Catégorie : Chine-Inde-Afrique

The Bridge Tank et l’Agence Française de Développement ont conjointement lancé une série de séminaires sur l’économie bleue dans le Golfe du Bengale (Bangladesh, Inde, Sri Lanka)

The Bridge Tank et l’Agence Française de Développement (AFD) collaborent pour l’organisation de trois ateliers afin de comprendre la manière dont le Bangladesh, l’Inde et le Sri Lanka mènent leurs stratégies en faveur de l’économie bleue, s’adaptent aux impacts physiques du changement climatique sur les ressources halieutiques, et pour identifier les priorités, les opportunités et les besoins pour action. En partenariat avec les départements de la recherche et des opérations de l’AFD, nous nous sommes engagés auprès d’organismes de gestion des ressources marines, côtières et halieutiques et des think tanks nationaux et régionaux influents.

Le 26 novembre 2021, l’atelier inaugural, qui s’est tenu en mode webinaire, a rassemblé les réflexions stratégiques des participants en vue de développer une interaction croissante entre les intervenants, tant les instituts que les décideurs politiques, dans des phases suivantes du projet prévus en janvier et février 2022.

Ce premier atelier avait pour but de définir les nouvelles priorités de l’économie bleue pour les différents acteurs du Golfe du Bengale, d’apporter des compréhensions et des diagnostics communs, d’identifier les opportunités et les besoins dans les projets socio-économiques. Il visait à identifier le contexte régional et les questions liées à l’économie bleue, en particulier l’amélioration du niveau de vie des communautés côtières et des utilisateurs de ressources par une gestion durable de la pêche et une gestion intégrée des côtes pour s’adapter au changement climatique, à travers deux panels.

Cet événement virtuel a réuni 12 intervenants de 10 organisations clés travaillant sur l’économie bleue dans la région, recueillant plus de 100 inscrits.

L’atelier était constitué de deux panels, qui ont permis aux intervenants de partager leur compréhension des différentes questions locales liées à la chaîne de valeur des ressources halieutiques.

  • Panel 1 : « Les écosystèmes côtiers résilients, condition préalable essentielle pour des chaînes de valeur économiques durables ? »

Intervenants:

Dr. Arnab Das, Director, Maritime Research Centre, India

Dr Srinivas Kumar, Director, Indian National Center for Ocean Information Services (INCOIS)

Ms Hasamini Sweenie Thilakarathne, Project coordinator and international affairs, Marine Environment Conservation Society of Sri Lanka (MECS), Sri Lanka Dr Chime Youdon & Dr Saurabh Thakur, Associate Fellows, National Maritime Foundation

Mr. Mashiur Rahaman, Joint Secretary, Ministry of Fisheries and Livestock

  • Panel 2 : « Pêche durable et amélioration des moyens de subsistance : actions sur la pêche pour la sécurité alimentaire, l’accès à l’emploi et l’adaptation au changement climatique dans la région »

Intervenants:

Mrs Afifat Khanam Ritika, Research Officer, Bangladesh Institute of Maritime Research and Development (BIMRAD)

Mr Md. Abdul Wahab , EcoFish Team Leader, WorldFish, Bangladesh Wing

Mrs Runa Khan, Founder & Executive Director, Friendship NGO

Dr M.F.M. Fairoz, Dean, Faculty of Fisheries and Marine Sciences, Ocean University of Sri Lanka

Dr. Md. Sharif Uddin, Department of Fisheries, Bangladesh

Pour regarder l’atelier en ligne, cliquer ici : Panel 1 & Panel 2

Pour lire la synthèse (en anglais) des échanges, cliquer ici 

France 24 – Intervention de Joël Ruet sur le Congrès 2021 du Parti communiste chinois et les difficultés économiques chinoises

Le Parti communiste chinois (PCC) a entamé le 8 Novembre 2021, sa plus importante réunion de l’année, qui doit inscrire dans le marbre la vision historique du président Xi Jinping. Au pouvoir depuis neuf ans, l’homme fort de Pékin s’apprête dans un an à obtenir un troisième mandat à la tête du PCC – renforçant encore sa stature de dirigeant le plus puissant du pays depuis le fondateur du régime communiste, Mao Zedong, au pouvoir de 1949 à 1976. Pourquoi cette résolution? Selon notre Président, Joël Ruet, cela pourrait être un aveu de faiblesse.

