Catégorie : Nouvelles Energies

COP28 – Leçons et apprentissages de The Bridge Tank à la COP de Dubai

Depuis 2015 et la COP21 à Paris, la présence de The Bridge Tank à la COP est devenue une opportunité annuelle pour notre think tank de contribuer au débat public sur l’action climatique et le développement durable. Cette année, la COP28 à Dubaï n’a pas fait exception à la règle. Joël Ruet, Président de The Bridge Tank, a participé à la conférence du 30 novembre au 4 décembre, en coordination avec le Partenariat Français pour l’Eau (PFE) et le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB).

Au-delà des négociations officielles, marquées par des tensions et des frustrations mais qui ont malgré tout abouti à un accord historique, les COP sont l’occasion de dialoguer avec des acteurs du changement venant du monde entier et de découvrir des success stories et des projets développés par des praticiens inspirés et inspirants. La COP fut également une opportunité d’en apprendre davantage sur les dernières innovations liées aux sujets qui ont été au cœur des actions de The Bridge Tank au fil des ans – transitions énergétiques, modèles de croissance économique et les rôles de l’industrie, l’agriculture et l’adaptation des terres dans ces dernières.

Ces thèmes ont tous connu des avancées importantes lors de la COP28 : les énergies fossiles ont été mentionnées dans l’accord final, les engagements des acteurs industriels se sont multipliés et le fonds pour les pertes et dommages a été mis en place.

Par ailleurs, The Bridge Tank a eu le privilège d’être directement impliqué dans la présentation de deux de ces success stories provenant d’Afrique de l’Ouest, qui ont permis d’évaluer la contribution au développement de la région :

  • fournie par les infrastructures hydroélectriques et les programmes associés mis en œuvre par l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Le side event a été organisé par l’OMVS et la SOGEM, avec le soutien officiel du CILSS, qui a accueilli l’événement sur son pavillon, et de The Bridge Tank.
  • offerte par les financements innovants pour les projets climatiques, avec le lancement officiel du Fonds d’étude climat de la Banque ouest-africaine de développement.

Pour en savoir plus sur la participation de nos board members à la COP de Dubaï :

Sécurité alimentaire : gouvernance, sécurité et résilience climatique

Le 2 décembre, la Conférence de Munich sur la sécurité (Munich Security Conference, MSC) a ainsi organisé un side event à huis clos, intitulé « Dried Up : Strengthening Resilience of Food Systems in Light of Climate Change » (« Asséchés : renforcer la résilience des systèmes alimentaires face au changement climatique »). L’événement s’est penché sur la façon dont le changement climatique contribue à l’insécurité alimentaire actuelle, une crise déjà aggravée par la guerre menée par la Russie en Ukraine, divers conflits régionaux, les conséquences de la pandémie de COVID-19, les chocs économiques et les défis de la chaîne d’approvisionnement à travers le monde.

Comment faire converger au mieux les efforts de lutte contre le changement climatique et contre la faim ? Comment la COP28 peut-elle servir de plateforme pour réunir les deux communautés politiques afin d’aborder les effets d’entraînement du changement climatique sur la sécurité alimentaire mondiale ? Telles étaient les grandes questions au coeur des discussions entre les participants à ce side event :

  • Cindy Hensley McCain, Directrice exécutive, United Nations World Food Programme
  • Vera Songwe, Présidente du conseil d’administration, The Liquidity and Sustainability Facility
  • Ricarda Lang, Coprésidente, Groupe Parlementaire Alliance 90/Les Verts Greens
  • Nisreen Elsaim, Présidente, Sudan Youth  Organization on Climate Change, Khartoum
  • Michael Werz, Conseiller senior, Munich Security Conference (Modération)

Un sujet qui intéresse particulièrement The Bridge Tank est celui du financement de la restauration des terres et de l’agriculture durable et créatrice d’emplois, notamment en Afrique. Notre engagement auprès des dirigeants africains nous a conduit à l’idée qu’une utilisation transitoire des revenus du gaz naturel est le moyen de financer ces investissements nécessaires, dans un double contexte où l’Afrique subsaharienne n’a pas été un contributeur au changement climatique et a besoin de financer sa transition durable d’une part, tandis que d’autre part, l’Occident voit le gaz naturel comme une étape de la transition énergétique.

Après ces premiers investissements qui incluraient le financement de la diffusion des énergies renouvelables sur le terrain, cette transition financière pourrait prendre fin ; le message principal des participants à la COP venus du Sud Global étant qu’ils souhaitent s’appuyer de plus en plus sur des financements souverains pour leurs transformations et ne pas dépendre de l’Occident quand ils le peuvent. Joël Ruet a pu partager ces points de vue avec les panélistes. C’est dans cet esprit que The Bridge Tank est prêt à contribuer à la task force que la Conférence de Munich sur la sécurité se propose de lancer.

Le commerce durable et le libre-échange, vecteurs de la lutte contre le changement climatique

La veille, le 5 décembre, Joel Ruet avait déjà été convié à une réception de haut niveau sur le thème « Le commerce durable et inclusif en tant que moteur de la croissance économique et de la prospérité ».

La réception a rassemblé :

  • Hillary Clinton, ancienne Secrétaire d’État des États-Unis,
  • Dr Ngozi Okonjo-Iweala, Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce,
  • Maha AlQattan, Directrice générale du développement durable, DP World.

En ouverture, Hillary Clinton a cité Madeleine Albright, en se décrivant comme « une optimiste qui s’inquiète beaucoup », traduisant ainsi avec finesse l’esprit des participants à la COP28 à ce stade des négociations. Elle a rappelé les efforts de la Global Clinton Initiative en faveur de la durabilité environnementale et s’est réjouie qu’un accord ait pu être trouvé sur les pertes et dommages.

Néanmoins, la lutte contre le changement climatique nécessite également un plan d’action à long terme, dont le libre-échange fait partie, même s’il doit être repensé, a rappelé Mme Okonjo-Iweala. En effet, le libre-échange a eu jusqu’à présent des avantages et des inconvénients : les avantages sont certainement liés à sa capacité à assurer une large distribution des technologies vertes qui ont été mises à l’échelle à un coût rapidement décroissant ; la connectivité et le développement de la chaîne logistique ont également assuré leur portée à l’intérieur des terres, bien au-delà des capitales ou des principaux ports, un point que l’invité de DP World a également tenu à souligner. En ce qui concerne les améliorations nécessaires de l’empreinte carbone du libre-échange, Mme Okonjo-Iweala a rappelé plusieurs tendances positives ou points d’inflexion dans l’introduction de meilleures normes ESG dans la chaîne mondiale, en insistant notamment sur l’effet de levier de l’industrie du transport maritime.

Mme Okonjo-Iweala a plus généralement rappelé le rôle de la coordination entre les acteurs industriels, les gouvernements et la finance, une ligne d’analyse qui traverse l’histoire de The Bridge Tank depuis sa création, sur la base de laquelle nous avions notamment contribué à la task force sur l’énergie et le climat dans le cadre de la présidence du G20 en 2023.

Enfin, Mme Okonjo-Iweala a introduit une perspective progressiste bienvenue sur le libre-échange, qui n’est pas recherché en soi mais qui est accompagné de transparence, de normes équitables et de progrès social dans les pays et les systèmes économiques qui veulent participer au système de l’OMC. L’assistance, composée de personnalités de renom issues de divers secteurs industriels et géographies, a pu constater qu’une révolution silencieuse était en cours.

