The Bridge Tank et la Chinese Academy of Contemporary Studies ont co-organisé avec la Fondation Getulio Vargas (Brésil) et l’Académie de Russie le Sous-Forum sur la santé dans la gouvernance mondiale, sous les auspices du Forum de la gouvernance mondiale dont les conférenciers incluaient Ban ki Moon, le prix Nobel Joseph Stiglitz, le Président Danilo Turk ou le Premier ministre Fukuyama Yasuo.
Les tensions entre les deux compétiteurs sont en train de s’aggraver, la situation de la Chine par rapport aux Etats-Unis va probablement se renforcer et la gouvernance mondiale fait encore plus gravement défaut que par le passé, appelant à plus d’Europe.
► Que les deux puissances qui tiennent entre leurs mains une bonne partie du sort de la planète se montrent si peu pénétrées de leurs responsabilités vis-à-vis des autres est non seulement un spectacle navrant, mais tout se passe comme si les institutions internationales elles-mêmes étaient détournées de leur vocation et devenaient le champ clos d’une lutte d’influence entre les deux superpuissances.
► Les éléments qualitatifs conduisent néanmoins à nuancer l’appréciation d’une Chine ayant pris l’avantage relatif. Avant la « diplomatie des masques », les Européens étaient partagés à l’égard de la Chine : un peu méfiants mais très intéressés à continuer de faire des affaires avec ce pays de cocagne. Depuis, les proportions se sont inversées : toujours intéressés à faire des affaires mais nettement plus méfiants.
► Il n’en est que plus urgent que le seul recours imaginable, c’est-à-dire l’Europe, se mobilise encore plus énergiquement pour appeler le monde à la raison. Evidemment, entre les disputes sur le Brexit et celles sur la solidarité financière entre pays du Nord et du Sud, et avec les échéances de court terme écrasantes qui assaillent les gouvernements européens, la tâche n’est pas aisée, pour dire le moins. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas la tenter, avec conviction et opiniâtreté, car c’est la seule voie possible.
By Alexandra Campmas, Paolo Giudici, Andrea Renda, Joël Ruet.
Ce rapport présente une analyse comparative de l’épidémie de COVID-19 dans dix grands pays européens. Il identifie les pays les plus performants et les moins performants pour aplanir la courbe. Il promeut une nouvelle méthode statistique d’estimation du « taux de reproduction » (connu sous le nom de « R0 ») pour analyser des pays ou des régions spécifiques, afin de mieux cibler les politiques publiques de confinement ou de déconfinement. Il importe en effet d’explorer les pratiques les meilleures, les plus efficaces et les plus sécurisées, alors que nous nous préparons à une éventuelle deuxième vague.
Les critères les plus importants pour aplanir avec succès la courbe ont été les confinements précoces. Cela a eu un effet déterminant sur le «taux de reproduction épidémique» R0. Il subsiste cependant une divergence importante entre les R0 sur lesquels les gouvernements européens fondent leurs décisions publiques de déconfiner et les chiffres présentés dans ce document. Cela signifie que plusieurs pays européens sous-estiment la mesure dans laquelle leurs taux d’infection sont réduits et leurs foyers maîtrisés.
Mamadou Lamine DIALLO, Ancien Directeur de Cabinet du Président de la Commission de l’Union Africaine, Membre du Comité d’Orientation, The Bridge Tank.
L’Afrique est l’enjeu du monde en ce siècle, la crise du Covid en souligne bien les enjeux.
► Il faut relativiser la thèse du Président Xi Jinping de Chine à l’effet de dire que l’Afrique est dans une phase pré-industrielle d’accumulation du capital technique limitée aux infrastructures.
► L’accent mis sur l’accumulation de capital technique consomme plus de capital naturel qu’il n’est nécessaire et accroît les inégalités. La pandémie illustre bien qu’il faut un solide capital institutionnel pour traiter du capital humain, de la santé en particulier.
Quels sont les moyens à mettre en oeuvre pour prévenir le risque de pandémie mondiale comme celle du coronavirus ? La réponse actuelle des Etats, si elle n’est pas coordonnée, peut-elle suffire ? Par Irina Bokova, ancienne directrice générale de l’UNESCO, Hakima el Haite, ministre de l’environnement du Maroc lors de la COP22 et présidente de l’internationale libérale, George Papandreou, ancien premier ministre grec et président de l’internationale socialiste, Joël Ruet président de The Bridge Tank.
