Catégorie : Gouvernance Mondiale

Sommet entre l’Union Européenne et les États-Unis : vers un nouveau partenariat transatlantique ?

« America is back » et la hache de guerre des années Trump semble enterrée, comme en témoigne la tenue du sommet UE-États-Unis à Bruxelles le 15 juin 2021 : première rencontre de ce type depuis 2017, elle a marqué le lancement d’un partenariat renouvelé et d’un programme commun pour la coopération entre l’UE et les Etats-Unis, selon une approche sectorielle. Cette rencontre a notamment permis trois avancées commerciales majeures pour relancer et approfondir les échanges transatlantiques dans un contexte de bras de fer sino-américain. 

 Un accord de coopération pour les aéronefs civils clôture un conflit vieux de 17 ans

Les dirigeants Joe Biden, Charles Michel, président du Conseil Européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne, se sont engagés à créer un cadre coopératif pour les aéronefs civils de grande taille, franchissant ainsi une étape décisive pour mettre fin au différend relatif à ce secteur. Après 17 ans de conflit entre Bruxelles et Washington devant l’OMC, cet accord amorce une nouvelle relation transatlantique dans l’aéronautique. À l’origine du contentieux : les subventions illégales accordées aux avionneurs Airbus et Boeing. Sous l’administration Trump, les tensions se sont exacerbées et l’OMC avait autorisé l’imposition de taxes à hauteur 7,5 milliards de dollars de biens et services européens importés, notamment 25% pour les vins et 15% pour les avions Airbus. 

À l’issue du sommet, les dirigeants ont annoncé la suspension des droits de douanes punitifs infligés mutuellement, dans le cadre d’une trêve de cinq ans. La résolution de ce conflit qui empoisonnait les relations bilatérales est un signal fort en faveur d’un rapprochement sous l’administration Biden, apte à créer des conditions de concurrence équitables et à relever les nouveaux défis industriels. 

Cette recherche d’apaisement reflète une tentative de rallier l’UE dans le bras de fer des États-Unis avec la Chine en renforçant la position américano-européenne. D’autant que cet ancien duopole des avionneurs devient aujourd’hui un oligopole avec l’entrée du nouvel acteur chinois Comac. Cette mesure de bon sens a donc aussi le potentiel de contrer la percée chinoise dans ce secteur et de contester les pratiques de concurrence jugées déloyales de la Chine. L’idée est aussi de mettre en place un modèle de coopération efficace pour relever conjointement d’autres défis posés par le modèle économique de la Chine. S’il n’est pas certain qu’un compromis sera trouvé à l’issue de cette trêve, il existe une vraie volonté américaine de parvenir à un accord. En effet, lorsque le litige a débuté en 2004, Airbus s’imposait sur le marché international au détriment de Boeing, alors qu’aujourd’hui, la menace vient de la Chine et l’heure est à l’unité de part et d’autre de l’Atlantique. 

Des discussions engagées pour le règlement des différends sur les mesures relatives à l’acier et à l’aluminium

Les dirigeants ont convenu d’engager les discussions pour résoudre le conflit commercial sur l’acier et l’aluminium et de lever tous les droits de douane additionnels et punitifs avant la fin de l’année. Ursula von der Leyen a annoncé un groupe de travail sur ce dossier qui entache les relations transatlantiques depuis que Donald Trump a annoncé, en 2018, l’imposition de taxes de 25% sur les importations européennes d’acier et de 10% sur celles d’aluminum, provoquant en retour des contre-mesures européennes. 

La levée de ces taxes dans l’esprit d’apaisement qui prévaut aujourd’hui constituerait un geste politique très attendu par l’UE, qui espère des actes forts au-delà des intentions. Toutefois, ce geste diplomatique ne devrait pas changer la face des échanges européens, ni chambouler le marché européen de l’acier et de l’aluminium, car les prix ont augmenté de manière inédite ces six derniers mois, noyant ainsi l’impact des taxes américaines.

Du reste, le règlement effectif du conflit risque d’être épineux car l’UE n’a pas une logique tarifaire et commerciale mais une logique de taxe aux frontières différentes des États-Unis. Le partenariat ne va pas de soi et laisse la porte ouverte à un rapprochement possible avec la Chine, que ce soit côté américain ou européen. 

La mise en place d’un Conseil du commerce et des technologies UE-États-Unis 

Il ne s’agit plus pour l’Union européenne et les Etats-Unis d’entrer dans une logique de libre-échange, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement négocié depuis 2013 n’étant plus d’actualité. Toutefois, un Conseil de commerce et de technologie va être créé pour proposer une plateforme de coopération en matière de commerce, d’investissement, de technologie, de questions numériques et de chaînes d’approvisionnement. Il incarne une volonté de coopérer pour élaborer des normes compatibles et internationales et de promouvoir l’innovation tout en évitant de nouvelles barrières commerciales ou obstacles techniques injustifiés. Il permettra aux partenaires de s’aligner sur les questions technologiques mondiales, comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les technologies propres… Les deux parties se sont d’ores et déjà engagées en priorité à établir un partenariat sur le rééquilibrage des chaînes d’approvisionnement pour les semi-conducteurs. 

Cette troisième annonce est à la fois la plus imprécise et la plus structurante pour l’avenir des relations bilatérales UE-États-Unis. À l’heure où une guerre technologique semble engagée avec la Chine, la question de la coordination technologique est centrale. Après une première mondialisation, américaine et commerciale, mise à mal par les années Trump, on comprend que Biden a aujourd’hui le projet d’en tricoter une nouvelle, qui prend la forme d’une libéralisation technologique et d’une ouverture vers ses partenaires stratégiques. 