Hillary Clinton
Hillary Clinton, Ngozi Okonjo-Iweala, & Maha AlQattan
Accélérer la transition énergétique : outils économiques et acteurs

Un side event clé co-organisé par la Task Force sur la tarification du carbone en Europe présidée par Edmond Alphandéry, ancien ministre français de l’économie, et le think tank The Climate Overshoot Commission présidé par Pascal Lamy, ancien DG de l’Organisation mondiale du commerce, a fourni un compte-rendu détaillé de la réflexion sur les outils économiques, les perspectives technologiques et les priorités environnementales et morales en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dans la continuité de la présentation par la représentante du FMI des résultats d’une étude historique décrivant la répartition des subventions aux combustibles fossiles en fonction des capacités de production, et de la présentation par Lord Turner de la version actualisée de l’approche de l’Energy Transiton Commission sur le rôle respectif des différentes technologies, Joel Ruet a suggéré de travailler à une connexion entre les deux, non seulement en reliant les deux paramètres mais aussi en les ancrant dans des géographies, afin de préparer le terrain pour des scénarios et des politiques optionnels.

Le Bridge Tank ayant été un participant régulier de la Task Force, nous avons été heureux de voir les progrès continus de ses résultats et de ses réalisations au fil des ans.

L’événement parallèle « Coping with global warming and reducing risk of a warming climate » (Faire face au réchauffement climatique et réduire le risque d’un réchauffement du climat) a donné la parole à :

  • Edmond Alphandéry, Président de la Task Force sur la tarification du carbone en Europe, ancien ministre de l’économie de la France ;
  • Dora Benedek, Responsable de division, division de la politique climatique, département des affaires fiscales, Fonds monétaire international ;
  • Lord Adair Turner, Président de la Commission pour la transition énergétique ;
  • Julien Perez, Vice-président, stratégie et politique, Oil and Gas Climate Initiative (OGCI) ;
  • Pascal Lamy, Président de la Climate Overshoot Commission, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce ;
  • Hina Rabbani Khar, ancienne ministre des affaires étrangères du Pakistan, membre de la Climate Overshoot Commission.
Lord Adair Turner

En matière d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, les acteurs comptent. Le 5 décembre, Joël Ruet était invité à participer à un dîner sur le thème « Accélérer la transition énergétique : la nécessité d’une action collective », organisé par la société de logistique émiratie DP World, et réunissant un ensemble d’acteurs économiques de l’industrie portuaire et maritime, des ONG engagées dans l’adaptation, et des grands industriels. Cet événement s’inscrivait dans la continuité de la participation de The Bridge Tank aux groupes de travail du Business20 du G20.

L’événement a permis de réfléchir à des pistes d’action pour faciliter et accélérer la transition vers des sources d’énergie à faible teneur en carbone, un sujet d’intérêt de longue date pour The Bridge Tank.

Le format « discussion au coin du feu » de l’évènement a accueilli les contributions de Jesper Kristensen, Group Chief Operating Officer, Marine Services DP World, Tiemen Meester, Group COO, Ports & Terminals, DP World, Sue Stevenson, Director of Strategic Partnerships and International Development, Barefoot College International, & Federico Banos-Lindner, Group SVP, Government Relations & Public Affairs, DP World. Les discussions ont été animées par Lynn Davidson, ancienne conseillère du président de la COP26, Alok Sharma, et ont été ponctuées d’une allocution de Rajiv Ranjan Mishra, chef de la délégation de la COP28, Confédération de l’industrie indienne (CII).

Lynn Davidson, Federico Banos-Lindner, & Sue Stevenson
Adaptation et résilience au changement climatique

Ayant récemment travaillé avec le bureau national du PNUD en Haïti sur le plan national d’adaptation de ce pays, The Bridge Tank a porté un intérêt particulier à la session intitulée « Changement climatique, insécurité et mobilité dans les États fragiles : Une nouvelle approche de l’adaptation au climat et de la consolidation de la paix » qui s’est tenue au pavillon de la Somalie et a été organisée par le Programme des Nations unies pour l’environnement, le ministère haïtien de l’environnement, la Somali Greenpeace Association et le Mécanisme des Nations unies pour la sécurité climatique.

Sur ce thème de l’adaptation, The Bridge Tank a également participé à un événement parallèle sur « l’apprentissage itératif mené localement et l’adaptation transformative pour renforcer la résilience des communautés » organisé par le Centre international pour le changement climatique et le développement et accueilli par le pavillon du FENU.

La COP28 a également été l’occasion de faire le suivi de notre side event de la COP27 avec la Banque Agricole de Développement du Niger sur leurs initiatives visant à promouvoir les systèmes d’assurance rurale.

La zone d’innovation de la COP28

Enfin, la Zone Innovation de cette année a accueilli une multitude d’initiatives sur l’innovation, la finance durable, l’hydrogène et l’agriculture. Cela s’est avéré être une occasion précieuse d’aiguiser l’esprit des uns et des autres sur les tendances à venir.

COP28 – Side event sur les contributions des ouvrages hydroélectriques au développement en Afrique de l’Ouest

Clap de fin pour la COP28 de Dubai. À l’heure du bilan, on retiendra évidemment l’accord final appelant à une « transition hors des énergies fossiles, » des avancées sur les pertes & dommages, et la question de l’adaptation et de son financement gagnant en visibilité. 

Ces trois priorités illustrent aujourd’hui l’importance de développer des projets intégrateurs du développement répondant à la fois aux enjeux d’atténuation et d’adaptation. Contribuant à bien plus que la seule production d’électricité, les barrages hydroélectriques, d’autant qu’ils intègrent des programmes d’agriculture irriguée et de gestion durable des terres, sont de ces outils intégrateurs de politiques du développement qu’il s’agit de valoriser. La COP28 aura été l’occasion de présenter une de ces success stories en matière d’action climatique et de développement durable en provenance d’Afrique de l’Ouest.

Dans le cadre de la programmation officielle du Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), The Bridge Tank, l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et la Société de Gestion de Manantali (SOGEM) ont co-organisé un side event pour partager les résultats d’une étude innovante sur la contribution des ouvrages hydroélectriques Manantali-Felou-Gouina au développement dans la zone sahélienne et de l’Afrique de l’Ouest. L’évènement s’inscrit dans un cadre d’échanges récurrents avec le Partenariat Français pour l’Eau (PFE) et le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB).

Le side event a été organisé à l’occasion de la journée du « Global Goal on Adaptation », le 4 décembre 2023.

Comprendre et valoriser les contributions

Menée par Joël Ruet, l’étude présentée lors de cet évènement offre une analyse des différentes formes de contributions économiques du système d’ouvrages hydroélectriques de l’OMVS et de la SOGEM au développement durable de la zone sahélienne et de l’Afrique de l’Ouest.

Elle analyse pour cela l’effet d’entraînement rendu possible sur l’ensemble de la chaîne du développement. Contribution énergétique, hydraulique, agricole, socio-économique, ou encore à la restauration des terres dégradées et la lutte contre la salinité. Cela est sans compter les émissions de gaz à effet de serre évitées et la contribution historique au budget carbone mondial apportée par cette source d’énergie renouvelable.

Les paramètres d'analyse de l'étude
Les contributions des ouvrages et actions de l'OMVS-SOGEM

L’étude apporte une contribution innovante à la démonstration des liens forts entre atténuation et adaptation. Sa valeur se trouve également dans ses contributions de politique publique. Cette étude est en effet la première étude systémique depuis l’évaluation par les organismes bailleurs (KfW, BEI, AFD) en janvier 2009.

