« La COP15 de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification est accueillie cette année par l’Afrique, sous la présidence de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest. Si, par le biais de la COP15, l’Afrique rend un grand service au monde en s’efforçant d’unifier les conventions sur la désertification, la biodiversité et le climat, le monde devrait lui rendre la pareille en ne perdant pas de vue les écosystèmes les plus importants du continent.
Dans l’une des régions les plus enclavées et les plus difficiles d’accès d’Afrique, le massif guinéen du Fouta Djalon est en train de mourir. Souvent appelés « le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », ce massif forestier qui abrite les sources de sept des plus grands fleuves de la région, arrosant l’Afrique de l’Ouest, où vivent 300 millions de personnes, est en train de s’assécher.
Les sources des fleuves sont en train de mourir. Les effets combinés du changement climatique et de l’impact du mal-développement sur les populations locales et le bétail ont exercé une forte pression sur cet écosystème dynamique mais fragile. