Catégorie : Chine-Inde-Afrique

G20-Business20-CII Partnership Summit 2023: The Bridge Tank participe à un panel sur les chaînes d’approvisionnement durables

En ce dernier jour du CII Partnership Summit 2023 à New Delhi, en Inde, Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, a participé à une session sur le thème « Building Resource Efficient & Resilient Green Supply Chains » (Comment créer des chaînes d’approvisionnement vertes, résilientes et efficaces en termes de ressources).

La 28e édition du sommet organisé par la Confédération de l’industrie indienne (CII) du 13 au 15 mars 2023 et consacré aux questions de commerce international, d’économie, de compétitivité, de durabilité et de technologie a été placée sous le thème “Partnerships for Responsible, Accelerated, Innovative, Sustainable, and Equitable Businesses” (Partenariats pour des entreprises responsables, dynamiques, innovantes, durables et équitables).

Ce sommet intervient alors que la CII assure le secrétariat du B20 (Business 20) durant la présidence indienne du G20 en 2023. The Bridge Tank, représenté par son président Joël Ruet, a été invité par la CII à participer aux débats à New Delhi.

Le 15 mars, Joël Ruet a ainsi participé aux côtés du Dr Martin Keller, Directeur de Laboratoire et Alliance President, National Renewable Energy Laboratory (NREL, Laboratoire national sur les énergies renouvelables), et de M. Ashwani Kumar, PDG du groupe Suzlon, à une table ronde animée par M. Christian Cahn von Seelen, membre du conseil d’administration et directeur exécutif de Volkswagen Group Sales India. Cette session s’est penchée sur la question des chaînes d’approvisionnement et le défi de rendre ces dernières plus vertes, résilientes, et efficientes en termes de ressources.

Dr Martin Keller
Christian Cahn von Seelen
Ashwani Kumar

Au cours des échanges, Joël Ruet a fait remarquer que les chaînes d’approvisionnement d’un « monde stabilisé » avaient besoin d’être optimisées. Toutefois, les temps d’incertitude et d’instabilité actuels ont révélé un réel besoin de diversifier les chaînes d’approvisionnement et de rechercher de nouvelles options avec différents pays, secteurs et technologies.

Cet état des lieux a été partagé par M. Martin Keller, qui a souligné la nécessité de créer des synergies mondiales pour diversifier les chaînes d’approvisionnement, en particulier en ce qui concerne la disponibilité des matières premières, les capacités de production, l’adoption d’énergies propres, l’économie circulaire et les compétences vertes.

M. Cahn von Seelen et M. Kumar ont quant à eux insisté sur le rôle des énergies renouvelables dans ces chaînes d’approvisionnement résilientes. M. Cahn von Seelen a notamment mentionné l’importance actuelle de développer des chaînes d’approvisionnement en énergie renouvelable pour remplacer le pétrole. L’exemple offert par l’Europe, qui a entièrement modifié son mix énergétique en l’espace d’un an à la suite de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, a montré que des changements radicaux étaient possibles.

M. Kumar a ajouté à cela qu’il ne s’agissait pas seulement de s’intéresser à la part de la consommation d’énergie qui est verte, mais aussi au degré de verdissement du kilowattheure généré. Un tel processus doit commencer dès le stade de la recherche et du développement, afin de maximiser les rendements et d’apporter une contribution essentielle aux chaînes d’approvisionnement vertes.

G20/Business 20 : The Bridge Tank prend part à la Conférence de Lancement du B20 Inde

Après le mandat de l’Indonésie en 2022, ce début d’année a vu l’Inde prendre la présidence du G20 pour l’année 2023.

Du 22 au 24 janvier 2023, la ville de Gandhinagar dans le Gujarat, en Inde, a accueilli la conférence de lancement du groupe d’engagement Business 20 (B20) du G20 afin de discuter avec la communauté des affaires de l’économie mondiale et de certains des problèmes les plus pressants auxquels notre monde fait face. La réunion a rassemblé des ministres et des délégués indiens, ainsi que d’influents chefs d’entreprise et décideurs politiques internationaux.

En tant que membre du B20, The Bridge Tank a assisté au sommet à Gandhinagar, représenté par son président Joël Ruet. Outre les sessions publiques au Mahatma Mandir, la réunion de lancement a notamment marqué le lancement des groupes de travail et des groupes d’action du B20, auxquels The Bridge Tank contribuera activement au cours de l’année à venir.

Axant sa participation sur trois grands thèmes : la durabilité, la recherche et l’innovation, et le rapprochement entre l’Afrique et le G20, à l’invitation de la présidence indienne du G20, The Bridge Tank est ainsi membre de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources, ainsi que du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine.

Joël Ruet à la Conférence de Lancement du B20
Le ton est donné pour la présidence indienne du G20 en 2023

Organisée par la Confédération de l’Industrie Indienne (CII), en charge du secrétariat du B20 Inde, la session plénière de la réunion de lancement du B20, qui s’est tenue au Mahatma Mandir le 23 janvier, a donné le ton du sommet et de la présidence indienne du G20 en 2023.

La session inaugurale a mis en lumière la vision, les priorités thématiques et les valeurs qui animeront le B20 Inde. M. Chandrajit Banerjee, directeur général de la CII, a rappelé aux participants l’acronyme R.A.I.S.E – Responsible, Accelerated, Innovative, Sustainable and Equitable Businesses (en français: des entreprises Responsables, Accélérées, Innovantes, Durables et Équitables) – qui servira de pierre angulaire au B20 Inde.

"Le thème du B20, qui a été formé sous l'égide de la présidence indienne du G20, est R.A.I.S.E. - pour des entreprises Responsables, Accélérées, Innovantes, Durables et Équitables."
M. Chandrajit Banerjee
Directeur Général, Confédération de l'Industrie Indienne (CII)

Au cours de son discours d’ouverture sur les conditions nécessaires à la réussite du B20 Inde, M. N Chandrasekaran, président du B20 Inde et président de Tata Sons, a souligné l’importance de réduire les inégalités à travers la transformation numérique. Il a également insisté sur certaines des grandes priorités retenues pour le B20 Inde, notamment la durabilité, la transition énergétique, la mobilité, la biodiversité, la gestion de l’eau et les ODD de l’ONU.

"La présidence du B20 est l'occasion pour l'Inde de présenter et de partager des bonnes pratiques, ainsi que de travailler à l'élaboration de recommandations spécifiques pour apporter l'égalité grâce à la transformation numérique."
M. N Chandrasekaran
Président, B20 Inde & Président, Tata Sons
Développement durable et transitions énergétiques :  la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources

L’importance de la lutte contre le changement climatique et la place des transitions énergétiques et du développement durable dans les priorités du B20 Inde ont été présentées lors de la session plénière par M. Som Parkash, Ministre d’État au commerce et à l’industrie.

Le ministre Parkash a ainsi déclaré que « l’Inde, sous la présidence du G20, doit s’efforcer de donner la priorité à la lutte contre le changement climatique et à la dégradation de l’environnement par des efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir les énergies propres.« 

Cette priorité, conforme à la devise R.A.I.S.E du B20, a été reprise un jour plus tard, le 24 janvier, lors de la première réunion de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources, à laquelle The Bridge Tank a assisté en tant que membre de la task force.

La réunion, présidée par M. T V Narendran, PDG de Tata Steel Ltd et coprésident de la task force, a présenté les priorités et les résultats attendus de cette dernière.

Dans l’espoir d’accélérer les transitions énergétiques, l’efficacité des ressources et les mesures d’adaptation dans les économies du G20, les priorités du groupe de travail ont été décrites comme étant largement alignées sur les priorités du G20 en matière de changement climatique.

L’objectif est donc d’aborder les questions suivantes :

  1. les transitions mondiales nettes zéro;
  2. la sécurité énergétique et l’accès à l’énergie;
  3. les transitions justes;
  4. l’économie circulaire et l’efficacité des ressources;
  5. la finance climat et l’innovation technologique;
  6. l’adaptation et la résilience.
"L'Inde, sous la présidence du G20, doit s'efforcer de donner la priorité à la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l'environnement en déployant des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et promouvoir les énergies propres."
M. Som Parkash
Ministre d'État au commerce et à l'industrie

Les priorités de la task force couvrent de nombreux thèmes, notamment :

  • Le renforcement de la coopération mondiale pour accélérer la transition nette zéro par le biais de coalitions mondiales spécifiques aux différentes industries, et la focalisation des investissements et des financements vers des axes prioritaires;
  • L’amélioration des investissements, du développement et de la commercialisation de technologies d’énergie verte;
  • L’amélioration du financement de la lutte contre le changement climatique grâce à de nouvelles voies de financement pour la transition énergétique, en définissant des mandats clairs en matière d’énergie pour les banques multilatérales de développement et en harmonisant le développement des marchés carbone nationaux ;
  • L’amélioration de l’efficacité des ressources grâce à des cadres réglementaires, des politiques, et des modèles commerciaux et financiers qui encouragent l’économie circulaire ;
  • La mise en œuvre de politiques d’adaptation privilégiant des approches fondées sur les écosystèmes existant afin de développer des infrastructures résilientes, tout en veillant à ce que l’adaptation tienne compte de la dimension de genre et en mobilisant les financements nécessaires.