La diaspora africaine rappelée par le continent ?

La croissance soutenue des deux dernières décennies et les deux crises mondiales de 2008 (Subprimes) et 2020 (Covid-19) ont révélé des enjeux nouveaux à l’échelle mondiale, qui s’illustrent en Afrique par un défi de modernisation durable. Le rôle de la diaspora dans l’accès aux financements internationaux est une des clés des enjeux de l’Afrique. Le Maroc a publié ce mardi 25 mai 2021 son rapport intitulé « « le Nouveau Modèle de Développement, libérer les énergies et restaurer la Confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous ».  Narjis Hilale, membre de la CSMD, déclare que la fonction de “levier du changement” a été octroyée à la diaspora. Elle affirme que les Marocains du Monde occupent une place de choix et sont “un atout précieux dans le processus de développement du pays”.

Des flux financiers importants en provenance des Marocains du Monde

Dans son rapport, la Commission décrit le Maroc comme un pays caractérisé par une dynamique migratoire qui s’est écrite tout au long de son histoire, qui permet aujourd’hui au pays de disposer d’un effectif important de sa communauté résidente à l’étranger.

En effet le nombre des Marocains du Monde (MDM) s’élève à près de 5 millions de personnes selon les chiffres des organisations internationales et des sources nationales des pays d’accueil[1].  Près de 75% des MDM sont concentrés en Europe, notamment en France et en Espagne.  Leurs profils sont diversifiés, riches, assez jeunes (47 % du total) et féminisés (~50%). Le niveau de formation des MDM est nettement plus élevé que celui de leurs compatriotes résidant au Maroc (proportion des lauréats de l’enseignement supérieur par rapport à la population totale est de 16% au niveau des MDM contre 8 % au Maroc). En termes d’insertion socio-professionnelle dans les pays d’accueil, seule une proportion limitée des MDM de 7,5% de la population active, a réussi une ascension professionnelle. Le reste et pour la majorité restante active relève de groupes socioprofessionnels modestes et moyens (secteurs tertiaire et industriel).

Les Marocains du Monde contribuent à la modernisation de la société marocaine de par leurs transferts d’argent qui permettent entre autres de conforter les réserves de changes et participent à l’amélioration des conditions de vie des familles bénéficiaires. Ces derniers atteignent près de 7% du PIB (ces transferts se sont établis à 64 milliards de dirhams, en 2019 contre 18 milliards de dirhams pour la période 1990-2000 [2]), dépassant ainsi l’aide publique au développement reçue par le Maroc et les recettes d’investissements directs étrangers qui lui sont attribuées. Aujourd’hui ils constituent une ressource financière non négligeable pour l’économie marocaine, représentant près de 40% des recettes d’exportations, ce qui permet de couvrir 50% du déficit commercial. Ces fonds jouent un rôle social important puisqu’ils permettent de soutenir des ménages pauvres tant en milieu urbain que rural. Cependant, ces flux financiers ne se convertissent quasi pas en projets d’investissements créateurs d’emplois et de valeur ajoutée. En effet, 71% des fonds transférés s’utilisent dans les dépenses courantes des ménages. A contrario la part des transferts destinés aux projets d’investissement demeure très faible avec une part s’élevant seulement à 8% du total. Le reste représente des dépôts monétaires auprès du secteur bancaire. De plus, leurs investissements sont très concentrés à destination de secteurs peu innovants : en cumulé, presque 60% des investissements MDM se font dans l’immobilier ou la construction. Les MDM investissent donc notamment dans des projets de construction de patrimoine immobiliers mais à leurs usages (résidence pour les vacances ou retraites) ou à usage de leurs familles.

La spécificité des MDM, en tant que connecteurs du Maroc au reste du monde, constitue une grande opportunité. Par leur rôle de « pont » entre le marché national et les marchés internationaux, les MDM pourront aider à lever des capitaux, développer de nouveaux partenariats ou accéder à des compétences ou expertises absentes au Maroc, ou encore promouvoir des produits et services marocains.

[1] Banque Mondiale: Sharpest decline of remittances in recent history (2020)

[2] Banque Mondiale

Figure 1: Indicateur de résultat du Nouveau Modèle de développement

Le tableau ci-dessus a été publié dans le rapport de la Commission, il a pour vocation de donner une consistance claire à ses objectifs de développement de manière chiffrée et quantifiable. La Commission propose une sélection d’indicateurs qui visent à mesurer l’impact final en termes de développement. Ils démontrent l’impératif de résultats pour les acteurs en charge de la mise en œuvre, mais en conservant une certaine flexibilité sur les solutions et mesures appropriées pour leur atteinte. La publication de ces indicateurs n’est pas anodine, elle vise à installer un climat de confiance et de transparence de l’action publique et une culture de la performance et du résultat. 

Les valeurs des indicateurs ci-dessus visent un objectif pour 2035, elles peuvent être amenées à évoluer en fonction des recherches en cours au Maroc et à l’international. L’objectif du Maroc est de pouvoir se situer dans la 1ère moitié, voire le tiers supérieur, des classements mondiaux qui font référence aux secteurs prioritaires du Nouveau Modèle de Développement.

