrice, Qatar Financial Centre.

La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) englobe 54 pays du continent, 44 États parties ayant déjà ratifié l’accord. Cette zone de libre-échange ne représente toutefois que 2,1 % du commerce mondial et 3 % du PIB de la planète.

Dans son discours d’ouverture du panel, Wamkele Mene a donc souligné que les pays africains ne pourront pas, individuellement, être compétitifs au niveau mondial. M. Mene a ainsi insisté sur la nécessité pour le continent africain de renforcer son intégration afin de développer des économies d’échelle et de surmonter sa dépendance aux exports  de produits de base.

Le panel a encouragé une mise en œuvre accélérée de la ZLECAf, car elle constitue un modèle pour le développement collectif et l’industrialisation de l’Afrique. La pandémie du COVID-19 a joué un rôle important en révélant la nécessité pour l’Afrique d’établir des chaînes d’approvisionnement alternatives. L’Afrique s’étant retrouvée en dernière place pour l’approvisionnement en masques et vaccins, la nécessité pour le continent de devenir autosuffisant s’est révélée plus pressante que jamais.

Prof. Landry Signe & Wamkele Mene

Samaila Zubairu, président-directeur général d’Africa Finance Corporation, a mis en évidence le fait que les chaînes de valeur de produits comme le cacao, les noix de cajou et le coton ne se trouvent pas en Afrique ; la transformation de cette production est effectuée à l’étranger avant d’être réimportée. Il en va de même pour les véhicules électriques, bien que l’Afrique soit une source importante de matériaux stratégiques avec un énorme potentiel d’énergie solaire, a noté M. Zubairu, avant de conclure que l’Afrique souffre d’un déficit d’infrastructure de 100 milliards, ce qui affaiblit sa capacité de croissance.

Si les panélistes ont salué les efforts de l’AfCFTA en matière d’interconnexion des chaînes d’approvisionnement et des réglementations et se sont montrés optimistes quant à la réussite de l’accord – s’inspirant du processus d’intégration européenne entamé à la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui a donné naissance à l’actuelle Union européenne – des défis considérables restent à relever pour atteindre un tel niveau d’intégration.

Une limitation notable se trouve dans l’absence d’un protocole sur la liberté de mouvement entre les états membres, comme l’a souligné une question dans l’assistance.

Le futur des chaînes d’approvisionnement et des investissements dans les pays émergents

Une session organisée au pavillon de DP World sur le thème « Débloquer les investissements dans les économies émergentes » a abordé l’importance des chaînes d’approvisionnement dans le monde d’aujourd’hui, notamment à la suite de la pandémie de COVID-19. Les panélistes ont noté que le manque d’investissements dans les régions moins développées du monde créait des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Une plus grande intégration des chaînes d’approvisionnement et des investissements dans les infrastructures permettraient toutefois de transmettre les bénéfices aux pays émergents.

La diversification des chaînes d’approvisionnement après le COVID pourrait donc profiter à des pays comme les Philippines ou l’Inde, ont indiqué les panélistes, car ils pourraient reprendre une partie du rôle de la Chine dans les chaînes d’approvisionnement. Ces changements ont déjà commencé à redistribuer les rôles dans les chaînes d’approvisionnement internationales. Le souhait de pays comme les États-Unis et le Canada de rapprocher les chaînes d’approvisionnement de leur territoire profiterait par exemple à un pays comme le Mexique.

Le modérateur de la session, Frédéric Sicre, Associé directeur de Tardis Advisors, a ainsi mis en lumière cette conception changeante des marchés émergents, en mentionnant l’acronyme BIMCHIP (Brésil, Inde, Mexique, Chili, Indonésie et Pérou) comme une alternative possible des BRICS.

Les participants ont toutefois également souligné les défis résultant de l’incertitude financière actuelle, compliquant l’accès aux capitaux. Cette incertitude financière réduira le potentiel d’investissement dans les marchés émergents, car les investisseurs donneront la priorité aux investissements moins risqués dans les marchés développés, ont conclu les panélistes.

Hydro-diplomatie : The Bridge Tank lance la World Water for Peace Conference

Depuis l’an 2000, le nombre de conflits liés aux ressources transfrontalières en eau douce est en hausse. Simultanément, le taux de coopération institutionnalisée, par le biais de traités et d’organisations de bassins fluviaux, a diminué, comme en attestent les processus des Nations unies.

Fort heureusement, de nombreux outils, idées, et initiatives sont développés par les praticiens et les penseurs de l’eau sur le terrain, tandis que les réseaux d’échange de praticiens de l’eau s’approfondissent. Par conséquent, le potentiel d’expansion et de diffusion des approches innovantes actuelles est considérable, que The Bridge Tank

– observées et documentées lors de visites de terrain au cours des deux dernières années,

– suivies d’une tournée d’engagement à travers l’Europe en juin 2022 pour promouvoir une pratique renouvelée de l’hydro-diplomatie.

En effet, malgré ces tendances alarmantes et la fixation médiatique sur des cas notoires, des réussites moins documentées mais durables existent, avec des innovations institutionnelles résilientes et de bonnes pratiques de cogestion des eaux transfrontalières entretenues à travers le monde, comme le montrent des cas inspirants en Afrique, en Asie centrale ou en Europe. Ceux-ci présentent tous des structures novatrices, que ce soit en matière de gestion, d’échelle, de prise en charge coordonnée d’objectifs intersectoriels, d’outils communs ou d’approches communes en matière de ressources naturelles. Soutenues par une forte volonté locale des praticiens de l’eau, ces innovations ont en retour nourri la volonté politique.

Nous soutenons que cette abondance d’expériences permet de considérer de nouvelles voies pour l’hydro-diplomatie. Repenser l’hydro-diplomatie et sa pratique présuppose des approches multipartites impliquant un nombre d’acteurs plus important et la création, le développement et l’amélioration d’outils et de pratiques, tels que des organismes de bassin, des infrastructures partagées, ou des programmes de données partagées, de recherche et d’incubation.

Reconnaissant à la fois les lacunes existantes dans la conception et la pratique actuelles de l’hydro-diplomatie ainsi qu’un potentiel considérable, The Bridge Tank:

– a publié un policy brief, qui appelle à une pratique renouvelée et élargie de l’hydro-diplomatie ;

– a organisé un panel de haut niveau sur l’hydro-diplomatie à Paris, le 6 décembre 2022, afin de débattre de ces idées et hypothèses. Cet événement a réuni des experts de terrain et des acteurs du développement familiers des défis sur le terrain, des universitaires et des juristes pensant les outils institutionnels et cadres juridiques présents et futurs, et des décideurs politiques ayant œuvré pour une gestion durable des ressources en eau.

