Le Bridge Tank au rendez-vous annuel du « Davos chinois »
Après une année de pandémie qui avait conduit en 2020 à son annulation, le Forum de BOAO a renouvelé du 18 au 21 avril 2021 sa conférence annuelle dans un contexte fluctuant entre reprise des échanges internationaux et tentation de repli. Le « Davos chinois » joue à ce titre un rôle déterminant dans le calendrier international en prônant un dialogue multilatéral ouvert, à l’heure où le Covid19 a durablement bousculé l’équilibre international et engendré une série de nouveaux défis tout en exacerbant ceux qui lui pré-existaient.
Depuis 2018, le Président du Bridge Tank Joël RUET est intervenant au Forum de BOAO dont le Bridge Tank est un partenaire. Comme chaque année, il est intervenu lors d’un panel de haut niveau aux côtés de leaders internationaux de la sphère politique et du monde des affaires, comme Dmytro KULEBA, ministre des Affaires Étrangères ukrainien, Jens ESKELUND, vice-président de la Chambre de Commerce européenne en Chine, ou LIU Hualong, président de China Poly Group. Des personnalités comme la directrice générale de l’OMC, Ngozi OKONJO-IWEALA, ou le Ministre de l’Environnement sud-coréen s’exprimaient cette année à BOAO.
Notre Président y était l’un des trois intervenants français, incarnant le cercle des think tanks, tandis que Jean-Pierre RAFFARIN et Henry GISCARD D’ESTAING, y représentaient respectivement le monde politique et économique. Cette plate-forme de dialogue de haut niveau, très attendue dans un contexte de retour aux discussions internationales, aspire à construire un consensus mondial et à promouvoir un développement commun et durable. Cette rencontre a notamment été l’occasion d’évoquer les mesures prises par les pays partenaires des Nouvelles Routes de la Soie pour garantir le maintien des échanges face au ralentissement du commerce et de l’investissement à l’échelle mondiale. Le rôle de la ligne China-EU Express dans la stabilisation de la chaine d’approvisionnement a également été abordé, ainsi que celui joué par l’e-commerce pour renouveler et développer la coopération économique internationale. Dans le contexte d’une implémentation des Nouvelles Routes de la soie, mais aussi d’un Accord d’investissement entre l’UE et la Chine qui fait débat, l’avenir des relations sino-européennes a également occupé l’espace de discussion.
Pour Joël Ruet, président du Bridge Tank, « l’investissement d’aujourd’hui fonde le commerce de demain »
Dans son intervention, Joël Ruet a souligné la nécessité d’optimiser le commerce eurasiatique, incarné par l’essor de la ligne ferroviaire Chine-EU, en insistant sur le rôle de l’investissement en amont. À ce titre, il appelle à un rééquilibrage des échanges, à la faveur d’exportations de technologies et équipements européens vers la Chine. Sur ce point, le Bridge Tank a longuement abordé le sujet des atouts compétitifs de l’UE à faire valoir dans ses échanges avec la Chine.
Il a également abordé la question énergétique : la Belt and Road Initiative (BRI) pourrait jouer un rôle important en connectant les deux champions en hydrogène que sont l’Asie et l’Europe. Le Bridge Tank a d’ailleurs développé plusieurs pistes de coopération en termes de recherche qu’il serait stratégique de développer entre les deux régions.
Joël RUET a ajouté que l’UE ne comptait pas aborder la question climatique comme un sujet parmi d’autres, mais bien comme une problématique qui conditionne et prévaut sur les intérêts de chacun, et a mis cette approche en regard de la ligne Blinken : traiter séparément rivalités technologiques et coordination pour le climat. Joël Ruet a indiqué qu’il reste à voir si cette séparation est audible par la partie chinoise.
Il a également porté une réflexion sur la place de l’Afrique dans le projet des Nouvelles Routes de la soie, suggérant que celle-ci veut et doit y trouver sa place. Selon lui, les investissements sur le continent africain, encore trop limités aux infrastructures, gagneraient à valoriser d’avantage le contact entre individus en misant sur le capital humain et la formation des compétences.
Le Ministre ukrainien des Affaires Étrangères en faveur d’une coopération européenne ambitieuse autour de l’hydrogène
Le ministère des Affaires étrangères ukrainien a soulevé les nombreux défis mis au jour par la pandémie. Il soutient que le commerce international jouera un rôle clef dans la reprise économique mondiale, à condition d’une coopération dynamisée. Pour cela, et à l’image de l’Ukraine qui se pose en hub logistique stratégique, les régions du monde doivent gagner en connectivité afin de favoriser des interactions multilatérales.