La diaspora, un élément clé pour le financement de l’économie africaine

Dans notre analyse publiée le 18 mai 2021 nous reconnaissons le rôle important de la diaspora, au centre du rapport de la CSMD. En effet, le constat précédemment est clair : les établissements de crédits manquent de ressources, et l’économie locale n’est pas en mesure de gonfler significativement ces ressources dans l’immédiat. Pour Joël Ruet et Clarisse Hida, dans l’Issue Brief publié le 17 mai 2021 sur le financement de l’économie africaine « accompagner la modernisation des économies », le groupe est à mi-chemin entre les marchés internationaux méfiants et l’économie locale sous-bancarisée et informelle : la diaspora. En effet, une part des solutions se trouve dans ce groupe établi à l’étranger, ayant une connaissance des pays africains tant au niveau social que culturel. Leurs freins d’investissement sont moindres mais nécessitent un accompagnement. En effet, les flux financiers issus de la diaspora sont plus élevés que l’aide au développement dirigée vers l’Afrique, et son épargne disponible l’est encore plus. Dans l’objectif d’accroître les capacités de financement des banques commerciales, faire transiter les flux financiers de la diaspora par le système bancaire local semble intéressant : leur perception du risque est moins négative que les investisseurs internationaux classiques, et les banques sont des intermédiaires privilégiés pour établir un lien entre la diaspora et l’économie locale car elles sont plus accessibles que les marchés. Pour cela, les banques africaines doivent pouvoir mettre en place en Europe et ailleurs des réseaux efficaces de collecte de l’épargne, pour l’instant en majorité réduits à des bureaux de représentation. Faciliter le développement de ces réseaux constituerait une incitation pour la diaspora à investir son épargne dans les économies africaines.

Aujourd’hui plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque de confiance de la diaspora envers l’investissement de projets créateurs d’emplois et de valeurs ajoutée. Premièrement, le déficit d’infrastructures des pays africains, qui résulte d’une part de l’insuffisance des ressources publiques (majoritaires dans le financement des infrastructures), et aussi d’un déficit historique d’investissements privés en raison du climat des affaires jugé défavorable. En effet, le manque de régulation, la qualité de la gouvernance et l’importance de la corruption ont constitué pendant longtemps des freins à l’investissement privé.

Le Maroc a su comprendre ses freins et le prouve par la publication de son rapport, qui met l’humain au cœur de la stratégie de développement et vise à améliorer aussi bien la confiance des citoyens et de la diaspora. Le rapport insiste sur un cadre macroéconomique à la fois stable et propice à la croissance, qui est nécessaire pour porter une dynamique soutenue de création de valeur et d’emplois et de résorption des inégalités sociales et spatiales. Les politiques structurelles, qui le soutiennent, visent à maintenir la confiance des investisseurs et bailleurs nationaux et internationaux. Ainsi, pour donner une consistance claire à ces objectifs, la Commission a publié des indicateurs qui ont pour vocation de cristalliser les objectifs premiers du nouveau modèle de manière explicite. La publication de ces derniers vise à installer une certaine transparence de l’action publique (cf : annexe).

Pour finir et compléter cette note, un point post COVID a également été abordé dans le nouveau rapport de développement de la Commission et suit le raisonnement de nos recommandations articulées en trois points :

–          Le maintien de l’aide publique au développement dans un contexte de COVID-19 qui, en soi, ne constitue pas un risque spécifique à l’Afrique.

–          La relance des investissements publics et privés étrangers en Afrique, en améliorant la perception des opportunités africaines, dont la notation plus juste des actifs financiers privés comme souverains.

–          Et enfin, l’appui à l’accès aux marchés de capitaux par les banques commerciales puisqu’il est clair que de nombreux régimes bancaires sont sains et ne doivent être ni sous-exploités ni même sous-estimés.

La communauté internationale détient un rôle d’intégrateur ou d’intermédiaire qui dépasse le cadre de l’aide au développement. Cette triple approche permettrait d’aborder de nouveaux types de financeurs, qui sauraient mieux saisir les spécificités et les stratégies des Etats, notamment, mais pas seulement, vis-à-vis de la dette et de son refinancement.

Relations UE-Chine, tendances contradictoires? La preuve par l’industrie

Le constat paradoxal d’un désaccord profond et d’une coopération nécessaire

Les relations entre l’UE et la Chine sont aujourd’hui conditionnées par un double constat : constat d’un désaccord profond sur les valeurs politiques, en matière de droits de l’homme et de démocratie, mais aussi constat de la nécessité pour les deux puissances de coopérer sur des enjeux majeurs, comme le climat, les matières stratégiques ou les industries d’avenir.

C’est d’ailleurs sur le fond l’essence également de la doctrine Blinken, la différence sur la forme étant sans doute plus frontale sur le choc diplomatique qaunt aux différences… allant jusqu’au différend.

Si l’UE est désormais le premier partenaire commercial et investisseur étranger en Chine, une méfiance profonde et durable marque les relations bilatérales et tend à les envenimer. Partenaires stratégiques et rivaux systémiques, l’UE et la Chine arrivent aujourd’hui à un tournant de leurs relations. Aussi, l’UE doit redéfinir sa politique chinoise, entre prise de position assumée, coopération pragmatique, et négociations inévitables, pour sortir du stop and go provoqué par ces tendances antagonistes.

Qu’elle prenne la forme d’une guerre technologique, commerciale ou d’une dipmomatie musclée des droits de l’homme, une tendance à la confrontation gagne du terrain dans les rapports diplomatiques entre les puissances chinoises et occidentales. La montée des tensions diplomatiques entre l’UE et la Chine, illustrée par les sanctions européennes au sujet du travail forcé dans la province du Xinjiang et les contre-sanctions chinoises qui ont suivi, ont mis un coup d’arrêt à la coopération bilatérale, comme le démontre le vote du Parlement européen le 20 mai en faveur de la suspension des négociations pour la ratification de l’Accord global sur l’investissement annoncé en décembre 2020.

Pourtant, le même jour, un partenariat a été annoncé autour des matériaux de batterie entre les industriels allemand BASF et chinois Shanshan. Cette double actualité témoigne bien d’une incohérence de la ligne de conduite européenne à l’égard de la Chine. Au-delà de l’incompatibilité apparente des deux systèmes politiques illustrée par un ton de moins en moins diplomatique, une réelle complémentarité des intérêts entre les deux parties subsiste. En fait, l’UE et la Chine ne peuvent se passer d’entretenir avec l’autre, sinon une coopération, du moins un dialogue ouvert et pragmatique sur certains enjeux.

BASF et Shanshan s’associent en une joint-venture dans le secteur des matériaux pour batteries

Si le feu est rouge en termes de coopération politique avec la Chine, la collaboration industrielle sino-allemande reste pour sa part au beau fixe. Les deux leaders se sont lancés dans une co-entreprise au service du marché chinois, le plus grand dans le secteur des matériaux de batterie. Pour BASF, fournisseur mondial de premier plan de Fabrication Assistée par Ordinateur (FAO) à l’industrie automobile, c’est l’occasion d’accéder au marché chinois de la FAO, élargissant son empreinte mondiale avec une chaîne d’approvisionnement de matériaux actifs cathodiques intégrée et unique. BASF deviendrait la première entreprise à disposer de capacités sur tous les principaux marchés d’ici 2022. De son côté, Shanshan, l’un des principaux fournisseurs de matériaux pour batteries au lithium-ion desservant à la fois le marché de la mobilité électrique et de l’électronique grand public, bénéficierait du réseau mondial de clients automobiles de BASF pour renforcer sa compétitivité sur le marché chinois.

Grâce aux solides capacités de technologie et de développement à empreinte mondiale de l’un, et à la vaste expérience du marché chinois de l’autre, ces deux géants, en combinant leur expertise, comptent offrir une compétitivité incomparable en matière d’innovation, de proximité client et de coût et devenir un des principaux fournisseurs mondiaux de FAO. L’objectif est de générer d’importantes synergies technologiques et d’accélérer la transformation de l’électrification de l’industrie du transport.

L’enjeu de ce partenariat est central quand on sait que la Chine a la mainmise sur les chaînes de valeur des matériaux stratégiques nécessaires à la fabrication des batteries dont elle domine le marché et détient environ 90% de la production mondiale. En outre, la Chine est un acteur incontournable dans les chaines d’approvisionnement dans les domaines clés de la transition énergétique (panneaux solaires, turbines d’éoliennes, hydrogène). 

Quelle méthode pour une position européenne cohérente ?

Entre dissensions politiques profondes et coopération innovante sur des enjeux d’avenir, la relation sino-européenne est soumise à des tendances contradictoires qui semblent irréconciliables et empêchent l’UE de maintenir une ligne de conduite univoque.

En tout cas, le divorce sino-européen n’est pas consommé. Au-delà des sirènes des rivalités politiques, des points de convergence permettent encore aujourd’hui de parler de visions d’avenir en commun. Dans la perspective de la COP26, il est nécessaire d’établir des axes stratégiques incontournables vers lesquels orienter la coopération sino-européenne. Le sujet des matières premières, agricoles et minérales, est par exemple un point d’appui central de cette coopération, tout comme le climat ou la transition énergétique et industrielle.

L’UE ne pourra imposer ses vues qu’à condition de faire preuve d’un discours unanime et cohérent. Il convient donc qu’elle s’accorde d’abord en interne sur sa ligne de conduite, puis en externe en se positionnant selon une méthode souple apte à sortir du stop and go permanent dans les relations internationales. Ainsi, elle pourra tenir un dialogue précis mais ferme dans la négociation, redéfinir des partenariats exigeants et durables, respectueux du droit, et fondés sur une réelle réciprocité. En un mot, assumer un rôle de « puissance d’équilibre ». 


Notre décryptage du Nouveau Modèle de Développement

Contexte:

L’Ambassadeur et ancien Ministre de l’Intérieur Chakib Benmoussa, Président de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) a remis ce mardi 25 mai 2021 son rapport général lors d’une cérémonie présidée par le Roi Mohammed VI.

La vision décrite dans ce rapport est qu’à l’horizon 2035, le Maroc soit reconnu comme un pays démocratique : « En 2035, le Maroc est un pays démocratique, où toutes et tous sont en pleine capacité de prendre en main leur devenir et de libérer leur potentiel, de vivre en dignité au sein d’une société ouverte, diverse, juste et équitable. C’est un pays créateur de valeur, qui fructifie ses potentialités de manière durable, partagée et responsable. Capitalisant sur ses progrès significatifs à l’échelle nationale, le Maroc s’érige en puissance régionale exemplaire, à l’avant-garde des grands défis qui interpellent le monde. »

Aussi, le rapport de la CSMD donnera lieu à un pacte national pour le développement – proposition inédite au Maroc. L’objectif est d’ancrer le Nouveau Modèle de Développement comme référentiel commun des acteurs et engager les différentes parties. Autrement dit, le pacte serait l’outil d’un renouvellement des rapports de l’Etat avec les acteurs du développement (partis politiques, institutions constitutionnelles, secteur privé et partenaires sociaux, territoires et tiers secteur) ; renouvellement dont les maîtres mots sont : responsabilisation, subsidiarité, partenariat, durabilité et inclusion.