Ces échanges entre pratiques et géographies ont de fait créé une plateforme de dialogue portant sur une hydro-diplomatie élargie, transcendant les frontières, soutenue par la variété, la reproductibilité des outils et pratiques existants même si consciente de leurs limites. Ces discussions ont confirmé la nécessité d’ancrer ces outils et pratiques dans cette compréhension renouvelée de l’hydro-diplomatie et de travailler à une gestion apaisée des ressources hydriques, servant de socle à la « paix des bassins. »

Afin de poursuivre dans la dynamique établie lors de cette première session de dialogue, The Bridge Tank est heureux d’annoncer le lancement de la World Water for Peace Conference.

La World Water for Peace Conference a pour objectif de questionner et d’enrichir les prémisses de l’hydro-diplomatie et de la gestion des fleuves transnationaux, afin de :

1) passer d’une hydro-diplomatie défensive, reposant sur la rivalité entre usagers pour l’accès aux ressources hydriques, à une hydro-diplomatie positive, basée sur des outils et des forums partagés ;

2) passer d’une hydro-diplomatie pratiquée principalement par des diplomates à une hydro-diplomatie holistique, englobant la pluralité des acteurs.

Nous croyons que ce changement de paradigme par le biais d’outils et de pratiques permettra de passer des guerres de l’eau à la paix des bassins fluviaux, en bref de passer d’une eau propice aux conflits à l’eau vectrice de paix.

La World Water for Peace Conference a pour ambition de rechercher des idées innovantes et des solutions concrètes sur trois grandes questions :

  1. La politique et les pratiques de la paix des eaux transfrontalières;
  2. Les outils juridiques et institutionnels innovants de coopération inclusive pour l’hydro-diplomatie;
  3. La recherche scientifique sur les fleuves, l’innovation technique et l’incubation d’entreprises.

La World Water for Peace Conference apportera une contribution précieuse à la pratique de l’hydro-diplomatie en mobilisant toutes les parties prenantes impliquées ou affectées par l’eau et sa gestion, des sources aux deltas, par-delà les frontières et les secteurs socio-économiques:

  1. Les décideurs politiques
  2. Les penseurs et développeurs de systèmes de l’hydro-diplomatie
  3. Les praticiens de l’eau et utilisateurs de l’eau des différents secteurs économiques
  4. Les scientifiques et incubateurs

The Bridge Tank s’engage à servir de secrétariat à la World Water for Peace Conference. Bénéficiant de membres actifs aux compétences, géographies et expériences diverses, nous mettrons à profit les liens que nous avons tissés au fil des ans entre les secteurs, les communautés et les pays, et nous nous appuierons sur notre position à la croisée des chemins entre la sphère politique et la communauté scientifique pour accueillir cette plateforme de rapprochement et d’échanges constructifs.

Les prochaines étapes de l’action de The Bridge Tank en faveur de la World Water for Peace Conference se dérouleront à Davos, lors du Forum économique mondial de janvier 2023, et lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 en mars, à New York – la première conférence de ce type depuis 1977.

 
Les voix de la paix des eaux transfrontalières

Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins où « l’eau sera soit un vecteur de paix et de prospérité pour tous, soit une arme comme l’énergie est en train de le devenir« . Ce choix important qui se profile a été décrit par Hakima El Haite, membre du Board de The Bridge Tank et ancienne Championne du Climat auprès des Nations unies, lors du panel de haut niveau du 6 décembre. « L’eau et le développement sont les deux faces d’une même pièce, qui est la pièce de la paix« , a poursuivi Mme El Haite.

 
“L’eau sera soit un vecteur de paix et de prospérité pour tous, soit une arme comme l’énergie est en train de le devenir.”

Hakima El Haite, Board Member de The Bridge Tank et ancienne Championne du Climat auprès des Nations unies

L’urgence de la situation a également été soulignée par Erik Orsenna, président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française, dans son discours d’ouverture du panel. « Si nous ne changeons pas les mécanismes de la guerre en outils de la paix, nous sommes perdus », a déclaré M. Orsenna, appelant à faire de l’eau un outil de paix, malgré, ou précisément à cause de sa proximité avec les menaces futures.

 
 
 
“Si nous ne changeons pas les mécanismes de la guerre en outils de la paix, nous sommes perdus”

Erik Orsenna, Président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française

Ce changement de paradigme n’est pas une mince affaire. Hamed Semega, Board Member de The Bridge Tank et ancien haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), s’est donc tourné vers le préambule de l’UNESCO pour y trouver conseil: « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».

L’hydro-diplomatie doit donc être considérée comme une source d’espoir, pour laquelle « la volonté politique combinée à la nécessité peut réellement transformer ce qui est une question conflictuelle en une source de stabilité et de paix », a souligné M. Semega lors de la conférence de Paris. Le fondement de la coopération sur l’eau est la connaissance ; une connaissance commune du fleuve, le partage de l’information et la science sont essentiels, a déclaré M. Semega.

 
 
“La volonté politique combinée à la nécessité peut réellement transformer ce qui est une question conflictuelle en une source de stabilité et de paix.

Hamed Semega, Board Member de The Bridge Tank et ancien haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS)

Toutefois, « nous ne pouvons pas atteindre un objectif sans tenir compte des autres ». Cette reconnaissance de l’eau en tant que composante importante des objectifs de développement durable des Nations unies et le constat de son interconnexion avec d’autres enjeux ont été apportés au panel par Irina Bokova, coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour la durabilité du Conseil international de la science (CISS) et ancienne directrice générale de l’UNESCO.

Mme Bokova a souligné l’importance d’aborder l’eau d’un point de vue plus large, en tant que droit de l’homme et question de société. Cette vision plus large, en dehors du silo de l’eau, nécessite des approches partagées en raison de l’impact considérable de l’eau sur la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, l’égalité des sexes, l’inclusion sociale, le climat et l’économie.

Mme Bokova a insisté sur la nécessité de mobiliser tous les secteurs, d’impliquer les scientifiques, l’innovation et la technologie, et de créer des plateformes et des institutions afin d’établir des solutions concrètes.

 
 
 
L’Agenda 2030 est universel et interdépendant, nous ne pouvons pas atteindre un objectif sans tenir compte des autres.

Irina Bokova, coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour la durabilité du Conseil international de la science (CISS) et ancienne directrice générale de l’UNESCO

Claus Sorensen, ancien directeur général du service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO), a également abordé la question de la meilleure façon d’aborder l’eau et la gestion de la ressource.

M. Sorensen a insisté sur le fait qu’il fallait à la fois une action communautaire, à la base, et le soutien de ceux qui définissent le cadre, au sommet. « Si nous parvenons à faire le lien entre la base et le sommet, je pense que nous tenons quelque chose de très important », a-t-il ajouté.

