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G20/Business 20: Deuxième réunion de la Task Force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources

La présence de The Bridge Tank à New Delhi, en Inde, dans le cadre du CII Partnership Summit 2023 du 13 au 15 mars, a permis à Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, de participer à la deuxième réunion de la Task Force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources (B20 India Task Force on Energy, Climate Change & Resource Efficiency). En tant que membre du groupe de travail, The Bridge Tank avait participé à sa première réunion lors de la Conférence de Lancement du groupe d’engagement Business 20 (B20) du G20, le 24 janvier 2023, à Gandhinagar, en Inde.

La deuxième réunion de la task force, qui s’est tenue le 15 mars, a soulevé trois questions essentielles : (1) l’accélération des transitions ‘zéro émission nette’, (2) une plus grande contribution globale de l’énergie verte, y compris de l’hydrogène et de l’ammoniac verts, et (3) un meilleur accès au financement pour ces transitions. Conformément à l’un des objectifs de la présidence indienne du G20, le groupe de travail a souligné l’importance d’inclure les pays en développement dans ces développements.

L’accent a notamment été mis sur le fait que, bien que des normes mondiales en matière d’ESR, des normes non financières ainsi qu’une impulsion technologique par le biais d’un soutien public soient nécessaires, certains pays bénéficient d’avantages en termes de coûts d’investissement que d’autres n’ont pas. Par conséquent, plus encore que le soutien en ressources humaines ou l’aide au transfert de technologie, il est nécessaire d’instaurer des conditions de concurrence équitables sur le plan financier afin d’inclure les pays en développement, comme l’ont souligné certains membres de la task force, dont The Bridge Tank. Tout en recommandant que les banques multilatérales de développement et les fonds privés prennent ce problème au sérieux, une partie du débat a été consacrée à l’idée de concentrer l’argent public sur la réduction des risques et, selon The Bridge Tank, d’impliquer les écosystèmes financiers locaux, nationaux et régionaux dans ces projets ainsi dérisqués.

De plus, si l’on va au-delà des solutions uniquement adaptées aux pays du G20 – comme la présidence indienne du G20 souhaite que celui-ci prenne en compte les problèmes de l’Afrique par exemple – un débat s’ouvre alors sur l’inégalité des capacités en matière de collecte et traitement de données à travers le monde, qui s’ajoute à l’inégalité des coûts du capital. Il s’agit là d’une ligne de contribution que nous continuerons à intégrer dans le groupe de travail d’ici à sa troisième réunion en avril et à sa réunion finale en juin.

Les discussions et le feedback entre la première et la deuxième réunion de la task force ont soulevé de nombreuses autres questions, notamment l’établissement de normes mondiales pour l’hydrogène, l’évaluation du cycle de vie et du champ d’application des produits recyclables, l’établissement de dispositions pour les transactions nationales et internationales sur le carbone et la facilitation de l’accès au financement et à la technologie. En outre, il est primordial d’inclure et de reconnaître le rôle que les micro, petites et moyennes entreprises ont à jouer. Comme l’ont fait remarquer certains membres de la task force, des résultats et des actions clairs sont nécessaires, car le coût de l’inaction en matière d’adaptation au changement climatique serait désastreux, notamment pour les régions côtières.

La réunion a été convoquée par quelques-uns des principaux dirigeants de l’industrie indienne :

  • M. Sajjan Jindal, Président directeur général, Groupe JSW – président de la task force
  • M. Vineet Mittal, Président, Groupe Avaada – vice-président de la task force
  • M. T V Narendran, Directeur général, Tata Steel – vice-président de la task force
  • M. Christian Cahn von Seelen, Membre du comité exécutif de Volskwagen – vice-président de la task force
  • M. Jean-Pierre Clamadieu, Président du conseil d’administration, ENGIE – vice-président de la task force (représenté par son chef de cabinet)

G20-Business20-CII Partnership Summit 2023: The Bridge Tank participe à un panel sur les chaînes d’approvisionnement durables

En ce dernier jour du CII Partnership Summit 2023 à New Delhi, en Inde, Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, a participé à une session sur le thème « Building Resource Efficient & Resilient Green Supply Chains » (Comment créer des chaînes d’approvisionnement vertes, résilientes et efficaces en termes de ressources).

La 28e édition du sommet organisé par la Confédération de l’industrie indienne (CII) du 13 au 15 mars 2023 et consacré aux questions de commerce international, d’économie, de compétitivité, de durabilité et de technologie a été placée sous le thème “Partnerships for Responsible, Accelerated, Innovative, Sustainable, and Equitable Businesses” (Partenariats pour des entreprises responsables, dynamiques, innovantes, durables et équitables).

Ce sommet intervient alors que la CII assure le secrétariat du B20 (Business 20) durant la présidence indienne du G20 en 2023. The Bridge Tank, représenté par son président Joël Ruet, a été invité par la CII à participer aux débats à New Delhi.

Le 15 mars, Joël Ruet a ainsi participé aux côtés du Dr Martin Keller, Directeur de Laboratoire et Alliance President, National Renewable Energy Laboratory (NREL, Laboratoire national sur les énergies renouvelables), et de M. Ashwani Kumar, PDG du groupe Suzlon, à une table ronde animée par M. Christian Cahn von Seelen, membre du conseil d’administration et directeur exécutif de Volkswagen Group Sales India. Cette session s’est penchée sur la question des chaînes d’approvisionnement et le défi de rendre ces dernières plus vertes, résilientes, et efficientes en termes de ressources.

Dr Martin Keller
Christian Cahn von Seelen
Ashwani Kumar

Au cours des échanges, Joël Ruet a fait remarquer que les chaînes d’approvisionnement d’un « monde stabilisé » avaient besoin d’être optimisées. Toutefois, les temps d’incertitude et d’instabilité actuels ont révélé un réel besoin de diversifier les chaînes d’approvisionnement et de rechercher de nouvelles options avec différents pays, secteurs et technologies.

Cet état des lieux a été partagé par M. Martin Keller, qui a souligné la nécessité de créer des synergies mondiales pour diversifier les chaînes d’approvisionnement, en particulier en ce qui concerne la disponibilité des matières premières, les capacités de production, l’adoption d’énergies propres, l’économie circulaire et les compétences vertes.

M. Cahn von Seelen et M. Kumar ont quant à eux insisté sur le rôle des énergies renouvelables dans ces chaînes d’approvisionnement résilientes. M. Cahn von Seelen a notamment mentionné l’importance actuelle de développer des chaînes d’approvisionnement en énergie renouvelable pour remplacer le pétrole. L’exemple offert par l’Europe, qui a entièrement modifié son mix énergétique en l’espace d’un an à la suite de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, a montré que des changements radicaux étaient possibles.

M. Kumar a ajouté à cela qu’il ne s’agissait pas seulement de s’intéresser à la part de la consommation d’énergie qui est verte, mais aussi au degré de verdissement du kilowattheure généré. Un tel processus doit commencer dès le stade de la recherche et du développement, afin de maximiser les rendements et d’apporter une contribution essentielle aux chaînes d’approvisionnement vertes.

Hydro-diplomatie : Rapport détaillé du Panel de Haut Niveau sur l’hydro-diplomatie de The Bridge Tank

Deux mois après son panel de haut niveau sur l’hydrodiplomatie, qui s’est tenu à Paris, le 6 décembre 2022, The Bridge Tank revient sur les discussions et les idées captivantes partagées par les participants à la conférence. Ce sont ces mêmes idées et ces précieuses contributions que nous souhaitons mettre en avant lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau à New York du 22 au 24 mars 2023, où la proposition de side event sur l’hydrodiplomatie portée par The Bridge Tank, en partenariat avec l’IAGF, vient d’être intégrée au programme officiel.

Dans le prolongement des grandes conclusions du panel et suite au lancement de la World Water for Peace Conference, The Bridge Tank est heureux de publier un rapport détaillé des échanges à travers un rapport verbatim de chacune des sessions de la conférence.

Session Introductive

Cette session d’ouverture a permis de planter le décor de la journée, en donnant la parole aux hôtes et organisateurs de la conférence, notamment Irina Bokova et Erik Orsenna, sous le haut patronage desquels la journée s’est tenue.

Cette session introductive a dressé un bilan du système international et onusien existant sur les questions de l’eau. Elle a également présenté les initiatives d’hydrodiplomatie existantes et les expériences de co-gestion intégrée et non-conflictuelle de l’eau, qui contribuent à une pratique renouvelée et élargie de l’hydrodiplomatie.

Moderateur: Joël RUET, Président, The Bridge Tank, Institut interdisciplinaire pour l’innovation, Ecole Polytechnique

  • Irina BOKOVA, Coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour la durabilité du Conseil international de la science (CISS), ancienne directrice générale de l’UNESCO et Board Member, The Bridge Tank
  • Erik ORSENNA, Président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française
  • Hamed SEMEGA, Board Member, The Bridge Tank, et ancien Haut-Commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS)

Le compte rendu verbatim de la session: (en anglais)

 

Session 1 : Témoignages de politiques progressistes de gestion de l’eau

La première session thématique de la journée a donné la parole à des décideurs politiques du monde entier, leur offrant la possibilité de partager et de discuter de leurs expériences dans la gestion des ressources hydriques. Ceci a permis de donner un aperçu des pratiques existantes et d’offrir de nouvelles idées pour des politiques de l’eau plus progressistes et une approche renouvelée de l’hydro-diplomatie.