Axes de développement

Le rapport général de la CSMD, « le Nouveau Modèle de Développement, libérer les énergies et restaurer la Confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous », s’articule autour de trois parties :

  • Le Maroc d’aujourd’hui et le monde à venir
  • Le Nouveau Modèle proposé par la Commission
  • La proposition des leviers de changements pour y parvenir

Il est accompagné de 3 annexes qui complètent la compréhension du nouveau modèle de développement et de son élaboration :

  • Une synthèse des écoutes et des contributions qui ont alimenté la démarche de co-construction de la CSMD. Le document décrit l’approche participative adoptée pour l’élaboration du nouveau modèle de développement. Il retranscrit la richesse des échanges avec les citoyens et les institutions ;
  • Un recueil des notes thématiques, projets et paris d’avenir appartenant au nouveau modèle de développement, accompagné de ses axes stratégiques de transformation et de ses leviers de changement ;
  • Une liste des contributions, auditions, activités et bibliographies qui ont contribué aux travaux de la CSMD.
  1. Benmoussa a évoqué lors d’une conférence de presse tenue à Rabat le mercredi 26 mai l’ambition du nouveau modèle de développement, de placer « l’humain au centre de tout choix». Il a aussi ajouté que ce rapport permettrait de se « positionne(r) sur des domaines d’avenir tout en préservant ses ressources naturelles et les valorisant« , en n’oubliant pas de mentionner que le nouveau modèle de développement est un appel général à la mobilisation, appelant à une nouvelle forme d’organisation et un mode de gouvernance rénové. Ce rapport prévoit une mise en œuvre des actions et des objectifs de développement à l’horizon 2035.

Une “place de choix”, un “atout précieux dans le processus de développement du pays”, tels sont les termes utilisés pour décrire les « Marocains du Monde » ou Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui font l’objet d’une section spéciale dans le rapport CSMD. En effet, ils figurent comme l’un des cinq leviers du changement nécessaires pour l’amorçage du nouveau modèle de développement. De ce fait, il faut relever simultanément les cinq objectifs de développement interdépendants et complémentaires que sont :

  • la prospérité,
  • l’automatisation (empowerment),
  • l’inclusion,
  • la durabilité,
  • et le leadership régional dans des domaines ciblés.
Figure 1: Ambition pour le Maroc à l'horizon 2035

Le tableau ci-dessous a été publié dans le rapport de la Commission, il a pour vocation de donner une consistance claire à ses objectifs de développement de manière chiffrée et quantifiable. La Commission propose une sélection d’indicateurs qui visent à mesurer l’impact final en termes de développement. Ils démontrent l’impératif de résultats pour les acteurs en charge de la mise en œuvre, mais en conservant une certaine flexibilité sur les solutions et mesures appropriées pour leur atteinte. La publication de ces indicateurs n’est pas anodine, elle vise à installer un climat de confiance et de transparence de l’action publique et une culture de la performance et du résultat.  

Les valeurs des indicateurs ci-dessus visent un objectif pour 2035, elles peuvent être amenées à évoluer en fonction des recherches en cours au Maroc et à l’international. L’objectif du Maroc est de pouvoir se situer dans la 1ère moitié, voire le tiers supérieur, des classements mondiaux qui font référence aux secteurs prioritaires du Nouveau Modèle de Développement.

Figure 2: Indicateur de résultat du Nouveau Modèle de développement

Narjis Hilale, membre de la CSMD, met l’accent sur tous les aspects constituant le rapport que ce soit celui de la gouvernance, de la culture, des mentalités, des compétences et de l’économie. Narjis Hilale insiste que le fil conducteur du rapport est de comprendre les “Marocains du Monde” dans leurs diversité et pluralité. Cet élément est crucial et assure le succès des politiques à venir qui leur sont dédiées. Autrement dit, un des éléments clés est le développement d’un soft power marocain. Afin d’atteindre les Marocains du monde, l’utilisation des nouvelles technologies digitales est nécessaire. Il vise la création d’une stratégie de communication ciblée et adaptée.

Financement du nouveau modèle de développement

Concernant la question du financement, M. Benmoussa a précisé que ces projets nécessiteront des financements publics additionnels de 4% du PIB annuellement en phase d’amorçage (2022-2025) et de 10% du PIB en rythme de croisière à l’horizon 2030. Ici ne sont comptabilisés que certains objectifs de développement, ceux associés aux chantiers du capital humain et de l’inclusion (éducation ; enseignement supérieur ; santé ; protection sociale ; jeunesse), qui requièrent des dépenses publiques récurrentes importantes. D’autres part, les projets au centre du nouveau modèle de développement comme les cinq axes retenus, les réformes structurelles qui les accompagnent (eau, énergie, transport et logistique, numérique…), la transformation productive de l’économie, et le développement d’écosystèmes territoriaux (projets régionaux, fonds d’appui, pôles de recherche et formation, etc.), devront être propulsés à partir de 2022 afin de favoriser la création de valeur et d’emplois.

