Catégorie : Actualités

La fabrique de l’hydrogène – Définition et accélération d’une filière

Par Joël Ruet, Baudouin Becker, Antoine Goutaland and Xieshu Wang.

L’hydrogène est un sujet à la mode et les annonces de technologies innovantes dans ce domaine se sont ainsi multipliées au cours des deux derniers mois. En effet, il semble que l’hydrogène, en tant que vecteur énergétique similaire à l’électricité,  soit parvenu à s’imposer aux yeux de la plupart des décideurs politiques comme un outil indispensable pour assurer la transition vers des économies climatiquement neutres d’ici à la fin 2050. En effet, un certain nombre d’organes exécutifs ont publié des stratégies nationales en matière d’hydrogène au cours des 15 derniers mois, notamment l’UE, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et bien d’autres (même si, jusqu’à présent, ce sont surtout des Européens). 

            L’hydrogène n’est pas une molécule nouvelle et est connu et utilisé depuis des décennies. Actuellement, il est surtout utilisé comme composé industriel pour la production d’ammoniac, d’acier ou pour le raffinage du pétrole. Cependant, dans le contexte de la transition énergétique, il est surtout considéré comme un vecteur énergétique complémentaire à l’électricité. En effet, dans les « hard-to-abate sectors » (les secteurs difficiles à décarboner), c’est-à-dire les secteurs où l’électricité n’est pas une solution envisageable ou de manière insatisfaisante, l’hydrogène apparaît comme un substitut viable aux combustibles fossiles, par exemple dans le transport longue-distance ou la navigation, où le pétrole est difficile à remplacer. 

Ces deux documents donnent un aperçu des développements de l’hydrogène et de son importance croissante dans la transition énergétique, ainsi qu’une analyse prospective de ses perspectives d’évolution à l’horizon 2030. Ils identifient notamment une accélération inattendue du rythme de développement de la molécule. Les pays qui sont le plus susceptibles ou non de décarboniser leur production actuelle d’hydrogène sont également identifiés. Enfin, les documents fournissent un éclairage spécifique sur l’utilisation de l’hydrogène pour la mobilité et sur les écosystèmes de l’hydrogène.

Rapport principal (en anglais) : Main Report – The making of Hydrogen – Definition and acceleration of a sector over 2017-2021

Executive summary (en anglais) : Executive Summary – The making of Hydrogen – Definition and acceleration of a sector over 2017-2021

 

L’état des lieux des écosystèmes hydrogène dans le monde

Par Florian Dommergues et Joël Ruet

Rétrospectivement, 2021 pourrait bien s’avérer être l’année de rupture pour le départ de la transition écologique vers des sociétés climatiquement neutres. Avec l’élection de Joe Biden, qui a réintégré les Accord de Paris quelques heures après son entrée en fonction, la transition écologique a pris un nouvel élan.
Fin 2020, plus de 110 pays s’étaient engagés à atteindre la neutralité climatique d’ici le milieu du siècle, dont la Chine à l’horizon 2060. En sus, la pandémie de COVID-19 a induit une crise économique qui a nécessité le lancement de plans de relance à grande échelle par les pays de l’OCDE, comme le plan de sauvetage américain de 1 900 milliards de dollars, le plan de relance français de 100 milliards d’euros (dont 30 milliards sont dédiés à la transition écologique), ou encore le plan européen de 1800 milliards d’euros, dont un tiers est dédié au Green Deal européen qui vise à atteindre la neutralité climatique. La nécessaire relance économique a été considérée comme une opportunité d’accélérer et de mener à bien la transition écologique en investissant dans les technologies et les énergies durables de demain.

Dans ce contexte d’enthousiasme écologique, une énergie en particulier a gagné en notoriété et fait l’objet d’une attention grandissante : l’hydrogène (H2). L’objectif de cette note est de fournir une vue d’ensemble de l’état présent de l’écosystème hydrogène et de réaliser un examen de la littérature existante sur le sujet.