The Bridge Tank entend mettre son expertise accumulée au fil des ans sur des thèmes de trajectoires énergétiques, de transitions énergétiques, de finance climat, de financement mixte, ainsi que sa contribution de longue date au développement de modèles de développement durable et d’économie circulaire à la disposition de la task force. Cette dernière se réunira à nouveau les 14 et 15 mars 2023.

Rapprocher l’Afrique et le G20 : le Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine

Évoquant les efforts déployés par le B20 Inde pour représenter les questions pertinentes pour l’économie mondiale, M. Sanjiv Bajaj, président de la CII et président-directeur général de Bajaj Finserv Ltd, a présenté au public de la session plénière le programme ciblé et le Conseil d’Action sur l’Intégration Économique Africaine, qui espère renforcer les liens entre les économies africaines et le G20.

En tant que défenseur de longue date d’une plus grande intégration du continent africain dans les actions du G20 et désormais membre contributeur du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine, The Bridge Tank salue cette initiative.

Le 24 janvier, dernier jour de la conférence de lancement, The Bridge Tank a ainsi également pris part à la session inaugurale du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine, qui a examiné les objectifs et les priorités du conseil.

La réunion a soulevé les trois principaux résultats attendus pour soutenir l’intégration économique du continent africain :

  1. La formulation d’un programme de Facilités d’assistance technique (FAT) par les membres du G20, afin d’accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf par le biais d’une assistance technique et financière aux 54 nations africaines.

  2. Des engagements de la part des États du G20 à conclure des accords commerciaux préférentiels personnalisés avec au moins 20 pays africains (avec un minimum de 100 lignes tarifaires sur les produits ou services à libéraliser dans chacun de ces accords).

  3. Des engagements de la part des États du G20 à lancer chacun un minimum de trois programmes de financement du développement au profit d’au moins cinq pays africains (soit bilatéralement, soit par l’intermédiaire d’institutions multilatérales), sur des thèmes tels que les programmes de parcs industriels, les projets d’infrastructures énergétiques ou de transport, les initiatives en matière de santé, d’éducation et de formation, ou les programmes de financement des micro, petites et moyennes entreprises.

Dans le prolongement de ces résultats espérés, Joel Ruet, Président, The Bridge Tank, a avancé l’idée d’un fonds pour les projets de résilience et d’adaptation au changement climatique émanant du G20 et financé par celui-ci. En outre, le G20 pourrait contribuer à dérisquer les projets provenant de pays et d’entreprises du continent africain.

Dans les mois à venir, The Bridge Tank poursuivra ses efforts au sein de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources et du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine.

Davos 2023: Les points-clés à retenir de la semaine de The Bridge Tank au Forum Économique Mondial de Davos

La troisième semaine de 2023 a vu le monde entier se réunir une nouvelle fois pour le Forum économique mondial de Davos. Du 16 au 20 janvier, des dirigeants politiques, économiques et de la société civile du monde entier se sont réunis dans les Alpes suisses pour discuter de l’avenir économique de notre monde.

Cette année, le thème de la « Coopération dans un monde fragmenté » s’est avéré particulièrement intéressant pour The Bridge Tank, qui a pu y partager ses vues et échanger sur l’état de la coopération internationale, notamment en ce qui concerne la coopération Sud-Sud et Sud-Nord.

The Bridge Tank était présent à Davos pendant la réunion annuelle du WEF à Davos, représenté par son président Joël Ruet et les board members Judit Arenas, du Mexique, Pranjal Sharma, de l’Inde, et Raphael Schoentgen, de la Belgique.

Cette présence active sur place a permis à nos board members de discuter de la place du Sud dans la révolution numérique, d’explorer de nouveaux mécanismes financiers de coopération Sud-Nord, d’organiser des événements sur les biens publics mondiaux et de se faire un aperçu des diverses ambitions et trajectoires de certains grands émergents.

Pranjal Sharma (à gauche) à la TCS Reception
Judit Arenas au Déjeuner d'Innovations
Raphael Schoentgen (à droite) à la House of Switzerland
La révolution numérique et le Sud

Intervenant régulier des panles du WEF depuis plusieurs années, notre board member Pranjal Sharma a souligné le rôle des pays du Sud dans la conduite des discussions à Davos, agissant comme une force structurante pour façonner l’avenir. Pranjal Sharma a particulièrement insisté sur le rôle de l’Inde dans le renforcement des économies numériques du Sud et sur les efforts déployés par le pays pour amener la révolution numérique à de nouvelles communautés et de nouvelles langues.

Dans la continuité de cette réflexion sur la révolution numérique, M. Sharma a animé une table ronde sur le thème « Tackling Harm in the Digital Era, » (Lutter contre les préjudices à l’ère numérique), au cours de laquelle il a abordé la question de la sécurité des utilisateurs en ligne et la manière de construire des espaces numériques plus sûrs.

Le panel de haut niveau a réuni la vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence de la Commission européenne, la directrice de l’Office of Communications du Royaume-Uni et la vice-première ministre belge pour discuter des cadres réglementaires et des innovations technologiques permettant de lutter contre les contenus dangereux, la violence et les injures en ligne.

La discussion a mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les législateurs, M. Sharma leur demandant comment gérer la violence en ligne à grande échelle et comment assurer la protection des communautés, non seulement dans les pays développés mais aussi dans les économies émergentes, alors que des milliards de personnes et de nouvelles communautés accèdent au monde numérique.

Finance bleue : Les fleuves internationaux comme vecteur de la coopération Sud-Nord

Le WEF a également permis de discuter de nouvelles formes de coopération Sud-Nord. L’un de ces mécanismes innovants sur le front de la finance bleue a été abordé lors d’un événement intitulé « Innovative Impact Investing through Blue Peace Bond » (Investissement d’impact innovant grâce aux obligations Blue Peace), organisé par le Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU) et la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC) à la Maison de la Suisse.

L’événement, auquel Joël Ruet et Raphael Schoentgen ont participé, a présenté le programme de financement Blue Peace (Paix Bleue) et la création des obligations Blue Peace, qui visent à faciliter l’accès au capital pour les organismes de bassins fluviaux et les entités locales et régionales similaires travaillant à une coopération transfrontalière multipartite autour de l’eau. Cet outil innovant de financement des infrastructures et du développement social espère fonctionner comme un dividende de la paix, en faisant de l’eau et des bassins fluviaux transfrontaliers un point d’entrée pour la paix et la coopération.

Comme l’ont souligné les interventions de M. Ruet et de M. Schoentgen, cette coopération Sud-Nord ne doit pas seulement impliquer les institutions financières du Nord, mais doit également intégrer les institutions financières du Sud aux montages financiers et servir d’opportunité pour le Sud de développer et de tirer parti de son propre écosystème financier.

Cette session et l’outil financier basé sur la coopération autour de l’eau qu’elle a présenté ont apporté une contribution précieuse aux recherches menées par The Bridge Tank pour de nouveaux outils à mobiliser dans le cadre d’une pratique élargie de l’hydro-diplomatie, quelques semaines seulement après le lancement de la World Water for Peace Conference.

Edition 2023 des Dejéuners de l’Innovation de Davos, par The Bridge Tank : Renforcer la coopération en matière de biosécurité

Pour conclure la semaine sur le thème de la coopération, Joël Ruet et Judit Arenas ont uni leurs forces le dernier jour du forum pour co-organiser un déjeuner d’échange sur la Promenade de Davos sur le thème de la biosécurité et du bioterrorisme. L’événement était le fruit d’un partenariat entre The Bridge Tank, APCO Worldwide et la société américaine de biotechnologie Illumina. The Bridge Tank organise depuis 2020 des déjeuners de l’innovation à Davos.