La stratégie de financement du NMD est focalisée sur sa phase d’amorçage, poussée par l’Etat et ayant pour objectif une reprise par le secteur privé « Il faut augmenter les ressources de l’Etat à travers le recours à la fiscalité, sans augmenter les impôts, et la diversification du financement par le biais du secteur privé. Nous avons besoin d’un secteur privé fort« , affirme Chakib Benmoussa. L’hypothèse de cette stratégie soutient qu’un amorçage réussi provoquera une dynamique positive permettant au NMD de s’autofinancer partiellement tout en contribuant à l’accroissement de ressources.

Cette stratégie s’articule en cinq leviers faisant appel au financement public et privé, afin d’amorcer les grands chantiers du NMD de manière simultanée :

  • Une politique budgétaire actant les réallocations nécessaires au financement des chantiers transformateurs
  • Une politique budgétaire agile, qui s’inscrit dans la dynamique de moyen-long terme
  • Une politique fiscale plus efficace, à même de permettre la mobilisation de ressources supplémentaires, dont le potentiel est estimé entre 2 et 3% du PIB.
  • Une amorce rapide de la transformation structurelle de l’économie, à même de générer des ressources à moyen-terme permettant la soutenabilité du modèle. Celle-ci faisant appel à un rôle accru des EEP (Établissements et Entreprises Publics) et du secteur privé national et international.
  • Des conditions propices pour l’accroissement de l’investissement privé national et international, à travers un cadre d’investissement attractif. Aussi, la diversification des mécanismes et des systèmes de financement au service de la transformation économique.

Le Président de la Commission soutient que les chantiers principaux, de par leur portée transformationnelle, favoriseraient la transition vers un nouveau palier de croissance annuelle du PIB pouvant atteindre 6% en moyenne à partir de 2025 et 7% à partir de 2030. Il s’agit aussi de la résorption des inégalités hommes-femmes, principalement en matière d’accès à l’emploi, générerait un supplément annuel de croissance du PIB entre 0,2% et 1,95%.

Figure 3: Stratégie de financement du NMD

A l’horizon 2030, le rapport préconise une part du numérique dans le PIB s’élevant à 5%, les IDE (investissements directs étrangers) investis dans le numérique atteindront 10% du total des IDE. Quant aux compétences formées au numérique, toutes compétences confondues seront de 50 000 par an. Dans ce rapport, le numérique constitue un moyen efficace pour augmenter la confiance entre le citoyen, les entreprises et l’Etat, permettant ainsi une relation fluide, transparente et simplifiée. Pour cela, les objectifs sont de développer une infrastructure de qualité sur l’ensemble du territoire, de faciliter un accès rapide aux informations et d’offrir de nouveaux canaux de services et participation. Le numérique est aussi perçu comme un outil d’inclusion économique, sociale et territoriale. Le paiement mobile est aussi reconnu comme une opportunité d’inclusion économique et sociale des populations vulnérables.

Télécharger la version PDF ici: The Bridge Tank_analyse_Maroc_Juin2021

Financement de l’économie africaine : Accompagner la Modernisation des Economies

Par Clarisse Hida et Joël Ruet

A l’heure où va se tenir le 18 mai 2021 à Paris le Sommet sur le financement de l’économie africaine, à l’invitation d’Emmanuel Macron et avec les chefs d’Etat et de gouvernement africains, la réflexion doit aller bien au-delà du refinancement de la dette souveraine, pour intégrer les dynamiques d’un système financier africain en plein transformation, secteur bancaire compris, tant au niveau du secteur privé que des banques commerciales.

L’Afrique s’est montrée résiliente depuis la crise économique de 2008 avec une dette contrôlée jusqu’au covid, et, pour de nombreux pays, contractée en lien à une transformation, un essor de l’assiette fiscale, et des marges restantes à ce niveau en terme de soutenabilité. Mais surtout le continent, et notamment le sous-continent de l’Afrique sub-saharienne, a démontré un essor réel de ses économies servi par la croissance de banques panafricaines à aujourd’hui mieux accompagner internationalement.

Mais aujourd’hui l’Afrique reste sous-bancarisée, et un traitement « classique » des économies africaines par les outils du système bancaire éventuellement appuyés par un outil public multilatéral pour l’évaluation correcte des risques, incluant les enjeux de ‘notation’, semble prometteur.

POINTS CLÉS
Il convient d’aborder la question du financement et de la croissance africaine par :
–       Le maintien de l’aide publique au développement dans un contexte de COVID-19 qui, en soi, ne constitue pas un risque spécifique à l’Afrique.
–       La relance des investissements publics et privés étrangers en Afrique, en améliorant la perception des opportunités africaines, dont la notation plus juste des actifs financiers privés comme souverains.
–       Et enfin, l’appui à l’accès aux marchés de capitaux par les banques commerciales puisqu’il est clair que de nombreux régimes bancaires sont sains et ne doivent être ni sous-exploités ni même, sous-estimés.

Dans chacune des pistes proposées, la communauté internationale doit jouer un rôle d’intégrateur ou d’intermédiaire qui dépasse le cadre de l’aide au développement. Cette triple approche permettrait d’aborder de nouveaux types de financeurs, qui sauraient mieux saisir les spécificités et les stratégies des Etats, notamment, mais pas seulement, vis-à-vis de la dette et de son refinancement.