Nous soutenons que trois tendances méritent une attention particulière et permettent une analyse structurée du domaine.
Premièrement, il faut considérer les problématiques industrielles qui composent l’émergence des écosystèmes hydrogène. L’une des dynamiques décisives est l’interaction entre les acteurs industriels (à la fois les nouveaux acteurs émergents et les anciens acteurs industriels fossiles, tels que les compagnies de gaz) et les politiques publiques gouvernementales qui façonneront l’environnement réglementaire.
Deuxièmement, dans les années à venir, l’hydrogène deviendra très probablement un objet d’échange entre les pays disposant d’abondantes ressources renouvelables et ceux dont les ressources sont plus rares. Malgré cette dynamique qui prend principalement la forme de partenariats bilatéraux entre États à l’heure actuelle, nous soutenons que pendant encore longtemps , les exportations d’hydrogène ne prendront ni l’ampleur ni les formes des transactions standardisées, comme le pétrole ou le gaz naturel. Effectivement, l’hydrogène ne peut pas être appréhendé à la façon d’une commodité uniformisée, comme nous l’avons précisé dans un précédent policy brief.
Troisièmement et dernièrement, la place de l’hydrogène vert dans la transition énergétique doit être envisagée avec lucidité, c’est ce que nous appelons une « philosophie de la transition ». L’hydrogène, s’il est un outil essentiel de la transition énergétique, doit rester au deuxième plan dès lors que l’électrification s’avère possible. L’hydrogène vert doit être envisagé avant tout afin de décarboner les usages industriels où il est présentement indispensable, il peut ensuite être utile dans les secteurs difficilement décarbonables (les « hard-to-abate sectors »). Enfin, si les ressources suffisantes existent, comme un outil d’intégration des systèmes énergétiques (assurant la stabilité du réseau et permettant le couplage des secteurs).

Télécharger le Policy brief complet ici (en anglais) : Un état des lieux des écosystèmes hydrogène dans le monde

La politique chinoise des matériaux stratégiques – impact sur l’écosystème des batteries et recommandations pour l’industrie

Par Xieshu Wang et Joël Ruet.

Les matériaux stratégiques, tels que les terres rares, le lithium, le cobalt ou le nickel, sont des intrants indispensables aux technologies de la transition verte, comme les éoliennes ou les batteries pour véhicules électriques. Alors que de plus en plus de gouvernements visent à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 et que la nécessité d’une transition vers des économies durables devient de plus en plus pressante, la demande de matériaux va augmenter et ils sont donc considérés comme des intrants critiques, également qualifiés de matériaux stratégiques. On s’attend à ce que la consommation de métaux stratégiques passe de 7 à 19 milliards de tonnes par an, ce qui entraînera de graves tensions du côté de l’offre. Le cobalt est l’un de ces métaux utilisés comme intrant dans les aimants des éoliennes, et pour la production des cathodes des batteries lithium-ion.

Ayant rapidement compris l’importance de ce métal pour les futures technologies stratégiques, la Chine s’est positionnée sur la chaîne de valeur du cobalt et a ainsi pu contrôler une partie importante de la chaîne, notamment en contrôlant une grande partie des ressources en cobalt de la RDC.

Ce document fournit une analyse de la stratégie de la Chine en matière de matériaux, de la manière dont elle a réussi à obtenir une position privilégiée sur la chaîne de valeur, ainsi qu’une analyse des principaux acteurs privés qui sont des acteurs majeurs sur la chaîne de valeur du cobalt.

 

Policy Brief (en anglais) : Industry Recommendations – China’s key materials strategy Industry Recommendations – China’s key materials strategy

Rapport analytique (en anglais) : Analytical Report – China’s key materials strategy Analytical Report – China’s key materials strategy

Policy Brief – L’hydrogène, nouvelle commodité, vecteur énergétique ‘magique’, ou prescripteur de politiques publiques exigeantes ?

Par Antoine Goutaland et Joël Ruet

“L’hydrogène” voit ses utilisations industrielles, ses usages énergétiques différer, ses filières de synthèse foisonner. Mais il y a en réalité des hydrogènes dont les promoteurs constituent un club hétéroclite aux intérêts plus ou moins convergents, présents à différentes mailles géographiques, sectorielles et temporelles. Un écosystème unifié et stabilisé est à ce stade inexistant, et de part les caractéristiques de la molécule, nous défendons que cet écosystème unique et global ne verra pas le jour.

L’hydrogène vert reste un outil décisif de la transition énergétique. Il dispose de la capacité de mieux stocker, d’utiliser, et de valoriser les énergies renouvelables, et offre en général une option de flexibilité supplémentaire à la grande refonte systémique énergétique nécessaire à la transition écologique.

A l’heure actuelle, le Conseil mondial de l’hydrogène a intérêt à faire front commun auprès des décideurs politiques afin d’élargir l’assiette de ce qui n’est pas vraiment jusqu’ici un « secteur ». Mais derrière ce “narratif” homogène, se jouent des batailles industrielles, de politique industrielle, de politique tout court. L’hydrogène contribuera au lent changement de perspective de l’écologie: en parallèle de la question systémique des transitions-trajectoires, émergera non pas le retour de la question micro-économique (formation de prix sur des marchés), mais celle de la politique macro-économique des ressources naturelles, problématique englobante, allant d’une comptabilité nationale des ressources à une géostratégie des ressources.