Plus qu’une mise à jour essentielle, elle mobilise les acquis de la recherche sur le développement durable fort et apporte une méthodologie innovante du traitement de l’économie du développement dans un contexte d’émergence post-Accord de Paris sur le climat. Les recommandations informent les pouvoirs publics nationaux et multi-latéraux quant aux bénéfices de politiques publiques : transition énergétique, émergence, stabilité du climat, finance verte, etc.

L’étude apporte également une contribution technique recensant les apports définis et évalués par des méthodologies complémentaires. Apports comptables, micro-économie, scénarios contra-factuels alternatifs, macro-économie et élasticité, valorisation GES évités, et enfin « valeur d’option réelle » des stratégies de développement régionales et nationales débloquées par les actifs du système Manantali-OMVS sont autant de contributions techniques différentes analysées dans le cadre de l’étude.

Contributeurs et partenaires de l’évènement

Le panel de l’évènement était composé de :

  • M. Aly Seydouba Soumah, Ministre de l’énergie, de l’hydraulique et des hydrocarbures, République de Guinée,
  • M. Nabil Ben Khatra, Secrétaire Exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Sahel,
  • M. Mohamed Abdel Vetah, Haut Commissaire de l’OMVS,
  • M. Seydou Sané, Président du Conseil d’Administration de la SOGEM/OMVS,
  • M. Mohamed Mahmoud Sid’Elemine, Directeur Général de la SOGEM/OMVS,
  • M. Joël Ruet, économiste CNRS à l’Institut Interdisciplinaire sur l’Innovation, Associé Senior, Chaire Technology for Change, Ecole Polytechnique, Président de The Bridge Tank.

L’évènement a pu faciliter les échanges avec M. Jean-Luc Redaud, Président du Groupe de travail « Eau & Climat » du PFE, Mme Kathryn Bartlett, Soil Scientist pour AngloAmerican, M. Amadou Maiga Mahamadou, Directeur Général Adjoint de la Banque agricole du Niger, M. Abdoul Razak Baraze Saida, Directeur du crédit d’étude et partenariat du Secteur Agriculture et M. Abdou Nouridine Sanfo, Secrétariat Exécutif du Fonds Vert pour le Climat pour le Burkina Faso.

Aly Seydouba Soumah
Nabil Ben Khatra
Mohamed Abdel Vetah
Joël Ruet
Le barrage de Manantali

Échanges avec François de Rugy et l’Ambassadrice du Kazakhstan sur l’énergie et la relation bilatérale France-Kazakhstan

Le 30 juin 2023, Joël Ruet s’est entretenu avec l’ancien Ministre d’État, Ministre de la Transition écologique et solidaire, et ancien Président de l’Assemblée Nationale, François de Rugy, et l’actuelle Ambassadrice du Kazakhstan en France, Gulsara Arystankulova, sur la relation bilatérale entre la France et le Kazakhstan et les perspectives de partenariats énergétiques et technologiques entre les deux pays.

Ces échanges se sont déroulés dans le cadre d’un colloque organisé dans l’enceinte du Sénat sur le thème « Souveraineté énergétique de l’Europe et de la France : quelles solutions, quels partenaires ? » L’action récente de The Bridge Tank au Kazakhstan s’illustre notamment par notre contribution au développement d’un méchanisme d’enchères pour les énergies renouvelables en partenariat avec le PNUD en 2021 et la mise en lumière des défis rencontrés par les investisseurs étrangers dans le pays.

Ambitions et coopérations futurs

Durant son intervention, l’Ambassadrice Gulsara Arystankulova a insisté sur la profondeur des relations entre la France et le Kazakhstan et l’étroite coopération qui relie les deux pays dans le domaine énergétique. En novembre 2022, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev avait ainsi été reçu à Paris par le président Macron. Cette coopération s’est particulièrement renforcée depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Kazakhstan offrant une alternative importante au pétrole et au gaz russe. Riche en matières premières et géant pétrolier d’Asie Centrale, le pays joue un rôle clé dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe et sera un acteur central de l’avenir énergétique du continent.

Car malgré son statut de géant pétrolier, le Kazakhstan mène une stratégie de transition énergétique ambitieuse qui vise à gazéifier son mix énergétique et à atteindre 50% d’énergies renouvelables d’ici 2050. Pour répondre aux défis d’approvisionnement et d’interconnexion liés à la taille du pays, le Kazakhstan mise sur une dynamique de décentralisation énergétique qui s’appuie sur des mini-systèmes énergétiques verts  subventionnés par l’État.

L’ambition de neutralité carbone du Kazakhstan à l’horizon 2060 s’appuie sur des atouts non-négligeables. Avec ses grands espaces, son fort ensoleillement et ses ressources en terres rares, le pays présente un fort potentiel pour le développement d’énergies renouvelables. Des groupes français se positionnent déjà, comme par exemple TotalEnergies qui a lancé un projet de parc éolien terrestre de 1GW dans la région de Zhambyl au sud du Kazakhstan, en partenariat avec le National Wealth Fund Samruk-Kazyna et la National Company KazMunayGas.

Partenariats et enjeux de souveraineté

Selon Joël Ruet, de nombreuses perspectives de coopération énergétique, technique et technologique existent entre la France et le Kazakhstan. Premier producteur mondial d’uranium, le Kazakhstan fournit par exemple l’uranium nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises, à travers une coopération étroite avec le géant français du nucléaire Orano.

En tant que troisième investisseur étranger au Kazakhstan, la France a tout intérêt à se positionner afin de générer des nouveaux partenariats et de lancer des nouvelles filières, mais également afin de continuer de développer ses savoir-faire et ressources humaines, en particulier à travers le nucléaire et l’hydrogène. La coopération entre la France et le Kazakhstan ne peut donc pas se limiter à sa composante énergétique et à l’approvisionnement de matières premières. Cette coopération doit enrichir son volet technique et technologique afin de développer la recherche, la connaissance, et l’innovation communes dans le secteur.

Dans le cadre de ces partenariats, il est important de considérer l’énergie sous ses différentes formes, non seulement à travers la question de l’électrification mais en prenant en compte l’énergie sous sa forme liquide et gazeuse puisque celle-ci présente une part importante des mix énergétiques.

Plaçant ce constat dans la réflexion sur la souveraineté énergétique française, François de Rugy a insisté sur le fait que cette dernière n’était pas seulement une question d’électricité mais de pétrole et de gaz – des ressources dont la quasi intégralité est importée dans le cas de la France. Pour assurer la sécurité d’approvisionnement, il faudra donc diversifier les sources d’approvisionnement mais également électrifier des usages en décarbonant les transports, le chauffage, ou encore l’industrie.

Néanmois, la France a ces dernières années fait face à un nouveau défi découlant de l’affaiblissement du taux de disponibilité des centrales nucléaires pour des raisons de maintenance et de capacité de production en baisse. Selon François de Rugy, il est donc crucial d’investir à la fois dans les énergies renouvelabes et dans le renouvellement du parc nucléaire français en utilisant les forces et expertises françaises dans ces domaines.

Le développement énergétique du Kazakhstan présente indubitablement un fort potentiel de coopération avec la France et l’Europe. Si celui-ci permet actuellement d’assurer l’approvisionnement en combustibles fossiles au vieux continent, le pays sera dans le futur un partenaire important de la transition énergétique et du développement des énergies renouvelables et décarbonées.

Policy Brief – Comment la Chine est parvenue à dominer la chaîne de valeur mondiale des batteries lithium-ion automobiles

Ce policy brief a été rédigé par Xieshu WANG, Experte Senior Finance, Matières, Mobilité, The Bridge Tank, et a été initialement publié par le Centre d’études sur le commerce et le développement, Copenhagen Business School Policy Brief No. December 2022. Pour consulter la publication originale, cliquez ici.