 
“Nous avons besoin de l’action communautaire venant d’en-bas et du soutien de ceux qui fixent le cadre. Si nous pouvons établir un lien entre la base et le sommet, je pense que nous tenons quelque chose de très important.”

Claus Sorensen, ancien directeur général du service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO)

L’absence de connexion entre les différentes parties prenantes a été soulignée par Runa Khan, fondatrice et directrice exécutive de l’ONG Friendship, Bangladesh, qui a noté que si la solidarité de pensée existait, il y avait encore un manque considérable de « solidarité d’action entre les différentes parties prenantes, des scientifiques aux activistes, aux personnes sur le terrain, aux décideurs politiques ».

 
 
« Nous n’avons toujours pas assez de solidarité d’action entre les différentes parties prenantes, des scientifiques aux activistes, aux personnes sur le terrain, aux décideurs politiques« 

Runa Khan, Fondatrice et directrice exécutive de l’ONG Friendship, Bangladesh

Dans une allocution au panel du 6 décembre, Sidi Touré, ministre des ressources animales et halieutiques de Côte d’Ivoire, a présenté les actions possibles du point de vue des décideurs politiques, en soulignant l’importance d’adopter des politiques, des stratégies et des programmes qui innovent pour une meilleure protection, sauvegarde et gestion des ressources en eau.

Selon M. le ministre Touré, la valorisation optimale des ressources hydriques en Afrique doit s’appuyer sur 2 leviers essentiels :

  1. Le développement des infrastructures, notamment les infrastructures hydrauliques pour lutter contre l’insécurité alimentaire (bétail, ressources agricoles et personnes)
  2. La mise en place de dispositifs institutionnels appropriés, qui déterminent l’efficacité de la protection des ressources et l’équité dans son allocation aux différents acteurs.

« La prise en compte de la pluralité des acteurs et de leurs visions donne une tonalité originale aux politiques. Sur le plan international, des dynamiques sont déjà à l’œuvre. Sur le plan local, l’adaptation des techniques et de la ressource sont les pistes privilégiées, dans le cas notamment des groupes communautaires et associations, » a également noté M. le ministre Touré.

« L’Afrique est très riche en eau. La valorisation optimale de cette ressource doit s’appuyer sur 2 leviers essentiels 
1. Le développement des infrastructures, notamment les infrastructures hydrauliques pour lutter contre l’insécurité alimentaire
2. La mise en place de dispositifs institutionnels appropriés, qui déterminent l’efficacité de la protection des ressources et l’équité dans son allocation aux différents acteurs. »

Sidi Touré, Ministre des ressources animales et halieutiques, Côte d’Ivoire

Diaka Sidibé, Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Guinée, a utilisé sa contribution au panel pour souligner les domaines d’action existants et partager son témoignage sur les politiques progressistes en matière d’eau en Guinée.

Afin de préserver les sources d’eau de la Guinée, en particulier dans le Fouta Djalon, communément appelé le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », Mme la ministre Sidibe a insisté sur les points d’action qu’elle considère comme cruciaux:

  • Développer et d’orienter des thèses de recherches pour disposer de données quantitatives et qualitatives sur les ressources en eau – ces données étant cruciales pour adapter la planification et la gestion durable de ses ressources;
  • Développer des technologies pour traiter ces données, comme la big data, les supercalculateurs pour la prévision et l’optimisation et la connaissance spatio-temporelle;
  • Développer des diagnostics territoriaux avec les universités et les centres de recherche.

« Ne pas agir aujourd’hui pour sauvegarder le Massif du Fouta Djalon, c’est menacer la sécurité en eau pour nos enfants et les générations à venir, » a conclu Mme la ministre Sidibé.

« Pour la préservation des sources d’eau, il apparaît primordial de développer et d’orienter des thèses de recherches pour disposer de données quantitatives et qualitatives sur les ressources en eau. Ces données sont cruciales pour adapter la planification et la gestion durable de ses ressources.« 

Diaka SidibéMinistre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Guinée

L’importance d’aborder les questions relatives aux eaux transfrontalières, aussi litigieuses soient-elles, a également été soulignée par Pascal Delisle, responsable des questions économiques, de développement, d’environnement et du numérique au Service européen pour l’action extérieure (SEAE), à Genève.

Le Service européen d’action extérieure en a ainsi fait l’une de ses priorités en vue de la préparation de la Conférence des Nations unies sur l’eau de 2023.

 
« Il a été important pour le Service européen d’action extérieure de faire pression politiquement pour que l’eau transfrontalière soit un sujet prioritaire lors de la conférence des Nations unies sur l’eau 2023. »

Pascal Delisle, Responsable des questions économiques, de développement, d’environnement et du numérique au Service européen pour l’action extérieure (SEAE), Genève

Mais qu’est-ce qui détermine réellement l’efficacité des outils et mécanismes existants de l’hydro-diplomatie et de la gestion de l’eau ? Comment les appliquer au mieux ?

Telles furent quelques-unes des questions clés abordées lors de la conférence par Susanne Schmeier, professeure associée en droit et diplomatie de l’eau, Institute for Water Education (IHE), Delft. Partageant son expertise dans le domaine, Susanne Schmeier a rappelé l’importance de remettre en question l’efficacité de ces mécanismes et outils, ce qu’elle a décrit comme « l’affûtage des outils ».

Ceci est d’autant plus important pour évaluer précisément ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en termes d’hydro-diplomatie, d’outils et de processus de notification.

 
 
 
 
“Nous devons affûter les outils dont nous disposons dans le domaine de la diplomatie de l’eau, en allant au-delà de la simple hypothèse selon laquelle il suffit d’avoir un traité, un organisme de bassin ou un processus de notification, afin de permettre réellement à ces mécanismes de faire face à tous les changements à venir.”

Susanne Schmeier, Professeure associée en droit et diplomatie de l’eau, Institute for Water Education (IHE), Delft

Mara Tignino, Spécialiste juridique en chef, Geneva Water Hub, and Christian Brethaut, Directeur Scientifique, Geneva Water Hub (GWH), Observatoire mondiale pour l’eau et la paix (OMEP), ont partagé leurs connaissances et l’expertise du Geneva Water Hub avec les autres panélistes.