Télécharger le Policy brief complet ici 2021-07-07-PB_Hydrogene

Points-clés

  • L’hydrogène n’est pas une commodité et ne le deviendra probablement pas. Ce sous-produit peut toutefois jouer un rôle clé dans la décarbonation de certaines industries lourdes ou usages énergétiques.
  • Les hydrogènes n’étant pas le pétrole, le précédent modèle économique de ce secteur n’est pas nécessairement l’avenir de l’hydrogène, et il faut dès lors interroger les hypothèses et habitudes cognitives acquises, ainsi qu’analyser objectivement les accélérateurs en présence, et notamment les territoires qui sont déterminants.
  • L’hydrogène ouvre la boîte de Pandore de l’économie industrielle : des oligopoles technologiques forcés s’annoncent-ils ? Recouperont-ils ou bien transcenderont-ils les concurrences géopolitiques ? Certains bassins charbonniers s’imposeront-ils par une sorte de retour de l’histoire ? Les parcs industriels tireront-ils la demande à leur avantage ?
  • L’électrification du monde, mobilisant l’hydrogène, et associée à des usages « naturels » de l’hydrogène là ou l’électrification est peu pertinente, est compatible avec une explosion des transformations énergétiques assortie d’une diminution des émissions de CO2.

Tribune : Les gagnants et les perdants de la guerre commerciale entre l’Australie et la Chine

La guerre commerciale actuelle entre l’Australie et la Chine a eu un impact considérable sur la position et l’importance des partenaires commerciaux de la Chine dans le monde, notamment dans le secteur de la viande bovine et du vin. Si l’Australie a indubitablement souffert, d’autres pays comme les États-Unis et le Brésil profitent de l’occasion pour combler le vide commercial.

Notre Président, Joël Ruet, explore l’état actuel du commerce et les nouveaux partenariats chinois potentiels encourus par ce conflit dans son dernier article publié dans Diplomatic Courier. Lire ici la tribune en anglais.

4ème Forum Nanjing/Paris pour l’innovation: des partenariats technologiques encadrés par les Etats?

Le jeudi 24 juin 2021, le Nanjing/Paris Partenariat pour l’innovation, 4ème conférence sino-française sur la coopération en matière d’innovation s’est tenue à Nanjing, en Chine, dans le cadre de la Nanjing Techweek 2021. Le forum se donne pour but d’approfondir les partenariats stratégiques entre la Chine et la France à travers les villes de Nanjing et de Paris, avec un accent particulier sur l’innovation et le développement scientifique et technologique.

Le forum de Nanjing/Paris, auquel des centaines de personnes ont assisté en physique et qui a été diffusé en direct sur Internet, a accueilli des personnalités chinoises et françaises. Du côté chinois, les intervenants comprenaient : Li Shigui, membre du comité permanent du comité du parti municipal, directeur adjoint du comité permanent de l’assemblée populaire municipale et secrétaire du comité du parti du district de Jiangning, et Shen Xiang, ministre des Affaires économiques et commerciales de l’ambassade de Chine en France ainsi que Lu Qingjiang, consul général de Chine à Lyon.

Du côté français, Dominique Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères, a insisté sur la nécessité d’accélérer la coopération entre les deux pays dans les domaines de l’énergie, la science et les technologies, en créant notamment des clubs d’entrepreneurs franco-chinois.  Il était accompagné de Pascal Petit, économiste et directeur de recherche du Centre national de la recherche scientifique français, qui a évoqué la nécessité d’une politique plus ouverte en matière d’innovation sur de nouveaux modèles entre les deux pays, ainsi que de Joël Ruet, président du Bridge Tank.


Joël Ruet, a développé trois points principaux : 

– le premier traite de la nécessité de tirer les leçons de l’histoire de la coopération entre la Chine et la France, en particulier dans les secteurs du nucléaire et de l’énergie, coopération aujourd’hui en fin de cycle 

– le second sur la nécessité de construire sur ces coopérations passées par l’expansion des frontières de la recherche et du dialogue, notamment sur les recteur rapides et de 4ème génération dans le nucléaire, sur le génie environnemental urbain,

– dans un troisième point, le développement des différentes technologies liées à l’essor de l’économie hydrogène,  bénéfique pour les systèmes technologiques et l’industrie de la France.

Joël Ruet a évoqué le contexte international de concurrence technologique et l’importance de désigner quels sont les secteurs et technologies de coopération possible et ceux nécessitant en revanche une attention sécuritaire accrue. 



 En parallèle, une session à distance a été organisée, qui a permis à plus de dix chefs d’entreprises chinois et français d’échanger sur des différentes coopérations possibles.

  Enfin, une cérémonie de signature virtuelle a été menée pour lancer des projets technologiques et de plateformes d’innovation sino-françaises.

Ce forum, qui a réuni un large éventail d’experts dans divers domaines, de l’économie à la technologie, en passant par la finance et le monde universitaire, a adopté un modèle « cloud + offline » pour structurer la conférence. Il vise à devenir une plateforme d’innovation ouverte, de coopération et de partage entre la France et la Chine, afin de promouvoir un développement mutuellement bénéfique. Les sujets abordés au cours du forum comprenaient, entre autres, l’automobile, l’intelligence artificielle, la médecine et la santé, les économies d’énergie et la protection de l’environnement.