Modérateur: Stéphane GOMPERTZ, Board Member, The Bridge Tank, ancien ambassadeur pour la présidence française de la COP21

  • Hakima EL HAITE, Board Member, The Bridge Tank, ancienne Championne du Climat auprès des Nations unies, ancienne Ministre de l’Environnement, Maroc (par Zoom)
  • Runa KHAN, Fondatrice et directrice exécutive de l’ONG Friendship, Bangladesh (par Zoom)
  • Brice LALONDE, ancien sous-secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, ancien Ministre de l’Environnement, France
  • Sidi TOURE, Ministre des ressources animales et halieutiques, Côte d’Ivoire (allocution préenregistrée)
  • Diaka SIDIBE, Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Guinée (allocution préenregistrée)

Le compte rendu verbatim de la session: (en anglais)

Brice Lalonde
Runa Khan (par Zoom)
Hakima El Haite (par Zoom)

Session 2: Eau & Développement

Cette seconde session sur l’eau et le développement s’est tournée vers les acteurs de l’aide internationale et du développement. Leurs expériences concrètes et leurs connaissances du terrain ont donné lieu à un dialogue dynamique autour des initiatives de développement existantes et des défis rencontrés dans le cadre de leurs activités liées à l’eau.

Modératrice:  Marie-Laure VERCAMBRE, Directrice Générale, Partenariat Français pour l’Eau

  • Annukka LIPPONEN, Spécialiste en chef de la gestion des ressources hydriques, Ministère de l’agriculture et des forêts, Finlande
  • Claus SORENSEN, ancien directeur général du service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO) (par Zoom)
  • Mats KARLSSON, ancien vice-président de la Banque Mondiale et ancien secrétaire d’État au développement, Ministère des affaires étrangères, Suède
  • Lars Andreas LUNDE, Chef de la section nature et climat, Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD) (par Zoom)
  • Pascal DELISLE, Responsable des questions économiques, de développement, d’environnement et du numérique, Service européen pour l’action extérieure (SEAE), Genève (par Zoom)
  • Lionel GOUJON, Responsable de la division Eau & Assainissement, Agence française de développement (AFD)
  • Eric KUINDERSMA, Senior Policy Advisor Water Governance, Waterschap Rivierenland, Pays-Bas

Le compte rendu verbatim de la session: (en anglais)

Marie-Laure Vercambre
Lionel Goujon
Mats Karlsson
Annukka Lipponen
Lars Andreas Lunde (par Zoom)
Claus Sorensen (par Zoom)
Pascal Delisle (par Zoom)

Session 3 : Des outils innovants pour une hydro-diplomatie revisitée

Ce dernier panel a examiné la diversité des outils au service de l’hydro-diplomatie, qu’ils soient économiques, technologiques, sociaux, juridiques ou politiques. En débattant de la définition de l’hydro-diplomatie et de ce qui peut y être inclus pour élargir sa pratique, la session a abordé les moyens innovants d’impliquer la multitude de secteurs, d’acteurs, de ressources et de territoires nécessaires au développement durable et à la co-gestion de l’eau.

Moderateur: Christian BRETHAUT, Directeur Scientifique, Geneva Water Hub (GWH), Observatoire mondiale pour l’eau et la paix (OMEP)

  • Zulfiqar BHUTTA, Directeur fondateur, Institute for Global Health and Development and the Centre of Excellence in Women and Child Health, Aga Khan University, Karachi, Pakistan (par Zoom)
  • Susanne SCHMEIER, Professeure associée en droit et diplomatie de l’eau, Institute for Water Education (IHE), Delft
  • Eric TARDIEU, Directeur général, Office International de l’Eau (OIEau)
  • Suriya TURAYEVA, Professeure de « Protection de l’environnement et utilisation rationnelle des ressources naturelles, » The University of World Economy and Diplomacy of Uzbekistan, Tashkent, Ouzbékistan (par Zoom)
  • Arnab DAS, Directeur and Fondateur, Centre de recherche maritime (Maritime Research Center, MRC), Pune, Inde
  • Mara TIGNINO, Spécialiste juridique en chef, Geneva Water Hub (par Zoom)

Le compte rendu verbatim de la session: (en anglais)

Zulfiqar Bhutta (par Zoom)
Arnab Das
Mara Tignino, Suriya Turayeva, & Zulfiqar Bhutta
Joel Ruet & Arnab Das
Sophie Gardette & Susanne Schmeier
Le panel de la session

G20/Business 20 : The Bridge Tank prend part à la Conférence de Lancement du B20 Inde

Après le mandat de l’Indonésie en 2022, ce début d’année a vu l’Inde prendre la présidence du G20 pour l’année 2023.

Du 22 au 24 janvier 2023, la ville de Gandhinagar dans le Gujarat, en Inde, a accueilli la conférence de lancement du groupe d’engagement Business 20 (B20) du G20 afin de discuter avec la communauté des affaires de l’économie mondiale et de certains des problèmes les plus pressants auxquels notre monde fait face. La réunion a rassemblé des ministres et des délégués indiens, ainsi que d’influents chefs d’entreprise et décideurs politiques internationaux.

En tant que membre du B20, The Bridge Tank a assisté au sommet à Gandhinagar, représenté par son président Joël Ruet. Outre les sessions publiques au Mahatma Mandir, la réunion de lancement a notamment marqué le lancement des groupes de travail et des groupes d’action du B20, auxquels The Bridge Tank contribuera activement au cours de l’année à venir.

Axant sa participation sur trois grands thèmes : la durabilité, la recherche et l’innovation, et le rapprochement entre l’Afrique et le G20, à l’invitation de la présidence indienne du G20, The Bridge Tank est ainsi membre de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources, ainsi que du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine.

Joël Ruet à la Conférence de Lancement du B20
Le ton est donné pour la présidence indienne du G20 en 2023

Organisée par la Confédération de l’Industrie Indienne (CII), en charge du secrétariat du B20 Inde, la session plénière de la réunion de lancement du B20, qui s’est tenue au Mahatma Mandir le 23 janvier, a donné le ton du sommet et de la présidence indienne du G20 en 2023.

La session inaugurale a mis en lumière la vision, les priorités thématiques et les valeurs qui animeront le B20 Inde. M. Chandrajit Banerjee, directeur général de la CII, a rappelé aux participants l’acronyme R.A.I.S.E – Responsible, Accelerated, Innovative, Sustainable and Equitable Businesses (en français: des entreprises Responsables, Accélérées, Innovantes, Durables et Équitables) – qui servira de pierre angulaire au B20 Inde.

"Le thème du B20, qui a été formé sous l'égide de la présidence indienne du G20, est R.A.I.S.E. - pour des entreprises Responsables, Accélérées, Innovantes, Durables et Équitables."
M. Chandrajit Banerjee
Directeur Général, Confédération de l'Industrie Indienne (CII)

Au cours de son discours d’ouverture sur les conditions nécessaires à la réussite du B20 Inde, M. N Chandrasekaran, président du B20 Inde et président de Tata Sons, a souligné l’importance de réduire les inégalités à travers la transformation numérique. Il a également insisté sur certaines des grandes priorités retenues pour le B20 Inde, notamment la durabilité, la transition énergétique, la mobilité, la biodiversité, la gestion de l’eau et les ODD de l’ONU.

"La présidence du B20 est l'occasion pour l'Inde de présenter et de partager des bonnes pratiques, ainsi que de travailler à l'élaboration de recommandations spécifiques pour apporter l'égalité grâce à la transformation numérique."
M. N Chandrasekaran
Président, B20 Inde & Président, Tata Sons
Développement durable et transitions énergétiques :  la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources

L’importance de la lutte contre le changement climatique et la place des transitions énergétiques et du développement durable dans les priorités du B20 Inde ont été présentées lors de la session plénière par M. Som Parkash, Ministre d’État au commerce et à l’industrie.

Le ministre Parkash a ainsi déclaré que « l’Inde, sous la présidence du G20, doit s’efforcer de donner la priorité à la lutte contre le changement climatique et à la dégradation de l’environnement par des efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir les énergies propres.« 

Cette priorité, conforme à la devise R.A.I.S.E du B20, a été reprise un jour plus tard, le 24 janvier, lors de la première réunion de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources, à laquelle The Bridge Tank a assisté en tant que membre de la task force.

La réunion, présidée par M. T V Narendran, PDG de Tata Steel Ltd et coprésident de la task force, a présenté les priorités et les résultats attendus de cette dernière.

Dans l’espoir d’accélérer les transitions énergétiques, l’efficacité des ressources et les mesures d’adaptation dans les économies du G20, les priorités du groupe de travail ont été décrites comme étant largement alignées sur les priorités du G20 en matière de changement climatique.

L’objectif est donc d’aborder les questions suivantes :

  1. les transitions mondiales nettes zéro;
  2. la sécurité énergétique et l’accès à l’énergie;
  3. les transitions justes;
  4. l’économie circulaire et l’efficacité des ressources;
  5. la finance climat et l’innovation technologique;
  6. l’adaptation et la résilience.
"L'Inde, sous la présidence du G20, doit s'efforcer de donner la priorité à la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l'environnement en déployant des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et promouvoir les énergies propres."
M. Som Parkash
Ministre d'État au commerce et à l'industrie

Les priorités de la task force couvrent de nombreux thèmes, notamment :

  • Le renforcement de la coopération mondiale pour accélérer la transition nette zéro par le biais de coalitions mondiales spécifiques aux différentes industries, et la focalisation des investissements et des financements vers des axes prioritaires;
  • L’amélioration des investissements, du développement et de la commercialisation de technologies d’énergie verte;
  • L’amélioration du financement de la lutte contre le changement climatique grâce à de nouvelles voies de financement pour la transition énergétique, en définissant des mandats clairs en matière d’énergie pour les banques multilatérales de développement et en harmonisant le développement des marchés carbone nationaux ;
  • L’amélioration de l’efficacité des ressources grâce à des cadres réglementaires, des politiques, et des modèles commerciaux et financiers qui encouragent l’économie circulaire ;
  • La mise en œuvre de politiques d’adaptation privilégiant des approches fondées sur les écosystèmes existant afin de développer des infrastructures résilientes, tout en veillant à ce que l’adaptation tienne compte de la dimension de genre et en mobilisant les financements nécessaires.