L’électrification des véhicules s’accélère et l’industrie automobile mondiale est en pleine transformation. La Chine est devenue un partenaire indispensable pour les fabricants de véhicules électriques, car elle est le seul pays à avoir réussi à mettre en place une chaîne de valeur industrielle complète et compétitive pour les batteries lithium-ion des véhicules électriques. La politique gouvernementale descendante (top-down) a été un catalyseur important ; la stratégie et les investissements ascendants (bottom-up) d’intégration verticale au niveau de l’entreprise ont effectivement créé une chaîne d’approvisionnement en boucle fermée. L’Afrique n’en est qu’à ses débuts dans cette transition de la mobilité. Mais avec ses riches gisements de minéraux et ses marchés potentiels, elle peut devenir un acteur clé de la chaîne de valeur mondiale des véhicules électriques, si un écosystème favorable à l’adoption rapide des véhicules électriques et des entreprises vertes connexes peut être mis en place à temps.

Points clés :

  • L’élaboration de politiques sous l’égide du gouvernement, les ajustements constants et les politiques de protection temporaires des industries naissantes ont été quelques-uns des principaux moteurs de la croissance rapide de l’industrie des véhicules électriques et du secteur des batteries lithium-ion en Chine.
  • De nombreuses entreprises chinoises déploient une stratégie que l’on peut définir comme une « intégration verticale spécialisée », c’est-à-dire qu’elles entrent activement dans des segments connexes en amont et/ou en aval de la chaîne d’approvisionnement des batteries lithium-ion pour véhicules électriques, tout en continuant à renforcer leur capacité existante dans le segment initial de la chaîne de valeur, qui sert de base d’expansion.
  • Avec l’explosion de la demande de minerais pour les batteries et les VE, l’Afrique, avec ses riches gisements de lithium, de cuivre, de cobalt et d’autres minerais, pourrait devenir un acteur clé de la chaîne de valeur mondiale des VE.
  • La conception d’un cadre réglementaire favorisant les VE, l’application de politiques d’incitation et le développement de programmes de R&D menés par le gouvernement sont des points de départ importants pour attirer des multinationales à la pointe de la technologie dans la chaîne de valeur des VE, encourager les startups locales et développer des pôles industriels compétitifs. La promotion d’alliances et de collaborations régionales ainsi que le développement de fonds d’investissement industriels dédiés aux entreprises de la chaîne de valeur des VE sont d’autres pistes d’action qu’il convient d’explorer.
À propos de l’auteur

Xieshu WANG est Experte Senior Finance, Matières, Mobilité, The Bridge Tank, et chercheuse associée au Centre de recherche en Économie de l’Université Paris Nord (CEPN). Elle est membre de l’Osservatorio sulle Economie Emergenti Torino (OEET) et chargée de recherche à l’Institut interdisciplinaire d’innovation de l’École polytechnique de Paris et au département d’économie et de statistique « Cognetti de Martiis » de l’Université de Turin.

Concordia Europe Summit: Souveraineté européenne, sécurité énergétique & relations transatlantiques

Les 15 et 16 juin 2023, d’éminents décideurs de toute l’Europe et du monde entier se sont réunis à Madrid, en Espagne, à l’occasion du Concordia Europe Summit 2023. Deux jours de conversations de haut niveau à huis clos sur le thème de la démocratie, de la sécurité et des risques géopolitiques ont permis d’aborder certaines des questions les plus urgentes auxquelles l’Europe est confrontée, notamment la cybersécurité, la sécurité énergétique et les outils diplomatiques. The Bridge Tank était présent au sommet, représenté par son président Joel Ruet et Raphael Schoentgen, board member, qui a participé à une session sur la transition énergétique de l’Europe.

Souveraineté européenne : Objectifs climatiques, autonomie et sécurité énergétique

Lors de la session d’ouverture du sommet, l’ancien président de la Commission européenne (CE), José Manuel Barroso, a témoigné du lien étroit entre l’établissement d’objectifs climatiques à caractère contraignant et la concrétisation des objectifs de sécurité énergétique en Europe. Malgré les défis que représentent ces objectifs climatiques, la stratégie UE 2020 a été réalisée en élargissant le problème de sa composante environnementale à la sécurité énergétique, gagnant ainsi les nouveaux membres de l’UE à mesure que la CE lançait des investissements dans les infrastructures, a-t-il noté. Cette approche a également été utilisée par les États-Unis et l’Inde.

Plaçant le débat actuel sur l’autonomie stratégique de l’UE dans son contexte géopolitique, Othmar Karas, premier vice-président du Parlement européen, a noté que l’agression de la Russie avait largement conditionné le débat sur l’autonomie stratégique et la souveraineté de l’UE, ainsi que sur sa stratégie de défense. M. Karas a déclaré que ce débat était mené « dans un esprit de coopération avec l’OTAN ».

José Manuel Barroso
Othmar Karas
Joel Ruet (à gauche)

Le président de The Bridge Tank, Joel Ruet, a profité de cette occasion pour échanger avec le premier vice-président du Parlement européen sur la contribution du Green Deal européen à l’autonomie stratégique de l’UE. Les politiques contraignantes ne sont en effet bénéfiques que dans la mesure où elles s’inscrivent dans des compromis plus larges. Il est donc important que l’UE et les États-Unis ne perdent pas leur coopération en matière d’autonomie face aux régimes illibéraux. En particulier, la guerre des subventions à court terme à laquelle se livrent actuellement les deux blocs constitue une tendance inquiétante, selon Joel Ruet.

Au milieu des nouvelles rivalités qui se dessinent, les dix prochaines années seront cruciales pour mettre au point les modèles de financement et d’inventeurs/adoptateurs PPP, a soutenu Will Roper, ancien secrétaire adjoint de l’armée de l’air américaine.

Au cours d’une session sur le « chemin vers l’indépendance », l’ambassadrice Paula Dobriansky, ancienne sous-secrétaire d’État américaine aux affaires mondiales sous la présidence de George W. Bush, a rappelé que le gouvernement américain était également très concentré sur les ramifications de la guerre en Ukraine. Elle a reconnu les avancées notables en matière d’énergie nucléaire et d’hydrogène en Europe, ce qui a également été souligné par d’autres intervenants qui ont insisté sur la nécessité de travailler sur l’offre de sécurité énergétique afin de progresser vers l’autonomie de l’Europe. Cette question a également été abordée par notre board member Raphael Schoentgen lors d’une session sur « Le paysage énergétique de l’Europe : Alternatives pour la transition vers les énergies renouvelables ».

L'ambassadrice Paula Dobriansky
Raphael Schoentgen (centre)
Diplomatie et sécurité transatlantiques et le rôle de l’Amérique latine

La question de la coopération transatlantique a été un thème central du sommet. Les avantages d’une Europe forte et souveraine pour les États-Unis ont été soulignés par différents intervenants, les partenariats bénéficiant de la force et de la confiance des deux parties.

Une session intitulée « Diplomatie et sécurité transatlantiques : Forces et opportunités futures » (Transatlantic Diplomacy & Security : Strengths and Future Opportunities) a réuni l’ancien président colombien Iván Duque Márquez, le ministre espagnol des affaires étrangères José Manuel Albares, l’ambassadrice américaine en Espagne Julissa Reynoso et Radoslava Stefanova de l’OTAN.