Intérêts stratégiques de l’UE face à la Chine: notre article publiée dans la Revue de Défense Nationale reprise par China Today

 

Alors que la stratégie d’autonomie européenne face à la puissance chinoise s’accélère, une note d’analyse et de propositions du Bridge Tank a été reprise à la fois par la Revue de Défense Nationale et par China Today. Indice qu’une discussion rigoureuse pour une négociation serrée demeure possible?   

 

Suite à deux ans de travaux, le Bridge Tank s’est positionné dans le calibrage des rapports de force entre l’UE et la Chine, notamment en publiant en mars dernier deux notes d’analyse (Pour un rapport de force – quels enjeux autour du pré-accord de principe sur l’investissement co-signée par plusieurs anciens ministres et ambassadeurs français ; et Conflit sino-occidental, analyse et propositions, cette dernière écrite par le Général Eric de la Maisonneuve). 

 

Les analyses développées mettent en avant que les deux protagonistes dans leurs rapports de forces soient en décalage autant sur le plan temporel que spatial. 

 

Le Bridge Tank, actif à la fois dans le débat occidental et chinois, pointe la double erreur d’analyse que se font mutuellement ces deux protagonistes ainsi que des propositions de discussions fermes sur les ressources stratégiques. 

 

Cette approche a été reprise en mars 2021 dans la « Revue Défense Nationale », revue stratégique et de défense de référence française, intervention que nous avons ensuite popularisée auprès d’un média sinophone à forte diffusion, China TodayCet article bilingue analyse explicitement les intérêts européens générés par ce nouveau partenariat avec la Chine en conjonction avec des enjeux politiques, écologiques et économiques.

 

 

Un contexte qui se dégrade

 

Le mardi 4 mai 2021, le vice-président de la Commission Européenne, Valdis Dombrovskis a annoncé la suspension d’un accord historique entre l’Union Européenne et la Chine sur les investissements. Cet d’accord, qui a été construit pendant sept ans, a été conclu le 30 décembre 2020, mais finalement annulé en raison de la détérioration du climat politique et des affaires entre les parties prenantes.

 

Quel rôle peut-elle jouer l’Union Européenne ?

 

Cet accord, bien qu’il ait suscité du mépris chez certains dirigeants européens et dans la presse internationale, offre des bénéfices cruciaux pour le développement économique de l’UE. Dans le contexte d’une nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis et de la crise sanitaire, l’Europe souhaite «coopérer avec la Chine c’est aussi coopérer avec le RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership), troisième bloc économique mondial, et ainsi accéder aux pays de l’ASEAN ». 

 

Une souveraineté européenne fondée sur un fil rouge environnemental 

 

Depuis la signature de l’accord de Paris en 2015, l’UE s’est montrée être un pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour les droits environnementaux. La Chine, l’un des plus grands émetteurs de CO2 avec 28% des émissions mondiales, a déclaré pour but de baisser leur niveau des émissions carbones d’ici 2060.

En travaillant avec la Chine, cet accord permettrait un dialogue plus ouvert et direct sur des innovations urbaines, par exemple des smart cities (des villes intelligentes), développées dans l’intérêt des générations à venir.

Face à la montée en puissance de la Chine et les États-Unis dans le domaine du numérique, on constate que l’Europe doit rattraper son retard pour contrer le jeu de puissance afin de garantir son autonomie stratégique.

Consultez l’intégralité de l’article sur le lien suivant : https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=22578

 

Sommet entre l’Union Européenne et les États-Unis : vers un nouveau partenariat transatlantique ?

« America is back » et la hache de guerre des années Trump semble enterrée, comme en témoigne la tenue du sommet UE-États-Unis à Bruxelles le 15 juin 2021 : première rencontre de ce type depuis 2017, elle a marqué le lancement d’un partenariat renouvelé et d’un programme commun pour la coopération entre l’UE et les Etats-Unis, selon une approche sectorielle. Cette rencontre a notamment permis trois avancées commerciales majeures pour relancer et approfondir les échanges transatlantiques dans un contexte de bras de fer sino-américain. 

 Un accord de coopération pour les aéronefs civils clôture un conflit vieux de 17 ans

Les dirigeants Joe Biden, Charles Michel, président du Conseil Européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne, se sont engagés à créer un cadre coopératif pour les aéronefs civils de grande taille, franchissant ainsi une étape décisive pour mettre fin au différend relatif à ce secteur. Après 17 ans de conflit entre Bruxelles et Washington devant l’OMC, cet accord amorce une nouvelle relation transatlantique dans l’aéronautique. À l’origine du contentieux : les subventions illégales accordées aux avionneurs Airbus et Boeing. Sous l’administration Trump, les tensions se sont exacerbées et l’OMC avait autorisé l’imposition de taxes à hauteur 7,5 milliards de dollars de biens et services européens importés, notamment 25% pour les vins et 15% pour les avions Airbus. 