The Bridge Tank entend mettre son expertise accumulée au fil des ans sur des thèmes de trajectoires énergétiques, de transitions énergétiques, de finance climat, de financement mixte, ainsi que sa contribution de longue date au développement de modèles de développement durable et d’économie circulaire à la disposition de la task force. Cette dernière se réunira à nouveau les 14 et 15 mars 2023.

Rapprocher l’Afrique et le G20 : le Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine

Évoquant les efforts déployés par le B20 Inde pour représenter les questions pertinentes pour l’économie mondiale, M. Sanjiv Bajaj, président de la CII et président-directeur général de Bajaj Finserv Ltd, a présenté au public de la session plénière le programme ciblé et le Conseil d’Action sur l’Intégration Économique Africaine, qui espère renforcer les liens entre les économies africaines et le G20.

En tant que défenseur de longue date d’une plus grande intégration du continent africain dans les actions du G20 et désormais membre contributeur du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine, The Bridge Tank salue cette initiative.

Le 24 janvier, dernier jour de la conférence de lancement, The Bridge Tank a ainsi également pris part à la session inaugurale du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine, qui a examiné les objectifs et les priorités du conseil.

La réunion a soulevé les trois principaux résultats attendus pour soutenir l’intégration économique du continent africain :

  1. La formulation d’un programme de Facilités d’assistance technique (FAT) par les membres du G20, afin d’accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf par le biais d’une assistance technique et financière aux 54 nations africaines.

  2. Des engagements de la part des États du G20 à conclure des accords commerciaux préférentiels personnalisés avec au moins 20 pays africains (avec un minimum de 100 lignes tarifaires sur les produits ou services à libéraliser dans chacun de ces accords).

  3. Des engagements de la part des États du G20 à lancer chacun un minimum de trois programmes de financement du développement au profit d’au moins cinq pays africains (soit bilatéralement, soit par l’intermédiaire d’institutions multilatérales), sur des thèmes tels que les programmes de parcs industriels, les projets d’infrastructures énergétiques ou de transport, les initiatives en matière de santé, d’éducation et de formation, ou les programmes de financement des micro, petites et moyennes entreprises.

Dans le prolongement de ces résultats espérés, Joel Ruet, Président, The Bridge Tank, a avancé l’idée d’un fonds pour les projets de résilience et d’adaptation au changement climatique émanant du G20 et financé par celui-ci. En outre, le G20 pourrait contribuer à dérisquer les projets provenant de pays et d’entreprises du continent africain.

Dans les mois à venir, The Bridge Tank poursuivra ses efforts au sein de la Task force B20 Inde sur l’Énergie, le Changement Climatique et l’Efficacité des Ressources et du Conseil d’Action B20 Inde sur l’Intégration Économique Africaine.

Le Déjeuner de l’Innovation de The Bridge Tank à Davos : Encourager la coopération en matière de biosécurité

Le dernier jour du Forum économique mondial de Davos, et pour la troisième édition consécutive, The Bridge Tank a organisé son désormais traditionnel « Déjeuner de l’innovation » sur la Promenade de Davos. Cette édition 2023 a notamment été organisée avec l’appui de  notre Board member Judit Arenas, APCO Worldwide, et en partenariat avec Illumina, société de biotechnologie basée à San Diego aux États-Unis, pour échanger sur la biosécurité et la prévention du bioterrorisme.

Parmi les participants à cette table ronde figuraient des spécialistes, des chercheurs et des dirigeants de renom, notamment :

  • John Frank, Directeur des affaires publiques, Illumina
  • Richard Hatchett, PDG, Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI)
  • Matthew McKnight, Directeur général, Biosécurité, Gingko Bioworks
  • Frank-Jürgen Richter, Président, Horasis
  • Megan Palmer, Directrice exécutive, Bio Policy & Leadership Initiatives, Université de Stanford (États-Unis)
  • Eric Christopher Cioe-Pena, Directeur fondateur, Center for Global Health, Northwell Health (États-Unis)
  • Margery Kraus, Fondatrice et Présidente exécutive, APCO Worldwide
  • Raphael Schoentgen, Board Member, The Bridge Tank et PDG, Hydrogen Advisors

La modération de la session a été assurée par nul autre que John Defterios, ancien analyste économique et présentateur de CNN, et conseiller principal, APCO Worldwide, et par Joel Ruet, Président, The Bridge Tank.

John Defterios
John Defterios
Joel Ruet
Joel Ruet

La pandémie de COVID-19 a révélé le risque réel de bioterrorisme et de perturbations que les agents biologiques peuvent causer au sein de nos sociétés. Les participants à ce déjeuner-débat ont mis en évidence la fragilité – voire l’absence – de cadres nationaux et internationaux appropriés en matière de biosécurité et le manque d’infrastructures nécessaires à cette biosécurité.

Avec l’accélération de l’innovation technologique et la prolifération de laboratoires d’expérimentation biologique non réglementés, les risques de bioterrorisme ou de guerre biologique doivent être pris en compte par la communauté internationale. Pour citer l’un des intervenants, « chaque guerre commence avec une technologie et se termine avec une autre ».

John Frank
Richard Hatchett
Matthew McKnight
Frank-Jürgen Richter
Richard Hatchett

Des parallèles ont notamment été établis entre la biosécurité et la sécurité nationale et la cyber-sécurité, les efforts devant commencer au niveau national. La coopération entre les organismes de santé publique et de sécurité nationale devra être renforcée, puisque tous deux sont directement affectés par les perturbations causées par de nouveaux pathogènes ou agents biologiques. Pour élargir l’éventail des actions et des mesures de protection en matière de biosécurité, les efforts du secteur public doivent davantage mobiliser et soutenir les initiatives du secteur privé.

En raison de la qualité de bien public de la santé, la communication, le multilatéralisme et les coalitions devront toutefois également être renforcés. Le partage des données pourrait être un point d’entrée pour la coopération internationale et l’instauration de la confiance, afin de renforcer l’idée que la non-coopération aura des conséquences plus graves que le coût de la coopération.

Eric Christopher Cioe-Pena
Megan Palmer
Raphael Schoentgen
Judit Arenas & John Defterios

La qualité des discussions et l’importance toujours plus grande de la biosécurité dans le façonnement de notre monde ont révélé la nécessité de pousser ces questions sur le devant de la scène mais aussi pour The Bridge Tank de les maintenir à l’ordre du jour de l’édition 2024 du Déjeuner de l’Innovation à Davos.

Frank-Jürgen Richter & Joel Ruet

Davos 2023: Les points-clés à retenir de la semaine de The Bridge Tank au Forum Économique Mondial de Davos

La troisième semaine de 2023 a vu le monde entier se réunir une nouvelle fois pour le Forum économique mondial de Davos. Du 16 au 20 janvier, des dirigeants politiques, économiques et de la société civile du monde entier se sont réunis dans les Alpes suisses pour discuter de l’avenir économique de notre monde.

Cette année, le thème de la « Coopération dans un monde fragmenté » s’est avéré particulièrement intéressant pour The Bridge Tank, qui a pu y partager ses vues et échanger sur l’état de la coopération internationale, notamment en ce qui concerne la coopération Sud-Sud et Sud-Nord.

The Bridge Tank était présent à Davos pendant la réunion annuelle du WEF à Davos, représenté par son président Joël Ruet et les board members Judit Arenas, du Mexique, Pranjal Sharma, de l’Inde, et Raphael Schoentgen, de la Belgique.

Cette présence active sur place a permis à nos board members de discuter de la place du Sud dans la révolution numérique, d’explorer de nouveaux mécanismes financiers de coopération Sud-Nord, d’organiser des événements sur les biens publics mondiaux et de se faire un aperçu des diverses ambitions et trajectoires de certains grands émergents.

Pranjal Sharma (à gauche) à la TCS Reception
Judit Arenas au Déjeuner d'Innovations
Raphael Schoentgen (à droite) à la House of Switzerland
La révolution numérique et le Sud

Intervenant régulier des panles du WEF depuis plusieurs années, notre board member Pranjal Sharma a souligné le rôle des pays du Sud dans la conduite des discussions à Davos, agissant comme une force structurante pour façonner l’avenir. Pranjal Sharma a particulièrement insisté sur le rôle de l’Inde dans le renforcement des économies numériques du Sud et sur les efforts déployés par le pays pour amener la révolution numérique à de nouvelles communautés et de nouvelles langues.

Dans la continuité de cette réflexion sur la révolution numérique, M. Sharma a animé une table ronde sur le thème « Tackling Harm in the Digital Era, » (Lutter contre les préjudices à l’ère numérique), au cours de laquelle il a abordé la question de la sécurité des utilisateurs en ligne et la manière de construire des espaces numériques plus sûrs.

Le panel de haut niveau a réuni la vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence de la Commission européenne, la directrice de l’Office of Communications du Royaume-Uni et la vice-première ministre belge pour discuter des cadres réglementaires et des innovations technologiques permettant de lutter contre les contenus dangereux, la violence et les injures en ligne.

La discussion a mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les législateurs, M. Sharma leur demandant comment gérer la violence en ligne à grande échelle et comment assurer la protection des communautés, non seulement dans les pays développés mais aussi dans les économies émergentes, alors que des milliards de personnes et de nouvelles communautés accèdent au monde numérique.