Regarder son intervention ici.

Tribune : Le G20 doit aider les pays à faible revenu à sortir de la crise de la dette

A l’occasion de la réunion des ministres des finances du G20 à Washington, notre note d’analyse sur la modernisation du secteur bancaire africain a été mentionnée dans une tribune publiée par Diplomatic Courrier, écrite par Joël Ruet. Elle suggère qu’en plus de l’aide souveraine, les banques commerciales en Afrique obtiennent une évaluation plus juste de leurs (faibles) risques et de leur (forte) rentabilité et allègent leurs coûts de refinancement pour fournir des leviers de croissance et d’emploi.

Lisez notre note d’analyse ici 
Lisez notre tribune ici 

The Bridge Tank co-organise la conférence « Asie centrale : entre convoitises russes et chinoises, quelle place pour l’Union européenne ? »

Le 17 septembre s’est tenue une conférence sur l’Asie centrale « entre convoitises russes et chinoises, quelle place pour l’Union européenne ? » à Sciences Po Strasbourg avec le soutien de The Bridge Tank, l’association Paris-Berlin-Moscou, Sciences Po Forum et l’Association des Alumni de Sciences Po Strasbourg. Cette conférence avait pour objectif de discuter de l’Asie centrale et plus spécifiquement d’étudier les influences russe, chinoise et européenne au sein des cinq pays centrasiatiques de l’ex-URSS : le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan grâce à l’expertise et à l’expérience de praticiens des relations internationales et de la région.

Parmi les intervenants, étaient présents Mme Sylvie Bermann, Ancienne Ambassadeure de France en Chine et en Russie et Présidente du Conseil d’administration de l’IHEDN, M. Gilles Rémy, Directeur du Groupe CIFAL, M. Thierry Kellner, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles et spécialiste de la Chine, et M. Michaël Levystone, Chercheur au Centre Russie/NEI de l’IFRI, et, pour The Bridge Tank, Malaurie Le Bail, analyste en géopolitique et en énergie.

Cet évènement a fait salle comble, réunissant 150 personnes : M. Ivan Soltanovsky, Ambassadeur, Représentant permanent auprès du Conseil de l’Europe, M. Anuarbek Akhmetov, Consul Général de la République du Kazakhstan à Strasbourg, M. François Loos, Ancien Ministre français, M. Pierre Andrieu, Ancien Ambassadeur de France, différents experts ayant travaillé sur la région et de nombreux étudiants.

Co-organisateur de l’évènement, The Bridge Tank était représenté par son analyste, Malaurie Le Bail. Forte de son expérience en l’Asie centrale, elle a tout d’abord décrypté la situation climatique et environnementale de la région au travers d’une lecture scientifique des Contributions Prévues Déterminées au niveau national (CPDN) du Kazakhstan et du Tadjikistan à quelques semaines de la COP26. Nombreuses sont les analyses, tant dans la littérature académique, institutionnelle que dans les médias, qui mettent en avant le leadership kazakhstanais en matière de climat dans la région. Toutefois, en comparant les CPDN du Kazakhstan et du Tadjikistan, leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre sont quasi-similaires. Son intervention a permis de relativiser le leadership kazakhstanais et de mettre en lumière la manière dont les ambitions climatiques des Etats doivent être étudiées selon la notion de « responsabilité communes différenciées ». Malaurie Le Bail a ainsi suggéré deux recommandations :

  • Le développement d’un outil qui permettrait de mesurer le degré d’ambition d’un Etat et de comparer les ambitions climatiques des Etats à contexte différent et/ou égalitaire.
  • L’importance de la création d’une coalition centrasiatique climatique lors des négociations climat pour lutter contre des problématiques environnementales communes, telles que le manque d’irrigation d’eau ou la désertification.

