Le 15 septembre 2021, l’Australie a rompu un contrat avec la France de fourniture de sous-marins conventionnels, au profit d’une collaboration militaro-technologique nucléaire avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Cette rupture de contrat a mis en lumière l’alliance militaire naissante AUKUS (Australia, United Kingdom et United States), créé face à la montée en puissance chinoise en Indo-Pacifique. Cette alliance tripartite n’a fait que jeter un nouveau pavé dans la mare dans le contexte international actuel déjà tendu, ainsi qu’exacerber les relations diplomatiques entre la France et les Etats-Unis.
A l’occasion de la visite à Paris du Secrétaire d’Etats des Etats-Unis, Anthony Blinken, le 5 octobre 2021, pour tenter d’apaiser la situation, The Bridge Tank publie une note d’analyse, rédigée par le Général (2s) Eric de La Maisonneuve.
Cette note s’appuie sur l’idée selon laquelle le contrat dénoncé par l’Australie, contrat de long terme et considérable en termes financiers, était devenu un contrat limité sur le plan technologique et modeste au regard des enjeux stratégiques dans la zone Indo-pacifique. Ce revirement australien est révélateur de plusieurs points clés :
- L’aggravation de la situation dans la région, notamment en mer de Chine méridionale, l’antagonisme croissant entre la Chine et les Etats-Unis sur les sujets commerciaux, la montée en puissance impressionnante de la marine chinoise et des armements qui lui sont associés, les tensions multiples sino-australiennes, tout porte à la fois les Etats-Unis et l’Australie à revoir leur dispositif.
- Si, comme il est prévisible, les évènements se précipitent dans la zone, l’urgence prévaudra et les Américains seront contraints d’installer leurs bases et leurs sous-marins nucléaires directement en Australie, quitte à en louer ou en prêter quelques-uns à ces derniers. Là encore, il est probable que ce futur contrat sous l’égide d’AUKUS aura du mal à voir le jour.
- La France pour sa part devrait tirer les conséquences de ce fiasco diplomatico-stratégique dans trois directions :
- Réviser son complexe « politique étrangère / politique de défense »,
- Réévaluer à la faveur de la présidence française de l’UE le pilier européen de sécurité et sa concrétisation par une alliance franco-allemande,
- Repenser dans ce contexte nos dispositifs d’analyse de la Chine de mieux prévoir sa stratégie et d’anticiper ses actions.
Lire la note d’analyse: 2021-10-04-IB La Maisonneuve