À l’issue du sommet, les dirigeants ont annoncé la suspension des droits de douanes punitifs infligés mutuellement, dans le cadre d’une trêve de cinq ans. La résolution de ce conflit qui empoisonnait les relations bilatérales est un signal fort en faveur d’un rapprochement sous l’administration Biden, apte à créer des conditions de concurrence équitables et à relever les nouveaux défis industriels. 

Cette recherche d’apaisement reflète une tentative de rallier l’UE dans le bras de fer des États-Unis avec la Chine en renforçant la position américano-européenne. D’autant que cet ancien duopole des avionneurs devient aujourd’hui un oligopole avec l’entrée du nouvel acteur chinois Comac. Cette mesure de bon sens a donc aussi le potentiel de contrer la percée chinoise dans ce secteur et de contester les pratiques de concurrence jugées déloyales de la Chine. L’idée est aussi de mettre en place un modèle de coopération efficace pour relever conjointement d’autres défis posés par le modèle économique de la Chine. S’il n’est pas certain qu’un compromis sera trouvé à l’issue de cette trêve, il existe une vraie volonté américaine de parvenir à un accord. En effet, lorsque le litige a débuté en 2004, Airbus s’imposait sur le marché international au détriment de Boeing, alors qu’aujourd’hui, la menace vient de la Chine et l’heure est à l’unité de part et d’autre de l’Atlantique. 

Des discussions engagées pour le règlement des différends sur les mesures relatives à l’acier et à l’aluminium

Les dirigeants ont convenu d’engager les discussions pour résoudre le conflit commercial sur l’acier et l’aluminium et de lever tous les droits de douane additionnels et punitifs avant la fin de l’année. Ursula von der Leyen a annoncé un groupe de travail sur ce dossier qui entache les relations transatlantiques depuis que Donald Trump a annoncé, en 2018, l’imposition de taxes de 25% sur les importations européennes d’acier et de 10% sur celles d’aluminum, provoquant en retour des contre-mesures européennes. 

La levée de ces taxes dans l’esprit d’apaisement qui prévaut aujourd’hui constituerait un geste politique très attendu par l’UE, qui espère des actes forts au-delà des intentions. Toutefois, ce geste diplomatique ne devrait pas changer la face des échanges européens, ni chambouler le marché européen de l’acier et de l’aluminium, car les prix ont augmenté de manière inédite ces six derniers mois, noyant ainsi l’impact des taxes américaines.

Du reste, le règlement effectif du conflit risque d’être épineux car l’UE n’a pas une logique tarifaire et commerciale mais une logique de taxe aux frontières différentes des États-Unis. Le partenariat ne va pas de soi et laisse la porte ouverte à un rapprochement possible avec la Chine, que ce soit côté américain ou européen. 

La mise en place d’un Conseil du commerce et des technologies UE-États-Unis 

Il ne s’agit plus pour l’Union européenne et les Etats-Unis d’entrer dans une logique de libre-échange, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement négocié depuis 2013 n’étant plus d’actualité. Toutefois, un Conseil de commerce et de technologie va être créé pour proposer une plateforme de coopération en matière de commerce, d’investissement, de technologie, de questions numériques et de chaînes d’approvisionnement. Il incarne une volonté de coopérer pour élaborer des normes compatibles et internationales et de promouvoir l’innovation tout en évitant de nouvelles barrières commerciales ou obstacles techniques injustifiés. Il permettra aux partenaires de s’aligner sur les questions technologiques mondiales, comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les technologies propres… Les deux parties se sont d’ores et déjà engagées en priorité à établir un partenariat sur le rééquilibrage des chaînes d’approvisionnement pour les semi-conducteurs. 

Cette troisième annonce est à la fois la plus imprécise et la plus structurante pour l’avenir des relations bilatérales UE-États-Unis. À l’heure où une guerre technologique semble engagée avec la Chine, la question de la coordination technologique est centrale. Après une première mondialisation, américaine et commerciale, mise à mal par les années Trump, on comprend que Biden a aujourd’hui le projet d’en tricoter une nouvelle, qui prend la forme d’une libéralisation technologique et d’une ouverture vers ses partenaires stratégiques. 

La diaspora africaine rappelée par le continent ?

La croissance soutenue des deux dernières décennies et les deux crises mondiales de 2008 (Subprimes) et 2020 (Covid-19) ont révélé des enjeux nouveaux à l’échelle mondiale, qui s’illustrent en Afrique par un défi de modernisation durable. Le rôle de la diaspora dans l’accès aux financements internationaux est une des clés des enjeux de l’Afrique. Le Maroc a publié ce mardi 25 mai 2021 son rapport intitulé « « le Nouveau Modèle de Développement, libérer les énergies et restaurer la Confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous ».  Narjis Hilale, membre de la CSMD, déclare que la fonction de “levier du changement” a été octroyée à la diaspora. Elle affirme que les Marocains du Monde occupent une place de choix et sont “un atout précieux dans le processus de développement du pays”.