Selon José Manuel Albares, la relation transatlantique est très importante dans le contexte de l’agression russe. Les États-Unis sont un allié naturel de l’UE et l’agenda transatlantique sera au cœur de la prochaine présidence espagnole de l’UE, y compris dans le domaine technologique, a déclaré M. Albares. Dans ce processus d’évolution vers une Europe de la défense et une plus grande intégration, l’UE doit également envisager un processus de prise de décision basé sur la majorité qualifiée et non sur l’unanimité, a-t-il ajouté.

Le rôle central de l’alliance transatlantique est également reconnu de l’autre côté de l’Atlantique, a soutenu l’ambassadrice Reynoso, ajoutant que l’actuel président des États-Unis a été celui qui a le plus cru à cette alliance dans l’histoire récente. Sur cette base, Radoslava Stefanova a rappelé à l’auditoire que l’OTAN assurait déjà un certain degré d’intégration des systèmes et des acquisitions militaires sur la base des engagements des pays membres, et qu’elle œuvrait donc à la convergence.

Iván Duque Márquez a évoqué les opportunités créées par la présidence espagnole de l’UE en offrant un point d’union entre l’Amérique latine et l’UE. Les écosystèmes d’Amérique latine sont essentiels dans la lutte contre le changement climatique et le continent est un acteur clé de l’approvisionnement en énergie, qu’il s’agisse de pétrole, de gaz ou d’hydrogène vert, mais aussi de la sécurité alimentaire de l’UE. En outre, l’Amérique latine est confrontée à des questions similaires à celles soulevées au sein de l’UE quant à la meilleure façon d’aborder ses relations avec la Chine, en particulier en matière de commerce.

Iván Duque a également évoqué ces questions lors d’une session avec l’ancien président du Mexique Felipe Calderón, au cours de laquelle ils ont discuté du rôle de l’Amérique latine dans la durabilité mondiale. Iván Duque a notamment souligné l’hypocrisie qui veut que la tonne de CO2 vaille 50 dollars à Bruxelles et 5 dollars dans le bassin du Congo ou en Amazonie. Felipe Calderon a appelé à une véritable mise en œuvre du principe du « pollueur-payeur » et à une récompense pour l’absorption à un prix égal sur l’ensemble de la planète. « Le financement réel des coûts d’investissement est plus important que les promesses », a-t-il ajouté.

Transatlantic Diplomacy & Security: Strengths and Future Opportunities
Ivan Duque & Felipe Calderón

Concordia Summit: Notre board member Raphael Schoentgen évalue la transition énergétique en Europe

Alors que l’Europe est aux prises avec des prix de l’énergie élevés et des perturbations dans son approvisionnement énergétique à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, œuvrer à la transition énergétique de l’Europe n’a jamais été aussi urgent – mais aussi riche en nouvelles opportunités. Lors du Concordia Europe Summit qui s’est tenu à Madrid, en Espagne, Raphael Schoentgen, board member de The Bridge Tank et PDG fondateur de Hydrogen Advisors, a participé à un panel sur le thème « Europe’s Energy Landscape : Alternatives for the Renewable Transition » (Paysage énergétique européen : alternatives pour la transition vers les énergies renouvelables).

À ses côtés, Ana Palacio, ancienne ministre espagnole des affaires étrangères, Teresa Parejo, directrice en charge du développement durable chez Iberia Airlines, et German Alcayde, Board Member, HVR energy, qui a animé la session, ont échangé sur cette question.

L’évolution du paysage énergétique européen

S’appuyant sur sa vaste expérience dans le secteur de l’énergie, après avoir été CTO et membre du comité exécutif d’ENGIE et maintenant expert et entrepreneur dans le domaine de l’hydrogène, Raphael Schoentgen a ouvert les discussions en rappelant que 80 % de l’énergie utilisée aujourd’hui en Europe est sous forme solide, liquide ou gazeuse. La transition énergétique ne doit donc pas se concentrer uniquement sur l’électricité. Aujourd’hui, les énergies renouvelables représentent 40 % du réseau électrique européen. Cependant, l’électricité ne représente que 20 % de l’énergie que nous consommons, de sorte que les énergies renouvelables ne représentent que 8 % de la consommation totale d’électricité. L’Europe importe aujourd’hui encore 85 % de son énergie ( carburants compris). Elle ne sera donc pas autosuffisante du jour au lendemain, a affirmé M. Schoentgen.

Le chauffage constitue le besoin énergétique le plus important en Europe, avec 40 % de la consommation totale. Celui-ci est principalement alimenté par le gaz. Viennent ensuite les transports, avec 30 %, principalement sous forme liquide. M. Schoentgen a par conséquent exprimé sa confiance dans le potentiel de l’hydrogène, qui constitue à la fois un bon complément à l’énergie verte et un substitut au gaz naturel, qui peut renforcer la production de biogaz.

Encourager le développement et s’adapter à un environnement international changeant

Raphael Schoentgen a toutefois mis en garde contre l’imposition de restrictions au développement de l’hydrogène en Europe, appelant les décideurs à être concrets et non dogmatiques. Les actes délégués de la Commission européenne relatifs à l’hydrogène compliquent considérablement le développement de cette technologie, car l’accent mis sur les émissions nulles de CO2 et de gaz à effet de serre est trop contraignant.

Mettant les efforts européens en regard des trajectoires énergétiques internationales, Ana Palacio a partagé son analyse de l’état des lieux aux Etats-Unis. La loi sur la réduction de l’inflation de 2022 (IRA), promulguée en août 2022, contient 500 milliards de dollars de nouvelles dépenses et d’allègements fiscaux visant – parmi d’autres priorités – à stimuler les énergies propres. Ana Palacio a fait remarquer que si l’IRA était neutre sur le plan technologique, le Green Deal européen n’affichait pas cette neutralité technologique puisqu’il rejetait l’énergie nucléaire. Raphael Schoentgen a confirmé ce point, lui qui venait de rentrer de Washington D.C., où il avait assisté à la publication de la stratégie américaine sur l’hydrogène.

Revenant sur les importations d’énergie en Europe, Ana Palacio a souligné les efforts de l’Espagne pour ne pas se rendre dépendante d’un seul pays (contrairement à la dépendance de l’Allemagne vis-à-vis du gaz russe). Au contraire, l’Espagne a construit une flottille de terminaux énergétiques pour conserver son indépendance.

The Bridge Tank au Forum BOAO pour l’Asie 2023 : Échanges sur la coopération Chine-UE et les transitions énergétiques

Du 28 au 31 mars 2023, The Bridge Tank, représenté par son président Joël Ruet, a participé au Forum de Boao pour l’Asie 2023, à Boao, Hainan, en Chine. The Bridge Tank participe à la réunion annuelle du « Davos chinois » en tant que partenaire de l’événement depuis 2018. Cette année, le Forum Boao était placé sous le thème « Un monde incertain : Solidarité et coopération pour le développement dans un contexte difficile » (An Uncertain World: Solidarity and Cooperation for Development amid Challenges).

Le Forum a permis à Joël Ruet de participer à deux sessions dédiées au dialogue entre la Chine et l’Union Européenne, avec une table ronde de PDG à huis clos, et un panel sur les chocs dans l’approvisionnement énergétique mondial, tous deux abordant spécifiquement la question des transitions énergétiques. La session plénière du forum a été marquée par les interventions du premier ministre chinois Li Qiang, de l’ancien secrétaire général des Nations unies et actuel président du forum Ban Ki Moon, ainsi que de Lee Hsien Loong, premier ministre de Singapour, et Pedro Sanchez, premier ministre de l’Espagne, qui ont notamment abordé les relations futures entre la Chine et l’UE et le potentiel de coopération.