La session animée par Joël Ruet et John Defterios, ancien analyste économique et présentateur de CNN, et conseiller d’APCO Worldwide, a mis en évidence la fragilité des cadres nationaux et internationaux de biosécurité et le manque d’infrastructures de biosécurité. Les participants ont ainsi appeler à une plus grande coopération public-privé en la matière.

Cette session en comité restreint a rassemblé 25 spécialistes renommés dans le domaine de la biosécurité et de la cybersécurité, d’universitaires de haut niveau et de dirigeants d’entreprises, tels que John Frank, directeur des affaires publiques d’Illumina, Richard Hatchett, PDG de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI), ou Frank-Jürgen Richter, président d’Horasis.

Frank-Jürgen Richter, Président, Horasis, & Joël Ruet
John Defterios

Focus sur les pavillons et les sessions thématiques à Davos

L’activité bouillonnante des différents pavillons nationaux et d’entreprises a donné lieu à des discussions animées et à des événements sur des thèmes d’intérêt pour The Bridge Tank, à savoir les économies émergentes, le développement durable et la structuration des transitions énergétiques.

L’India Lounge a été un point de rencontre important au WEF cette année. Par l’intermédiaire de son président, Joël Ruet, The Bridge Tank a assisté à une table ronde sur les investissements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de l’Inde et à un débriefing entre entreprises et gouvernement sur la volonté du monde – et en particulier des États-Unis – de renouer le dialogue avec la Chine. L’une des conclusions de cette session est que l’Inde a tout intérêt à suivre de près la question de la relocalisation éventuelle des investissements étrangers en Chine.⁦

Cette présence à l’India Lounge a également été l’occasion de rencontrer Samir Saran, président du secrétariat du T20, et de discuter de la participation de The Bridge Tank au T20 durant la présidence indienne du G20 en 2023. Les thèmes de la coopération et de la croissance inclusive étant au cœur de la présidence indienne, The Bridge Tank apportera  sa pierre à l’édifice du T20 sur les thèmes de la finance bleue et verte et du rapprochement entre le continent africain et le G20.

Samir Saran & Joel Ruet
Indonésie : vers un avenir zéro émission nette

Après avoir récemment transmis le témoin de la présidence du G20 à l’Inde, l’Indonésie s’est montrée également très active à Davos cette année.

Le pavillon indonésien a ainsi accueilli une session « Indonesia Net Zero Pathway : Opportunity & Challenges, » le 17 janvier, une session portant sur les opportunités et défis auxquels l’Indonésie fait face pour atteindre son objectif zéro émission nette.

Une présentation de Muhammad Yusrizki, président de KADIN Net Zero Hub, Chambre de commerce d’Indonésie, a abordé certains des objectifs et des défis à venir pour la transition verte de l’Indonésie, y compris la façon de financer la transition énergétique et de dé-risquer les investissements dans les sources renouvelables en Indonésie, mais aussi le besoin de politiques et de cadres institutionnels pour accélérer le voyage du pays vers le net-zéro.

M. Yusrizki a particulièrement insisté sur la nécessité de protéger et de régénérer les mangroves, car celles-ci ont un énorme potentiel de stockage du carbone dans un pays qui abrite plus de 20 % des zones de mangrove du monde.

Le ministre indonésien chargé de la coordination des affaires maritimes et des investissements, Luhut Binsar Pandjaitan, a présenté la stratégie et les priorités sectorielles de l’Indonésie pour atteindre le net-zéro d’ici 2060. Cette voie sera fondée sur l’industrialisation et le développement économique, a déclaré M. Pandjaitan, qui a rappelé aux participants que les émissions de CO2 par habitant en Indonésie étaient inférieures à la moyenne mondiale.

L’économie verte de l’Indonésie s’appuiera sur cinq piliers :

  • un secteur de l’électricité décarboné – avec le soutien du Partenariat pour une transition énergétique équitable (JETP), qui vise à ce que les énergies renouvelables représentent 34 % de la production d’électricité en Indonésie d’ici à 2030 ;
  • des transports à faible émission de carbone – grâce au développement des véhicules électriques ;
  • les carburants alternatifs, tels que le biocarburant ;
  • les industries vertes, en développant par exemple une chaîne d’approvisionnement en batteries de véhicules électriques ;
  • et les puits de carbone – par le biais du captage du carbone et du marché des compensations carbone.

L’Indonésie espère faire du secteur des transports un pilier important de cette économie verte. Premier marché automobile de l’ASEAN, l’Indonésie représente 30 % du marché des véhicules à quatre roues de l’ASEAN et 50 % de son marché des véhicules à deux roues. Si le pays dépend encore des importations, l’Indonésie espère devenir un centre de production dans la région, notamment pour les véhicules électriques, pour lesquels l’Indonésie s’efforce de développer sa propre chaîne de valeur.

L’Indonésie vise également à devenir un leader mondial en matière d’atténuation des effets du changement climatique et sur le marché des compensations carbone. La replantation de mangroves et la restauration d’écosystèmes et de terres dégradés devraient figurer parmi les principaux domaines d’action, comme l’ont indiqué  certains intervenants.

Africa House : La ZLECAf et comment débloquer le potentiel du continent africain

Le continent africain a apporté sa propre contribution à la quête de coopération dans un monde fragmenté de cette édition du Forum Économique Mondial. L’Africa House de Davos a accueilli le 18 janvier un panel sur le commerce, intitulé « Deep-dive into the AfCFTA, exploring how far it has been and unlocking the future potential of the continent » (Un état des lieux de la ZLECAf, le chemin parcouru, et comment débloquer le potentiel futur du continent).

Les participants à la table ronde étaient :

  • Wamkele Mene, Secrétaire Général, Secrétariat de la ZLECAf
  • Samaila Zubairu, Président & Directeur Général, Africa Finance Corporation
  • S.E. la princesse Alanoud Bint Hamad Al Thani, Directrice, Qatar Financial Centre.

La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) englobe 54 pays du continent, 44 États parties ayant déjà ratifié l’accord. Cette zone de libre-échange ne représente toutefois que 2,1 % du commerce mondial et 3 % du PIB de la planète.

Dans son discours d’ouverture du panel, Wamkele Mene a donc souligné que les pays africains ne pourront pas, individuellement, être compétitifs au niveau mondial. M. Mene a ainsi insisté sur la nécessité pour le continent africain de renforcer son intégration afin de développer des économies d’échelle et de surmonter sa dépendance aux exports  de produits de base.

Le panel a encouragé une mise en œuvre accélérée de la ZLECAf, car elle constitue un modèle pour le développement collectif et l’industrialisation de l’Afrique. La pandémie du COVID-19 a joué un rôle important en révélant la nécessité pour l’Afrique d’établir des chaînes d’approvisionnement alternatives. L’Afrique s’étant retrouvée en dernière place pour l’approvisionnement en masques et vaccins, la nécessité pour le continent de devenir autosuffisant s’est révélée plus pressante que jamais.

Prof. Landry Signe & Wamkele Mene

Samaila Zubairu, président-directeur général d’Africa Finance Corporation, a mis en évidence le fait que les chaînes de valeur de produits comme le cacao, les noix de cajou et le coton ne se trouvent pas en Afrique ; la transformation de cette production est effectuée à l’étranger avant d’être réimportée. Il en va de même pour les véhicules électriques, bien que l’Afrique soit une source importante de matériaux stratégiques avec un énorme potentiel d’énergie solaire, a noté M. Zubairu, avant de conclure que l’Afrique souffre d’un déficit d’infrastructure de 100 milliards, ce qui affaiblit sa capacité de croissance.

Si les panélistes ont salué les efforts de l’AfCFTA en matière d’interconnexion des chaînes d’approvisionnement et des réglementations et se sont montrés optimistes quant à la réussite de l’accord – s’inspirant du processus d’intégration européenne entamé à la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui a donné naissance à l’actuelle Union européenne – des défis considérables restent à relever pour atteindre un tel niveau d’intégration.

Une limitation notable se trouve dans l’absence d’un protocole sur la liberté de mouvement entre les états membres, comme l’a souligné une question dans l’assistance.

Le futur des chaînes d’approvisionnement et des investissements dans les pays émergents

Une session organisée au pavillon de DP World sur le thème « Débloquer les investissements dans les économies émergentes » a abordé l’importance des chaînes d’approvisionnement dans le monde d’aujourd’hui, notamment à la suite de la pandémie de COVID-19. Les panélistes ont noté que le manque d’investissements dans les régions moins développées du monde créait des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Une plus grande intégration des chaînes d’approvisionnement et des investissements dans les infrastructures permettraient toutefois de transmettre les bénéfices aux pays émergents.