Le Bridge Tank au Forum de BOAO 2021 : un partenariat ancré dans une vision commune

Le Bridge Tank au rendez-vous annuel du « Davos chinois »

Après une année de pandémie qui avait conduit en 2020 à son annulation, le Forum de BOAO a renouvelé du 18 au 21 avril 2021 sa  conférence annuelle dans un contexte fluctuant entre reprise des échanges internationaux et tentation de repli. Le « Davos chinois » joue à ce titre un rôle déterminant dans le calendrier international en prônant un dialogue multilatéral ouvert, à l’heure où le Covid19 a durablement bousculé l’équilibre international et engendré une série de nouveaux défis tout en exacerbant ceux qui lui pré-existaient.

Depuis 2018, le Président du Bridge Tank Joël RUET est intervenant au Forum de BOAO dont le Bridge Tank est un partenaire. Comme chaque année, il est intervenu lors d’un panel de haut niveau aux côtés de leaders internationaux de la sphère politique et du monde des affaires, comme Dmytro KULEBA, ministre des Affaires Étrangères ukrainien, Jens ESKELUND, vice-président de la Chambre de Commerce européenne en Chine, ou LIU Hualong, président de China Poly Group. Des personnalités comme la directrice générale de l’OMC, Ngozi OKONJO-IWEALA, ou le Ministre de l’Environnement sud-coréen s’exprimaient cette année à BOAO.

Notre Président y était l’un des trois intervenants français, incarnant le cercle des think tanks, tandis que Jean-Pierre RAFFARIN et Henry GISCARD D’ESTAING, y représentaient respectivement le monde politique et économique. Cette plate-forme de dialogue de haut niveau, très attendue dans un contexte de retour aux discussions internationales, aspire à construire un consensus mondial et à promouvoir un développement commun et durable. Cette rencontre a notamment été l’occasion d’évoquer les mesures prises par les pays partenaires des Nouvelles Routes de la Soie pour garantir le maintien des échanges face au ralentissement du commerce et de l’investissement à l’échelle mondiale. Le rôle de la ligne China-EU Express dans la stabilisation de la chaine d’approvisionnement a également été abordé, ainsi que celui joué par l’e-commerce pour renouveler et développer la coopération économique internationale. Dans le contexte d’une implémentation des Nouvelles Routes de la soie, mais aussi d’un Accord d’investissement entre l’UE et la Chine qui fait débat, l’avenir des relations sino-européennes a également occupé l’espace de discussion.

Pour Joël Ruet, président du Bridge Tank, « l’investissement d’aujourd’hui fonde le commerce de demain »  

Dans son intervention, Joël Ruet a souligné la nécessité d’optimiser le commerce eurasiatique, incarné par l’essor de la ligne ferroviaire Chine-EU, en insistant sur le rôle de l’investissement en amont. À ce titre, il appelle à un rééquilibrage des échanges, à la faveur d’exportations de technologies et équipements européens vers la Chine. Sur ce point, le Bridge Tank a longuement abordé le sujet des atouts compétitifs de l’UE à faire valoir dans ses échanges avec la Chine.

Il a également abordé la question énergétique : la Belt and Road Initiative (BRI) pourrait jouer un rôle important en connectant les deux champions en hydrogène que sont l’Asie et l’Europe. Le Bridge Tank a d’ailleurs développé plusieurs pistes de coopération en termes de recherche qu’il serait stratégique de développer entre les deux régions.

Joël RUET a ajouté que l’UE ne comptait pas aborder la question climatique comme un sujet parmi d’autres, mais bien comme une problématique qui conditionne et prévaut sur les intérêts de chacun, et a mis cette approche en regard de la ligne Blinken : traiter séparément rivalités technologiques et coordination pour le climat. Joël Ruet a indiqué qu’il reste à voir si cette séparation est audible par la partie chinoise.

Il a également porté une réflexion sur la place de l’Afrique dans le projet des Nouvelles Routes de la soie, suggérant que celle-ci veut et doit y trouver sa place. Selon lui, les investissements sur le continent africain, encore trop limités aux infrastructures, gagneraient à valoriser d’avantage le contact entre individus en misant sur le capital humain et la formation des compétences.

Le Ministre ukrainien des Affaires Étrangères en faveur d’une coopération européenne ambitieuse autour de l’hydrogène

Le ministère des Affaires étrangères ukrainien a soulevé les nombreux défis mis au jour par la pandémie. Il soutient que le commerce international jouera un rôle clef dans la reprise économique mondiale, à condition d’une coopération dynamisée. Pour cela, et à l’image de l’Ukraine qui se pose en hub logistique stratégique, les régions du monde doivent gagner en connectivité afin de favoriser des interactions multilatérales.

Il prône une coopération européenne renforcée sur le secteur des énergies alternatives telles que l’hydrogène. Il appelle ainsi à des efforts coordonnés en faveur de l’investissement dans les technologies de l’hydrogène, assurant que l’Ukraine compte y jouer son rôle de partenaire stratégique. Le Bridge Tank partage avec intérêt l’enthousiasme du Ministre pour une coopération innovante autour de l’hydrogène, comme en témoignent ces nombreux travaux sur le sujet.

Pour Jens Eskelund, directeur général de Maersk et vice-président à la Chambre de Commerce européenne en Chine, « le monde des affaires permet un dialogue international constructif au-delà du politique ».