Résumant quelques-unes des conclusions importantes de la session thématique qu’il a modérée sur les « Outils innovants pour une hydro-diplomatie revisitée », M. Brethaut a relevé que « lorsqu’on parle des outils eux-mêmes, le simple processus de mise en œuvre des outils peut déjà conduire à l’instauration de la confiance. Il s’agit alors également de se concentrer sur le processus, plutôt que de considérer les outils comme une fin en soi. »

Mme Tignino a quant à elle présenté l’un de ces outils novateurs pour l’hydro-diplomatie à travers la perspective des droits de la nature et du processus d’attribution d’une personnalité juridique à un fleuve, en présentant à la fois les tendances nationales et internationales. Mme Tignino a ainsi particulièrement souligné l’importance d’impliquer les communautés locales dans ce processus d’attribution.

 
« Il est très important que le processus d’attribution de la personnalité juridique passe par un processus au niveau communautaire. Il est très important d’impliquer la communauté locale. »

Mara Tignino, Spécialiste juridique en chef, Geneva Water Hub

Les enjeux sont importants pour agir afin d’assurer la préservation et la durabilité des ressources en eau. Mats Karlsson, ancien vice-président de la Banque mondiale et ancien secrétaire d’État au développement du ministère des affaires étrangères, Suède, a rappelé au panel le caractère central de l’eau dans le développement des générations futures :

« Il n’y a pas d’élément plus important pour le développement de la petite enfance que la qualité de l’eau. Et il n’y a pas d’investissement qui ait un plus grand impact à long terme que l’investissement dans le développement de la petite enfance. »

 
 
“Il n’y a pas d’élément plus important pour le développement de la petite enfance que la qualité de l’eau. Et il n’y a pas d’investissement qui ait un plus grand impact à long terme que l’investissement dans le développement de la petite enfance.”

Mats Karlsson, ancien vice-président de la Banque mondiale et ancien secrétaire d’État au développement, ministère des affaires étrangères, Suède

Repenser l’hydro-diplomatie : The Bridge Tank organise un panel de haut niveau en marge du Sommet ONU-Eau sur les eaux souterraines 2022

Le 6 décembre 2022, The Bridge Tank a organisé un panel de haut niveau sur l’hydro-diplomatie à Paris, en marge du Sommet de l’ONU sur les eaux souterraines 2022, coordonné par l’UNESCO.

Cet événement était placé sous le haut patronage de :

Mme Irina Bokova

Coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour le développement durable du Conseil international de la science et ancienne directrice générale de l’UNESCO

M. Erik Orsenna

Président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française

Hamed Semega, Erik Orsenna, Irina Bokova, et Joel Ruet
Contexte

Sous le titre « Repenser l’hydro-diplomatie : Les fleuves internationaux comme instruments de paix. Expériences partagées, solutions et gestion durable des ressources, » la conférence a été placée et organisée dans un contexte de regain d’intérêt pour l’eau de la part des Nations Unies. La Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023, prévue en mars à New York, sera le premier événement de ce type depuis 1977.

Alors que les conflits liés à l’eau prennent de l’ampleur en raison de l’augmentation du stress hydrique autour du globe, l’hydro-diplomatie est appelée à devenir un sujet crucial dans les années et les décennies à venir. Suivant la récente publication de notre policy brief et l’appel lancé pour une pratique renouvelée et étendue de l’hydro-diplomatie, cette conférence représentait la continuité des efforts de The Bridge Tank de se positionner et de contribuer au développement et à la pratique de l’hydro-diplomatie.

Erik Orsenna, Irina Bokova, et Joel Ruet
Arnab Das, Eric Kuindersma, et Sophie Gardette
Objectifs de la conférence

Partant d’une conviction profonde que l’hydro-diplomatie n’est pas seulement la pratique des diplomates et des entités étatiques, la conférence a visé à offrir une réflexion et un échange sur le développement d’outils pour l’hydro-diplomatie et vers la désescalade des conflits liés à l’eau.

The Bridge Tank a, par conséquent, organisé ce panel pour rassembler des personnes partageant cette même conviction et qui se consacrent à une meilleure approche et gestion des ressources hydriques. Parmi ces personnes figuraient d’éminents responsables et décideurs politiques, des organisations humanitaires et du développement, chercheurs, experts juridiques et praticiens impliqués dans les questions hydriques.

Le format hybride de l’événement a permis à des participants du monde entier de partager leurs expériences, leurs réussites, des études de cas, et les défis rencontrés sur le terrain. Les participants se sont joints aux discussions depuis Abidjan, Bruxelles, Conakry, Dhaka, Genève, Marrakech, Oslo, Paris, Skopje, Tachkent et Tokyo.

Marie-Laure Vercambre, Mats Karlsson, Eric Kuindersma, et Joel Ruet
Contribution sur Zoom de Pascal Delisle
Marie-Laure Vercambre, Irina Bokova, Jean Bizet, Lionel Goujon, Hamed Semega, Arnab Das, et Sophie Gardette
Des échanges précieux sur l’eau et l’hydro-diplomatie

La conférence a débuté par une session introductive qui a posé les bases de la journée, offrant une vue d’ensemble du système international existant en matière d’eau. Cette session a également permis de présenter des initiatives existantes dans le domaine de d’hydro-diplomatie et des expériences de cogestion non conflictuelle et de développement intégré de l’eau. Ces remarques introductives ont souligné la nécessité d’aborder l’eau avec une perspective plus large, en tant que question sociétale nécessitant des solutions et des approches partagées et multipartites. La coopération est notamment nécessaire pour répondre d’une part aux menaces environnementales et écologiques et d’autre part pour contribuer à la paix mondiale en réduisant les risques d’escalade de la violence et les conflits liés à l’eau.

La première session thématique de la journée a donné la parole aux décideurs politiques du monde entier afin qu’ils partagent et échangent sur leurs expériences dans la gestion de l’eau. Les messages clés de la session comprenaient un appel à la solidarité d’action multi-sectorielle et multipartite face aux différente crises frappant notre monde et un rappel de la nécessité d’écouter et de croire les communautés locales, qui en subissent les conséquences les plus sévères. Les participants ont à nouveau souligné la nécessité d’aborder les questions relatives à l’eau de manière holistique, une idée qui requiert une approche intégrée de la gestion de l’eau. D’autres points clés ont été soulevés, notamment la nécessité de combiner la gestion et l’action locale avec une vision et une compréhension scientifiques plus large du monde.

La deuxième session thématique s’est tournée vers les acteurs du développement et de l’aide internationale. À partir de leur connaissance du terrain et de leur expérience du développement, les participants ont souligné l’interconnexion des problèmes, l’eau étant un point d’entrée et un facteur essentiel dans la sécurité alimentaire, la santé et le développement de la petite enfance, le développement énergétique, la gestion des risques de catastrophe, le changement climatique et les questions de transport. L’importance d’une approche intégrée et multilatérale de l’eau et la nécessité de l’action locale et communautaire ont également été soulignées au cours de cette session. La gouvernance transfrontalière requiert toutefois la présence d’une volonté politique exprimée pour aller de l’avant. Un dernier point crucial abordé par de nombreux intervenants a mis en avant le rôle de l’éducation et de la connaissance de la ressource hydrique et fluviale afin d’assurer un meilleur entretien et une meilleure gestion des bassins fluviaux.