Dialogue à huis clos entre PDG chinois et européens

La table ronde à laquelle Joël Ruet a participé a abordé les opportunités de coopération et les questions de concurrence dans un contexte de rivalité systémique entre la Chine et l’UE. La session a permis à des chefs d’entreprise français, italiens, finlandais, hongrois et allemands d’interagir avec leurs homologues chinois. Les participants incluaient notamment:

  • Justin Yifu Lin, Doyen de l’Institut de la nouvelle économie structurelle, Université de Pékin, ancien économiste en chef et ancien vice-président de la Banque mondiale
  • Li Zixue, Président et directeur exécutif, ZTE Corp
  • Zhang Yue, Président, BROAD Group
    Li Yong, Président, Chinayong Investment Group
  • Joël Ruet, Président, The Bridge Tank & Chercheur associé, Chaire Tech for Change, Ecole Polytechnique
  • Jorge Toledo, Ambassadeur de l’Union européenne en Chine
  • Denis Depoux, Global Managing Director, Roland Berger
  • Norbert Csizmadia, Président, Fondation de l’Université John von Neumann
  • Gianni Di Giovanni, Président, ENI China B.V. et Vice-président exécutif, ENI
  • Fabrizio Ferri, Directeur pour la région Asie-Pacifique, Fincantieri

À travers sa participation à cette table ronde, Joël Ruet a fait part de la situation actuelle et des opportunités en matière de transition énergétique, en particulier en ce qui concerne l’énergie nucléaire et l’hydrogène. Revenant sur les tendances actuelles, M. Ruet a noté qu’en 2022, la transition de l’UE a abouti à une stratégie de couverture à long terme gagnante, basée sur le gaz couvert géographiquement plutôt que sur le pétrole, avec à l’horizon 2030 une couverture de tous les combustibles fossiles.

En ce qui concerne le financement de la lutte contre le changement climatique, Joël Ruet a affirmé que les mécanismes financiers devaient aller au-delà de la tarification du carbone et du financement de l’atténuation. L’adaptation doit en effet être financée par des cobénéfices sur l’agriculture, l’agroforesterie, la fixation du CO2 dans les sols et la préservation de l’eau. Cela nécessite un effort conjoint pour construire une industrie de financement et de dérisquage bancaire au niveau des banques publiques et commerciales. La Chine et l’UE ont un intérêt commun non seulement à partager des idées et des modèles, mais aussi à mettre en place des programmes communs avec les pays les moins développés, a déclaré M. Ruet.

Dans une interview accordée à China Business News, Joël Ruet a souligné l’importance de ce type de tables rondes, car « les décisions commerciales sont basées sur ce type de relations et de compréhension entre les personnes ».

Table ronde sur les chocs énergétiques mondiaux

Le 30 mars, Joël Ruet s’est entretenu avec des dirigeants et experts chinois et internationaux dans le cadre d’une table ronde sur la structure actuelle de l’offre et de la demande dans le secteur de l’énergie. La discussion a porté sur la façon dont l’invasion de l’Ukraine par la Russie a remodelé le paysage de l’approvisionnement énergétique en Europe et sur la façon dont la structure énergétique mondiale a évolué depuis, en tenant compte des sanctions imposées à la Russie et des politiques de restriction de la production adoptées par les pays producteurs de pétrole au Moyen-Orient. La session a également abordé le maintien de la stabilité du marché international de l’énergie et les implications de ces changements sur les efforts de transition énergétique dans le monde.

La session, modérée par ZHONG Shi, présentateur de la chaîne CGTN, a accueilli :

  • Denis DEPOUX, Directeur général mondial, Roland Berger
  • Gianni Di GIOVANNI, Président, ENI China B.V. & Vice-président exécutif, ENI
  • MENG Zhenping, Président, China Southern Power Grid
  • Joël RUET, Président, The Bridge Tank & Chercheur associé, Chaire Tech for Change, Ecole Polytechnique
  • Ernie THRASHER, Directeur, Xcoal Energy & Resources
  • ZHONG Baoshen, Président, Longi, Chairman, Longi

Selon Joël Ruet, la crise énergétique est une opportunité pour mieux comprendre les atouts et les faiblesses des structures énergétiques actuelles, déterminer ce qui est résilient et ce qui est le plus affecté par ces chocs. « Nous devons faire de la crise une opportunité », a déclaré M. Ruet, ajoutant que « dans la transition énergétique, nous devons être inclusifs et unis ». La réaction de l’UE au cours de l’année écoulée montre qu’il ne s’agit pas seulement d’une réponse à un choc à court terme, mais qu’elle ouvre la voie à une accélération structurelle de la transition énergétique, notamment en ce qui concerne les énergies renouvelables ou le gaz. Le fait que plusieurs pays aient des stratégies énergétiques différentes sur le nucléaire en tant qu’énergie renouvelable, sur les utilisations de l’hydrogène ou sur les moteurs de mobilité n’a pas empêché des progrès considérables dans la taxonomie et sert de complément positif, donc de couverture, aux transitions énergétiques européennes.

Enseignements de la session plénière

Lors de la session plénière du forum de Boao, des dirigeants du monde entier ont pris la parole pour traiter des grandes questions d’actualité. Après avoir souligné que « l’agression russe a fragilisé l’ordre mondial », le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a insisté sur le fait qu’au-delà de l’établissement de relations fortes avec la Chine, les pays asiatiques devaient se rapprocher les uns des autres, en soulignant le rôle central de l’ANASE. Faisant l’éloge du RCEP et de la dynamique transpacifique, le Premier ministre Lee a appelé l’Asie à rester une région ouverte établissant des partenariats.

Pedro Sanchez, Premier ministre de l’Espagne, a déclaré que l’Espagne, qui assumera prochainement la présidence de l’UE, souhaite contribuer au rétablissement de la paix et de la confiance. Le pays entend se concentrer sur une approche renouvelée de la mondialisation, soucieuse de son empreinte environnementale et de sa stabilité, en allant au-delà des seules préoccupations liées aux coûts. L’UE construit donc une nouvelle industrie verte et numérique et défendra ses valeurs et ses intérêts. La Chine et l’UE, bien que concurrentes, peuvent également rester partenaires tant que la souveraineté des pays est respectée et que des conditions de concurrence équitables sont maintenues. Selon le Premier ministre Sanchez, la Chine et l’UE doivent rester des partenaires sur le plan économique, mais aussi et surtout travailler ensemble pour atteindre les objectifs fixés dans l’accord de Paris, les ODD, et fournir des financements pour le développement et les risques liés à la dette pour les pays en développement.

 
Ban Ki Moon, Président du Forum de Boao
Lee Hsien Loong, Premier Ministre, Singapour
Pedro Sanchez, Premier Ministre, Espagne
Li Qiang, Premier ministre, Chine

Joel Ruet a également assisté au discours du premier ministre chinois Li Qiang devant les délégués du forum de Boao. Dans son discours, le Premier ministre Li a déclaré que « sans la paix, l’Asie n’aura pas un avenir radieux », avant d’ajouter que « les nombreuses questions auxquelles l’humanité est confrontée doivent être abordées par consensus ». Pour ce faire, Li Qiang a souligné le rôle des pays BRICS dans l’application d’une législation multilatérale, qualifiée de « plus juste et plus équitable » que le système actuel des Nations unies.