Des flux financiers importants en provenance des Marocains du Monde

Dans son rapport, la Commission décrit le Maroc comme un pays caractérisé par une dynamique migratoire qui s’est écrite tout au long de son histoire, qui permet aujourd’hui au pays de disposer d’un effectif important de sa communauté résidente à l’étranger.

En effet le nombre des Marocains du Monde (MDM) s’élève à près de 5 millions de personnes selon les chiffres des organisations internationales et des sources nationales des pays d’accueil[1].  Près de 75% des MDM sont concentrés en Europe, notamment en France et en Espagne.  Leurs profils sont diversifiés, riches, assez jeunes (47 % du total) et féminisés (~50%). Le niveau de formation des MDM est nettement plus élevé que celui de leurs compatriotes résidant au Maroc (proportion des lauréats de l’enseignement supérieur par rapport à la population totale est de 16% au niveau des MDM contre 8 % au Maroc). En termes d’insertion socio-professionnelle dans les pays d’accueil, seule une proportion limitée des MDM de 7,5% de la population active, a réussi une ascension professionnelle. Le reste et pour la majorité restante active relève de groupes socioprofessionnels modestes et moyens (secteurs tertiaire et industriel).

Les Marocains du Monde contribuent à la modernisation de la société marocaine de par leurs transferts d’argent qui permettent entre autres de conforter les réserves de changes et participent à l’amélioration des conditions de vie des familles bénéficiaires. Ces derniers atteignent près de 7% du PIB (ces transferts se sont établis à 64 milliards de dirhams, en 2019 contre 18 milliards de dirhams pour la période 1990-2000 [2]), dépassant ainsi l’aide publique au développement reçue par le Maroc et les recettes d’investissements directs étrangers qui lui sont attribuées. Aujourd’hui ils constituent une ressource financière non négligeable pour l’économie marocaine, représentant près de 40% des recettes d’exportations, ce qui permet de couvrir 50% du déficit commercial. Ces fonds jouent un rôle social important puisqu’ils permettent de soutenir des ménages pauvres tant en milieu urbain que rural. Cependant, ces flux financiers ne se convertissent quasi pas en projets d’investissements créateurs d’emplois et de valeur ajoutée. En effet, 71% des fonds transférés s’utilisent dans les dépenses courantes des ménages. A contrario la part des transferts destinés aux projets d’investissement demeure très faible avec une part s’élevant seulement à 8% du total. Le reste représente des dépôts monétaires auprès du secteur bancaire. De plus, leurs investissements sont très concentrés à destination de secteurs peu innovants : en cumulé, presque 60% des investissements MDM se font dans l’immobilier ou la construction. Les MDM investissent donc notamment dans des projets de construction de patrimoine immobiliers mais à leurs usages (résidence pour les vacances ou retraites) ou à usage de leurs familles.

La spécificité des MDM, en tant que connecteurs du Maroc au reste du monde, constitue une grande opportunité. Par leur rôle de « pont » entre le marché national et les marchés internationaux, les MDM pourront aider à lever des capitaux, développer de nouveaux partenariats ou accéder à des compétences ou expertises absentes au Maroc, ou encore promouvoir des produits et services marocains.

[1] Banque Mondiale: Sharpest decline of remittances in recent history (2020)

[2] Banque Mondiale

Figure 1: Indicateur de résultat du Nouveau Modèle de développement

Le tableau ci-dessus a été publié dans le rapport de la Commission, il a pour vocation de donner une consistance claire à ses objectifs de développement de manière chiffrée et quantifiable. La Commission propose une sélection d’indicateurs qui visent à mesurer l’impact final en termes de développement. Ils démontrent l’impératif de résultats pour les acteurs en charge de la mise en œuvre, mais en conservant une certaine flexibilité sur les solutions et mesures appropriées pour leur atteinte. La publication de ces indicateurs n’est pas anodine, elle vise à installer un climat de confiance et de transparence de l’action publique et une culture de la performance et du résultat. 

Les valeurs des indicateurs ci-dessus visent un objectif pour 2035, elles peuvent être amenées à évoluer en fonction des recherches en cours au Maroc et à l’international. L’objectif du Maroc est de pouvoir se situer dans la 1ère moitié, voire le tiers supérieur, des classements mondiaux qui font référence aux secteurs prioritaires du Nouveau Modèle de Développement.