Finance bleue : Les fleuves internationaux comme vecteur de la coopération Sud-Nord

Le WEF a également permis de discuter de nouvelles formes de coopération Sud-Nord. L’un de ces mécanismes innovants sur le front de la finance bleue a été abordé lors d’un événement intitulé « Innovative Impact Investing through Blue Peace Bond » (Investissement d’impact innovant grâce aux obligations Blue Peace), organisé par le Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU) et la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC) à la Maison de la Suisse.

L’événement, auquel Joël Ruet et Raphael Schoentgen ont participé, a présenté le programme de financement Blue Peace (Paix Bleue) et la création des obligations Blue Peace, qui visent à faciliter l’accès au capital pour les organismes de bassins fluviaux et les entités locales et régionales similaires travaillant à une coopération transfrontalière multipartite autour de l’eau. Cet outil innovant de financement des infrastructures et du développement social espère fonctionner comme un dividende de la paix, en faisant de l’eau et des bassins fluviaux transfrontaliers un point d’entrée pour la paix et la coopération.

Comme l’ont souligné les interventions de M. Ruet et de M. Schoentgen, cette coopération Sud-Nord ne doit pas seulement impliquer les institutions financières du Nord, mais doit également intégrer les institutions financières du Sud aux montages financiers et servir d’opportunité pour le Sud de développer et de tirer parti de son propre écosystème financier.

Cette session et l’outil financier basé sur la coopération autour de l’eau qu’elle a présenté ont apporté une contribution précieuse aux recherches menées par The Bridge Tank pour de nouveaux outils à mobiliser dans le cadre d’une pratique élargie de l’hydro-diplomatie, quelques semaines seulement après le lancement de la World Water for Peace Conference.

Edition 2023 des Dejéuners de l’Innovation de Davos, par The Bridge Tank : Renforcer la coopération en matière de biosécurité

Pour conclure la semaine sur le thème de la coopération, Joël Ruet et Judit Arenas ont uni leurs forces le dernier jour du forum pour co-organiser un déjeuner d’échange sur la Promenade de Davos sur le thème de la biosécurité et du bioterrorisme. L’événement était le fruit d’un partenariat entre The Bridge Tank, APCO Worldwide et la société américaine de biotechnologie Illumina. The Bridge Tank organise depuis 2020 des déjeuners de l’innovation à Davos.

La session animée par Joël Ruet et John Defterios, ancien analyste économique et présentateur de CNN, et conseiller d’APCO Worldwide, a mis en évidence la fragilité des cadres nationaux et internationaux de biosécurité et le manque d’infrastructures de biosécurité. Les participants ont ainsi appeler à une plus grande coopération public-privé en la matière.

Cette session en comité restreint a rassemblé 25 spécialistes renommés dans le domaine de la biosécurité et de la cybersécurité, d’universitaires de haut niveau et de dirigeants d’entreprises, tels que John Frank, directeur des affaires publiques d’Illumina, Richard Hatchett, PDG de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI), ou Frank-Jürgen Richter, président d’Horasis.

Frank-Jürgen Richter, Président, Horasis, & Joël Ruet
John Defterios

Focus sur les pavillons et les sessions thématiques à Davos

L’activité bouillonnante des différents pavillons nationaux et d’entreprises a donné lieu à des discussions animées et à des événements sur des thèmes d’intérêt pour The Bridge Tank, à savoir les économies émergentes, le développement durable et la structuration des transitions énergétiques.

L’India Lounge a été un point de rencontre important au WEF cette année. Par l’intermédiaire de son président, Joël Ruet, The Bridge Tank a assisté à une table ronde sur les investissements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de l’Inde et à un débriefing entre entreprises et gouvernement sur la volonté du monde – et en particulier des États-Unis – de renouer le dialogue avec la Chine. L’une des conclusions de cette session est que l’Inde a tout intérêt à suivre de près la question de la relocalisation éventuelle des investissements étrangers en Chine.⁦

Cette présence à l’India Lounge a également été l’occasion de rencontrer Samir Saran, président du secrétariat du T20, et de discuter de la participation de The Bridge Tank au T20 durant la présidence indienne du G20 en 2023. Les thèmes de la coopération et de la croissance inclusive étant au cœur de la présidence indienne, The Bridge Tank apportera  sa pierre à l’édifice du T20 sur les thèmes de la finance bleue et verte et du rapprochement entre le continent africain et le G20.

Samir Saran & Joel Ruet
Indonésie : vers un avenir zéro émission nette

Après avoir récemment transmis le témoin de la présidence du G20 à l’Inde, l’Indonésie s’est montrée également très active à Davos cette année.

Le pavillon indonésien a ainsi accueilli une session « Indonesia Net Zero Pathway : Opportunity & Challenges, » le 17 janvier, une session portant sur les opportunités et défis auxquels l’Indonésie fait face pour atteindre son objectif zéro émission nette.

Une présentation de Muhammad Yusrizki, président de KADIN Net Zero Hub, Chambre de commerce d’Indonésie, a abordé certains des objectifs et des défis à venir pour la transition verte de l’Indonésie, y compris la façon de financer la transition énergétique et de dé-risquer les investissements dans les sources renouvelables en Indonésie, mais aussi le besoin de politiques et de cadres institutionnels pour accélérer le voyage du pays vers le net-zéro.

M. Yusrizki a particulièrement insisté sur la nécessité de protéger et de régénérer les mangroves, car celles-ci ont un énorme potentiel de stockage du carbone dans un pays qui abrite plus de 20 % des zones de mangrove du monde.

Le ministre indonésien chargé de la coordination des affaires maritimes et des investissements, Luhut Binsar Pandjaitan, a présenté la stratégie et les priorités sectorielles de l’Indonésie pour atteindre le net-zéro d’ici 2060. Cette voie sera fondée sur l’industrialisation et le développement économique, a déclaré M. Pandjaitan, qui a rappelé aux participants que les émissions de CO2 par habitant en Indonésie étaient inférieures à la moyenne mondiale.

L’économie verte de l’Indonésie s’appuiera sur cinq piliers :

  • un secteur de l’électricité décarboné – avec le soutien du Partenariat pour une transition énergétique équitable (JETP), qui vise à ce que les énergies renouvelables représentent 34 % de la production d’électricité en Indonésie d’ici à 2030 ;
  • des transports à faible émission de carbone – grâce au développement des véhicules électriques ;
  • les carburants alternatifs, tels que le biocarburant ;
  • les industries vertes, en développant par exemple une chaîne d’approvisionnement en batteries de véhicules électriques ;
  • et les puits de carbone – par le biais du captage du carbone et du marché des compensations carbone.

L’Indonésie espère faire du secteur des transports un pilier important de cette économie verte. Premier marché automobile de l’ASEAN, l’Indonésie représente 30 % du marché des véhicules à quatre roues de l’ASEAN et 50 % de son marché des véhicules à deux roues. Si le pays dépend encore des importations, l’Indonésie espère devenir un centre de production dans la région, notamment pour les véhicules électriques, pour lesquels l’Indonésie s’efforce de développer sa propre chaîne de valeur.

L’Indonésie vise également à devenir un leader mondial en matière d’atténuation des effets du changement climatique et sur le marché des compensations carbone. La replantation de mangroves et la restauration d’écosystèmes et de terres dégradés devraient figurer parmi les principaux domaines d’action, comme l’ont indiqué  certains intervenants.

Africa House : La ZLECAf et comment débloquer le potentiel du continent africain

Le continent africain a apporté sa propre contribution à la quête de coopération dans un monde fragmenté de cette édition du Forum Économique Mondial. L’Africa House de Davos a accueilli le 18 janvier un panel sur le commerce, intitulé « Deep-dive into the AfCFTA, exploring how far it has been and unlocking the future potential of the continent » (Un état des lieux de la ZLECAf, le chemin parcouru, et comment débloquer le potentiel futur du continent).

Les participants à la table ronde étaient :

  • Wamkele Mene, Secrétaire Général, Secrétariat de la ZLECAf
  • Samaila Zubairu, Président & Directeur Général, Africa Finance Corporation
  • S.E. la princesse Alanoud Bint Hamad Al Thani, Directrice, Qatar Financial Centre.

La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) englobe 54 pays du continent, 44 États parties ayant déjà ratifié l’accord. Cette zone de libre-échange ne représente toutefois que 2,1 % du commerce mondial et 3 % du PIB de la planète.

Dans son discours d’ouverture du panel, Wamkele Mene a donc souligné que les pays africains ne pourront pas, individuellement, être compétitifs au niveau mondial. M. Mene a ainsi insisté sur la nécessité pour le continent africain de renforcer son intégration afin de développer des économies d’échelle et de surmonter sa dépendance aux exports  de produits de base.

Le panel a encouragé une mise en œuvre accélérée de la ZLECAf, car elle constitue un modèle pour le développement collectif et l’industrialisation de l’Afrique. La pandémie du COVID-19 a joué un rôle important en révélant la nécessité pour l’Afrique d’établir des chaînes d’approvisionnement alternatives. L’Afrique s’étant retrouvée en dernière place pour l’approvisionnement en masques et vaccins, la nécessité pour le continent de devenir autosuffisant s’est révélée plus pressante que jamais.

Prof. Landry Signe & Wamkele Mene

Samaila Zubairu, président-directeur général d’Africa Finance Corporation, a mis en évidence le fait que les chaînes de valeur de produits comme le cacao, les noix de cajou et le coton ne se trouvent pas en Afrique ; la transformation de cette production est effectuée à l’étranger avant d’être réimportée. Il en va de même pour les véhicules électriques, bien que l’Afrique soit une source importante de matériaux stratégiques avec un énorme potentiel d’énergie solaire, a noté M. Zubairu, avant de conclure que l’Afrique souffre d’un déficit d’infrastructure de 100 milliards, ce qui affaiblit sa capacité de croissance.