« Les entreprises de téléphonie mobile et leurs sociétés de micro-assurance doivent se mobiliser pour faciliter la distribution quotidienne d’aides financières »
L’épidémie croissante de Covid-19 gagne l’Afrique, associée à des prévisions alarmantes. Alors que la plus grande partie du continent ne peut pas compter sur des tests massifs, pays après pays, l’Afrique s’est dirigé vers le confinement. Le «sommet virtuel du G20» – dont les dirigeants ont décidé une relance économique mondiale de 5 000 milliards de dollars – a notamment soutenu une proposition spécifique de relance économique et d’allégement de la dette pour aider les pays africains à lutter contre la pandémie.
Le vrai problème est cependant de toucher les populations sans délai, sans les exposer : dans des économies majoritairement informelles, la plupart des familles doivent quotidiennement chercher une nouvelle source de revenus. Un confinement total en absence d’un filet de sécurité quotidien et circuits formels pour relayer l’aide direct et signifierait un arrêt économique complet. La distribution d’argent en espèces nécessiterait de briser le confinement, mettant ainsi les familles en danger. L’Afrique a toutefois un avantage : ses services bancaires mobiles. Leur utilisation massive pour effectuer des versements directs est la solution.closevolume_off
Les entreprises de téléphonie mobile et leurs sociétés de micro-assurance doivent se mobiliser, pour faciliter la distribution quotidienne aux populations des fonds collectés, avec deux objectifs: prévenir les dommages créés par le confinement, et donner accès à des moyens curatifs lorsque la maladie atteindra son pic.
Propositions. Nous proposons trois actions immédiates et interconnectées
Par Irina Bokova, Hakima el Haite, George Papandreou et Joël Ruet,publié dans l’Express le 22/03/2020
Les mesures sanitaires et économiques imposées par l’épidémie devront être soumises au débat dans les Etats, préviennent plusieurs responsables politiques internationaux
Les choix publics sanitaires et économiques face au Covid-19 sont complexes. Et la démocratie exige d’en débattre sans attendre. Deux urgences coexistent : faire converger les mesures de confinement et les aides d’une part ; appréhender les conséquences économiques et sociales induites par le passage légal à l’Etat d’urgence, d’autre part.
A new reportpublished by the Bridge Tank compares the outbreak of COVID-19 across ten major European countries
This ground-breaking analysis identifies the best and worst performing countries in Europe, and the reasons behind their respective performance in flattening the curve.
Italy, Spain, France, UK, The Netherlands and Belgium are the most severely hit by the outbreak and have struggled to flatten the curve efficiently. This is mostly explained by the delay in implementing proper lockdown and social distancing measures. France could soon overtake Italy, and UK is still witnessing an increase of the number of confirmed cases and deaths.
Greece is the best performing country in Europe, followed by Czechia (The Czech Republic) and Romania. Thanks to early and strict containment measures, they have successfully managed to flatten the curve and slow down the spread of the virus. The contrast between Greece – which suspended public events and closed schools even before the first 100 cases were detected, and Spain – which took similar decisions at a much later stage of the epidemic – is particularly striking.
Germany seems to be an outlier. Though its lockdown measures have been implemented relatively later and not fully, the number of deaths has not reached the levels met by its neighbours but is still progressing quickly in relative terms.
Joel Ruet, Chairman of the Bridge Tank, stated: “In the sea of data about Covid-19, one indicator stands out: the doubling rate of deaths and confirmed cases. It allows to measure how well countries are flattening the curve. With the exception of Germany, we see a strong correlation between an early lockdown and subsequent success in controlling the spread of the virus.”
The Bridge Tank, an independent economic think-tank, is an active member of the T20, the think tank group of the G20. Since the COVID-19 outbreak in China, the members of the Bridge Tank have regularly published on the epidemic and advised numerous governments. The Bridge Tank also mobilised a working group on the future of global health governance to provide recommendations to the UN.
Joel Ruet, Founder and Chairman of The Bridge Tank, is a French economist at CNRS and Ecole Polytechnique. He studied and worked in France, China, India, Senegal and UK. He is a regular commentator on global affairs in international media and speaker at major conferences.
Hakima el Haite, Présidente de l’Internationale Libérale, Joël Ruet et Iman Zbib ont co-signé un article pour La Tribune intitulé « Des solutions africaines pour l’enfermement africain » le 4 avril 2020. Ils y soulignent l’importance des initiatives africaines pour aider les populations à faire face au confinement, afin que les fonds de solidarité collectés au niveau international soient utilisés le plus efficacement possible. Parmi les solutions proposées figurent des campagnes de prévention, une connectivité accrue à Internet, des aides financières distribuées par téléphonie mobile, l’installation de réservoirs d’eau dans les quartiers des villes, la mise en place d’unités sanitaires mobiles et le blocage des routes par l’État et l’armée pour imposer un confinement sans déplacement entre les villes.