L’équipe du Bridge Tank a été invitée à assister au Forum Mondial du Climat organisé en marge de la COP22 le dimanche 13 novembre à l’hôtel Palm Plaza de Marrakech par World Climate Ltd en partenariat avec le royaume du Maroc et IRENA.
Ce sommet a lieu tous les ans depuis 2010, et sert de forum pour rassembler entreprises, financiers, organisations internationales, régions et villes pour partager leurs expériences et solutions face au changement climatique. Il s’agit d’une plateforme leader pour faire entendre la voix des acteurs non-étatiques.
La cérémonie d’ouverture rassemblait des intervenants de haut-niveau pour évoquer l’urgence de l’action climatique : Yvo De Boer (ancien secrétaire exécutif de l’UNFCCC), Hakima El Haite (ministre déléguée chargée de l’environnement du Maroc), Adnan Z. Amin (directeur général de IRENA), Miriem Bensalah-Chaqroun (président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc) et Paul Polman (CEO de Unilever). Bertrand Piccard, pilote de l’avion Solar Impulse, a également donné un discours inspirant à propos des possibilités immenses qu’offre la technologie. L’ensemble des panélistes ont convergé sur l’idée que la dynamique de l’Accord de Paris doit absolument inclure le secteur privé et les territoires pour développer l’innovation, la technologie, et mobiliser les financements nécessaires.
Après la présentation du rapport « L’Etat de l’Economie Verte » par Mohammed Al Tayer, CEO de DEWA (Dubai Electricity and Water Authority), la première session a permis d’évoquer les solutions innovantes bas-carbone qui permettent de transformer les industries et les écosystèmes. Lisa Davis (Siemens) a évoqué l’importance de la technologie et de l’innovation pour réussir la transformation bas-carbone, mais aussi la nécessité d’un cadre réglementaire et législatif adéquat. Pour Pierre Victoria (Directeur Développement Durable chez Veolia), l’établissement d’un prix du carbone (que Veolia a déjà en interne) est indispensable au déploiement de solutions bas-carbone. Sonia Mezzour (Secrétaire Générale de l’ADEREE) a insisté sur l’efficacité énergétique comme secteur générateur d’emploi et comme opportunité pour le secteur privé.
Une deuxième session a ensuite permis de débattre de l’importance des partenariats et de la collaboration pour implanter les NDCs, en évoquant notamment les outils financiers et l’importance de l’intervention des institutions multilatérales de développement pour atténuer les risques financiers, notamment au stade précoce des projets. Alain Ebobissé de Africa 50, fonds d’investissement panafricain dédié aux infrastructures a donné l’exemple du travail de cette plateforme dans l’incitation à l’engagement du secteur privé et à la presque de risque au stade précoce. Le fonds aide notamment au financement et à l’atténuation des risques des pré-projets, pour les faire accéder au stade du financement.
L’après-midi a laissé place à plusieurs sessions parallèles de plus petite taille. Le Bridge Tank a notamment assisté à celle sur la « décarbonisation » de l’économie rassemblant entre autres Daniel Kammen (envoyé scientifique du département d’Etat Américain et professeur), Mustapha Bakkoury (CEO de Masen) ou Marie Donnelly (Commission Européenne). Ces derniers ont évoqué la transition énergétique nécessaire dans tous les secteurs (électricité, transport, industrie, construction, chauffage et climatisation…) par le développement des énergies renouvelables. Daniel Kammen a évoqué par exemple l’emphase qui est mise sur l’électricité et le transport, au détriment par exemple des industries de bien et services, ou des technologies de stockage dans la production. Marie Donnelly quant à elle, a insisté sur l’importance de la problématique de l’efficacité énergétique des systèmes de chauffage et de climatisation dans nos immeubles, qui représentent une part majeur de l’énergie utilisée en Europe. L’innovation et la gouvernance politique ont été soulignés comme deux leviers clés de cette transition. Nous avons également assisté à la session sur les modèles financiers innovants pour développer les projets verts, où l’immense besoin d’investissements du secteur privé a été mentionné, mais aussi les différents outils disponibles (obligations vertes, finance publique, pure-players, capital-investissement, titrisation …). De manière générale, les panelistes ont insisté sur la nécessité d’un engagement accru du secteur privé, avec le soutien des financements publiques et multilatéraux notamment pour l’atténuation des risques.
La journée a conclu sur une intervention du chanteur Akon, à l’origine du projet Akon Lighting Africa, qui a insisté sur la dimension inclusive de l’action climatique : il est nécessaire d’inclure les populations et communautés, et de développer l’éducation dans la lutte contre le changement climatique.