La diaspora, un élément clé pour le financement de l’économie africaine

Dans notre analyse publiée le 18 mai 2021 nous reconnaissons le rôle important de la diaspora, au centre du rapport de la CSMD. En effet, le constat précédemment est clair : les établissements de crédits manquent de ressources, et l’économie locale n’est pas en mesure de gonfler significativement ces ressources dans l’immédiat. Pour Joël Ruet et Clarisse Hida, dans l’Issue Brief publié le 17 mai 2021 sur le financement de l’économie africaine « accompagner la modernisation des économies », le groupe est à mi-chemin entre les marchés internationaux méfiants et l’économie locale sous-bancarisée et informelle : la diaspora. En effet, une part des solutions se trouve dans ce groupe établi à l’étranger, ayant une connaissance des pays africains tant au niveau social que culturel. Leurs freins d’investissement sont moindres mais nécessitent un accompagnement. En effet, les flux financiers issus de la diaspora sont plus élevés que l’aide au développement dirigée vers l’Afrique, et son épargne disponible l’est encore plus. Dans l’objectif d’accroître les capacités de financement des banques commerciales, faire transiter les flux financiers de la diaspora par le système bancaire local semble intéressant : leur perception du risque est moins négative que les investisseurs internationaux classiques, et les banques sont des intermédiaires privilégiés pour établir un lien entre la diaspora et l’économie locale car elles sont plus accessibles que les marchés. Pour cela, les banques africaines doivent pouvoir mettre en place en Europe et ailleurs des réseaux efficaces de collecte de l’épargne, pour l’instant en majorité réduits à des bureaux de représentation. Faciliter le développement de ces réseaux constituerait une incitation pour la diaspora à investir son épargne dans les économies africaines.

Aujourd’hui plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque de confiance de la diaspora envers l’investissement de projets créateurs d’emplois et de valeurs ajoutée. Premièrement, le déficit d’infrastructures des pays africains, qui résulte d’une part de l’insuffisance des ressources publiques (majoritaires dans le financement des infrastructures), et aussi d’un déficit historique d’investissements privés en raison du climat des affaires jugé défavorable. En effet, le manque de régulation, la qualité de la gouvernance et l’importance de la corruption ont constitué pendant longtemps des freins à l’investissement privé.

Le Maroc a su comprendre ses freins et le prouve par la publication de son rapport, qui met l’humain au cœur de la stratégie de développement et vise à améliorer aussi bien la confiance des citoyens et de la diaspora. Le rapport insiste sur un cadre macroéconomique à la fois stable et propice à la croissance, qui est nécessaire pour porter une dynamique soutenue de création de valeur et d’emplois et de résorption des inégalités sociales et spatiales. Les politiques structurelles, qui le soutiennent, visent à maintenir la confiance des investisseurs et bailleurs nationaux et internationaux. Ainsi, pour donner une consistance claire à ces objectifs, la Commission a publié des indicateurs qui ont pour vocation de cristalliser les objectifs premiers du nouveau modèle de manière explicite. La publication de ces derniers vise à installer une certaine transparence de l’action publique (cf : annexe).

Pour finir et compléter cette note, un point post COVID a également été abordé dans le nouveau rapport de développement de la Commission et suit le raisonnement de nos recommandations articulées en trois points :

–          Le maintien de l’aide publique au développement dans un contexte de COVID-19 qui, en soi, ne constitue pas un risque spécifique à l’Afrique.

–          La relance des investissements publics et privés étrangers en Afrique, en améliorant la perception des opportunités africaines, dont la notation plus juste des actifs financiers privés comme souverains.

–          Et enfin, l’appui à l’accès aux marchés de capitaux par les banques commerciales puisqu’il est clair que de nombreux régimes bancaires sont sains et ne doivent être ni sous-exploités ni même sous-estimés.

La communauté internationale détient un rôle d’intégrateur ou d’intermédiaire qui dépasse le cadre de l’aide au développement. Cette triple approche permettrait d’aborder de nouveaux types de financeurs, qui sauraient mieux saisir les spécificités et les stratégies des Etats, notamment, mais pas seulement, vis-à-vis de la dette et de son refinancement.

Relations UE-Chine, tendances contradictoires? La preuve par l’industrie

Le constat paradoxal d’un désaccord profond et d’une coopération nécessaire

Les relations entre l’UE et la Chine sont aujourd’hui conditionnées par un double constat : constat d’un désaccord profond sur les valeurs politiques, en matière de droits de l’homme et de démocratie, mais aussi constat de la nécessité pour les deux puissances de coopérer sur des enjeux majeurs, comme le climat, les matières stratégiques ou les industries d’avenir.

C’est d’ailleurs sur le fond l’essence également de la doctrine Blinken, la différence sur la forme étant sans doute plus frontale sur le choc diplomatique qaunt aux différences… allant jusqu’au différend.

