Du 4 au 6 avril 2023 ont eu lieu à Paris les Rencontres Technology for Change, organisées par la Chaire Technology for Change de l’École Polytechnique. Joël Ruet, Président, The Bridge Tank, est intervenu lors de la Conférence d’Ouverture, le 4 avril, dans le cadre d’une session sur la question de l’accès à l’eau et de la préservation des ressources en eau comme enjeu de développement durable.
Les Rencontres Technology for Change ont pour mission d’établir un état des lieux des liens entre technologie, société et industrie afin d’explorer différentes approches et perspectives pour un développement et une innovation technologique contribuant à un monde plus durable et inclusif. En ouverture de la Conférence s’est tenue le 4 avril dans l’enceinte du Collège de France une session intitulée « Accès à l’eau : gestion et préservation – Quelles sont les stratégies actuelles et les challenges à relever pour placer l’eau au centre des problématiques de développement durable ? », autour de:
- Pilar Acosta – Professeure en Science de gestion, École polytechnique, IP Paris
- Joël Ruet – Économiste, Chercheur CNRS, École polytechnique, IP Paris & Président, The Bridge Tank
- Marie-Laure Vercambre – Directrice générale, Partenariat Français pour l’Eau
La session a abordé les grandes questions et enjeux de l’eau dans le monde actuel: quelles sont les stratégies actuelles en gestion de l’accès à l’eau ? en préservation de l’accès à l’eau ? Qu’en est-il au niveau international ?
Comment placer l’eau au centre des problématiques de développement durable ? Dans quelle mesure la technologie est-elle un levier pour relever ces défis?
Marie-Laure Vercambre a ainsi rappelé le contexte de crise mondiale de l’eau, avec une demande qui va continuer à croître de 1% par an jusqu’en 2050. L’Agenda 2030 et l’objectif 6 des ODD de l’ONU résument les nombreux défis dans la gestion et la conservation de l’eau douce: accès à l’eau potable, assainissement, qualité de l’eau, utilisation rationnelle, gestion intégrée des ressources en eau, enjeux transfrontaliers, gouvernance, préservation des écosystèmes, etc. La transversalité des enjeux de l’eau présente un défi de taille dus aux approches en silo des différents utilisateurs. Une telle approche n’est pas appropriée pour la gestion d’un bien commun mais est difficile à infléchir. Joël Ruet a quant à lui souligné que l’organisation des pratiques devait se faire sur 3 axes: 1) optimisation de la ressource, 2) préservation/conservation en considérant l’eau et ses écosystèmes, 3) renaturation.
La technologie est un levier important pour relever ces nombreux défis: transport d’eau, dessalement, traitement de l’eau, ou réutilisation. Répondre à ces enjeux nécessite également plus de données spatio-temporelles, pour lesquels des outils technologiques sont nécessaires. Joël Ruet a ainsi également rappelé l’importance de préserver les têtes de sources des fleuves, un défi de taille puisque celles-ci se trouvent le plus souvent dans des zones plus reculées. Prenant l’exemple du Massif du Fouta Djalon en Guinée, une zone montagneuse menacée par les effets du changement climatique et la pression démographique, dans laquelle se trouve les sources de grands fleuves ouest-africains, Joël Ruet a illustré cette transversalité des actions nécessaires pour la préservation des ressources en eau. Celle-ci impacte les méthodes d’exploitation agricoles et forestières, d’agroforesterie, ainsi que le besoin de création de donnée locale. L’incubation de strartups locales est un terrain d’action intéressant pour soutenir le développement de cette technologie et de ces données nécessaires à l’action de conservation. Celles-ci pourront également être mobilisées pour des mécanismes de finance verte. Ces derniers ont besoin de données pour mesurer l’impact du changement transformationnel qu’ils visent à financer.