En 2021 et 2022, The Bridge Tank a pris part à deux missions de terrain dans le massif du Fouta Djalon, dans le nord de la Guinée. Ce massif forestier, « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », abrite les têtes de sources des grands fleuves Sénégal, Niger et Gambie et offre un réservoir de biodiversité constituant la profondeur stratégique de la Grande Muraille Verte au Sahel. Ces missions menées par notre board member Hamed Diane Semega, alors Haut-Commissaire de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), avec la participation de Joël Ruet, Président de The Bridge Tank, nous ont permis de collecter de précieux témoignages et de constater les défis rencontrés par les populations locales et la dégradation des écosystèmes du Fouta Djalon.
Les missions de terrain ont constitué un élément déterminant dans la structuration de notre feuille de route pour la préservation du Fouta Djalon, présentée aux côtés d’Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF) et de l’OMVS lors de notre side event de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 à New York, et notre policy brief sur l’hydro-diplomatie.
Ces deux missions de terrain dans le massif du Fouta Djalon ont noté le déclin des têtes de sources du fleuve Sénégal et la baisse dramatique des niveaux de ces dernières. Il y a quelques décennies encore, un homme pouvait se noyer dans les profondes mares des têtes de sources. Aujourd’hui, seules de petites flaques d’eau subsistent à ces mêmes endroits. The Bridge Tank a accompangé l’OMVS et son haut-commissaire Hamed Semega, board member fondateur de The Bridge Tank, dans ce qui constituait la première visite d’un haut-commissaire de l’organisation sur le site des têtes de sources du fleuve Sénégal.
En février 2022, Hamed Diane Semega, accompagné du ministre de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures de Guinée, Ibrahima Abe Sylla, du Directeur de la Cellule guinéenne de l’OMVS, Soufiana Dabo, et du Directeur de la SOGEOH (Société de Gestion de l’Énergie des Ouvrages du Haut Bassin du Fleuve Sénégal en Guinée), Souleymane Dravé, ont inauguré ensemble les locaux du futur Centre de Documentation et d’archivage environnemental de Labé, Guinée. Celui-ci contribuera aux efforts de préservation du Fouta Djalon.
Des écosytèmes à préserver et restaurer
Les populations locales: premières victimes de la mort des sources
Ces missions ont permis de constater les nombreux défis rencontrés par les populations du Fouta Djalon. Souvent stigmatisées et accusées de puiser excessivement sur les eaux des têtes de sources et de contribuer à la déforestation, les communautés locales sont en fait les premières victimes de la mort des sources.
Dans cette zone à faible densité de population, l’accès à l’eau est un défi quotidien. La mission a noté que les villages sont bien souvent éloignés des sources et des forêts qui les abritent. Les populations souffrent d’un manque cruel d’eau. Celle-ci présente de plus très souvent une turbidité importante et une concentration terreuse la rendant impropre à la consommation.
Entre les deux missions, l’OMVS a équipé certains de ces villages de forages afin de puiser dans les nappes d’eau souterraines, notamment à Soulamayo, village le plus proche de la source géographique tarie du fleuve Sénégal.
Agriculture et hydro-électricité: Une vision de développement à long terme
La région et ses populations requièrent une vision et des solutions permettant un développement plus durable qui prennent en compte à la fois leurs besoins et les questions de préservation et de restauration des écosystèmes forestiers et hydriques. Un tel développement passera notamment par la (ré-)adoption de méthodes agricoles adaptées aux conditions démographiques et environnementales changeantes et par l’avancement de l’électrification.
À Koukoutamba, les populations locales ont exprimé leur soutien pour le prochain grand projet de barrage hydro-électrique de l’OMVS qui est actuellement en cours de développement dans la municipalité. Le barrage hydroélectrique de Koukoutamba, situé sur le fleuve Bafing dans la zone du haut-bassin du fleuve Sénégal aura une puissance aménageable de 294 MW et constituera le barrage le plus important réalisé par l’OMVS. Ce projet financé à hauteur de plus de 800 millions de dollars par la Banque chinoise Exim Bank et développé par l’entreprise chinoise Sinohydro contribuera notamment au développement économique et à l’électrification des zones rurales de la région.
Un engagement durable
L’engagement de The Bridge Tank en faveur de la sauvegarde du Massif du Fouta Djalon n’a dès lors cessé de croître. En 2021, cet engagement s’est illustré par l’organisation d’une session spéciale au Forum Mondial de l’Eau à Dakar intitulée « Massif du Fouta Djallon : visions et actions pour la sauvegarde du « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » en partenariat avec l’OMVS, l’OMVG et Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF). Dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau en mars 2023, The Bridge Tank et IAGF ont renforcé leur collaboration en faveur de la sauvegarde du Fouta Djalon en lançant l’alerte à travers la publication d’une tribune co-signée par Erik Orsenna, Président d’IAGF, Joel Ruet et Hamed Diane Semega, ainsi qu’à travers l’organisation d’un side event officiel de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 en partenariat avec l’OMVS, et avec le soutien officiel de la France et de la Guinée.