Enfin, la dernière session thématique était dédiée à la diversité des outils au service de l’hydro-diplomatie. Les participants ont ici encore encouragé une approche communautaire, partant du niveau local, pour développer des solutions adaptées aux besoins des communautés. Les organismes de bassin doivent, par conséquent, être compris et analysés dans leur diversité, car leurs différences structurelles et organisationnelles sont le résultat de la diversité des besoins et des fonctions qu’ils remplissent. Le rôle central des connaissances, des données, et de la recherche scientifique en tant que conditions préalables nécessaires à l’action a également été abordé par les participants durant cette session. En outre, les idées d’infrastructures partagées et de systèmes d’information partagés ont été décrits comme des outils prometteurs pour l’hydro-diplomatie.

Annukka Lipponen, Lionel Goujon, et Marie-Laure Vercambre
Contribution sur Zoom de Claus Sorensen
Susanne Schmeier et Arnab Das
Participants sur Zoom: Pascal Delisle, Lars Andreas Lunde, et Claus Sorensen
Grandes conclusions de la conférence

A partir des nombreuses contributions des participants à la conférence et des discussions animées qui en ont découlé tout au long de la journée, diverses approches de l’hydro-diplomatie en sont ressorties, permettant l’établissement de ce qui pourrait être défini comme une taxonomie de l’hydro-diplomatie.

Nous avons identifié 3 points-clés:

1. Une première approche de l’hydro-diplomatie se trouve dans sa dimension fondamentalement diplomatique, à travers son rôle dans la prévention et la désescalade des conflits. Les participants ont convenu de rappeler l’approche classique du droit international, soulignant son importance dans les problématiques de l’eau.

2. A partir de ce premier bilan, de nombreuses contributions ont souligné le rôle central de la volonté politique dans l’hydro-diplomatie. Des témoignages et expériences venant du monde entier ont prouvé que les initiatives hydro-diplomatiques comme les Organismes de Bassin peuvent être des vecteurs de paix, de coopération et de gestion durable des ressources hydriques. Cependant, toutes ces initiatives et organisations transfrontalières requièrent une volonté politique préalable.

  • Les discussions sur la manière de générer cette volonté politique incontournable se sont concentrées sur une approche dite « bottom-up », soulignant ainsi l’importance de l’action locale et de ce que l’on pourrait appeler l’hydro-diplomatie parallèle. Les connaissances et l’activité issues de la société civile en matière de préservation des ressources fluviales et hydriques, combinées aux échanges entre praticiens et scientifiques de différents pays, permettent cette hydro-diplomatie parallèle nécessaire à l’établissement d’une volonté politique parmi les responsables politiques.
  • L’interaction entre les communautés scientifiques et de praticiens de l’eau d’une part et des décideurs politiques d’autre part a donc un rôle central dans la croissance de la volonté politique en faveur de l’hydro-diplomatie. Comme l’ont toutefois souligné les participants, combler le fossé entre les scientifiques et les dirigeants politiques n’est pas sans difficultés. Les interactions entre ces deux communautés visant à assurer un engagement accru en faveur de l’hydro-diplomatie nécessitent d’aligner les messages et les préoccupations des deux communautés. Il existe donc un réel besoin pour la communauté scientifique de communiquer non seulement l’importance et la pertinence scientifique de l’hydro-diplomatie à travers une approche de l’eau basée sur la coopération et la cogestion, mais aussi de souligner son importance politique. Le stress hydrique grandissant met en danger des communautés entières, aggravant l’insécurité alimentaire, favorisant le développement du terrorisme et accélérant ainsi les vagues migratoires tant internes qu’internationales.
  • Mobiliser la science et la mettre au service de l’élaboration des politiques et de la génération d’une volonté politique a donc été des questions et préoccupations centrales soulevées tout au long de la journée.

3. Une dernière dimension de cette taxonomie de l’hydro-diplomatie issue de la conférence est centrée sur la diversité des outils, des processus et des institutions de cogestion de l’eau ainsi que sur les discussions concernant leur réplicabilité.

  • Les organisations de bassins fluviaux sont des exemples notables de ces institutions et sont des développeurs d’outils importants pour l’amélioration de la gestion et du partage des ressources en eaux transfrontalières. Grâce aux nombreux exemples abordés durant la conférence – le fleuve Sénégal, des représentants des Pays-Bas et de la France discutant de la gestion partagée du Rhin, des perspectives du Pakistan et de l’Inde sur le fleuve Indus, ainsi que des contributions de l’Ouzbékistan avec l’exemple de l’Asie centrale – la conférence a révélé la diversité des approches et des structures des organismes de bassin et des accords de gestion partagée.
  • Les participants issus du monde du développement ont ainsi échangé sur la question de la reproductibilité des organismes de bassin en notant les avantages comparatifs de certaines structures par rapport à d’autres. Cependant, ils ont également souligné que chaque contexte national et transfrontalier, la géographie, et les besoins locaux et régionaux nécessitent une adaptation des structures et priorités institutionnelles des organismes de bassin.
  • Un dernier point important mentionné par les participants : la coopération nécessite fondamentalement le partage et la mise en commun des connaissances et un partage de données. Bien qu’il soit important de respecter la souveraineté nationale et régionale, les défis transfrontaliers à échelle mondiale tels que le changement climatique et l’augmentation du stress hydrique nécessitent des solutions internationales et multilatérales. La solidarité et la coopération transfrontalière en matière d’eau passent nécessairement par le partage des données.

Une pratique renouvelée et élargie de l’hydro-diplomatie nécessite donc une plateforme d’échange durable entre toutes les parties prenantes, comblant le fossé entre la communauté scientifique, les praticiens locaux de l’eau et les décideurs politiques. Fidèle à son nom et à sa mission, The Bridge Tank offre de fournir ce pont manquant et d’accueillir une telle plateforme d’échange et de connexion.

Cette conférence a fourni un premier exemple de l’engagement de The Bridge Tank en faveur de l’hydro-diplomatie et devrait devenir un événement annuel avec la « World Water for Peace Conference ».

Lisez la note conceptuelle et l’ordre du jour du panel ici.