Li Qiang a déclaré que « dans un monde incertain, la voie de la prospérité de la Chine est une source de certitude », soulignant l’importance de la croissance de la Chine pour les pays en développement en général et pour l’Asie et l’économie mondiale. La trajectoire de la Chine consistera à « poursuivre l’effort d’approfondissement de la demande tout en structurant l’offre d’une manière favorable à l’investissement étranger ».

Il convient toutefois de rappeler que les investissements ont atteint leur niveau le plus bas en 2022 en raison de la politique « zéro covid » de la Chine, qui aura un impact sur les résultats économiques des deux prochaines années et qui a affaibli la confiance des investisseurs étrangers dans le marché chinois. Ce cycle à court terme devra être amorti, les perspectives à moyen terme étant plus encourageantes et servant de transition alors que la fenêtre d’opportunité démographique se referme.

Regardez l’analyse du discours du premier ministre chinois Li Qiang par Joël Ruet pour CGTN :

Hydrodiplomatie: La ministre Kumbaro Furxhi partage l’expérience de l’Albanie avec le Parc National de la Vjosa

2 semaines après la déclaration historique du gouvernement albanais de faire de la rivière Vjosa un parc national, The Bridge Tank et Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves ont eu l’honneur d’accueillir Mirela Kumbaro Furxhi, Ministre du Tourisme et de l’Environnement de la République d’Albanie, lors de notre side event sur l’hydro-diplomatie organisé dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023, le 23 mars. Retrouvez la vidéo de l’intervention de Madame la ministre dans son intégralité en bas de page.

Ce fut l’occasion pour les deux organisations, représentées par leurs présidents respectifs Joël Ruet, économiste à l’Institut de l’innovation interdisciplinaire du CNRS et Erik Orsenna, membre de l’Académie française, de recueillir des informations sur la rivière Vjosa – le premier parc national de rivière sauvage en Europe.

La session intitulée « Vers une hydro-diplomatie inclusive, préventive et positive » (Towards an inclusive, pre-emptive, and positive hydro-diplomacy) avait pour objectif d’étendre la discussion et la pratique de l’hydro-diplomatie à un public plus large et à y inclure une plus grande diversité de parties prenantes. Dans ce contexte d’une hydro-diplomatie élargie et renouvelée, l’expérience unique de l’Albanie avec la rivière Vjosa est un cas qui mérite une attention toute particulière. En présentant la ministre Kumbaro Furxhi au public du side event, Joël Ruet a partagé une expérience personnelle vécue en septembre 2022 liée au contexte climatique en Albanie, lorsqu’en l’espace de 3 semaines, il avait constaté un changement radical de la météo, passant de la sécheresse à des pluies torrentielles.

Avant de donner la parole à la ministre Kumbaro Furxhi, Erik Orsenna a évoqué son propre engagement de longue date en faveur de l’avenir des grands fleuves, qu’il considère non pas comme une matière première, comme l’eau, mais comme des êtres vivants et des personnages dont l’histoire peut être racontée.

L’approche albanaise

Après avoir remercié le panel de lui permettre de s’exprimer en français, une langue qu’elle affectionne, Madame la ministre a commencé par présenter la combinaison peu commune qui constitue son portefeuille ministériel, alliant le tourisme et l’environnement. Bien que cette alliance puisse paraître hostile, elle est en réalité le résultat d’une volonté du gouvernement albanais de vouloir éviter cette hostilité et de trouver un équilibre entre les deux secteurs qui constituent deux priorités pour l’Albanie : le développement du tourisme, un tourisme responsable et durable, et la protection de l’environnement.

L’Albanie, bien qu’étant un pays de petite taille, est très riche en reliefs, montagnes, forêts et rivières avec un littoral le long de la mer Adriatique s’étendant entre le Monténégro et la Grèce. Le rôle de rivières est tout particulier pour l’Albanie, avec 100% de la production électrique provenant des centrales hydroélectriques. Cette dépendance des centrales hydroélectriques rend le pays également dépendant des caprices de la météo, comme l’a souligné Madame la ministre. Bien que l’Albanie ne soit pas un grand pollueur, le pays est victime du changement climatique, alternant entre longues périodes de sécheresse et du risque d’inondations quand les pluies y sont trop violentes.

La Vjosa – un trésor à préserver

Sa richesse en ressources hydriques fait de l’Albanie le deuxième pays le plus riche d’Europe en matière de ressources hydriques par habitant. Parmi ces richesses se trouve la dernière rivière sauvage d’Europe : la Vjosa. Le fait que la Vjosa soit la dernière rivière sauvage d’Europe soulève toutefois de nombreuses questions a noté Madame la ministre, en particulier les raisons derrière cette disparition des rivières dans leur état sauvage à travers l’Europe. Une telle réflexion permettrait d’expliquer l’engouement et la pression internationale depuis bientôt 10 ans afin de sauver la dernière rivière sauvage d’Europe.

Selon la Ministre Kumbaro Furxhi, il s’agit là d’une question de maturité et d’émancipation de la société civile, des ONG environnementales, des communautés locales, et des politiciens. Cette maturation a résulté en 2021 à la décision du gouvernement albanais de protéger la dernière rivière sauvage d’Europe.

La Vjosa prend sa source dans le massif montagneux du Pinde en Grèce. Son cours parcourt d’abord la Grèce sur 70 kilomètres avant de traverser la frontière et de poursuivre sur 200 kilomètre à travers l’Albanie, avant de se jeter dans la mer adriatique. La Vjosa dispose de trois tributaires dans le sud de l’Albanie – une région qui constitue un laboratoire naturel vivant avec un riche écosystème. Ce n’est pas seulement un laboratoire de la faune et de la flore « mais également de l’âme humaine », des albanais qui habitent cette région depuis des siècles et qui font partie de cette biodiversité, a insisté la ministre.

De cette perspective est née l’idée d’allier le développement durable et un tourisme responsable qui « ne serait pas que de la mer et du sable » mais plutôt une découverte de la nature, de la richesse environnante, visant à la sauvegarder en faisant profiter les communautés et l’économie locale. Cette approche consiste donc également à développer d’autres formes de tourisme telles que « l’écotourisme, le tourisme d’aventure, les randonnées de montagne, et l’agrotourisme, » un phénomène en croissance en Albanie permettant à des agriculteurs et producteurs de transformer des produits locaux en offre touristique.

Pour permettre cela, l’Albanie a déjà étendu les aires protégées de 17% à 21,3% du territoire et s’est engagé lors du sommet de Montréal, lors de la COP15 Biodiversité en 2022 à atteindre 30% d’ici 2030. Selon Madame la ministre, il s’agit là d’un engagement courageux et couteux, qui ne mènera pas à un profit immédiat mais qui s’engage sur une vision plus mature sur le long terme, préparant les décennies et siècles à venir.

La récente proclamation de la rivière Vjosa en tant que parc national a constitué la première étape de ce projet, réalisé en partenariat avec des ONG et experts internationaux, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et Patagonia, une société américaine. La deuxième étape a déjà commencé, puisque les négociations avec le gouvernement grec visent à étendre le parc au-delà de la frontière et à combiner Aóos, la partie grecque de la rivière, et Vjosa, la partie albanaise, afin de créer conjointement le premier parc transfrontalier. La prochaine étape consistera à élaborer un plan de gestion commun.

En conclusion, la ministre Kumbaro Furxhi a adressé une invitation à se rendre en Albanie pour visiter la rivière, car le gouvernement, en coopération avec l’UNESCO, a commencé les préparatifs pour le processus d’inscription de la rivière Vjosa sur la liste du patrimoine mondial naturel de l’UNESCO.

