L’engagement continu de The Bridge Tank sur les questions d’hydrogène l’a placé à l’avant-garde du débat public sur le sujet. Au fil des ans, ce savoir accumulé a mené à un certain nombre de publications sur l’hydrogène (notre rapport et notre policy brief), et a permis à The Bridge Tank d’être le seul think tank invité au lancement du Conseil de l’Hydrogène à Davos, en 2017.
Cette activité et expertise sur l’hydrogène ont une nouvelle fois été mises à profit lors de cette deuxième semaine de la COP 27 en Égypte.
The Bridge Tank, représenté par Dr. Joel Ruet, président, et Dr. Hakima el Haite, board member, a participé à un panel de haut niveau coorganisé par l’Alliance Solaire Internationale (ASI) et l’Internationale libérale sur le thème « Énergie, Hydrogène Vert en Afrique; Perspectives de Solutions » à Sharm el Sheikh, le 15 novembre 2022.
Cette réunion a rassemblé d’éminents dirigeants du monde politique afin d’établir des stratégies permettant au continent africain d’exploiter durablement ses ressources existantes et de répondre à sa demande énergétique croissante, tout en suivant une voie durable vers un avenir net zéro et en réalisant les Objectifs de Développement Durable. Cette demande énergétique est une composante importante du développement économique du continent et offre un moyen de sortir un grand nombre de ses citoyens de la pauvreté.
Les participants à ce panel de haut niveau comprenaient des représentants de diverses organisations gouvernementales, des acteurs du secteur privé, des personnalités politiques et des membres de la presse française et américaine. Parmi ceux-ci figuraient le PDG du Namibia Investment Promotion and Development Board, conseiller du Président de la Namibie, un représentant du Ministre de l’Énergie de la Mauritanie, un représentant de l’Agence Nationale pour les Énergies Renouvelables du Sénégal, et le Vice-Président de la Commission Énergie du Parlement du Portugal.
Parmi les autres participants figuraient le secrétaire général du Congrès International des Jeunes du Nucléaire (IYNC), le Directeur Général d’Energies 2050, ainsi que plusieurs membres de l’Internationale libérale et des représentants d’investisseurs.
Les discussions se sont appuyées sur une présentation de l’Alliance Solaire internationale, portant sur une étude sur le développement possible de hubs d’hydrogène vert en Afrique d’ici 2030-2035. Financée par la Banque Européenne d’Investissement et soutenue par l’Internationale Libérale, cette étude fut menée par l’ISA, une organisation d’environ 120 nations lancée en 2015 par Narendra Modi, Premier ministre de l’Inde, et François Hollande, Ancien Président de la France.
L’étude propose une approche innovante à la production d’hydrogène vert et aux perspectives d’exportation d’hydrogène pour les pays africains, en définissant la création d’un marché local comme une condition préalable nécessaire à une stratégie d’exportation stable à long terme. Ce marché local de l’hydrogène s’appuierait sur une demande industrielle locale émanant de secteurs « hard to abate » (l’industrie sidérurgique, la production d’ammoniac, l’énergie, ou l’exploitation minière), pour lesquels la décarbonisation a une valeur intrinsèque.
L’hydrogène vert serait produit par électrolyse de l’eau en utilisant l’énergie solaire. L’eau étant une denrée rare dans la région, la stratégie prévoit d’utiliser de l’eau de mer désalinisée. Les sites de production seraient donc situés près de la mer et créeraient des écosystèmes d’hydrogène avec des sites industriels locaux.
L’énergie nécessaire à la désalinisation serait couverte par l’hydrogène vert produit, constituant ainsi une méthode de production efficace en termes de coûts et d’énergie. Il serait également possible de désaliniser des quantités d’eau supérieures à celles nécessaires pour la production d’hydrogène. Cette eau pourrait alors être utilisée pour l’irrigation ou être directement incorporée dans les systèmes d’approvisionnement d’eau potable, ce qui atténuerait le stress hydrique sur le continent africain.
Ce plan n’est pas une simple abstraction mais présente des opportunités concrètes et éprouvées, puisque 14 usines de ce type sont actuellement déjà développées par HyDeal en Espagne et au Portugal.
L’exportation d’hydrogène vers l’Europe ne serait donc un facteur d’intérêt qu’à un stade ultérieur, après la mise en place d’un écosystème de l’hydrogène résilient et efficace au niveau local.
Alors que de nombreuses stratégies et études nationales se concentrent sur le potentiel de l’Afrique en tant que producteur et exportateur d’hydrogène vert vers l’Europe, cette étude fournit le chaînon manquant à la mise en place d’une telle production. Elle propose un moyen de sécuriser et de stabiliser une production locale par la création d’un marché local. Le potentiel de l’hydrogène serait donc d’abord exploité pour la consommation domestique et l’utilisation industrielle dans les pays africains avant d’être utilisé pour les exportations dans un second temps.
En outre, cette approche permettrait de créer des écosystèmes d’hydrogène efficaces et stables, reposant sur une meilleure acceptation par la population locale et les acteurs industriels. Les programmes nationaux d’exportation d’hydrogène vert bénéficieraient ainsi d’une stabilité accrue et d’une autonomie stratégique qui les libérerait de la dépendance au marché international, aux variations de prix ou aux incertitudes liées aux technologies d’électrolyseurs.
Pour les importateurs européens, cette stratégie assurerait également une couverture économique et une plus grande efficacité dans la mise à l’échelle de la production d’hydrogène.
L’étude offre une évaluation détaillée et méthodologiquement comparable de ces hubs d’hydrogène vert en Afrique. Bien que l’étude ait été menée principalement en Égypte, en Namibie et en Mauritanie, les conclusions de l’étude peuvent être reproduites et étendues à d’autres pays du continent.