Si les panélistes ont salué les efforts de l’AfCFTA en matière d’interconnexion des chaînes d’approvisionnement et des réglementations et se sont montrés optimistes quant à la réussite de l’accord – s’inspirant du processus d’intégration européenne entamé à la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui a donné naissance à l’actuelle Union européenne – des défis considérables restent à relever pour atteindre un tel niveau d’intégration.

Une limitation notable se trouve dans l’absence d’un protocole sur la liberté de mouvement entre les états membres, comme l’a souligné une question dans l’assistance.

Le futur des chaînes d’approvisionnement et des investissements dans les pays émergents

Une session organisée au pavillon de DP World sur le thème « Débloquer les investissements dans les économies émergentes » a abordé l’importance des chaînes d’approvisionnement dans le monde d’aujourd’hui, notamment à la suite de la pandémie de COVID-19. Les panélistes ont noté que le manque d’investissements dans les régions moins développées du monde créait des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Une plus grande intégration des chaînes d’approvisionnement et des investissements dans les infrastructures permettraient toutefois de transmettre les bénéfices aux pays émergents.

La diversification des chaînes d’approvisionnement après le COVID pourrait donc profiter à des pays comme les Philippines ou l’Inde, ont indiqué les panélistes, car ils pourraient reprendre une partie du rôle de la Chine dans les chaînes d’approvisionnement. Ces changements ont déjà commencé à redistribuer les rôles dans les chaînes d’approvisionnement internationales. Le souhait de pays comme les États-Unis et le Canada de rapprocher les chaînes d’approvisionnement de leur territoire profiterait par exemple à un pays comme le Mexique.

Le modérateur de la session, Frédéric Sicre, Associé directeur de Tardis Advisors, a ainsi mis en lumière cette conception changeante des marchés émergents, en mentionnant l’acronyme BIMCHIP (Brésil, Inde, Mexique, Chili, Indonésie et Pérou) comme une alternative possible des BRICS.

Les participants ont toutefois également souligné les défis résultant de l’incertitude financière actuelle, compliquant l’accès aux capitaux. Cette incertitude financière réduira le potentiel d’investissement dans les marchés émergents, car les investisseurs donneront la priorité aux investissements moins risqués dans les marchés développés, ont conclu les panélistes.

Issue brief – Pour la sauvegarde du Massif du Fouta Djalon en Afrique de l’Ouest

Champion de la muraille verte, laissez-moi vous dire à quel point je suis convaincu que le Fouta Djalon en Guinée, mais aussi le delta intérieur du fleuve Niger au Mali, le Liptako Gourma au Burkina Faso et au Niger, en constituent collectivement les racines, la « profondeur stratégique ». L’eau assure l’unité du vivant dit très justement Erik Orsenna ; j’ajoute que l’eau doit assurer pour nous l’unité du territoire, l’unité de nos sociétés et de nos écosystèmes, des perspectives de nos foyers.
Mahamadou Issoufou
ancien Président de la République du Niger, Champion de la Grande Muraille Verte pour l’Union Africaine

« La COP15 de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification est accueillie cette année par l’Afrique, sous la présidence de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest. Si, par le biais de la COP15, l’Afrique rend un grand service au monde en s’efforçant d’unifier les conventions sur la désertification, la biodiversité et le climat, le monde devrait lui rendre la pareille en ne perdant pas de vue les écosystèmes les plus importants du continent.

Dans l’une des régions les plus enclavées et les plus difficiles d’accès d’Afrique, le massif guinéen du Fouta Djalon est en train de mourir. Souvent appelés « le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », ce massif forestier qui abrite les sources de sept des plus grands fleuves de la région, arrosant l’Afrique de l’Ouest, où vivent 300 millions de personnes, est en train de s’assécher.

Les sources des fleuves sont en train de mourir. Les effets combinés du changement climatique et de l’impact du mal-développement sur les populations locales et le bétail ont exercé une forte pression sur cet écosystème dynamique mais fragile. Alors que la déforestation, la désertification et l’érosion des sols augmentent, la stabilité et le développement futurs de toute une région se trouvent menacés. La survie des rivières d’Afrique de l’Ouest dépend de la sauvegarde du Fouta Djalon.

Les défis auxquels est confronté le Fouta Djalon:
  • Le changement climatique : la diminution des précipitations, les sécheresses cycliques et la désertification ;
  • Des méthodes agricoles traditionnelles inadaptées, comme l’agriculture itinérante et la culture sur brûlis, qui entraînent une surexploitation des terres ;
  • Diminution du couvert végétal, en raison par ex. de l’expansion des terres agricoles et des coupes de bois abusives dans les forêts pour le bois de chauffe ;
  • Diminution de la qualité des sols, due par ex. au surpâturage qui accélère l’érosion et la désertification ;
  • Épuisement des ressources en eau, dû à l’augmentation de l’ensablement et de la sédimentation des têtes de sources, à la diminution du couvert végétal et de la qualité des sols.
Une feuille de route pour la restauration écologique et le développement :
  • Soutenir & mobiliser les communautés locales, par ex. par la diffusion de catalogues de bonnes pratiques d’agroforesterie traditionnelle et moderne, de restauration des écosystèmes, de sensibilisation et de formation des populations locales ; 
  • Encourager la recherche et l’innovation, en augmentant par ex. les données sur les ressources et les écosystèmes, en incubant des start-ups technologiques locales, en soutenant la recherche sur les solutions basées sur la nature, l’ingénierie environnementale locale ;
  • Volonté politique et coopération régionale: organismes de bassin, cadres de coopération régionale autour d’une ressource commune pour assurer la durabilité sociale et environnementale ;
  • Une obligation verte et bleue pour le Fouta Djalon, soutenue au niveau international, afin de mobiliser des fonds pour la restauration des ressources et le développement social du massif du Fouta Djalon. »
Les auteurs:

Joël Ruet

Économiste des ressources naturelles, Président, The Bridge Tank

Hamed Semega

Board Member Fondateur de The Bridge Tank, ancien Haut Commissaire de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), 2017-22

« Les petits-déjeuners du Bridge » : Une nouvelle édition autour de Bernard Cazeneuve

Le 12 janvier 2023, The Bridge Tank a eu le plaisir d’organiser une nouvelle édition des « petits-déjeuners du Bridge, » autour de Monsieur Bernard Cazeneuve, Ancien Premier ministre.

Cette rencontre a permis de rassembler en format fermé une vingtaine d’éminents décideurs économiques et politiques français et internationaux afin d’échanger sur des sujets portant sur la structuration de la vie politique française et les grands enjeux européens et internationaux.

Organisée au Cercle France-Amériques, la séance modérée par notre board member Jean Bizet, ancien président de la Commission des Affaires européennes au Sénat, et Joël Ruet, Président, The Bridge Tank et économiste à l’Ecole Polytechnique, a abordé des thèmes allant du chamboulement du paysage politique français, au conflit entre l’Ukraine et la Russie, en passant par la situation sécuritaire au Sahel et la position française dans la région.

À travers les échanges avec les participants, M. Cazeneuve a également pu partager son expertise et ses analyses sur des thèmes tels que :

  • Le couple franco-allemand en matière de stratégies et d’industries de défense ;
  • Le besoin de renforcer la coopération européenne sur des questions de transition énergétique ;
  • La relation entre entreprises et citoyens ;
  • La crise migratoire et la politique européenne sur la question ;
  • L’importance de l’Afrique dans la transition énergétique française.

De nombreux board members de The Bridge Tank se sont joints à cette session d’échange, comme par exemple :

  • Irina Bokova, Ancienne Directrice Générale de l’UNESCO
  • Mohamed Chaïbi, Président du Conseil d’Administration de Ciments du Maroc
  • Christian Connan, Ancien Ambassadeur
  • Hakima El Haite, Présidente de l’Internationale libérale, Ancienne Ministre-Déléguée de l’Environnement du Maroc
  • Stéphane Gompertz, Ancien Ambassadeur et Directeur au Quai d’Orsay
  • Guillaume Henry, Président de l’Association pour l’étude écologique du droit
  • William Nkontchou, CEO de l’AFIIP -African Financial Institutions Investment Platform
  • Jean Pasternak, CEO Green Tie

Cette édition des « petits-déjeuners du Bridge » a également eu le privilège d’accueillir des participants tels que :

  • Pierre Ducret, Ancien Président, I4CE – Institute for Climate Economics- Caisse des Dépôts et Consignations
  • Jean-Dominique Giuliani, Président, Fondation Robert-Schuman
  • Sabine Lochmann, Présidente ASCEND et membre du comité Stratégique du Fonds d’investissement Blue Like an Orange
  • Sylvia Pariente, Directrice du pôle Transition énergétique et développement durable, cabinet DS & Associés
  • François Quentin, Ancien DGA de Thalès, Ancien Président du Conseil d’Administration de Huawei France
  • Claus Sorensen, Ancien Directeur Général, Direction Générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO)
  • Mehdy Taleb, Directeur Général Adjoint, APCO France
  • Sylvianne Villaudière, Vice-Présidente, Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale
  • Marie-Laure Vercambre, Directrice Générale, Partenariat Français pour l’Eau
  • Teuta Vodo, Ancienne Vice-Ministre de la Justice, Albanie, Membre de l’Internationale Socialiste.

Inspiré par la richesse et la qualité de cette session d’échange, The Bridge Tank entend approfondir et apporter une contribution concrète à certains des thèmes abordés, en particulier la relation franco-allemande sur les stratégies et les industries de défenses, et l’assainissement des relations entre la France et l’Afrique, en particulier en lien avec les enjeux de la transition énergétique et la finance climat.