Le side event “Towards an inclusive, pre-emptive, and positive hydro-diplomacy” a été coorganisé par The Bridge Tank et Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves, en partenariat avec le Partenariat Français pour l’Eau, le Geneva Water Hub, IHE Delft, le Réseau International des Organismes de Bassin, la Chair Technology for Change, & APCO Worldwide, qui a accueilli l’événement.

La vidéo de l’intervention de Mirela Kumbaro Furxhi dans son intégralité:

G20/Business 20: Deuxième réunion de la Task Force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources

La présence de The Bridge Tank à New Delhi, en Inde, dans le cadre du CII Partnership Summit 2023 du 13 au 15 mars, a permis à Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, de participer à la deuxième réunion de la Task Force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources (B20 India Task Force on Energy, Climate Change & Resource Efficiency). En tant que membre du groupe de travail, The Bridge Tank avait participé à sa première réunion lors de la Conférence de Lancement du groupe d’engagement Business 20 (B20) du G20, le 24 janvier 2023, à Gandhinagar, en Inde.

La deuxième réunion de la task force, qui s’est tenue le 15 mars, a soulevé trois questions essentielles : (1) l’accélération des transitions ‘zéro émission nette’, (2) une plus grande contribution globale de l’énergie verte, y compris de l’hydrogène et de l’ammoniac verts, et (3) un meilleur accès au financement pour ces transitions. Conformément à l’un des objectifs de la présidence indienne du G20, le groupe de travail a souligné l’importance d’inclure les pays en développement dans ces développements.

L’accent a notamment été mis sur le fait que, bien que des normes mondiales en matière d’ESR, des normes non financières ainsi qu’une impulsion technologique par le biais d’un soutien public soient nécessaires, certains pays bénéficient d’avantages en termes de coûts d’investissement que d’autres n’ont pas. Par conséquent, plus encore que le soutien en ressources humaines ou l’aide au transfert de technologie, il est nécessaire d’instaurer des conditions de concurrence équitables sur le plan financier afin d’inclure les pays en développement, comme l’ont souligné certains membres de la task force, dont The Bridge Tank. Tout en recommandant que les banques multilatérales de développement et les fonds privés prennent ce problème au sérieux, une partie du débat a été consacrée à l’idée de concentrer l’argent public sur la réduction des risques et, selon The Bridge Tank, d’impliquer les écosystèmes financiers locaux, nationaux et régionaux dans ces projets ainsi dérisqués.

De plus, si l’on va au-delà des solutions uniquement adaptées aux pays du G20 – comme la présidence indienne du G20 souhaite que celui-ci prenne en compte les problèmes de l’Afrique par exemple – un débat s’ouvre alors sur l’inégalité des capacités en matière de collecte et traitement de données à travers le monde, qui s’ajoute à l’inégalité des coûts du capital. Il s’agit là d’une ligne de contribution que nous continuerons à intégrer dans le groupe de travail d’ici à sa troisième réunion en avril et à sa réunion finale en juin.

Les discussions et le feedback entre la première et la deuxième réunion de la task force ont soulevé de nombreuses autres questions, notamment l’établissement de normes mondiales pour l’hydrogène, l’évaluation du cycle de vie et du champ d’application des produits recyclables, l’établissement de dispositions pour les transactions nationales et internationales sur le carbone et la facilitation de l’accès au financement et à la technologie. En outre, il est primordial d’inclure et de reconnaître le rôle que les micro, petites et moyennes entreprises ont à jouer. Comme l’ont fait remarquer certains membres de la task force, des résultats et des actions clairs sont nécessaires, car le coût de l’inaction en matière d’adaptation au changement climatique serait désastreux, notamment pour les régions côtières.

La réunion a été convoquée par quelques-uns des principaux dirigeants de l’industrie indienne :

  • M. Sajjan Jindal, Président directeur général, Groupe JSW – président de la task force
  • M. Vineet Mittal, Président, Groupe Avaada – vice-président de la task force
  • M. T V Narendran, Directeur général, Tata Steel – vice-président de la task force
  • M. Christian Cahn von Seelen, Membre du comité exécutif de Volskwagen – vice-président de la task force
  • M. Jean-Pierre Clamadieu, Président du conseil d’administration, ENGIE – vice-président de la task force (représenté par son chef de cabinet)

G20-Business20-CII Partnership Summit 2023: The Bridge Tank participe à un panel sur les chaînes d’approvisionnement durables

En ce dernier jour du CII Partnership Summit 2023 à New Delhi, en Inde, Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, a participé à une session sur le thème « Building Resource Efficient & Resilient Green Supply Chains » (Comment créer des chaînes d’approvisionnement vertes, résilientes et efficaces en termes de ressources).

La 28e édition du sommet organisé par la Confédération de l’industrie indienne (CII) du 13 au 15 mars 2023 et consacré aux questions de commerce international, d’économie, de compétitivité, de durabilité et de technologie a été placée sous le thème “Partnerships for Responsible, Accelerated, Innovative, Sustainable, and Equitable Businesses” (Partenariats pour des entreprises responsables, dynamiques, innovantes, durables et équitables).

Ce sommet intervient alors que la CII assure le secrétariat du B20 (Business 20) durant la présidence indienne du G20 en 2023. The Bridge Tank, représenté par son président Joël Ruet, a été invité par la CII à participer aux débats à New Delhi.

Le 15 mars, Joël Ruet a ainsi participé aux côtés du Dr Martin Keller, Directeur de Laboratoire et Alliance President, National Renewable Energy Laboratory (NREL, Laboratoire national sur les énergies renouvelables), et de M. Ashwani Kumar, PDG du groupe Suzlon, à une table ronde animée par M. Christian Cahn von Seelen, membre du conseil d’administration et directeur exécutif de Volkswagen Group Sales India. Cette session s’est penchée sur la question des chaînes d’approvisionnement et le défi de rendre ces dernières plus vertes, résilientes, et efficientes en termes de ressources.

Dr Martin Keller
Christian Cahn von Seelen
Ashwani Kumar

Au cours des échanges, Joël Ruet a fait remarquer que les chaînes d’approvisionnement d’un « monde stabilisé » avaient besoin d’être optimisées. Toutefois, les temps d’incertitude et d’instabilité actuels ont révélé un réel besoin de diversifier les chaînes d’approvisionnement et de rechercher de nouvelles options avec différents pays, secteurs et technologies.

Cet état des lieux a été partagé par M. Martin Keller, qui a souligné la nécessité de créer des synergies mondiales pour diversifier les chaînes d’approvisionnement, en particulier en ce qui concerne la disponibilité des matières premières, les capacités de production, l’adoption d’énergies propres, l’économie circulaire et les compétences vertes.

M. Cahn von Seelen et M. Kumar ont quant à eux insisté sur le rôle des énergies renouvelables dans ces chaînes d’approvisionnement résilientes. M. Cahn von Seelen a notamment mentionné l’importance actuelle de développer des chaînes d’approvisionnement en énergie renouvelable pour remplacer le pétrole. L’exemple offert par l’Europe, qui a entièrement modifié son mix énergétique en l’espace d’un an à la suite de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, a montré que des changements radicaux étaient possibles.

M. Kumar a ajouté à cela qu’il ne s’agissait pas seulement de s’intéresser à la part de la consommation d’énergie qui est verte, mais aussi au degré de verdissement du kilowattheure généré. Un tel processus doit commencer dès le stade de la recherche et du développement, afin de maximiser les rendements et d’apporter une contribution essentielle aux chaînes d’approvisionnement vertes.

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