Brice Lalonde and Stéphane Gompertz
Erik Orsenna, Hamed Semega, Joel Ruet, and Irina Bokova
Joel Ruet, Lionel Goujon, and Christian Bréthaut

TV5MONDE Info – Hakima el Haité revient sur une COP 27 décevante

Lors d’une intervention dans « 64′ Le Monde en français » sur TV5MONDE Info, notre board member Hakima el Haité, ancienne Championne du Climat auprès des Nations unies, ancienne Ministre de l’Environnement du Maroc, a exprimé sa déception et son inquiétude face au manque d’avancées majeures lors de la COP 27 à Charm el-Sheikh en Egypte.

Hakima el Haité s’est dite « lamentablement déçue par les résultats: aucun engagement et aucune mesure concrète de réduction des gaz à effet de serre » en particulier de la part des grands émetteurs.

L’intervention d’Hakima el Haité dans son intégralité:

COP 27 : Une avancée sur les pertes et dommages mais pas de percée sur la finance climat malgré une forte implication de l’Afrique de l’Ouest

La crainte de terminer la COP 27 sans aucune avancée significative planait sur Charm el-Cheikh durant les dernières heures de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.

Mais après un ultime marathon de négociations entre les parties, un accord a finalement été trouvé.

L’accord qui a conclu deux semaines de discussions et de négociations dans la ville côtière égyptienne a permis de faire un grand pas en avant sur la question épineuse des pertes et dommages. Les parties se sont mis d’accord sur l’établissement d’un fonds pour les pertes et dommages qui aidera à soutenir les pays les plus touchés par le changement climatique. Le fonds devrait fournir une assistance financière afin de répondre aux effets catastrophiques de la crise climatique, tels que les sécheresses, les vagues de chaleur, les inondations ou les cyclones.

Les efforts demeurent insuffisants

Bien qu’encourageant comme signal de solidarité internationale en réponse aux catastrophes climatiques, l’accord final n’a pas répondu aux attentes et aux espoirs de nombreux participants à la COP 27. Dans une interview pour TV5 Monde, Hakima El Haite, board member de The Bridge Tank, a exprimé sa déception face au manque d’avancées lors de la COP 27 :

« C’est vrai qu’on a avancé d’un pas en se mettant d’accord sur la création d’un mécanisme qui va encore nécessiter du temps. Plus on atténue le CO2 et plus on diminue les concentrations en CO2, moins on aura besoin de nous adapter et moins on aura besoin d’argent pour réparer les dégâts des dommages et catastrophes naturelles. Il faut donc agir et ce n’est pas aux pays vulnérables d’agir, ce sont les pays émetteurs qui émettent 80% des émissions qui doivent apporter 80% de solutions dans leurs propres pays. »

Nombreux sont ceux qui partagent cet avis, en particulier dans le Sud et en Afrique de l’Ouest, une région confrontée aux effets les plus désastreux du changement climatique et qui s’est présentée à la COP 27, COP africaine, avec des attentes et demandes fortes.

Une présence ouest-africaine proactive à la COP 27

Les représentants des pays d’Afrique de l’Ouest étaient arrivés à la COP 27 avec l’espoir de voir des décisions fortes prises pour soulager le continent de la pression climatique qu’il subit. Avant le début de la COP 27, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait exprimé certains des points qu’elle considérait comme cruciaux pour le succès des négociations sur le changement climatique :

  • Augmenter l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en particulier pour les plus gros émetteurs.
  • L’article 6 de l’Accord de Paris : la génération de nouvelles opportunités de financement dans la région et les nouveaux mécanismes de marchés carbone
  • Adaptation : passer de la planification à l’opérationnalisation
  • Pertes et dommages : apporter des réponses concrètes aux pertes et dommages existants en Afrique de l’Ouest.
  • Finance climat : atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars du Fonds vert pour le climat et mettre en place une facilité financière spécifiquement dédiée aux pays africains pour se concentrer sur leurs besoins et priorités en termes d’adaptation.

Décidées à faire entendre la voix de la sous-région à la COP 27, les institutions d’Afrique de l’Ouest ont uni leurs forces à Sharm el-Sheikh au sein du Pavillon West Africa. Ce pavillon était copiloté par la CEDEAO et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), en partenariat avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).

Selon la CEDEAO, « ce pavillon conjoint témoigne de la volonté des institutions régionales de renforcer leur coopération autour du défi commun que constitue la question des changements climatiques pour une meilleure coordination et efficacité de la réponse collective à apporter au bénéfice des populations de la région. »

Pendant deux semaines, les quatre institutions ouest-africaines ont ainsi contribué à faire avancer le débat public sur l’action climatique et la finance climat.

Des voix importantes pour la gouvernance et la finance climat

La Commission de la CEDEAO a profité de sa présence au Pavillon West Africa pour organiser des side events présentant la Stratégie régionale sur le climat de l’union, notamment une session le 9 novembre sur les mécanismes de coordination pour une meilleure gouvernance climatique régionale. Deux jours plus tard, le 11 novembre, un autre side event aborda les opportunités sectorielles que la stratégie offre pour l’agriculture et l’énergie.

La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a également été très active sur le Pavillon. Le 9 novembre, Serge Ekué, président de la BOAD, a donné un point de presse sur le positionnement climatique de la BOAD. Ce fut l’occasion d’évoquer le Plan de Développement Stratégique Djoliba 2021-2025 de la BOAD, qui consacre 25% des engagements totaux de la banque à la finance climat afin d’accompagner les États membres dans le financement de leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN) et à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). À travers son président, la BOAD a exprimé son souhait d’être un catalyseur de la résilience et de l’adaptation au changement climatique tout en jouant un rôle de facilitateur d’une croissance durable et stable.

Capitalisant sur l’importance de la finance climat lors de la COP 27, la BOAD a organisé plusieurs événements sur le sujet, dont un panel sur « Défis et opportunités de la finance climat en Afrique, » et deux sessions le 14 novembre, « Combler les lacunes des politiques d’adaptation au changement climatique pour faciliter l’accès des pays de l’UEMOA à la finance climat » et « La finance carbone comme levier de développement pour les pays de l’UEMOA, » avec la participation de l’Alliance Ouest-Africaine sur le Marché Carbone et la Finance Climat.

La BOAD a également pris part à des sides events organisés par d’autres institutions à Sharm el Sheikh, dont un par le Fonds vert pour le climat sur la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel.

L’importance de la finance climat dans l’agenda de cette année à la COP 27 a également mobilisé The Bridge Tank, qui a co-organisé un side event avec Liberal International sur la dynamique Nord-Sud de la finance climat. Le panel « Towards a balanced, empowered, North-South blended climate finance for mitigation and adaptation » a notamment inclus des acteurs politiques et institutionnels important d’Afrique de l’Ouest et a ajouté une pierre à l’édifice dans la poursuite d’une finance climat plus efficace et équilibrée.

