Clap de fin pour la COP28 de Dubai. À l’heure du bilan, on retiendra évidemment l’accord final appelant à une « transition hors des énergies fossiles, » des avancées sur les pertes & dommages, et la question de l’adaptation et de son financement gagnant en visibilité.
Ces trois priorités illustrent aujourd’hui l’importance de développer des projets intégrateurs du développement répondant à la fois aux enjeux d’atténuation et d’adaptation. Contribuant à bien plus que la seule production d’électricité, les barrages hydroélectriques, d’autant qu’ils intègrent des programmes d’agriculture irriguée et de gestion durable des terres, sont de ces outils intégrateurs de politiques du développement qu’il s’agit de valoriser. La COP28 aura été l’occasion de présenter une de ces success stories en matière d’action climatique et de développement durable en provenance d’Afrique de l’Ouest.
Dans le cadre de la programmation officielle du Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), The Bridge Tank, l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et la Société de Gestion de Manantali (SOGEM) ont co-organisé un side event pour partager les résultats d’une étude innovante sur la contribution des ouvrages hydroélectriques Manantali-Felou-Gouina au développement dans la zone sahélienne et de l’Afrique de l’Ouest. L’évènement s’inscrit dans un cadre d’échanges récurrents avec le Partenariat Français pour l’Eau (PFE) et le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB).
Le side event a été organisé à l’occasion de la journée du « Global Goal on Adaptation », le 4 décembre 2023.
Comprendre et valoriser les contributions
Menée par Joël Ruet, l’étude présentée lors de cet évènement offre une analyse des différentes formes de contributions économiques du système d’ouvrages hydroélectriques de l’OMVS et de la SOGEM au développement durable de la zone sahélienne et de l’Afrique de l’Ouest.
Elle analyse pour cela l’effet d’entraînement rendu possible sur l’ensemble de la chaîne du développement. Contribution énergétique, hydraulique, agricole, socio-économique, ou encore à la restauration des terres dégradées et la lutte contre la salinité. Cela est sans compter les émissions de gaz à effet de serre évitées et la contribution historique au budget carbone mondial apportée par cette source d’énergie renouvelable.
L’étude apporte une contribution innovante à la démonstration des liens forts entre atténuation et adaptation. Sa valeur se trouve également dans ses contributions de politique publique. Cette étude est en effet la première étude systémique depuis l’évaluation par les organismes bailleurs (KfW, BEI, AFD) en janvier 2009.
Plus qu’une mise à jour essentielle, elle mobilise les acquis de la recherche sur le développement durable fort et apporte une méthodologie innovante du traitement de l’économie du développement dans un contexte d’émergence post-Accord de Paris sur le climat. Les recommandations informent les pouvoirs publics nationaux et multi-latéraux quant aux bénéfices de politiques publiques : transition énergétique, émergence, stabilité du climat, finance verte, etc.
L’étude apporte également une contribution technique recensant les apports définis et évalués par des méthodologies complémentaires. Apports comptables, micro-économie, scénarios contra-factuels alternatifs, macro-économie et élasticité, valorisation GES évités, et enfin « valeur d’option réelle » des stratégies de développement régionales et nationales débloquées par les actifs du système Manantali-OMVS sont autant de contributions techniques différentes analysées dans le cadre de l’étude.
Contributeurs et partenaires de l’évènement
Le panel de l’évènement était composé de :
- M. Aly Seydouba Soumah, Ministre de l’énergie, de l’hydraulique et des hydrocarbures, République de Guinée,
- M. Nabil Ben Khatra, Secrétaire Exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Sahel,
- M. Mohamed Abdel Vetah, Haut Commissaire de l’OMVS,
- M. Seydou Sané, Président du Conseil d’Administration de la SOGEM/OMVS,
- M. Mohamed Mahmoud Sid’Elemine, Directeur Général de la SOGEM/OMVS,
- M. Joël Ruet, économiste CNRS à l’Institut Interdisciplinaire sur l’Innovation, Associé Senior, Chaire Technology for Change, Ecole Polytechnique, Président de The Bridge Tank.
L’évènement a pu faciliter les échanges avec M. Jean-Luc Redaud, Président du Groupe de travail « Eau & Climat » du PFE, Mme Kathryn Bartlett, Soil Scientist pour AngloAmerican, M. Amadou Maiga Mahamadou, Directeur Général Adjoint de la Banque agricole du Niger, M. Abdoul Razak Baraze Saida, Directeur du crédit d’étude et partenariat du Secteur Agriculture et M. Abdou Nouridine Sanfo, Secrétariat Exécutif du Fonds Vert pour le Climat pour le Burkina Faso.