Enfin, Malaurie Le Bail a conclu son intervention en présentant une analyse propre à notre Think Tank sur les Nouvelles routes de la Soie (BRI – Belt and Road Initiative). La BRI est à l’origine une solution sino-chinoise à un problème sino-chinois: la faible demande du marché intérieur et aux fortes exportations des biens, provoquant l’accumulation des devises chinoises des années 2000-2010. Les BRI ne sont donc pas simplement une initiative pour favoriser les investissements mais pour développer des prêts chinois transfrontaliers générant des flux physiques transfrontaliers. L’idée pour la Chine, notamment pour les entreprises chinoises, est de créer des infrastructures et des activités à l’étranger notamment en Asie centrale financées par la dette pour rééquilibrer la situation économique interne et de développer des infrastructures dans les provinces à l’ouest du pays. Sur le plan centrasiatique, les BRI permettent à ces pays de profiter d’infrastructures et de technologies développées et utilisées dans le cadre de ce projet, mais aussi d’intégrer un marché global et d’être au cœur d’un dispositif géopolitique fort.

Intervention de Malaurie Le Bail, analyste, The Bridge Tank, à la conférence : « Entre convoitises russes et chinoises, quelle place pour l’Union européenne ? »

La conférence sur Asie centrale à Sciences Po Strasbourg, le 17 septembre 2021, « Entre convoitises russes et chinoises, quelle place pour l’Union européenne ? », a été pour The Bridge Tank l’occasion de rappeler que les routes de la soie terrestres sont d’abord une vaste opération pour désenclaver les provinces de l’Ouest de la Chine.

Malaurie Le Bail, analyste, The Bridge Tank, a participé à cet événement modéré par Henri de Grossouvre et organisé par Michaël Levystone et Noé Morin, en présence de Sylvie BERMANN, ancien ambassadeur de France et Gilles RÉMY, PDG de CIFAL Groupe, Thierry Kellner, Michaël Levystone, Henri de Grossouvre et Noé Morin.

Regarder son intervention ici

Lire notre article sur le conférence ici.

La politique chinoise des matériaux stratégiques – impact sur l’écosystème des batteries et recommandations pour l’industrie

Par Xieshu Wang et Joël Ruet.

Les matériaux stratégiques, tels que les terres rares, le lithium, le cobalt ou le nickel, sont des intrants indispensables aux technologies de la transition verte, comme les éoliennes ou les batteries pour véhicules électriques. Alors que de plus en plus de gouvernements visent à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 et que la nécessité d’une transition vers des économies durables devient de plus en plus pressante, la demande de matériaux va augmenter et ils sont donc considérés comme des intrants critiques, également qualifiés de matériaux stratégiques. On s’attend à ce que la consommation de métaux stratégiques passe de 7 à 19 milliards de tonnes par an, ce qui entraînera de graves tensions du côté de l’offre. Le cobalt est l’un de ces métaux utilisés comme intrant dans les aimants des éoliennes, et pour la production des cathodes des batteries lithium-ion.

Ayant rapidement compris l’importance de ce métal pour les futures technologies stratégiques, la Chine s’est positionnée sur la chaîne de valeur du cobalt et a ainsi pu contrôler une partie importante de la chaîne, notamment en contrôlant une grande partie des ressources en cobalt de la RDC.

Ce document fournit une analyse de la stratégie de la Chine en matière de matériaux, de la manière dont elle a réussi à obtenir une position privilégiée sur la chaîne de valeur, ainsi qu’une analyse des principaux acteurs privés qui sont des acteurs majeurs sur la chaîne de valeur du cobalt.