La diversification des chaînes d’approvisionnement après le COVID pourrait donc profiter à des pays comme les Philippines ou l’Inde, ont indiqué les panélistes, car ils pourraient reprendre une partie du rôle de la Chine dans les chaînes d’approvisionnement. Ces changements ont déjà commencé à redistribuer les rôles dans les chaînes d’approvisionnement internationales. Le souhait de pays comme les États-Unis et le Canada de rapprocher les chaînes d’approvisionnement de leur territoire profiterait par exemple à un pays comme le Mexique.

Le modérateur de la session, Frédéric Sicre, Associé directeur de Tardis Advisors, a ainsi mis en lumière cette conception changeante des marchés émergents, en mentionnant l’acronyme BIMCHIP (Brésil, Inde, Mexique, Chili, Indonésie et Pérou) comme une alternative possible des BRICS.

Les participants ont toutefois également souligné les défis résultant de l’incertitude financière actuelle, compliquant l’accès aux capitaux. Cette incertitude financière réduira le potentiel d’investissement dans les marchés émergents, car les investisseurs donneront la priorité aux investissements moins risqués dans les marchés développés, ont conclu les panélistes.

Issue brief – Pour la sauvegarde du Massif du Fouta Djalon en Afrique de l’Ouest

Champion de la muraille verte, laissez-moi vous dire à quel point je suis convaincu que le Fouta Djalon en Guinée, mais aussi le delta intérieur du fleuve Niger au Mali, le Liptako Gourma au Burkina Faso et au Niger, en constituent collectivement les racines, la « profondeur stratégique ». L’eau assure l’unité du vivant dit très justement Erik Orsenna ; j’ajoute que l’eau doit assurer pour nous l’unité du territoire, l’unité de nos sociétés et de nos écosystèmes, des perspectives de nos foyers.
Mahamadou Issoufou
ancien Président de la République du Niger, Champion de la Grande Muraille Verte pour l’Union Africaine

« La COP15 de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification est accueillie cette année par l’Afrique, sous la présidence de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest. Si, par le biais de la COP15, l’Afrique rend un grand service au monde en s’efforçant d’unifier les conventions sur la désertification, la biodiversité et le climat, le monde devrait lui rendre la pareille en ne perdant pas de vue les écosystèmes les plus importants du continent.

Dans l’une des régions les plus enclavées et les plus difficiles d’accès d’Afrique, le massif guinéen du Fouta Djalon est en train de mourir. Souvent appelés « le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », ce massif forestier qui abrite les sources de sept des plus grands fleuves de la région, arrosant l’Afrique de l’Ouest, où vivent 300 millions de personnes, est en train de s’assécher.

Les sources des fleuves sont en train de mourir. Les effets combinés du changement climatique et de l’impact du mal-développement sur les populations locales et le bétail ont exercé une forte pression sur cet écosystème dynamique mais fragile. Alors que la déforestation, la désertification et l’érosion des sols augmentent, la stabilité et le développement futurs de toute une région se trouvent menacés. La survie des rivières d’Afrique de l’Ouest dépend de la sauvegarde du Fouta Djalon.

Les défis auxquels est confronté le Fouta Djalon:
  • Le changement climatique : la diminution des précipitations, les sécheresses cycliques et la désertification ;
  • Des méthodes agricoles traditionnelles inadaptées, comme l’agriculture itinérante et la culture sur brûlis, qui entraînent une surexploitation des terres ;
  • Diminution du couvert végétal, en raison par ex. de l’expansion des terres agricoles et des coupes de bois abusives dans les forêts pour le bois de chauffe ;
  • Diminution de la qualité des sols, due par ex. au surpâturage qui accélère l’érosion et la désertification ;
  • Épuisement des ressources en eau, dû à l’augmentation de l’ensablement et de la sédimentation des têtes de sources, à la diminution du couvert végétal et de la qualité des sols.
Une feuille de route pour la restauration écologique et le développement :
  • Soutenir & mobiliser les communautés locales, par ex. par la diffusion de catalogues de bonnes pratiques d’agroforesterie traditionnelle et moderne, de restauration des écosystèmes, de sensibilisation et de formation des populations locales ; 
  • Encourager la recherche et l’innovation, en augmentant par ex. les données sur les ressources et les écosystèmes, en incubant des start-ups technologiques locales, en soutenant la recherche sur les solutions basées sur la nature, l’ingénierie environnementale locale ;
  • Volonté politique et coopération régionale: organismes de bassin, cadres de coopération régionale autour d’une ressource commune pour assurer la durabilité sociale et environnementale ;
  • Une obligation verte et bleue pour le Fouta Djalon, soutenue au niveau international, afin de mobiliser des fonds pour la restauration des ressources et le développement social du massif du Fouta Djalon. »
Les auteurs:

Joël Ruet

Économiste des ressources naturelles, Président, The Bridge Tank

Hamed Semega

Board Member Fondateur de The Bridge Tank, ancien Haut Commissaire de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), 2017-22

Repenser l’hydro-diplomatie : The Bridge Tank organise un panel de haut niveau en marge du Sommet ONU-Eau sur les eaux souterraines 2022

Le 6 décembre 2022, The Bridge Tank a organisé un panel de haut niveau sur l’hydro-diplomatie à Paris, en marge du Sommet de l’ONU sur les eaux souterraines 2022, coordonné par l’UNESCO.

Cet événement était placé sous le haut patronage de :

Mme Irina Bokova

Coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour le développement durable du Conseil international de la science et ancienne directrice générale de l’UNESCO

M. Erik Orsenna

Président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française

Hamed Semega, Erik Orsenna, Irina Bokova, et Joel Ruet
Contexte

Sous le titre « Repenser l’hydro-diplomatie : Les fleuves internationaux comme instruments de paix. Expériences partagées, solutions et gestion durable des ressources, » la conférence a été placée et organisée dans un contexte de regain d’intérêt pour l’eau de la part des Nations Unies. La Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023, prévue en mars à New York, sera le premier événement de ce type depuis 1977.

Alors que les conflits liés à l’eau prennent de l’ampleur en raison de l’augmentation du stress hydrique autour du globe, l’hydro-diplomatie est appelée à devenir un sujet crucial dans les années et les décennies à venir. Suivant la récente publication de notre policy brief et l’appel lancé pour une pratique renouvelée et étendue de l’hydro-diplomatie, cette conférence représentait la continuité des efforts de The Bridge Tank de se positionner et de contribuer au développement et à la pratique de l’hydro-diplomatie.

Erik Orsenna, Irina Bokova, et Joel Ruet
Arnab Das, Eric Kuindersma, et Sophie Gardette
Objectifs de la conférence

Partant d’une conviction profonde que l’hydro-diplomatie n’est pas seulement la pratique des diplomates et des entités étatiques, la conférence a visé à offrir une réflexion et un échange sur le développement d’outils pour l’hydro-diplomatie et vers la désescalade des conflits liés à l’eau.

The Bridge Tank a, par conséquent, organisé ce panel pour rassembler des personnes partageant cette même conviction et qui se consacrent à une meilleure approche et gestion des ressources hydriques. Parmi ces personnes figuraient d’éminents responsables et décideurs politiques, des organisations humanitaires et du développement, chercheurs, experts juridiques et praticiens impliqués dans les questions hydriques.

Le format hybride de l’événement a permis à des participants du monde entier de partager leurs expériences, leurs réussites, des études de cas, et les défis rencontrés sur le terrain. Les participants se sont joints aux discussions depuis Abidjan, Bruxelles, Conakry, Dhaka, Genève, Marrakech, Oslo, Paris, Skopje, Tachkent et Tokyo.

Marie-Laure Vercambre, Mats Karlsson, Eric Kuindersma, et Joel Ruet
Contribution sur Zoom de Pascal Delisle
Marie-Laure Vercambre, Irina Bokova, Jean Bizet, Lionel Goujon, Hamed Semega, Arnab Das, et Sophie Gardette
Des échanges précieux sur l’eau et l’hydro-diplomatie

La conférence a débuté par une session introductive qui a posé les bases de la journée, offrant une vue d’ensemble du système international existant en matière d’eau. Cette session a également permis de présenter des initiatives existantes dans le domaine de d’hydro-diplomatie et des expériences de cogestion non conflictuelle et de développement intégré de l’eau. Ces remarques introductives ont souligné la nécessité d’aborder l’eau avec une perspective plus large, en tant que question sociétale nécessitant des solutions et des approches partagées et multipartites. La coopération est notamment nécessaire pour répondre d’une part aux menaces environnementales et écologiques et d’autre part pour contribuer à la paix mondiale en réduisant les risques d’escalade de la violence et les conflits liés à l’eau.