Jens Eskelund a évoqué le pré-Accord d’investissement entre l’UE et la Chine dont la ratification a été suspendue à cause de différends politiques. Pour lui, il s’agit là du dangereux symptôme d’un phénomène de politisation du commerce mondial : le cercle politique rencontre le monde des affaires. Pourtant, cette situation est intenable sur le long terme : les deux parties doivent être conscientes de la nécessité de maintenir un dialogue ouvert. Pour lui, le commerce demeure le domaine où des liens constructifs et francs peuvent être maintenus indépendamment des divergences politiques. Le monde des affaires a donc un rôle à jouer pour maintenir le contact là où les relations diplomatiques font face à une impasse.  

Selon lui, et le Bridge Tank abonde dans son sens, une coopération internationale est en effet cruciale pour répondre à des enjeux d’avenir tels que le défi climatique : sur ce sujet, l’UE et la Chine ne peuvent se permettre de développer des technologies en parallèle sans converger.

LIU Hualong et l’importance d’œuvrer vers un état de confiance pour refonder les relations internationales

Dans un contexte de crispation des échanges diplomatiques, le PDG de Poly Group a invité à renouer avec un état de confiance, prérequis nécessaire à tout échanges commerciaux ou investissements internationaux. Selon lui, le partage de l’expérience et l’établissement de la confiance sont essentiels pour reconstruire un monde post-covid durable et stabiliser la chaine d’approvisionnement globale.

Joël Ruet rebondit sur cette intervention, renchérissant que des rapports constructifs doivent s’enraciner dans un état de compréhension mutuelle, alimenté par des réseaux internationaux et des projets culturels. En effet, pour qu’un rapprochement sur l’investissement puisse être acté par les entreprises, il est essentiel d’apprendre à se connaitre, à travers des initiatives multiculturelle.

The Bridge Tank au Forum de BOAO : pour aller plus loin

Si le Bridge Tank est un partenaire fidèle du Forum de BOAO depuis 2018, c’est parce qu’il œuvre dans ces travaux à proposer une vision du monde convergente avec celle partagée à BOAO, en faveur de l’ouverture et de la coopération. Les entretiens proposés ci-dessous, accordé par Joël Ruet à des médias chinois, permettent d’aller plus loin pour approfondir le sens de cette vision commune.

Au cours d’une interview de CGTN TV, Joël Ruet a notamment proposé des pistes de réflexion sur la coopération environnementale entre la Chine, l’Union Européenne et les États-Unis. Il a également évoqué la nécessité de renforcer la coordination entre le G20 et la BRI, et abordé la question de la gouvernance de ces nouvelles Routes de la soie auprès de ces journalistes.

Joël Ruet a été cité par CCTV13, une chaine d’information nationale chinoise, au sujet du rôle de BOAO dans l’intégration économique de l’Asie, mais aussi du monde à l’échelle globale. 

Lors d’un entretien à l’occasion de l’ouverture du Forum, le président du Bridge Tank a présenté son point de vue sur le commerce de demain, nécessairement fondé sur des investissements proactifs et ambitieux, une réforme de l’OMC, et le verdissement des Nouvelles Routes de la Soie. Repris dans un article de Xinhua News sur la place de la Chine dans le développement durable à l’échelle mondiale, Joël Ruet a soutenu que la BRI a un grand rôle à jouer dans la transition énergétique, en particulier dans le domaine de l’hydrogène. 

Pour retrouver l’ensemble des ressources médiatiques du Bridge Tank autour de cette édition 2021 du Forum de BOAO : https://thebridgetank.org/2021/04/28/le-bridge-tank-au-forum-de-boao-dans-les-medias/.

La coordination entre l’Europe, l’Inde et la COP26 est un grand levier d’engagement climatique

Le ministre Prabhu, membre de notre Conseil d’orientation et sherpa de l’Inde au G20, a discuté des questions de soutenabilité avec le président de la COP26 et le commissaire européen Timmermans, chargé du « green deal ». La coordination entre l’UE, l’Inde et la COP26 est l’un des grands leviers d’engagements ambitieux et crédibles en matière de climat.

L’Organisation pour la Mise en Valeur du bassin du fleuve Sénégal (OMVS) sera candidate au prix Nobel de la paix

Le 12 mars 2021, à Kayes, au Mali, Hamed Semega, membre du Conseil d’orientation du Bridge Tank, a annoncé que l’Organisation pour la Mise en Valeur du bassin du fleuve Sénégal (OMVS) sera candidate au prix Nobel de la paix. L’OMVS, une organisation internationale regroupant la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, célèbre aujourd’hui son 49ème anniversaire. A l’approche de son 50ème anniversaire, et avant le prochain Forum Mondial de l’Eau, les 4 Etats réalisent que l’OMVS a été un facteur de paix, de stabilité et de développement dans la région. Tout comme le GIEC a reçu le prix pour son rôle dans l’atténuation du changement climatique, nous espérons que l’OMVS reçoive le prix en récompense des énormes efforts d’adaptation au climat qu’elle réalise, en plus de la paix.

Signature de l’accord d’investissement entre l’UE et la Chine

L’ambassadrice Sylvie Bermann et notre président Joel Ruet ont échangé à la télévision chinoise sur l’accord d’investissement entre l’UE et la Chine. Ils ont noté que l’accord conclut non seulement 7 ans de négociations mais aussi l’émergence de part et d’autre de visions divergentes du monde. Si de nombreuses questions restent à régler, l’ambassadeur Bermann a rappelé que l’accord répond aux questions posées par l’UE et suit une approche européenne de l’économie.

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