Hydro-diplomatie : The Bridge Tank lance la World Water for Peace Conference

Depuis l’an 2000, le nombre de conflits liés aux ressources transfrontalières en eau douce est en hausse. Simultanément, le taux de coopération institutionnalisée, par le biais de traités et d’organisations de bassins fluviaux, a diminué, comme en attestent les processus des Nations unies.

Fort heureusement, de nombreux outils, idées, et initiatives sont développés par les praticiens et les penseurs de l’eau sur le terrain, tandis que les réseaux d’échange de praticiens de l’eau s’approfondissent. Par conséquent, le potentiel d’expansion et de diffusion des approches innovantes actuelles est considérable, que The Bridge Tank

– observées et documentées lors de visites de terrain au cours des deux dernières années,

– suivies d’une tournée d’engagement à travers l’Europe en juin 2022 pour promouvoir une pratique renouvelée de l’hydro-diplomatie.

En effet, malgré ces tendances alarmantes et la fixation médiatique sur des cas notoires, des réussites moins documentées mais durables existent, avec des innovations institutionnelles résilientes et de bonnes pratiques de cogestion des eaux transfrontalières entretenues à travers le monde, comme le montrent des cas inspirants en Afrique, en Asie centrale ou en Europe. Ceux-ci présentent tous des structures novatrices, que ce soit en matière de gestion, d’échelle, de prise en charge coordonnée d’objectifs intersectoriels, d’outils communs ou d’approches communes en matière de ressources naturelles. Soutenues par une forte volonté locale des praticiens de l’eau, ces innovations ont en retour nourri la volonté politique.

Nous soutenons que cette abondance d’expériences permet de considérer de nouvelles voies pour l’hydro-diplomatie. Repenser l’hydro-diplomatie et sa pratique présuppose des approches multipartites impliquant un nombre d’acteurs plus important et la création, le développement et l’amélioration d’outils et de pratiques, tels que des organismes de bassin, des infrastructures partagées, ou des programmes de données partagées, de recherche et d’incubation.

Reconnaissant à la fois les lacunes existantes dans la conception et la pratique actuelles de l’hydro-diplomatie ainsi qu’un potentiel considérable, The Bridge Tank:

– a publié un policy brief, qui appelle à une pratique renouvelée et élargie de l’hydro-diplomatie ;

– a organisé un panel de haut niveau sur l’hydro-diplomatie à Paris, le 6 décembre 2022, afin de débattre de ces idées et hypothèses. Cet événement a réuni des experts de terrain et des acteurs du développement familiers des défis sur le terrain, des universitaires et des juristes pensant les outils institutionnels et cadres juridiques présents et futurs, et des décideurs politiques ayant œuvré pour une gestion durable des ressources en eau.

Ces échanges entre pratiques et géographies ont de fait créé une plateforme de dialogue portant sur une hydro-diplomatie élargie, transcendant les frontières, soutenue par la variété, la reproductibilité des outils et pratiques existants même si consciente de leurs limites. Ces discussions ont confirmé la nécessité d’ancrer ces outils et pratiques dans cette compréhension renouvelée de l’hydro-diplomatie et de travailler à une gestion apaisée des ressources hydriques, servant de socle à la « paix des bassins. »

Afin de poursuivre dans la dynamique établie lors de cette première session de dialogue, The Bridge Tank est heureux d’annoncer le lancement de la World Water for Peace Conference.

La World Water for Peace Conference a pour objectif de questionner et d’enrichir les prémisses de l’hydro-diplomatie et de la gestion des fleuves transnationaux, afin de :

1) passer d’une hydro-diplomatie défensive, reposant sur la rivalité entre usagers pour l’accès aux ressources hydriques, à une hydro-diplomatie positive, basée sur des outils et des forums partagés ;

2) passer d’une hydro-diplomatie pratiquée principalement par des diplomates à une hydro-diplomatie holistique, englobant la pluralité des acteurs.

Nous croyons que ce changement de paradigme par le biais d’outils et de pratiques permettra de passer des guerres de l’eau à la paix des bassins fluviaux, en bref de passer d’une eau propice aux conflits à l’eau vectrice de paix.

La World Water for Peace Conference a pour ambition de rechercher des idées innovantes et des solutions concrètes sur trois grandes questions :

  1. La politique et les pratiques de la paix des eaux transfrontalières;
  2. Les outils juridiques et institutionnels innovants de coopération inclusive pour l’hydro-diplomatie;
  3. La recherche scientifique sur les fleuves, l’innovation technique et l’incubation d’entreprises.

La World Water for Peace Conference apportera une contribution précieuse à la pratique de l’hydro-diplomatie en mobilisant toutes les parties prenantes impliquées ou affectées par l’eau et sa gestion, des sources aux deltas, par-delà les frontières et les secteurs socio-économiques:

  1. Les décideurs politiques
  2. Les penseurs et développeurs de systèmes de l’hydro-diplomatie
  3. Les praticiens de l’eau et utilisateurs de l’eau des différents secteurs économiques
  4. Les scientifiques et incubateurs

The Bridge Tank s’engage à servir de secrétariat à la World Water for Peace Conference. Bénéficiant de membres actifs aux compétences, géographies et expériences diverses, nous mettrons à profit les liens que nous avons tissés au fil des ans entre les secteurs, les communautés et les pays, et nous nous appuierons sur notre position à la croisée des chemins entre la sphère politique et la communauté scientifique pour accueillir cette plateforme de rapprochement et d’échanges constructifs.

Les prochaines étapes de l’action de The Bridge Tank en faveur de la World Water for Peace Conference se dérouleront à Davos, lors du Forum économique mondial de janvier 2023, et lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023 en mars, à New York – la première conférence de ce type depuis 1977.

 
Les voix de la paix des eaux transfrontalières

Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins où « l’eau sera soit un vecteur de paix et de prospérité pour tous, soit une arme comme l’énergie est en train de le devenir« . Ce choix important qui se profile a été décrit par Hakima El Haite, membre du Board de The Bridge Tank et ancienne Championne du Climat auprès des Nations unies, lors du panel de haut niveau du 6 décembre. « L’eau et le développement sont les deux faces d’une même pièce, qui est la pièce de la paix« , a poursuivi Mme El Haite.

 
“L’eau sera soit un vecteur de paix et de prospérité pour tous, soit une arme comme l’énergie est en train de le devenir.”

Hakima El Haite, Board Member de The Bridge Tank et ancienne Championne du Climat auprès des Nations unies

L’urgence de la situation a également été soulignée par Erik Orsenna, président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française, dans son discours d’ouverture du panel. « Si nous ne changeons pas les mécanismes de la guerre en outils de la paix, nous sommes perdus », a déclaré M. Orsenna, appelant à faire de l’eau un outil de paix, malgré, ou précisément à cause de sa proximité avec les menaces futures.

 
 
 
“Si nous ne changeons pas les mécanismes de la guerre en outils de la paix, nous sommes perdus”

Erik Orsenna, Président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française

Ce changement de paradigme n’est pas une mince affaire. Hamed Semega, Board Member de The Bridge Tank et ancien haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), s’est donc tourné vers le préambule de l’UNESCO pour y trouver conseil: « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».

L’hydro-diplomatie doit donc être considérée comme une source d’espoir, pour laquelle « la volonté politique combinée à la nécessité peut réellement transformer ce qui est une question conflictuelle en une source de stabilité et de paix », a souligné M. Semega lors de la conférence de Paris. Le fondement de la coopération sur l’eau est la connaissance ; une connaissance commune du fleuve, le partage de l’information et la science sont essentiels, a déclaré M. Semega.

 
 
“La volonté politique combinée à la nécessité peut réellement transformer ce qui est une question conflictuelle en une source de stabilité et de paix.

Hamed Semega, Board Member de The Bridge Tank et ancien haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS)

Toutefois, « nous ne pouvons pas atteindre un objectif sans tenir compte des autres ». Cette reconnaissance de l’eau en tant que composante importante des objectifs de développement durable des Nations unies et le constat de son interconnexion avec d’autres enjeux ont été apportés au panel par Irina Bokova, coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour la durabilité du Conseil international de la science (CISS) et ancienne directrice générale de l’UNESCO.

Mme Bokova a souligné l’importance d’aborder l’eau d’un point de vue plus large, en tant que droit de l’homme et question de société. Cette vision plus large, en dehors du silo de l’eau, nécessite des approches partagées en raison de l’impact considérable de l’eau sur la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, l’égalité des sexes, l’inclusion sociale, le climat et l’économie.

Mme Bokova a insisté sur la nécessité de mobiliser tous les secteurs, d’impliquer les scientifiques, l’innovation et la technologie, et de créer des plateformes et des institutions afin d’établir des solutions concrètes.

 
 
 
L’Agenda 2030 est universel et interdépendant, nous ne pouvons pas atteindre un objectif sans tenir compte des autres.

Irina Bokova, coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour la durabilité du Conseil international de la science (CISS) et ancienne directrice générale de l’UNESCO

Claus Sorensen, ancien directeur général du service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO), a également abordé la question de la meilleure façon d’aborder l’eau et la gestion de la ressource.

M. Sorensen a insisté sur le fait qu’il fallait à la fois une action communautaire, à la base, et le soutien de ceux qui définissent le cadre, au sommet. « Si nous parvenons à faire le lien entre la base et le sommet, je pense que nous tenons quelque chose de très important », a-t-il ajouté.

 
“Nous avons besoin de l’action communautaire venant d’en-bas et du soutien de ceux qui fixent le cadre. Si nous pouvons établir un lien entre la base et le sommet, je pense que nous tenons quelque chose de très important.”