La première session thématique de la journée a donné la parole aux décideurs politiques du monde entier afin qu’ils partagent et échangent sur leurs expériences dans la gestion de l’eau. Les messages clés de la session comprenaient un appel à la solidarité d’action multi-sectorielle et multipartite face aux différente crises frappant notre monde et un rappel de la nécessité d’écouter et de croire les communautés locales, qui en subissent les conséquences les plus sévères. Les participants ont à nouveau souligné la nécessité d’aborder les questions relatives à l’eau de manière holistique, une idée qui requiert une approche intégrée de la gestion de l’eau. D’autres points clés ont été soulevés, notamment la nécessité de combiner la gestion et l’action locale avec une vision et une compréhension scientifiques plus large du monde.

La deuxième session thématique s’est tournée vers les acteurs du développement et de l’aide internationale. À partir de leur connaissance du terrain et de leur expérience du développement, les participants ont souligné l’interconnexion des problèmes, l’eau étant un point d’entrée et un facteur essentiel dans la sécurité alimentaire, la santé et le développement de la petite enfance, le développement énergétique, la gestion des risques de catastrophe, le changement climatique et les questions de transport. L’importance d’une approche intégrée et multilatérale de l’eau et la nécessité de l’action locale et communautaire ont également été soulignées au cours de cette session. La gouvernance transfrontalière requiert toutefois la présence d’une volonté politique exprimée pour aller de l’avant. Un dernier point crucial abordé par de nombreux intervenants a mis en avant le rôle de l’éducation et de la connaissance de la ressource hydrique et fluviale afin d’assurer un meilleur entretien et une meilleure gestion des bassins fluviaux.

Enfin, la dernière session thématique était dédiée à la diversité des outils au service de l’hydro-diplomatie. Les participants ont ici encore encouragé une approche communautaire, partant du niveau local, pour développer des solutions adaptées aux besoins des communautés. Les organismes de bassin doivent, par conséquent, être compris et analysés dans leur diversité, car leurs différences structurelles et organisationnelles sont le résultat de la diversité des besoins et des fonctions qu’ils remplissent. Le rôle central des connaissances, des données, et de la recherche scientifique en tant que conditions préalables nécessaires à l’action a également été abordé par les participants durant cette session. En outre, les idées d’infrastructures partagées et de systèmes d’information partagés ont été décrits comme des outils prometteurs pour l’hydro-diplomatie.

Annukka Lipponen, Lionel Goujon, et Marie-Laure Vercambre
Contribution sur Zoom de Claus Sorensen
Susanne Schmeier et Arnab Das
Participants sur Zoom: Pascal Delisle, Lars Andreas Lunde, et Claus Sorensen
Grandes conclusions de la conférence

A partir des nombreuses contributions des participants à la conférence et des discussions animées qui en ont découlé tout au long de la journée, diverses approches de l’hydro-diplomatie en sont ressorties, permettant l’établissement de ce qui pourrait être défini comme une taxonomie de l’hydro-diplomatie.

Nous avons identifié 3 points-clés:

1. Une première approche de l’hydro-diplomatie se trouve dans sa dimension fondamentalement diplomatique, à travers son rôle dans la prévention et la désescalade des conflits. Les participants ont convenu de rappeler l’approche classique du droit international, soulignant son importance dans les problématiques de l’eau.

2. A partir de ce premier bilan, de nombreuses contributions ont souligné le rôle central de la volonté politique dans l’hydro-diplomatie. Des témoignages et expériences venant du monde entier ont prouvé que les initiatives hydro-diplomatiques comme les Organismes de Bassin peuvent être des vecteurs de paix, de coopération et de gestion durable des ressources hydriques. Cependant, toutes ces initiatives et organisations transfrontalières requièrent une volonté politique préalable.

  • Les discussions sur la manière de générer cette volonté politique incontournable se sont concentrées sur une approche dite « bottom-up », soulignant ainsi l’importance de l’action locale et de ce que l’on pourrait appeler l’hydro-diplomatie parallèle. Les connaissances et l’activité issues de la société civile en matière de préservation des ressources fluviales et hydriques, combinées aux échanges entre praticiens et scientifiques de différents pays, permettent cette hydro-diplomatie parallèle nécessaire à l’établissement d’une volonté politique parmi les responsables politiques.
  • L’interaction entre les communautés scientifiques et de praticiens de l’eau d’une part et des décideurs politiques d’autre part a donc un rôle central dans la croissance de la volonté politique en faveur de l’hydro-diplomatie. Comme l’ont toutefois souligné les participants, combler le fossé entre les scientifiques et les dirigeants politiques n’est pas sans difficultés. Les interactions entre ces deux communautés visant à assurer un engagement accru en faveur de l’hydro-diplomatie nécessitent d’aligner les messages et les préoccupations des deux communautés. Il existe donc un réel besoin pour la communauté scientifique de communiquer non seulement l’importance et la pertinence scientifique de l’hydro-diplomatie à travers une approche de l’eau basée sur la coopération et la cogestion, mais aussi de souligner son importance politique. Le stress hydrique grandissant met en danger des communautés entières, aggravant l’insécurité alimentaire, favorisant le développement du terrorisme et accélérant ainsi les vagues migratoires tant internes qu’internationales.
  • Mobiliser la science et la mettre au service de l’élaboration des politiques et de la génération d’une volonté politique a donc été des questions et préoccupations centrales soulevées tout au long de la journée.

3. Une dernière dimension de cette taxonomie de l’hydro-diplomatie issue de la conférence est centrée sur la diversité des outils, des processus et des institutions de cogestion de l’eau ainsi que sur les discussions concernant leur réplicabilité.

  • Les organisations de bassins fluviaux sont des exemples notables de ces institutions et sont des développeurs d’outils importants pour l’amélioration de la gestion et du partage des ressources en eaux transfrontalières. Grâce aux nombreux exemples abordés durant la conférence – le fleuve Sénégal, des représentants des Pays-Bas et de la France discutant de la gestion partagée du Rhin, des perspectives du Pakistan et de l’Inde sur le fleuve Indus, ainsi que des contributions de l’Ouzbékistan avec l’exemple de l’Asie centrale – la conférence a révélé la diversité des approches et des structures des organismes de bassin et des accords de gestion partagée.
  • Les participants issus du monde du développement ont ainsi échangé sur la question de la reproductibilité des organismes de bassin en notant les avantages comparatifs de certaines structures par rapport à d’autres. Cependant, ils ont également souligné que chaque contexte national et transfrontalier, la géographie, et les besoins locaux et régionaux nécessitent une adaptation des structures et priorités institutionnelles des organismes de bassin.
  • Un dernier point important mentionné par les participants : la coopération nécessite fondamentalement le partage et la mise en commun des connaissances et un partage de données. Bien qu’il soit important de respecter la souveraineté nationale et régionale, les défis transfrontaliers à échelle mondiale tels que le changement climatique et l’augmentation du stress hydrique nécessitent des solutions internationales et multilatérales. La solidarité et la coopération transfrontalière en matière d’eau passent nécessairement par le partage des données.

Une pratique renouvelée et élargie de l’hydro-diplomatie nécessite donc une plateforme d’échange durable entre toutes les parties prenantes, comblant le fossé entre la communauté scientifique, les praticiens locaux de l’eau et les décideurs politiques. Fidèle à son nom et à sa mission, The Bridge Tank offre de fournir ce pont manquant et d’accueillir une telle plateforme d’échange et de connexion.

Cette conférence a fourni un premier exemple de l’engagement de The Bridge Tank en faveur de l’hydro-diplomatie et devrait devenir un événement annuel avec la « World Water for Peace Conference ».

Lisez la note conceptuelle et l’ordre du jour du panel ici.

Brice Lalonde and Stéphane Gompertz
Erik Orsenna, Hamed Semega, Joel Ruet, and Irina Bokova
Joel Ruet, Lionel Goujon, and Christian Bréthaut

COP 27 : Une avancée sur les pertes et dommages mais pas de percée sur la finance climat malgré une forte implication de l’Afrique de l’Ouest

La crainte de terminer la COP 27 sans aucune avancée significative planait sur Charm el-Cheikh durant les dernières heures de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.

Mais après un ultime marathon de négociations entre les parties, un accord a finalement été trouvé.