Il prône une coopération européenne renforcée sur le secteur des énergies alternatives telles que l’hydrogène. Il appelle ainsi à des efforts coordonnés en faveur de l’investissement dans les technologies de l’hydrogène, assurant que l’Ukraine compte y jouer son rôle de partenaire stratégique. Le Bridge Tank partage avec intérêt l’enthousiasme du Ministre pour une coopération innovante autour de l’hydrogène, comme en témoignent ces nombreux travaux sur le sujet.
Pour Jens Eskelund, directeur général de Maersk et vice-président à la Chambre de Commerce européenne en Chine, « le monde des affaires permet un dialogue international constructif au-delà du politique ».
Jens Eskelund a évoqué le pré-Accord d’investissement entre l’UE et la Chine dont la ratification a été suspendue à cause de différends politiques. Pour lui, il s’agit là du dangereux symptôme d’un phénomène de politisation du commerce mondial : le cercle politique rencontre le monde des affaires. Pourtant, cette situation est intenable sur le long terme : les deux parties doivent être conscientes de la nécessité de maintenir un dialogue ouvert. Pour lui, le commerce demeure le domaine où des liens constructifs et francs peuvent être maintenus indépendamment des divergences politiques. Le monde des affaires a donc un rôle à jouer pour maintenir le contact là où les relations diplomatiques font face à une impasse.
Selon lui, et le Bridge Tank abonde dans son sens, une coopération internationale est en effet cruciale pour répondre à des enjeux d’avenir tels que le défi climatique : sur ce sujet, l’UE et la Chine ne peuvent se permettre de développer des technologies en parallèle sans converger.
LIU Hualong et l’importance d’œuvrer vers un état de confiance pour refonder les relations internationales
Dans un contexte de crispation des échanges diplomatiques, le PDG de Poly Group a invité à renouer avec un état de confiance, prérequis nécessaire à tout échanges commerciaux ou investissements internationaux. Selon lui, le partage de l’expérience et l’établissement de la confiance sont essentiels pour reconstruire un monde post-covid durable et stabiliser la chaine d’approvisionnement globale.
Joël Ruet rebondit sur cette intervention, renchérissant que des rapports constructifs doivent s’enraciner dans un état de compréhension mutuelle, alimenté par des réseaux internationaux et des projets culturels. En effet, pour qu’un rapprochement sur l’investissement puisse être acté par les entreprises, il est essentiel d’apprendre à se connaitre, à travers des initiatives multiculturelle.
The Bridge Tank au Forum de BOAO : pour aller plus loin
Si le Bridge Tank est un partenaire fidèle du Forum de BOAO depuis 2018, c’est parce qu’il œuvre dans ces travaux à proposer une vision du monde convergente avec celle partagée à BOAO, en faveur de l’ouverture et de la coopération. Les entretiens proposés ci-dessous, accordé par Joël Ruet à des médias chinois, permettent d’aller plus loin pour approfondir le sens de cette vision commune.
Au cours d’une interview de CGTN TV, Joël Ruet a notamment proposé des pistes de réflexion sur la coopération environnementale entre la Chine, l’Union Européenne et les États-Unis. Il a également évoqué la nécessité de renforcer la coordination entre le G20 et la BRI, et abordé la question de la gouvernance de ces nouvelles Routes de la soie auprès de ces journalistes.
Joël Ruet a été cité par CCTV13, une chaine d’information nationale chinoise, au sujet du rôle de BOAO dans l’intégration économique de l’Asie, mais aussi du monde à l’échelle globale.
Lors d’un entretien à l’occasion de l’ouverture du Forum, le président du Bridge Tank a présenté son point de vue sur le commerce de demain, nécessairement fondé sur des investissements proactifs et ambitieux, une réforme de l’OMC, et le verdissement des Nouvelles Routes de la Soie. Repris dans un article de Xinhua News sur la place de la Chine dans le développement durable à l’échelle mondiale, Joël Ruet a soutenu que la BRI a un grand rôle à jouer dans la transition énergétique, en particulier dans le domaine de l’hydrogène.
Pour retrouver l’ensemble des ressources médiatiques du Bridge Tank autour de cette édition 2021 du Forum de BOAO : https://thebridgetank.org/2021/04/28/le-bridge-tank-au-forum-de-boao-dans-les-medias/.