Claus Sorensen, ancien directeur général du service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO)

L’absence de connexion entre les différentes parties prenantes a été soulignée par Runa Khan, fondatrice et directrice exécutive de l’ONG Friendship, Bangladesh, qui a noté que si la solidarité de pensée existait, il y avait encore un manque considérable de « solidarité d’action entre les différentes parties prenantes, des scientifiques aux activistes, aux personnes sur le terrain, aux décideurs politiques ».

 
 
« Nous n’avons toujours pas assez de solidarité d’action entre les différentes parties prenantes, des scientifiques aux activistes, aux personnes sur le terrain, aux décideurs politiques« 

Runa Khan, Fondatrice et directrice exécutive de l’ONG Friendship, Bangladesh

Dans une allocution au panel du 6 décembre, Sidi Touré, ministre des ressources animales et halieutiques de Côte d’Ivoire, a présenté les actions possibles du point de vue des décideurs politiques, en soulignant l’importance d’adopter des politiques, des stratégies et des programmes qui innovent pour une meilleure protection, sauvegarde et gestion des ressources en eau.

Selon M. le ministre Touré, la valorisation optimale des ressources hydriques en Afrique doit s’appuyer sur 2 leviers essentiels :

  1. Le développement des infrastructures, notamment les infrastructures hydrauliques pour lutter contre l’insécurité alimentaire (bétail, ressources agricoles et personnes)
  2. La mise en place de dispositifs institutionnels appropriés, qui déterminent l’efficacité de la protection des ressources et l’équité dans son allocation aux différents acteurs.

« La prise en compte de la pluralité des acteurs et de leurs visions donne une tonalité originale aux politiques. Sur le plan international, des dynamiques sont déjà à l’œuvre. Sur le plan local, l’adaptation des techniques et de la ressource sont les pistes privilégiées, dans le cas notamment des groupes communautaires et associations, » a également noté M. le ministre Touré.

« L’Afrique est très riche en eau. La valorisation optimale de cette ressource doit s’appuyer sur 2 leviers essentiels 
1. Le développement des infrastructures, notamment les infrastructures hydrauliques pour lutter contre l’insécurité alimentaire
2. La mise en place de dispositifs institutionnels appropriés, qui déterminent l’efficacité de la protection des ressources et l’équité dans son allocation aux différents acteurs. »

Sidi Touré, Ministre des ressources animales et halieutiques, Côte d’Ivoire

Diaka Sidibé, Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Guinée, a utilisé sa contribution au panel pour souligner les domaines d’action existants et partager son témoignage sur les politiques progressistes en matière d’eau en Guinée.

Afin de préserver les sources d’eau de la Guinée, en particulier dans le Fouta Djalon, communément appelé le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », Mme la ministre Sidibe a insisté sur les points d’action qu’elle considère comme cruciaux:

  • Développer et d’orienter des thèses de recherches pour disposer de données quantitatives et qualitatives sur les ressources en eau – ces données étant cruciales pour adapter la planification et la gestion durable de ses ressources;
  • Développer des technologies pour traiter ces données, comme la big data, les supercalculateurs pour la prévision et l’optimisation et la connaissance spatio-temporelle;
  • Développer des diagnostics territoriaux avec les universités et les centres de recherche.

« Ne pas agir aujourd’hui pour sauvegarder le Massif du Fouta Djalon, c’est menacer la sécurité en eau pour nos enfants et les générations à venir, » a conclu Mme la ministre Sidibé.

« Pour la préservation des sources d’eau, il apparaît primordial de développer et d’orienter des thèses de recherches pour disposer de données quantitatives et qualitatives sur les ressources en eau. Ces données sont cruciales pour adapter la planification et la gestion durable de ses ressources.« 

Diaka SidibéMinistre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Guinée

L’importance d’aborder les questions relatives aux eaux transfrontalières, aussi litigieuses soient-elles, a également été soulignée par Pascal Delisle, responsable des questions économiques, de développement, d’environnement et du numérique au Service européen pour l’action extérieure (SEAE), à Genève.

Le Service européen d’action extérieure en a ainsi fait l’une de ses priorités en vue de la préparation de la Conférence des Nations unies sur l’eau de 2023.

 
« Il a été important pour le Service européen d’action extérieure de faire pression politiquement pour que l’eau transfrontalière soit un sujet prioritaire lors de la conférence des Nations unies sur l’eau 2023. »

Pascal Delisle, Responsable des questions économiques, de développement, d’environnement et du numérique au Service européen pour l’action extérieure (SEAE), Genève

Mais qu’est-ce qui détermine réellement l’efficacité des outils et mécanismes existants de l’hydro-diplomatie et de la gestion de l’eau ? Comment les appliquer au mieux ?

Telles furent quelques-unes des questions clés abordées lors de la conférence par Susanne Schmeier, professeure associée en droit et diplomatie de l’eau, Institute for Water Education (IHE), Delft. Partageant son expertise dans le domaine, Susanne Schmeier a rappelé l’importance de remettre en question l’efficacité de ces mécanismes et outils, ce qu’elle a décrit comme « l’affûtage des outils ».

Ceci est d’autant plus important pour évaluer précisément ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en termes d’hydro-diplomatie, d’outils et de processus de notification.

 
 
 
 
“Nous devons affûter les outils dont nous disposons dans le domaine de la diplomatie de l’eau, en allant au-delà de la simple hypothèse selon laquelle il suffit d’avoir un traité, un organisme de bassin ou un processus de notification, afin de permettre réellement à ces mécanismes de faire face à tous les changements à venir.”

Susanne Schmeier, Professeure associée en droit et diplomatie de l’eau, Institute for Water Education (IHE), Delft

Mara Tignino, Spécialiste juridique en chef, Geneva Water Hub, and Christian Brethaut, Directeur Scientifique, Geneva Water Hub (GWH), Observatoire mondiale pour l’eau et la paix (OMEP), ont partagé leurs connaissances et l’expertise du Geneva Water Hub avec les autres panélistes.

Résumant quelques-unes des conclusions importantes de la session thématique qu’il a modérée sur les « Outils innovants pour une hydro-diplomatie revisitée », M. Brethaut a relevé que « lorsqu’on parle des outils eux-mêmes, le simple processus de mise en œuvre des outils peut déjà conduire à l’instauration de la confiance. Il s’agit alors également de se concentrer sur le processus, plutôt que de considérer les outils comme une fin en soi. »

Mme Tignino a quant à elle présenté l’un de ces outils novateurs pour l’hydro-diplomatie à travers la perspective des droits de la nature et du processus d’attribution d’une personnalité juridique à un fleuve, en présentant à la fois les tendances nationales et internationales. Mme Tignino a ainsi particulièrement souligné l’importance d’impliquer les communautés locales dans ce processus d’attribution.

 
« Il est très important que le processus d’attribution de la personnalité juridique passe par un processus au niveau communautaire. Il est très important d’impliquer la communauté locale. »

Mara Tignino, Spécialiste juridique en chef, Geneva Water Hub

Les enjeux sont importants pour agir afin d’assurer la préservation et la durabilité des ressources en eau. Mats Karlsson, ancien vice-président de la Banque mondiale et ancien secrétaire d’État au développement du ministère des affaires étrangères, Suède, a rappelé au panel le caractère central de l’eau dans le développement des générations futures :

« Il n’y a pas d’élément plus important pour le développement de la petite enfance que la qualité de l’eau. Et il n’y a pas d’investissement qui ait un plus grand impact à long terme que l’investissement dans le développement de la petite enfance. »

 
 
“Il n’y a pas d’élément plus important pour le développement de la petite enfance que la qualité de l’eau. Et il n’y a pas d’investissement qui ait un plus grand impact à long terme que l’investissement dans le développement de la petite enfance.”

Mats Karlsson, ancien vice-président de la Banque mondiale et ancien secrétaire d’État au développement, ministère des affaires étrangères, Suède

Repenser l’hydro-diplomatie : The Bridge Tank organise un panel de haut niveau en marge du Sommet ONU-Eau sur les eaux souterraines 2022

Le 6 décembre 2022, The Bridge Tank a organisé un panel de haut niveau sur l’hydro-diplomatie à Paris, en marge du Sommet de l’ONU sur les eaux souterraines 2022, coordonné par l’UNESCO.

Cet événement était placé sous le haut patronage de :

Mme Irina Bokova

Coprésidente de la Commission mondiale sur les missions scientifiques pour le développement durable du Conseil international de la science et ancienne directrice générale de l’UNESCO

M. Erik Orsenna

Président de l’Initiative pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) et membre de l’Académie française

Hamed Semega, Erik Orsenna, Irina Bokova, et Joel Ruet
Contexte

Sous le titre « Repenser l’hydro-diplomatie : Les fleuves internationaux comme instruments de paix. Expériences partagées, solutions et gestion durable des ressources, » la conférence a été placée et organisée dans un contexte de regain d’intérêt pour l’eau de la part des Nations Unies. La Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023, prévue en mars à New York, sera le premier événement de ce type depuis 1977.

Alors que les conflits liés à l’eau prennent de l’ampleur en raison de l’augmentation du stress hydrique autour du globe, l’hydro-diplomatie est appelée à devenir un sujet crucial dans les années et les décennies à venir. Suivant la récente publication de notre policy brief et l’appel lancé pour une pratique renouvelée et étendue de l’hydro-diplomatie, cette conférence représentait la continuité des efforts de The Bridge Tank de se positionner et de contribuer au développement et à la pratique de l’hydro-diplomatie.

Erik Orsenna, Irina Bokova, et Joel Ruet
Arnab Das, Eric Kuindersma, et Sophie Gardette
Objectifs de la conférence

Partant d’une conviction profonde que l’hydro-diplomatie n’est pas seulement la pratique des diplomates et des entités étatiques, la conférence a visé à offrir une réflexion et un échange sur le développement d’outils pour l’hydro-diplomatie et vers la désescalade des conflits liés à l’eau.