Si l’UE est désormais le premier partenaire commercial et investisseur étranger en Chine, une méfiance profonde et durable marque les relations bilatérales et tend à les envenimer. Partenaires stratégiques et rivaux systémiques, l’UE et la Chine arrivent aujourd’hui à un tournant de leurs relations. Aussi, l’UE doit redéfinir sa politique chinoise, entre prise de position assumée, coopération pragmatique, et négociations inévitables, pour sortir du stop and go provoqué par ces tendances antagonistes.

Qu’elle prenne la forme d’une guerre technologique, commerciale ou d’une dipmomatie musclée des droits de l’homme, une tendance à la confrontation gagne du terrain dans les rapports diplomatiques entre les puissances chinoises et occidentales. La montée des tensions diplomatiques entre l’UE et la Chine, illustrée par les sanctions européennes au sujet du travail forcé dans la province du Xinjiang et les contre-sanctions chinoises qui ont suivi, ont mis un coup d’arrêt à la coopération bilatérale, comme le démontre le vote du Parlement européen le 20 mai en faveur de la suspension des négociations pour la ratification de l’Accord global sur l’investissement annoncé en décembre 2020.

Pourtant, le même jour, un partenariat a été annoncé autour des matériaux de batterie entre les industriels allemand BASF et chinois Shanshan. Cette double actualité témoigne bien d’une incohérence de la ligne de conduite européenne à l’égard de la Chine. Au-delà de l’incompatibilité apparente des deux systèmes politiques illustrée par un ton de moins en moins diplomatique, une réelle complémentarité des intérêts entre les deux parties subsiste. En fait, l’UE et la Chine ne peuvent se passer d’entretenir avec l’autre, sinon une coopération, du moins un dialogue ouvert et pragmatique sur certains enjeux.

BASF et Shanshan s’associent en une joint-venture dans le secteur des matériaux pour batteries

Si le feu est rouge en termes de coopération politique avec la Chine, la collaboration industrielle sino-allemande reste pour sa part au beau fixe. Les deux leaders se sont lancés dans une co-entreprise au service du marché chinois, le plus grand dans le secteur des matériaux de batterie. Pour BASF, fournisseur mondial de premier plan de Fabrication Assistée par Ordinateur (FAO) à l’industrie automobile, c’est l’occasion d’accéder au marché chinois de la FAO, élargissant son empreinte mondiale avec une chaîne d’approvisionnement de matériaux actifs cathodiques intégrée et unique. BASF deviendrait la première entreprise à disposer de capacités sur tous les principaux marchés d’ici 2022. De son côté, Shanshan, l’un des principaux fournisseurs de matériaux pour batteries au lithium-ion desservant à la fois le marché de la mobilité électrique et de l’électronique grand public, bénéficierait du réseau mondial de clients automobiles de BASF pour renforcer sa compétitivité sur le marché chinois.

Grâce aux solides capacités de technologie et de développement à empreinte mondiale de l’un, et à la vaste expérience du marché chinois de l’autre, ces deux géants, en combinant leur expertise, comptent offrir une compétitivité incomparable en matière d’innovation, de proximité client et de coût et devenir un des principaux fournisseurs mondiaux de FAO. L’objectif est de générer d’importantes synergies technologiques et d’accélérer la transformation de l’électrification de l’industrie du transport.

L’enjeu de ce partenariat est central quand on sait que la Chine a la mainmise sur les chaînes de valeur des matériaux stratégiques nécessaires à la fabrication des batteries dont elle domine le marché et détient environ 90% de la production mondiale. En outre, la Chine est un acteur incontournable dans les chaines d’approvisionnement dans les domaines clés de la transition énergétique (panneaux solaires, turbines d’éoliennes, hydrogène). 

Quelle méthode pour une position européenne cohérente ?

Entre dissensions politiques profondes et coopération innovante sur des enjeux d’avenir, la relation sino-européenne est soumise à des tendances contradictoires qui semblent irréconciliables et empêchent l’UE de maintenir une ligne de conduite univoque.

En tout cas, le divorce sino-européen n’est pas consommé. Au-delà des sirènes des rivalités politiques, des points de convergence permettent encore aujourd’hui de parler de visions d’avenir en commun. Dans la perspective de la COP26, il est nécessaire d’établir des axes stratégiques incontournables vers lesquels orienter la coopération sino-européenne. Le sujet des matières premières, agricoles et minérales, est par exemple un point d’appui central de cette coopération, tout comme le climat ou la transition énergétique et industrielle.

L’UE ne pourra imposer ses vues qu’à condition de faire preuve d’un discours unanime et cohérent. Il convient donc qu’elle s’accorde d’abord en interne sur sa ligne de conduite, puis en externe en se positionnant selon une méthode souple apte à sortir du stop and go permanent dans les relations internationales. Ainsi, elle pourra tenir un dialogue précis mais ferme dans la négociation, redéfinir des partenariats exigeants et durables, respectueux du droit, et fondés sur une réelle réciprocité. En un mot, assumer un rôle de « puissance d’équilibre ». 


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