Malgré les appels à prendre des mesures audacieuses, l’accord final de la COP 27 est une conclusion décevante aux deux semaines d’effort et d’investissement des institutions et pays d’Afrique de l’Ouest à Charm el-Cheikh. Le souhait de faire de cette COP 27, COP africaine, une étape importante dans la lutte contre le changement climatique et la mise en place de mécanismes de finance climat durables assurant la préservation du continent n’a pas été réalisé.

COP 27 : De la défiance à la confiance – pour une finance climat Nord-Sud mixte et équilibrée pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques

Alors que la COP 27 touche  à sa fin, The Bridge Tank poursuit ses efforts en faveur de la justice climatique à Sharm El Sheikh, en Égypte.

Le 17 novembre 2022, The Bridge Tank et l’Internationale libérale ont uni leurs forces et coorganisé un side event sur la finance climat – “Towards a balanced, empowered, North-South blended climate finance for mitigation and adaptation.” The Bridge Tank était représenté par Dr. Joël Ruet, président, et notre board member Dr Hakima El Haite, présidente de l’Internationale libérale.

The Bridge Tank a mis à profit sa longue expérience sur le thème de la finance climat, ayant contribué à la Task Force « Changement climatique et financement » du T20 au cours des six dernières années.

Parmi les participants au panel figuraient Mme Kadiatou N’Diaye, ancienne Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Guinée, des représentants de la Fondation Brazzaville, des directeurs de la Banque agricole du Niger et le président du parti conservateur égyptien.

Le débat a porté sur l’état actuel de la finance climat et du financement de l’adaptation aux changements climatiques. Alors qu’un doublement de l’effort pour ce dernier a été inclus dans le Pacte de Glasgow pour le climat, portant le financement de l’adaptation d’environ 20 milliards de dollars à 40 milliards de dollars, de nombreux défis subsistent. Certains pays développés ne tiennent notamment pas leurs engagements financiers.

La présidente du Fonds bleu pour le Bassin du Congo a ainsi quitté la COP 27 pour dénoncer ce soutien financier manquant. En 2021, le président américain Joe Biden avait promis 50 millions de dollars au Fonds d’adaptation mais cette contribution ne s’est jamais concrétisée. Cette année, Joe Biden a augmenté l’engagement des États-Unis, promettant cette fois-ci 100 millions de dollars. L’exemple du Bassin du Congo est toutefois emblématique de l’écart entre les promesses institutionnelles et la réalité du terrain.

Aujourd’hui, les 82 milliards de dollars de finance climat officiellement mobilisés pour le Sud sont constitués à 60% de prêts privés. Bien que confronté aux effets les plus graves de la crise climatique actuelle, le continent africain ne reçoit que 5% de ces fonds.

Il ne s’agit donc là « ni d’une forme d’obligation ni de solidarité » a déclaré Hakima el Haite puisque les transferts promis ne sont pas contraignants et que les prêts ont un prix. Le consensus politique dans les Etats du Sud est de déplorer les fonds manquant, ce qui est d’autant plus alarmant si l’on considère les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) selon lesquelles il ne resterait que 8 ans avant que la situation ne devienne critique.

Partant de ce constat, le panel a discuté des moyens concrets d’adapter les outils financiers afin de rendre la finance climat plus efficace et plus équilibrée. Les difficultés d’accréditation aux Fonds vert pour le climat (GCF) et Fonds d’adaptation (FA) ont notamment été évoquées, la mobilisation des fonds nécessaires ayant été comparée à un « parcours du combattant ».

Bien qu’elle soit faisable, la mobilisation de sommes dans les dizaines de millions de dollars est ralentie par de longues procédures administratives. Le défi est encore plus grand pour les projets de grande envergure dont les besoins financiers se chiffrent en centaines de millions USD.

Le panel s’est donc penché sur deux questions majeures : développer des sources de financement innovantes et des canaux de décaissement efficients.

La piste des partages des rentes a notamment été évoquée. Celle-ci nécessiterait un futur cadre de réglementation au niveau de l’État pour les contrats privés établissant des accords de partage des bénéfices permettant aux fonds privés et publics d’être versés dans un fonds public commun dédié à des projets concrets. Cette procédure est par exemple déjà utilisée par les sociétés pétrolières. Bien qu’agissant uniquement comme mécanisme parallèle, les crédits carbone pourraient également inclure un reversement direct aux bénéficiaires sociaux.

Les discussions sur les financements alternatifs semblent avoir abandonné l’idée d’une taxation du Nord depuis la COP21 et la COP 22. La solidarité n’est donc pas un terme approprié pour décrire les processus financiers actuels. Avec 80% de la production pétrolière africaine exploitée par des sociétés étrangères, la promesse de financement climatique de 100 milliards de dollars devrait être définie comme une dette du Nord envers le Sud. Mais la finance climat actuelle à base de prêts a un effet inverse, créant une dette supplémentaire du Sud envers le Nord.

D’autres idées proposées se construisent autour d’un système de gouvernance renouvelé. Les problèmes de bancabilité, de transparence, et de compétence associés aux pays du Sud reflète le manque de confiance du Nord envers le Sud. Alors que les défis à la cogestion et au cofinancement se trouvent aussi en partie dans une mauvaise gestion des ressources et des richesses africaines, entravant ainsi la capacité du continent à s’auto-financer pour l’adaptation et l’atténuation, de nouveaux mécanismes doivent être développés pour transformer cette défiance Nord-Sud en confiance mutuelle.

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La mise en place d’incubateurs développant des projets structurants à grande échelle pourrait être un moyen d’y parvenir. Travailler sur la cogestion et la co-gouvernance est donc une perspective encourageante, car celle-ci est déjà bien établie dans d’autres cadres, par exemple les business angels ou les fonds d’investissement.

Un autre point clé abordé lors de ce panel implique l’idée d’inverser les conditionnalités afin que l’Afrique puisse elle-même imposer des conditionnalités. Celles-ci pourraient par exemple inclure l’obligation pour les bailleurs d’être présents sur le terrain et ainsi favoriser l’émergence de bureaux d’études locaux et de sociétés de développement locales. L’un des enjeux principaux est donc que les Etats et les bailleurs internationaux soutiennent l’émergence de sociétés multinationales africaines et sous-régionales.

Les problèmes de ressources humaines et de capacités administratives dans le Sud doivent également être reliés à la complexité des procédures internationales. Des signes encourageants existent néanmoins, comme par exemples le programme de micro financements du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et ses procédures administratives assouplies.

Enfin, les questions de financement innovant « bottom-up » ont constitué un autre point de discussion du panel. Pour s’assurer que les actifs complexes soient garantis par des actifs plus simples, un fonds panafricain de sécurité et dérisquage serait nécessaire.