L’accord qui a conclu deux semaines de discussions et de négociations dans la ville côtière égyptienne a permis de faire un grand pas en avant sur la question épineuse des pertes et dommages. Les parties se sont mis d’accord sur l’établissement d’un fonds pour les pertes et dommages qui aidera à soutenir les pays les plus touchés par le changement climatique. Le fonds devrait fournir une assistance financière afin de répondre aux effets catastrophiques de la crise climatique, tels que les sécheresses, les vagues de chaleur, les inondations ou les cyclones.

Les efforts demeurent insuffisants

Bien qu’encourageant comme signal de solidarité internationale en réponse aux catastrophes climatiques, l’accord final n’a pas répondu aux attentes et aux espoirs de nombreux participants à la COP 27. Dans une interview pour TV5 Monde, Hakima El Haite, board member de The Bridge Tank, a exprimé sa déception face au manque d’avancées lors de la COP 27 :

« C’est vrai qu’on a avancé d’un pas en se mettant d’accord sur la création d’un mécanisme qui va encore nécessiter du temps. Plus on atténue le CO2 et plus on diminue les concentrations en CO2, moins on aura besoin de nous adapter et moins on aura besoin d’argent pour réparer les dégâts des dommages et catastrophes naturelles. Il faut donc agir et ce n’est pas aux pays vulnérables d’agir, ce sont les pays émetteurs qui émettent 80% des émissions qui doivent apporter 80% de solutions dans leurs propres pays. »

Nombreux sont ceux qui partagent cet avis, en particulier dans le Sud et en Afrique de l’Ouest, une région confrontée aux effets les plus désastreux du changement climatique et qui s’est présentée à la COP 27, COP africaine, avec des attentes et demandes fortes.

Une présence ouest-africaine proactive à la COP 27

Les représentants des pays d’Afrique de l’Ouest étaient arrivés à la COP 27 avec l’espoir de voir des décisions fortes prises pour soulager le continent de la pression climatique qu’il subit. Avant le début de la COP 27, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait exprimé certains des points qu’elle considérait comme cruciaux pour le succès des négociations sur le changement climatique :

  • Augmenter l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en particulier pour les plus gros émetteurs.
  • L’article 6 de l’Accord de Paris : la génération de nouvelles opportunités de financement dans la région et les nouveaux mécanismes de marchés carbone
  • Adaptation : passer de la planification à l’opérationnalisation
  • Pertes et dommages : apporter des réponses concrètes aux pertes et dommages existants en Afrique de l’Ouest.
  • Finance climat : atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars du Fonds vert pour le climat et mettre en place une facilité financière spécifiquement dédiée aux pays africains pour se concentrer sur leurs besoins et priorités en termes d’adaptation.

Décidées à faire entendre la voix de la sous-région à la COP 27, les institutions d’Afrique de l’Ouest ont uni leurs forces à Sharm el-Sheikh au sein du Pavillon West Africa. Ce pavillon était copiloté par la CEDEAO et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), en partenariat avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).

Selon la CEDEAO, « ce pavillon conjoint témoigne de la volonté des institutions régionales de renforcer leur coopération autour du défi commun que constitue la question des changements climatiques pour une meilleure coordination et efficacité de la réponse collective à apporter au bénéfice des populations de la région. »

Pendant deux semaines, les quatre institutions ouest-africaines ont ainsi contribué à faire avancer le débat public sur l’action climatique et la finance climat.

Des voix importantes pour la gouvernance et la finance climat

La Commission de la CEDEAO a profité de sa présence au Pavillon West Africa pour organiser des side events présentant la Stratégie régionale sur le climat de l’union, notamment une session le 9 novembre sur les mécanismes de coordination pour une meilleure gouvernance climatique régionale. Deux jours plus tard, le 11 novembre, un autre side event aborda les opportunités sectorielles que la stratégie offre pour l’agriculture et l’énergie.

La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a également été très active sur le Pavillon. Le 9 novembre, Serge Ekué, président de la BOAD, a donné un point de presse sur le positionnement climatique de la BOAD. Ce fut l’occasion d’évoquer le Plan de Développement Stratégique Djoliba 2021-2025 de la BOAD, qui consacre 25% des engagements totaux de la banque à la finance climat afin d’accompagner les États membres dans le financement de leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN) et à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). À travers son président, la BOAD a exprimé son souhait d’être un catalyseur de la résilience et de l’adaptation au changement climatique tout en jouant un rôle de facilitateur d’une croissance durable et stable.

Capitalisant sur l’importance de la finance climat lors de la COP 27, la BOAD a organisé plusieurs événements sur le sujet, dont un panel sur « Défis et opportunités de la finance climat en Afrique, » et deux sessions le 14 novembre, « Combler les lacunes des politiques d’adaptation au changement climatique pour faciliter l’accès des pays de l’UEMOA à la finance climat » et « La finance carbone comme levier de développement pour les pays de l’UEMOA, » avec la participation de l’Alliance Ouest-Africaine sur le Marché Carbone et la Finance Climat.

La BOAD a également pris part à des sides events organisés par d’autres institutions à Sharm el Sheikh, dont un par le Fonds vert pour le climat sur la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel.

L’importance de la finance climat dans l’agenda de cette année à la COP 27 a également mobilisé The Bridge Tank, qui a co-organisé un side event avec Liberal International sur la dynamique Nord-Sud de la finance climat. Le panel « Towards a balanced, empowered, North-South blended climate finance for mitigation and adaptation » a notamment inclus des acteurs politiques et institutionnels important d’Afrique de l’Ouest et a ajouté une pierre à l’édifice dans la poursuite d’une finance climat plus efficace et équilibrée.

Malgré les appels à prendre des mesures audacieuses, l’accord final de la COP 27 est une conclusion décevante aux deux semaines d’effort et d’investissement des institutions et pays d’Afrique de l’Ouest à Charm el-Cheikh. Le souhait de faire de cette COP 27, COP africaine, une étape importante dans la lutte contre le changement climatique et la mise en place de mécanismes de finance climat durables assurant la préservation du continent n’a pas été réalisé.

Analyse – Où a disparu la COP 15 chinoise ?

Par Joël RUET et Malaurie LE BAIL – Après avoir été reportée à quatre reprises en raison de la pandémie, la COP 15 sur la biodiversité aurait dû débuter le 25 avril 2022 à Kunming en Chine. Désormais reportée à la fin d’année 2022 à Montréal au Canada pour raisons logistiques et sanitaires, la Chine en assumera, cependant, toujours la Présidence. Peu de couverture médiatique, peu d’analyses académiques et journalistiques, la COP 15 est la grande absente de l’actualité internationale à l’heure où les écosystèmes s’épuisent. La responsabilité n’en incombe-t-elle pas au pays hôte, peu impliqué : la Chine ?

Au travers de cette COP 15, la Chine a manqué une opportunité diplomatique majeure en termes de visibilité et d’avancement des thèmes environnementaux. La communication de la Chine a été brouillée dès le début, avec le report annoncé mais le maintien partiel de la COP 15. La réunion virtuelle d’octobre 2021 a été marquée par la promotion d’un « consensus de Kunming » qui n’a en réalité pu être négocié qu’en mars 2022 à Genève. Ce qui est devenu une « pré-COP » n’est apparue que très peu dans les médias occidentaux. Pétrie de rhétorique, cette « pré-COP » n’est en fait qu’une coquille vide.

La faible présence de la Chine à la COP 26 sur le climat n’était déjà pas passée inaperçue. Elle est l’un des nombreux pays dont le principal dirigeant n’a pas participé en personne, aux côtés du Brésil, de la Russie et de la Turquie. Au lieu de cela, la Chine a été représentée par l’envoyé spécial pour le climat, Xie Zhenhua, qui a évoqué brièvement les engagements continus du pays en matière de réduction des émissions de carbone sans faire de nouvelles déclarations, ce qui n’a pas été sans remettre en question l’engagement du pays dans la lutte mondiale contre le changement climatique. C’est un secret de polichinelle que l’extension de la COP26 à la COP27 de la date butoir pour des Contributions Déterminées Nationales (CDN) est largement due à ce faible engagement chinois à Glasgow.

Être l’hôte d’une conférence mondiale comporte son lot de récompenses et d’auto-promotion, mais, entre propagande et absence, des doutes sont apparus quant à la capacité de la Chine, l’un des plus grands émetteurs de CO2 et de plastique au monde, à assumer ses responsabilités en tant que pays hôte de la COP 15. La Chine n’a pas encore signé l’Engagement mondial sur le méthane, une promesse lancée par les États-Unis et l’Union européenne lors de la COP 26, ainsi que par 103 pays représentant 70 % de l’économie mondiale, pour maintenir à portée de main l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré.

Selon les observateurs de Glasgow, la Chine continue de s’isoler de plus en plus de la sphère internationale. Le manque d’information et de transparence concernant la COP 15 ne fait que renforcer ce qui a été dit par ces observateurs. De plus, la COP 15 est la première grande conférence mondiale au sein du système des Nations unies officiellement labellisée sous le concept de « civilisation écologique », concept proposé par Xi Jinping et largement déployé par la propagande chinoise. Mais la COP 15 accouche d’une coquille vide.

L’Union européenne s’est, quant à elle, dans le même temps fixée des objectifs ambitieux : réduire les émissions de carbone de 55 % d’ici 2030 et devenir neutre en carbone d’ici 2050. Pour l’Europe, la COP 15 et la COP 26 ont été largement considérées comme de simples continuations du Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui s’est tenu en septembre 2021 à Marseille, en France, et qui a abouti au « Manifeste de Marseille », également appelé « feuille de route » des négociations internationales, appelant les gouvernements à s’engager dans des plans ambitieux de conservation de la nature. L’UE réfléchit à un protocole sur la préservation de la biodiversité par un commerce plus attentif à cette dernière et à une limitation de la « déforestation importée ». Rien d’aussi précis dans la « civilisation écologique » chinoise.

Il manque à la COP sur la biodiversité un équivalent de ce que l’ « Accord de Paris » est à la COP sur le changement climatique. La Chine avait un rôle à jouer dans le soutien de cet événement. Signe de repliement sur soi, la communication, en amont et en aval de l’événement COP de Kunming, est plus que médiocre. L’attitude « profil bas » de la Chine ne fait qu’aggraver le manque de sensibilisation et de communication auprès du grand public sur les questions de biodiversité à l’échelle internationale.

En phase avec le calendrier international, The Bridge Tank s’est positionné sur le sujet et a rédigé un rapport. Lire notre analyse approfondie ici.

Tournée européenne OMVS – The Bridge Tank pour la promotion de l’hydrodiplomatie

The Bridge Tank s’est associé à l’OMVS pour une tournée européenne de promotion de l’hydro-diplomatie qui s’est déroulée du 9 au 24 juin 2022 à Genève, Oslo, La Haye, Paris et Bruxelles. Hamed SEMEGA, Haut-Commissaire de l’OMVS et membre du Board du Bridge Tank, et Joël RUET, président du Bridge Tank, ont rencontré de nombreux interlocuteurs  pour aborder les sujets en lien avec l’hydrodiplomatie : le droit international des cours d’eau internationaux, l’hydro-développement durable, la paix construite par la gestion partagée des bassins transfrontaliers, ou encore la préservation des têtes de sources des grands fleuves.

The Bridge Tank et l’OMVS ont décidé d’organiser à l’autonome prochain un atelier de travail sur ces questions avec l’ensemble des acteurs avec lesquels ils ont échangé et en l’élargissant à de nombreux responsables politiques et associatifs.

Cette tournée fait suite au travail conjoint réalisé lors du Forum mondial de l’eau 2022, auquel The Bridge Tank était associé.  L’Organisation pour la mise en valeur pour le fleuve Sénégal (OMVS) avait alors été distinguée par le Grand Prix Hassan II pour l’eau. Selon le jury, l’organisation ouest-africaine basée à Dakar, qui regroupe le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la Guinée, a été distinguée pour son action en faveur de la « réalisation de la sécurité hydrique et alimentaire » du grand bassin transfrontalier, mais aussi pour son action pour « la paix, la prospérité et le développement territorial » de ses pays membres. L’hydrodéveloppement et l’hydrodiplomatie ont en effet été au cœur du modèle de l’organisation. L’OMVS a, en effet, fonctionné pendant plus de 50 ans indépendamment des tensions nationales ou internationales dans la région qu’elle couvre ; elle a servi de modèle pour la redynamisation de son organisation sœur pour le fleuve Gambie, et l’organisation reçoit régulièrement des visites d’organisations fluviales du monde entier, Asie centrale incluse.

Les questions de l’eau, en particulier celles autour des bassins, sont généralement abordées dans une approche utilitariste, c’est-à-dire au travers de l’accès à l’eau. Cette vision est consensuelle au sein des organisations internationales et lors d’événements internationaux. Toutefois, l’évolution pessimiste des écosystèmes aquifères impactés par les dérèglements climatiques pose ainsi la question de la durabilité de ces ressources.

C’est dans cette perspective, ancrée dans des aspects juridiques internationaux et onusiens que la délégation a débuté sa tournée à Genève lors de la conférence « Leçons et perspectives sur la coopération sur l’eau pour l’Afrique et l’Europe : du Forum de Dakar de 2022 à la Conférence des Nations unies sur l’eau de 2023 au Palais des Nations. M. Semega a ainsi présenté le travail et le potentiel de l’OMVS, qui est souvent reconnue comme une organisation modèle, sur le plan organisationnel, politique, juridique et d’investissement.

 

 

Pour approfondir le sujet, la délégation a ensuite rencontré le Professeur Mads Adenaes, spécialiste du droit international auprès de l’Université d’Oslo en Norvège. Cet échange a été l’occasion de discuter des perspectives du droit international de l’eau. Ils ont insisté sur le fait que l’eau doit être abordée de manière holistique, en tant que bien commun, c’est-à-dire que l’eau ne doit plus seulement être un objet de rivalité entre puissances, mais être un bien commun vital à partager. C’est ce que cherche à prôner les organisations de bassins, qui ne se concentrent pas à l’échelle étatique, mais bien à l’échelle de la ressource.

Sur le plan du l’hydrodéveloppement, l’eau est un élément majeur aux écosystèmes, aux sociétés et aux économies, c’est pourquoi elle est nécessaire à leur bon développement. M. Semega a eu l’occasion d’échanger avec des acteurs du monde du développement, en particulier Mme Marie-Noëlle Reboulet, Présidente du GERES et M. Pierre Jacquemot, Président du Groupe Initiatives, ayant pour cœur de métier la solidarité énergétique, climatique et sociale et M. Lars Andreas Lunde, chef de la section « Nature et climat » de l’agence de développement norvégienne, le NORAD. Ces structures ont permis de tirer la conclusion suivante : une multitude de solutions existent sur le terrain, avec une forte dimension bottum up, qui nécessite une plus grande connaissance, concertation et coordination pour agir et partager les savoirs faires.

Les discussions ont été fructueuses au point d’organiser une nouvelle rencontre avec le GERES et le Groupe Initiatives dont l’OMVS est membre, dans les prochaines semaines. Ces discussions ont également pu se poursuivre grâce à l’organisation d’un side event à Bruxelles, par The Bridge Tank et l’OMVS, lors du « Africa Energy Forum » sur le thème « Infrastructures eau-énergie pour la paix au Sahel », en présence de Mme la Ministre Amal Mint Maouloud, ancienne ministre mauritanienne de l’équipement et du transport, M. Abdoulaye Dia, Directeur Général de SEMAF/OMVS et M. Romain Cres, Spécialiste du développement économique au sein du GERES.

Les actions de l’OMVS sont menées en faveur de la paix, puisque selon le Haut-Commissaire « quiconque sait partager l’eau, peut tout partager ». Ce message a été répété à de nombreuses reprises lors de la tournée européenne, en particulier lors de la rencontre avec Monsieur le Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin, Président des Leaders pour la Paix.

MM. Raffarin et Semega se sont entendus sur l’importance et le rôle des organisations de bassins à contribuer à l’hydrodiplomatie et la paix dans le monde. L’hydrodiplomatie a une dimension plus globale que l’hydropolitique, qui demeure réserver aux Etats. L’hydrodiplomatie souligne l’idée selon laquelle la gestion de l’eau et des bassins n’est plus l’affaire des Etats, mais de tous autour d’une ressource au sein des territoires.

Sur ce sujet, The Bridge Tank a été à l’initiative d’un déjeuner de travail entre le Haut-Commissaire et M. Erik Orsenna, President de l’Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) en présence de personnalités influentes dans le milieu autour de la situation des ressources naturelles en Afrique de l’Ouest et de l’hydrodiplomatie dans le bassin du fleuve Sénégal, à l’occasion duquel nos Board Member l’ambassadeur Stéphane Gompertz et Me Jean-Claude Beaujour étaient présents. 

Dernier point, mais non des moindres, la délégation a mené des réunion de travail avec l’agence de coopération norvégeinne, du Ministère de la coopération internationale à La Haye, l’OIEau et Réseau International des Opérateurs de Bassins et le fonds d’investissement en infrastuctures STOA à Paris.