 

Policy Brief (en anglais) : Industry Recommendations – China’s key materials strategy Industry Recommendations – China’s key materials strategy

Rapport analytique (en anglais) : Analytical Report – China’s key materials strategy Analytical Report – China’s key materials strategy

Tribune : Les gagnants et les perdants de la guerre commerciale entre l’Australie et la Chine

La guerre commerciale actuelle entre l’Australie et la Chine a eu un impact considérable sur la position et l’importance des partenaires commerciaux de la Chine dans le monde, notamment dans le secteur de la viande bovine et du vin. Si l’Australie a indubitablement souffert, d’autres pays comme les États-Unis et le Brésil profitent de l’occasion pour combler le vide commercial.

Notre Président, Joël Ruet, explore l’état actuel du commerce et les nouveaux partenariats chinois potentiels encourus par ce conflit dans son dernier article publié dans Diplomatic Courier. Lire ici la tribune en anglais.

Intérêts stratégiques de l’UE face à la Chine: notre article publiée dans la Revue de Défense Nationale reprise par China Today

 

Alors que la stratégie d’autonomie européenne face à la puissance chinoise s’accélère, une note d’analyse et de propositions du Bridge Tank a été reprise à la fois par la Revue de Défense Nationale et par China Today. Indice qu’une discussion rigoureuse pour une négociation serrée demeure possible?   

 

Suite à deux ans de travaux, le Bridge Tank s’est positionné dans le calibrage des rapports de force entre l’UE et la Chine, notamment en publiant en mars dernier deux notes d’analyse (Pour un rapport de force – quels enjeux autour du pré-accord de principe sur l’investissement co-signée par plusieurs anciens ministres et ambassadeurs français ; et Conflit sino-occidental, analyse et propositions, cette dernière écrite par le Général Eric de la Maisonneuve). 

 

Les analyses développées mettent en avant que les deux protagonistes dans leurs rapports de forces soient en décalage autant sur le plan temporel que spatial. 

 

Le Bridge Tank, actif à la fois dans le débat occidental et chinois, pointe la double erreur d’analyse que se font mutuellement ces deux protagonistes ainsi que des propositions de discussions fermes sur les ressources stratégiques. 

 

Cette approche a été reprise en mars 2021 dans la « Revue Défense Nationale », revue stratégique et de défense de référence française, intervention que nous avons ensuite popularisée auprès d’un média sinophone à forte diffusion, China TodayCet article bilingue analyse explicitement les intérêts européens générés par ce nouveau partenariat avec la Chine en conjonction avec des enjeux politiques, écologiques et économiques.

 

 

Un contexte qui se dégrade

 

Le mardi 4 mai 2021, le vice-président de la Commission Européenne, Valdis Dombrovskis a annoncé la suspension d’un accord historique entre l’Union Européenne et la Chine sur les investissements. Cet d’accord, qui a été construit pendant sept ans, a été conclu le 30 décembre 2020, mais finalement annulé en raison de la détérioration du climat politique et des affaires entre les parties prenantes.

 

Quel rôle peut-elle jouer l’Union Européenne ?

 

Cet accord, bien qu’il ait suscité du mépris chez certains dirigeants européens et dans la presse internationale, offre des bénéfices cruciaux pour le développement économique de l’UE. Dans le contexte d’une nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis et de la crise sanitaire, l’Europe souhaite «coopérer avec la Chine c’est aussi coopérer avec le RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership), troisième bloc économique mondial, et ainsi accéder aux pays de l’ASEAN ». 

 

Une souveraineté européenne fondée sur un fil rouge environnemental 

 

Depuis la signature de l’accord de Paris en 2015, l’UE s’est montrée être un pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour les droits environnementaux. La Chine, l’un des plus grands émetteurs de CO2 avec 28% des émissions mondiales, a déclaré pour but de baisser leur niveau des émissions carbones d’ici 2060.