La question des garanties foncières doit également être étudiée, afin de développer un système qui viserait, par exemple, à ce que les projets soient financés à 95% par des subventions et à 5% d’apports locaux ou garantis par des banques privées. Il reste toutefois à savoir si ces dernières seraient acceptées par les agences bilatérales.

Néanmoins, les banques commerciales sont prêtes à aller de l’avant sur de tels projets au vu de l’urgence à agir, comme le montre l’exemple du Niger. Chaque année, le Niger perd 100 000 ha à cause de la désertification, rendant le besoin de financement d’autant plus pressant.

Une première semaine riche en évènements pour notre board member Hakima El Haite à la COP 27 de Charm el Cheikh

La première semaine de la COP 27 à Charm el Cheikh a rassemblé des acteurs du monde entier dans la ville côtière égyptienne pour échanger sur les urgences liées à la crise climatique. L’une de ces expertes participant aux discussions et à la recherche de solutions concrètes pour lutter contre le changement climatique à Charm el Cheikh est Hakima El Haite, présidente de l’Internationale libérale et board member de The Bridge Tank.

Par sa présence en première ligne à la COP 27, Hakima El Haite a non seulement souligné le danger de mettre l’action climatique au second plan en cette période d’incertitude géopolitique et économique, mais également a pris une position ferme en faveur de la justice climatique.

Lors d’un événement organisé par le New York Times « On the Verge of Progress: Where Will COP 27 Take Us? » avec Nicola Sturgeon, Première ministre d’Écosse, et Laurence Tubiana, ambassadrice française chargée des négociations sur le changement climatique pour la COP 21 et fondatrice de l’IDDRI, Hakima El Haite a souligné l’urgence d’agir pour le climat et d’atteindre l’objectif zéro émission nette. Elle s’est notamment exprimée sur l’augmentation des subventions mondiales pour les combustibles fossiles et le rebond des émissions de CO2 dans le monde. La nécessité d’un financement accru pour atteindre l’engagement de 100 milliards de dollars des nations les plus riches, l’objectif de 40 milliards de dollars consacrés au financement de l’adaptation, et l’importance de verdir le secteur financier ont également été abordés lors de cet événement.

La transition vers des sources d’énergie plus propres et le potentiel offert par l’hydrogène vert étaient également à l’ordre du jour de cette première semaine de la COP 27. Hakima El Haite a ainsi participé à l’événement de lancement de l’étude « Africa Extraordinary Green Hydrogen Potential » avec la Banque Européenne d’Investissement (BEI), l’International Solar Alliance, Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique et le Gouvernement de la République de Mauritanie. Le rapport « combine une analyse des opportunités d’investissement avec une feuille de route de solutions techniques, économiques, environnementales et financières pour débloquer le développement commercial » de l’hydrogène vert en Afrique, selon le vice-président de la BEI, Ambroise Fayolle.

L’engagement de notre board member en faveur de la justice climatique s’est une fois encore manifesté, mettant l’accent sur la nécessité de s’attaquer à la crise environnementale dans les pays et les régions qui ont été touchés de manière disproportionnée par le changement climatique ou qui sont le moins préparer à affronter ses effets.

Les efforts continus de Dr. El Haite en soutien au continent africain ont également été au cœur de ses interventions. Le continent, qui abrite 17 % de la population mondiale et qui est responsable de moins de 4 % des émissions mondiales de CO2, est confronté aux effets les plus sévères de la crise climatique.

À travers sa participation à la publication du «Rapport sur les menaces écologiques 2022» de l’Institut pour l’économie et la paix, Hakima El Haite a appelé la communauté internationale à fournir des efforts concertés pour faire face efficacement à la crise climatique, à une plus grande solidarité et à des actions concrètes de la part des pays développés pour soutenir les pays en voie de développement. Elle a notamment insisté sur l’urgence d’investir massivement dans l’adaptation et l’atténuation en Afrique. Selon le «Rapport sur les menaces écologiques 2022», les deux tiers des pays définis comme des « hotspots » confrontés à une menace écologique catastrophique et à l’insécurité alimentaire se trouvent en Afrique subsaharienne.

Enfin, Hakima El Haite a profité de sa présence à la COP 27 pour défendre un autre aspect clé de la justice climatique, à savoir le rôle et la voix des femmes dans la lutte contre le changement climatique. La crise climatique affectant davantage les femmes que les hommes, travailler pour inclure et promouvoir la place des femmes a été une cause importante des efforts d’Hakima El Haite à Charm el Cheikh.

Hydrodiplomatie : les fleuves internationaux comme catalyseurs de paix – expériences et solutions des organismes de bassins fluviaux

L’eau a longtemps été une ressource tenue pour acquise. Son flux et sa présence paraissant sans fin, les États voisins se partageant l’accès à des ressources hydriques telles que des bassins fluviaux ont souvent choisi d’aborder l’eau de manière utilitaire et concurrentielle.

Mais alors que la dégradation des écosystèmes et les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir sur cette ressource que l’on croyait immuable, la prise de conscience que l’eau requière une gestion durable s’est lentement imposée.

La Convention des Nations Unies sur l’Eau (Transfrontalière et Internationale) adoptée à Helsinki en 1992 ne rassemble actuellement que 47 pays ; son acceptation par la communauté internationale doit être accélérée. Outre la Convention, et à l’ère des coalitions, l’établissement d’un schéma directeur pour la « paix des bassins fluviaux partagés » s’impose comme une nécessité, à travers la promotion d’une gestion durable, d’outils et d’institutions pour les fleuves partagés, ou, en d’autres termes, d’une pratique de l’hydrodiplomatie renouvelée et élargie.

Concernant la gestion des bassins fluviaux internationaux, la rivalité pour l’accès à la ressource est à la base du droit international. Cependant, la durabilité même de la ressource implique une coopération entre les acteurs, qui est elle-même paradoxalement souvent mise en œuvre au niveau national par des pays en conflit les uns avec les autres.

La gestion de l’eau, et plus particulièrement des fleuves internationaux, ne doit plus se limiter à la seule dimension de la quantité d’eau nécessaire à chaque pays, mais doit être abordée de manière plus holistique en prenant en compte l’ensemble du bassin versant en termes de territoire, d’acteurs et des activités de l’amont vers l’aval – ce que certains organismes de bassin font déjà très bien, un fait rarement mis en avant.

L’Organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS – Organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal), organisation internationale qui œuvre depuis des décennies pour la paix des bassins versants à travers la Guinée, le Mali, la Mauritanie, et le Sénégal, offre une illustration de l’hydrodiplomatie mise en pratique.

Lisez notre Policy Brief complet ici (en anglais).

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