Sur son propre continent, l’OMVS s’est vu confier, au sein de l’association internationale des opérateurs de bassins fluviaux, le secrétariat technique de l’association regroupant ses membres actifs sur le continent africain. La paix passant par le développement mais aussi par des décisions démocratiques, l’OMVS a mis en place un comité des usagers des bassins fluviaux, organe original de concertation ouverte avec la société civile. Consciente de ses responsabilités, l’OMVS, organisation qui a vu le jour en 1972 est aujourd’hui engagée dans une réflexion prospective sur son avenir, et sur l’avenir de sa contribution à l’Afrique et au monde.

Dans ce cadre, la tournée d’échanges avec des pairs, des experts et des leaders de tous les domaines de la société dans toutes les capitales de la paix et des domaines de l’innovation fluviale, de la conservation de la nature et notamment des écosystèmes des sources fluviales, vise à partager les résultats de cette réussite avec les parties prenantes de l’AG des Nations Unies, l’Union africaine, les communautés académiques et de la société civile, travaux auxquels The Bridge Tank s’associe.

Comment continuer de travailler avec la Chine?

Comment continuer de travailler avec la Chine? C’est la question que s’est posée le 3 juin 2022 un groupe de réflexion réuni par The Bridge Tank regroupant des personnalités du monde des think tanks, de la diplomatie, de la presse écrite nationale, des industries de défense et anciens officiers généraux.

« A vrai dire, sur le principe, travailler avec la Chine n’est pas une option mais une fatalité. La Chine est évidemment incontournable. Mais sur la manière de le faire, force est de constater que la tâche est devenue ces dernières années beaucoup plus difficile qu’auparavant : le pays s’est spectaculairement coupé du monde extérieur et a tendance à se replier sur ses immenses besoins domestiques ; d’inévitables débats intérieurs, qu’on devine particulièrement aiguisés, sont entourés d’une grande opacité ; et dans cette atmosphère tendue, les réactions occidentales pourraient encore envenimer dangereusement les choses.

C’est sur ce diagnostic désenchanté que se sont accordés les participants. Raison de plus pour qu’une position européenne, forte et persévérante, s’affine… »

Une note de compte rendu rédigée par l’Ambassadeur Philippe Coste, board member de The Bridge Tank:

Notre Board Member Stéphane Gompertz analyse l’état des relations entre l’Afrique et l’Europe

Le 7 juin 2022, notre Board Member Stéphane Gompertz, ancien Ambassadeur en Autriche et en Ethiopie, et ancien Directeur pour l’Afrique au Ministère français des Affaires Etrangères, a participé à une table ronde sur l’état actuel des relations entre l’Europe et l’Afrique et le potentiel pour de futurs partenariats. L’événement organisé au Forum Bruno Kreisky pour le dialogue international à Vienne, en Autriche, était le résultat d’une coopération entre le Centre austro-français pour le rapprochement en Europe (CFA/ÖFZ), l’ambassade de France en Autriche, l’Institut français des relations internationales (ifri) et The Bridge Tank.

Les relations entre l’UE et l’Afrique se sont détériorées ces dernières années, caractérisées par l’absence de confiance et de compréhension mutuelles, ce qui a affaibli la capacité à construire une coopération stable, orientée vers l’avenir et mutuellement fructueuse. L’Afrique se tourne de plus en plus vers d’autres partenaires pour le commerce, les investissements et la sécurité, notamment vers la Chine. Le séminaire organisé à Vienne avait pour but de discuter de la manière dont les relations et leurs perspectives sont perçues par les deux parties et de ce qui sera nécessaire pour surmonter les nombreux obstacles afin de parvenir à un changement de paradigme significatif.

Dans quelle mesure un nouveau partenariat entre l’Europe et l’Afrique est-il réaliste ?

La session a été ouverte par Gilles Pécout, ambassadeur de France en Autriche, et Dietmar Schweisgut, secrétaire général du Centre austro-français pour le rapprochement en Europe, suivi d’une interview de Toni Haastrup, maître de conférences en politique internationale à l’université de Stirling, co-éditeur du « Routledge Handbook on EU-Africa Relations ».

La discussion animée par Georg Lennkh, membre du conseil d’administration du Forum Bruno Kreisky pour le dialogue international, a rassemblé des représentants de l’UE et de l’Afrique :

  • Thierry Vircoulon, chercheur associé, Centre Afrique subsaharienne, IFRI
  • Ambassadeur Stéphane Gompertz, Board Member, The Bridge Tank
  • Ambassadeur Irene Horejs, ancienne ambassadrice de l’UE au Niger, au Mali, en République dominicaine, à Cuba et au Pérou
  • Margit Maximilian, journaliste, ORF Autriche
Dietmar Schweisgut

Une première évaluation de la dynamique actuelle entre l’UE et l’Afrique a fait émerger une conclusion commune entre les participants à la session, y compris notre board member Stéphane Gompertz, à savoir que le statu quo n’est plus une option. La guerre en Ukraine a contribué à ce changement. Pour la première fois, l’Union africaine a proposé sa médiation à l’Europe, à l’occasion de la rencontre entre le président sénégalais et le président de l’Union africaine, Macky Sall, et le président russe, Poutine, à Sotchi, le 3 juin 2022.

Notant l’influence croissante de la Chine en Afrique, Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre pour l’Afrique subsaharienne de l’IFRI, a fait remarquer que toutes les grandes puissances ayant des programmes d’aide en Afrique ont également des conditionnalités. Dans le cas de la Chine, la condition est que les pays africains ne reconnaissent pas Taïwan.

L’ambassadrice Irene Horejs, ancienne ambassadrice de l’UE au Niger, au Mali, en République dominicaine, à Cuba et au Pérou, a souligné qu’après le traité de Lisbonne, l’action de développement de l’UE en Afrique est devenue non seulement de plus en plus politisée, mais aussi trop bureaucratique. En plus d’être trop axées sur la sécurité, les politiques de l’UE à l’égard de l’Afrique ont souffert de problèmes similaires au cours des dernières décennies. Les instruments financiers consacrés à la migration et à la sécurité ont été trop lourds, trop lents et trop bureaucratiques, ce qui a donné des résultats décevants, a expliqué l’ambassadrice Horejs. Tous ces facteurs ont contribué à l’actuelle « fatigue de l’Europe » sur le continent africain.

L’ambassadeur Stéphane Gompertz a donné un aperçu des nouveaux partenaires de l’Afrique et a décrit les motivations de ces nouveaux acteurs qui s’installent sur le continent. Il s’est ainsi interrogé sur les objectifs de la Chine et sur la possibilité que sa présence devienne militaire. Par ailleurs, il a noté les intérêts stratégiques de l’Inde en Afrique et a rappelé le soutien de la Turquie à des mosquées intégristes sur le continent. L’hostilité de la Russie à l’égard de la présence française au Mali, mais aussi l’accord militaire entre la Russie et le Cameroun ont remodelé les relations entre l’Afrique et l’UE. L’ambassadeur Gompertz a reconnu des erreurs dans la stratégie des forces armées françaises sur le terrain. La France et l’UE auraient dû être plus prudentes dans leur approche. Elles auraient notamment dû éviter de discuter avec certaines factions djihadistes ou de donner des directives sur ce qu’est un bon régime.

Futures pistes d’action

Selon l’ambassadeur Gompertz, 6 pistes sont à explorer sur le front des relations Afrique-UE :

  1. Plus de solidarité avec l’Afrique au vu de la crise et de la guerre en Ukraine, notamment en ce qui concerne les réfugiés africains et la sécurité alimentaire ;
  2. Plus de réalisme avec les mouvements insurgés et dans les négociations avec ces derniers ;
  3. Plus de réalisme avec les régimes militaires sur la base de ce qu’ils fournissent, tout en évitant la politique du « deux poids, deux mesures » ;
  4. Mettre davantage l’accent sur le secteur privé, en particulier sur les petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes.;
  5. Renforcement du soutien aux ONG;
  6. Une politique de communication claire à l’égard de la jeunesse africaine, utilisant toutes les applications et formes artistiques que la jeunesse affectionne.

« L’Europe doit défendre et non imposer ses valeurs en Afrique », a conclu l’ambassadeur Gompertz.

Le Centre austro-français pour le rapprochement en Europe a été créé en 1978 par le président Jacques Chirac et le chancelier Bruno Kreisky.

Stéphane Gompertz
Pour revoir la session en intégralité:
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