En travaillant avec la Chine, cet accord permettrait un dialogue plus ouvert et direct sur des innovations urbaines, par exemple des smart cities (des villes intelligentes), développées dans l’intérêt des générations à venir.

Face à la montée en puissance de la Chine et les États-Unis dans le domaine du numérique, on constate que l’Europe doit rattraper son retard pour contrer le jeu de puissance afin de garantir son autonomie stratégique.

Consultez l’intégralité de l’article sur le lien suivant : https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=22578

 

Sommet entre l’Union Européenne et les États-Unis : vers un nouveau partenariat transatlantique ?

« America is back » et la hache de guerre des années Trump semble enterrée, comme en témoigne la tenue du sommet UE-États-Unis à Bruxelles le 15 juin 2021 : première rencontre de ce type depuis 2017, elle a marqué le lancement d’un partenariat renouvelé et d’un programme commun pour la coopération entre l’UE et les Etats-Unis, selon une approche sectorielle. Cette rencontre a notamment permis trois avancées commerciales majeures pour relancer et approfondir les échanges transatlantiques dans un contexte de bras de fer sino-américain. 

 Un accord de coopération pour les aéronefs civils clôture un conflit vieux de 17 ans

Les dirigeants Joe Biden, Charles Michel, président du Conseil Européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne, se sont engagés à créer un cadre coopératif pour les aéronefs civils de grande taille, franchissant ainsi une étape décisive pour mettre fin au différend relatif à ce secteur. Après 17 ans de conflit entre Bruxelles et Washington devant l’OMC, cet accord amorce une nouvelle relation transatlantique dans l’aéronautique. À l’origine du contentieux : les subventions illégales accordées aux avionneurs Airbus et Boeing. Sous l’administration Trump, les tensions se sont exacerbées et l’OMC avait autorisé l’imposition de taxes à hauteur 7,5 milliards de dollars de biens et services européens importés, notamment 25% pour les vins et 15% pour les avions Airbus. 

À l’issue du sommet, les dirigeants ont annoncé la suspension des droits de douanes punitifs infligés mutuellement, dans le cadre d’une trêve de cinq ans. La résolution de ce conflit qui empoisonnait les relations bilatérales est un signal fort en faveur d’un rapprochement sous l’administration Biden, apte à créer des conditions de concurrence équitables et à relever les nouveaux défis industriels. 

Cette recherche d’apaisement reflète une tentative de rallier l’UE dans le bras de fer des États-Unis avec la Chine en renforçant la position américano-européenne. D’autant que cet ancien duopole des avionneurs devient aujourd’hui un oligopole avec l’entrée du nouvel acteur chinois Comac. Cette mesure de bon sens a donc aussi le potentiel de contrer la percée chinoise dans ce secteur et de contester les pratiques de concurrence jugées déloyales de la Chine. L’idée est aussi de mettre en place un modèle de coopération efficace pour relever conjointement d’autres défis posés par le modèle économique de la Chine. S’il n’est pas certain qu’un compromis sera trouvé à l’issue de cette trêve, il existe une vraie volonté américaine de parvenir à un accord. En effet, lorsque le litige a débuté en 2004, Airbus s’imposait sur le marché international au détriment de Boeing, alors qu’aujourd’hui, la menace vient de la Chine et l’heure est à l’unité de part et d’autre de l’Atlantique. 

Des discussions engagées pour le règlement des différends sur les mesures relatives à l’acier et à l’aluminium

Les dirigeants ont convenu d’engager les discussions pour résoudre le conflit commercial sur l’acier et l’aluminium et de lever tous les droits de douane additionnels et punitifs avant la fin de l’année. Ursula von der Leyen a annoncé un groupe de travail sur ce dossier qui entache les relations transatlantiques depuis que Donald Trump a annoncé, en 2018, l’imposition de taxes de 25% sur les importations européennes d’acier et de 10% sur celles d’aluminum, provoquant en retour des contre-mesures européennes. 

La levée de ces taxes dans l’esprit d’apaisement qui prévaut aujourd’hui constituerait un geste politique très attendu par l’UE, qui espère des actes forts au-delà des intentions. Toutefois, ce geste diplomatique ne devrait pas changer la face des échanges européens, ni chambouler le marché européen de l’acier et de l’aluminium, car les prix ont augmenté de manière inédite ces six derniers mois, noyant ainsi l’impact des taxes américaines.

Du reste, le règlement effectif du conflit risque d’être épineux car l’UE n’a pas une logique tarifaire et commerciale mais une logique de taxe aux frontières différentes des États-Unis. Le partenariat ne va pas de soi et laisse la porte ouverte à un rapprochement possible avec la Chine, que ce soit côté américain ou européen. 

La mise en place d’un Conseil du commerce et des technologies UE-États-Unis 

Il ne s’agit plus pour l’Union européenne et les Etats-Unis d’entrer dans une logique de libre-échange, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement négocié depuis 2013 n’étant plus d’actualité. Toutefois, un Conseil de commerce et de technologie va être créé pour proposer une plateforme de coopération en matière de commerce, d’investissement, de technologie, de questions numériques et de chaînes d’approvisionnement. Il incarne une volonté de coopérer pour élaborer des normes compatibles et internationales et de promouvoir l’innovation tout en évitant de nouvelles barrières commerciales ou obstacles techniques injustifiés. Il permettra aux partenaires de s’aligner sur les questions technologiques mondiales, comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les technologies propres… Les deux parties se sont d’ores et déjà engagées en priorité à établir un partenariat sur le rééquilibrage des chaînes d’approvisionnement pour les semi-conducteurs. 

Cette troisième annonce est à la fois la plus imprécise et la plus structurante pour l’avenir des relations bilatérales UE-États-Unis. À l’heure où une guerre technologique semble engagée avec la Chine, la question de la coordination technologique est centrale. Après une première mondialisation, américaine et commerciale, mise à mal par les années Trump, on comprend que Biden a aujourd’hui le projet d’en tricoter une nouvelle, qui prend la forme d’une libéralisation technologique et d’une ouverture vers ses partenaires stratégiques. 

La diaspora africaine rappelée par le continent ?

La croissance soutenue des deux dernières décennies et les deux crises mondiales de 2008 (Subprimes) et 2020 (Covid-19) ont révélé des enjeux nouveaux à l’échelle mondiale, qui s’illustrent en Afrique par un défi de modernisation durable. Le rôle de la diaspora dans l’accès aux financements internationaux est une des clés des enjeux de l’Afrique. Le Maroc a publié ce mardi 25 mai 2021 son rapport intitulé « « le Nouveau Modèle de Développement, libérer les énergies et restaurer la Confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous ».  Narjis Hilale, membre de la CSMD, déclare que la fonction de “levier du changement” a été octroyée à la diaspora. Elle affirme que les Marocains du Monde occupent une place de choix et sont “un atout précieux dans le processus de développement du pays”.

Des flux financiers importants en provenance des Marocains du Monde

Dans son rapport, la Commission décrit le Maroc comme un pays caractérisé par une dynamique migratoire qui s’est écrite tout au long de son histoire, qui permet aujourd’hui au pays de disposer d’un effectif important de sa communauté résidente à l’étranger.

En effet le nombre des Marocains du Monde (MDM) s’élève à près de 5 millions de personnes selon les chiffres des organisations internationales et des sources nationales des pays d’accueil[1].  Près de 75% des MDM sont concentrés en Europe, notamment en France et en Espagne.  Leurs profils sont diversifiés, riches, assez jeunes (47 % du total) et féminisés (~50%). Le niveau de formation des MDM est nettement plus élevé que celui de leurs compatriotes résidant au Maroc (proportion des lauréats de l’enseignement supérieur par rapport à la population totale est de 16% au niveau des MDM contre 8 % au Maroc). En termes d’insertion socio-professionnelle dans les pays d’accueil, seule une proportion limitée des MDM de 7,5% de la population active, a réussi une ascension professionnelle. Le reste et pour la majorité restante active relève de groupes socioprofessionnels modestes et moyens (secteurs tertiaire et industriel).

Les Marocains du Monde contribuent à la modernisation de la société marocaine de par leurs transferts d’argent qui permettent entre autres de conforter les réserves de changes et participent à l’amélioration des conditions de vie des familles bénéficiaires. Ces derniers atteignent près de 7% du PIB (ces transferts se sont établis à 64 milliards de dirhams, en 2019 contre 18 milliards de dirhams pour la période 1990-2000 [2]), dépassant ainsi l’aide publique au développement reçue par le Maroc et les recettes d’investissements directs étrangers qui lui sont attribuées. Aujourd’hui ils constituent une ressource financière non négligeable pour l’économie marocaine, représentant près de 40% des recettes d’exportations, ce qui permet de couvrir 50% du déficit commercial. Ces fonds jouent un rôle social important puisqu’ils permettent de soutenir des ménages pauvres tant en milieu urbain que rural. Cependant, ces flux financiers ne se convertissent quasi pas en projets d’investissements créateurs d’emplois et de valeur ajoutée. En effet, 71% des fonds transférés s’utilisent dans les dépenses courantes des ménages. A contrario la part des transferts destinés aux projets d’investissement demeure très faible avec une part s’élevant seulement à 8% du total. Le reste représente des dépôts monétaires auprès du secteur bancaire. De plus, leurs investissements sont très concentrés à destination de secteurs peu innovants : en cumulé, presque 60% des investissements MDM se font dans l’immobilier ou la construction. Les MDM investissent donc notamment dans des projets de construction de patrimoine immobiliers mais à leurs usages (résidence pour les vacances ou retraites) ou à usage de leurs familles.

La spécificité des MDM, en tant que connecteurs du Maroc au reste du monde, constitue une grande opportunité. Par leur rôle de « pont » entre le marché national et les marchés internationaux, les MDM pourront aider à lever des capitaux, développer de nouveaux partenariats ou accéder à des compétences ou expertises absentes au Maroc, ou encore promouvoir des produits et services marocains.

[1] Banque Mondiale: Sharpest decline of remittances in recent history (2020)

[2] Banque Mondiale

Figure 1: Indicateur de résultat du Nouveau Modèle de développement

Le tableau ci-dessus a été publié dans le rapport de la Commission, il a pour vocation de donner une consistance claire à ses objectifs de développement de manière chiffrée et quantifiable. La Commission propose une sélection d’indicateurs qui visent à mesurer l’impact final en termes de développement. Ils démontrent l’impératif de résultats pour les acteurs en charge de la mise en œuvre, mais en conservant une certaine flexibilité sur les solutions et mesures appropriées pour leur atteinte. La publication de ces indicateurs n’est pas anodine, elle vise à installer un climat de confiance et de transparence de l’action publique et une culture de la performance et du résultat. 

Les valeurs des indicateurs ci-dessus visent un objectif pour 2035, elles peuvent être amenées à évoluer en fonction des recherches en cours au Maroc et à l’international. L’objectif du Maroc est de pouvoir se situer dans la 1ère moitié, voire le tiers supérieur, des classements mondiaux qui font référence aux secteurs prioritaires du Nouveau Modèle de Développement.

La diaspora, un élément clé pour le financement de l’économie africaine

Dans notre analyse publiée le 18 mai 2021 nous reconnaissons le rôle important de la diaspora, au centre du rapport de la CSMD. En effet, le constat précédemment est clair : les établissements de crédits manquent de ressources, et l’économie locale n’est pas en mesure de gonfler significativement ces ressources dans l’immédiat. Pour Joël Ruet et Clarisse Hida, dans l’Issue Brief publié le 17 mai 2021 sur le financement de l’économie africaine « accompagner la modernisation des économies », le groupe est à mi-chemin entre les marchés internationaux méfiants et l’économie locale sous-bancarisée et informelle : la diaspora. En effet, une part des solutions se trouve dans ce groupe établi à l’étranger, ayant une connaissance des pays africains tant au niveau social que culturel. Leurs freins d’investissement sont moindres mais nécessitent un accompagnement. En effet, les flux financiers issus de la diaspora sont plus élevés que l’aide au développement dirigée vers l’Afrique, et son épargne disponible l’est encore plus. Dans l’objectif d’accroître les capacités de financement des banques commerciales, faire transiter les flux financiers de la diaspora par le système bancaire local semble intéressant : leur perception du risque est moins négative que les investisseurs internationaux classiques, et les banques sont des intermédiaires privilégiés pour établir un lien entre la diaspora et l’économie locale car elles sont plus accessibles que les marchés. Pour cela, les banques africaines doivent pouvoir mettre en place en Europe et ailleurs des réseaux efficaces de collecte de l’épargne, pour l’instant en majorité réduits à des bureaux de représentation. Faciliter le développement de ces réseaux constituerait une incitation pour la diaspora à investir son épargne dans les économies africaines.

Aujourd’hui plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque de confiance de la diaspora envers l’investissement de projets créateurs d’emplois et de valeurs ajoutée. Premièrement, le déficit d’infrastructures des pays africains, qui résulte d’une part de l’insuffisance des ressources publiques (majoritaires dans le financement des infrastructures), et aussi d’un déficit historique d’investissements privés en raison du climat des affaires jugé défavorable. En effet, le manque de régulation, la qualité de la gouvernance et l’importance de la corruption ont constitué pendant longtemps des freins à l’investissement privé.

Le Maroc a su comprendre ses freins et le prouve par la publication de son rapport, qui met l’humain au cœur de la stratégie de développement et vise à améliorer aussi bien la confiance des citoyens et de la diaspora. Le rapport insiste sur un cadre macroéconomique à la fois stable et propice à la croissance, qui est nécessaire pour porter une dynamique soutenue de création de valeur et d’emplois et de résorption des inégalités sociales et spatiales. Les politiques structurelles, qui le soutiennent, visent à maintenir la confiance des investisseurs et bailleurs nationaux et internationaux. Ainsi, pour donner une consistance claire à ces objectifs, la Commission a publié des indicateurs qui ont pour vocation de cristalliser les objectifs premiers du nouveau modèle de manière explicite. La publication de ces derniers vise à installer une certaine transparence de l’action publique (cf : annexe).

Pour finir et compléter cette note, un point post COVID a également été abordé dans le nouveau rapport de développement de la Commission et suit le raisonnement de nos recommandations articulées en trois points :

–          Le maintien de l’aide publique au développement dans un contexte de COVID-19 qui, en soi, ne constitue pas un risque spécifique à l’Afrique.

–          La relance des investissements publics et privés étrangers en Afrique, en améliorant la perception des opportunités africaines, dont la notation plus juste des actifs financiers privés comme souverains.

–          Et enfin, l’appui à l’accès aux marchés de capitaux par les banques commerciales puisqu’il est clair que de nombreux régimes bancaires sont sains et ne doivent être ni sous-exploités ni même sous-estimés.

La communauté internationale détient un rôle d’intégrateur ou d’intermédiaire qui dépasse le cadre de l’aide au développement. Cette triple approche permettrait d’aborder de nouveaux types de financeurs, qui sauraient mieux saisir les spécificités et les stratégies des Etats, notamment, mais pas seulement, vis-à-vis de la dette et de son refinancement.

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