The Bridge Tank a, par conséquent, organisé ce panel pour rassembler des personnes partageant cette même conviction et qui se consacrent à une meilleure approche et gestion des ressources hydriques. Parmi ces personnes figuraient d’éminents responsables et décideurs politiques, des organisations humanitaires et du développement, chercheurs, experts juridiques et praticiens impliqués dans les questions hydriques.

Le format hybride de l’événement a permis à des participants du monde entier de partager leurs expériences, leurs réussites, des études de cas, et les défis rencontrés sur le terrain. Les participants se sont joints aux discussions depuis Abidjan, Bruxelles, Conakry, Dhaka, Genève, Marrakech, Oslo, Paris, Skopje, Tachkent et Tokyo.

Marie-Laure Vercambre, Mats Karlsson, Eric Kuindersma, et Joel Ruet
Contribution sur Zoom de Pascal Delisle
Marie-Laure Vercambre, Irina Bokova, Jean Bizet, Lionel Goujon, Hamed Semega, Arnab Das, et Sophie Gardette
Des échanges précieux sur l’eau et l’hydro-diplomatie

La conférence a débuté par une session introductive qui a posé les bases de la journée, offrant une vue d’ensemble du système international existant en matière d’eau. Cette session a également permis de présenter des initiatives existantes dans le domaine de d’hydro-diplomatie et des expériences de cogestion non conflictuelle et de développement intégré de l’eau. Ces remarques introductives ont souligné la nécessité d’aborder l’eau avec une perspective plus large, en tant que question sociétale nécessitant des solutions et des approches partagées et multipartites. La coopération est notamment nécessaire pour répondre d’une part aux menaces environnementales et écologiques et d’autre part pour contribuer à la paix mondiale en réduisant les risques d’escalade de la violence et les conflits liés à l’eau.

La première session thématique de la journée a donné la parole aux décideurs politiques du monde entier afin qu’ils partagent et échangent sur leurs expériences dans la gestion de l’eau. Les messages clés de la session comprenaient un appel à la solidarité d’action multi-sectorielle et multipartite face aux différente crises frappant notre monde et un rappel de la nécessité d’écouter et de croire les communautés locales, qui en subissent les conséquences les plus sévères. Les participants ont à nouveau souligné la nécessité d’aborder les questions relatives à l’eau de manière holistique, une idée qui requiert une approche intégrée de la gestion de l’eau. D’autres points clés ont été soulevés, notamment la nécessité de combiner la gestion et l’action locale avec une vision et une compréhension scientifiques plus large du monde.

La deuxième session thématique s’est tournée vers les acteurs du développement et de l’aide internationale. À partir de leur connaissance du terrain et de leur expérience du développement, les participants ont souligné l’interconnexion des problèmes, l’eau étant un point d’entrée et un facteur essentiel dans la sécurité alimentaire, la santé et le développement de la petite enfance, le développement énergétique, la gestion des risques de catastrophe, le changement climatique et les questions de transport. L’importance d’une approche intégrée et multilatérale de l’eau et la nécessité de l’action locale et communautaire ont également été soulignées au cours de cette session. La gouvernance transfrontalière requiert toutefois la présence d’une volonté politique exprimée pour aller de l’avant. Un dernier point crucial abordé par de nombreux intervenants a mis en avant le rôle de l’éducation et de la connaissance de la ressource hydrique et fluviale afin d’assurer un meilleur entretien et une meilleure gestion des bassins fluviaux.

Enfin, la dernière session thématique était dédiée à la diversité des outils au service de l’hydro-diplomatie. Les participants ont ici encore encouragé une approche communautaire, partant du niveau local, pour développer des solutions adaptées aux besoins des communautés. Les organismes de bassin doivent, par conséquent, être compris et analysés dans leur diversité, car leurs différences structurelles et organisationnelles sont le résultat de la diversité des besoins et des fonctions qu’ils remplissent. Le rôle central des connaissances, des données, et de la recherche scientifique en tant que conditions préalables nécessaires à l’action a également été abordé par les participants durant cette session. En outre, les idées d’infrastructures partagées et de systèmes d’information partagés ont été décrits comme des outils prometteurs pour l’hydro-diplomatie.

Annukka Lipponen, Lionel Goujon, et Marie-Laure Vercambre
Contribution sur Zoom de Claus Sorensen
Susanne Schmeier et Arnab Das
Participants sur Zoom: Pascal Delisle, Lars Andreas Lunde, et Claus Sorensen
Grandes conclusions de la conférence

A partir des nombreuses contributions des participants à la conférence et des discussions animées qui en ont découlé tout au long de la journée, diverses approches de l’hydro-diplomatie en sont ressorties, permettant l’établissement de ce qui pourrait être défini comme une taxonomie de l’hydro-diplomatie.

Nous avons identifié 3 points-clés:

1. Une première approche de l’hydro-diplomatie se trouve dans sa dimension fondamentalement diplomatique, à travers son rôle dans la prévention et la désescalade des conflits. Les participants ont convenu de rappeler l’approche classique du droit international, soulignant son importance dans les problématiques de l’eau.

2. A partir de ce premier bilan, de nombreuses contributions ont souligné le rôle central de la volonté politique dans l’hydro-diplomatie. Des témoignages et expériences venant du monde entier ont prouvé que les initiatives hydro-diplomatiques comme les Organismes de Bassin peuvent être des vecteurs de paix, de coopération et de gestion durable des ressources hydriques. Cependant, toutes ces initiatives et organisations transfrontalières requièrent une volonté politique préalable.

  • Les discussions sur la manière de générer cette volonté politique incontournable se sont concentrées sur une approche dite « bottom-up », soulignant ainsi l’importance de l’action locale et de ce que l’on pourrait appeler l’hydro-diplomatie parallèle. Les connaissances et l’activité issues de la société civile en matière de préservation des ressources fluviales et hydriques, combinées aux échanges entre praticiens et scientifiques de différents pays, permettent cette hydro-diplomatie parallèle nécessaire à l’établissement d’une volonté politique parmi les responsables politiques.
  • L’interaction entre les communautés scientifiques et de praticiens de l’eau d’une part et des décideurs politiques d’autre part a donc un rôle central dans la croissance de la volonté politique en faveur de l’hydro-diplomatie. Comme l’ont toutefois souligné les participants, combler le fossé entre les scientifiques et les dirigeants politiques n’est pas sans difficultés. Les interactions entre ces deux communautés visant à assurer un engagement accru en faveur de l’hydro-diplomatie nécessitent d’aligner les messages et les préoccupations des deux communautés. Il existe donc un réel besoin pour la communauté scientifique de communiquer non seulement l’importance et la pertinence scientifique de l’hydro-diplomatie à travers une approche de l’eau basée sur la coopération et la cogestion, mais aussi de souligner son importance politique. Le stress hydrique grandissant met en danger des communautés entières, aggravant l’insécurité alimentaire, favorisant le développement du terrorisme et accélérant ainsi les vagues migratoires tant internes qu’internationales.
  • Mobiliser la science et la mettre au service de l’élaboration des politiques et de la génération d’une volonté politique a donc été des questions et préoccupations centrales soulevées tout au long de la journée.

3. Une dernière dimension de cette taxonomie de l’hydro-diplomatie issue de la conférence est centrée sur la diversité des outils, des processus et des institutions de cogestion de l’eau ainsi que sur les discussions concernant leur réplicabilité.

  • Les organisations de bassins fluviaux sont des exemples notables de ces institutions et sont des développeurs d’outils importants pour l’amélioration de la gestion et du partage des ressources en eaux transfrontalières. Grâce aux nombreux exemples abordés durant la conférence – le fleuve Sénégal, des représentants des Pays-Bas et de la France discutant de la gestion partagée du Rhin, des perspectives du Pakistan et de l’Inde sur le fleuve Indus, ainsi que des contributions de l’Ouzbékistan avec l’exemple de l’Asie centrale – la conférence a révélé la diversité des approches et des structures des organismes de bassin et des accords de gestion partagée.
  • Les participants issus du monde du développement ont ainsi échangé sur la question de la reproductibilité des organismes de bassin en notant les avantages comparatifs de certaines structures par rapport à d’autres. Cependant, ils ont également souligné que chaque contexte national et transfrontalier, la géographie, et les besoins locaux et régionaux nécessitent une adaptation des structures et priorités institutionnelles des organismes de bassin.
  • Un dernier point important mentionné par les participants : la coopération nécessite fondamentalement le partage et la mise en commun des connaissances et un partage de données. Bien qu’il soit important de respecter la souveraineté nationale et régionale, les défis transfrontaliers à échelle mondiale tels que le changement climatique et l’augmentation du stress hydrique nécessitent des solutions internationales et multilatérales. La solidarité et la coopération transfrontalière en matière d’eau passent nécessairement par le partage des données.

Une pratique renouvelée et élargie de l’hydro-diplomatie nécessite donc une plateforme d’échange durable entre toutes les parties prenantes, comblant le fossé entre la communauté scientifique, les praticiens locaux de l’eau et les décideurs politiques. Fidèle à son nom et à sa mission, The Bridge Tank offre de fournir ce pont manquant et d’accueillir une telle plateforme d’échange et de connexion.

Cette conférence a fourni un premier exemple de l’engagement de The Bridge Tank en faveur de l’hydro-diplomatie et devrait devenir un événement annuel avec la « World Water for Peace Conference ».

Lisez la note conceptuelle et l’ordre du jour du panel ici.

Brice Lalonde and Stéphane Gompertz
Erik Orsenna, Hamed Semega, Joel Ruet, and Irina Bokova
Joel Ruet, Lionel Goujon, and Christian Bréthaut
Thème : Overlay par Kaira.
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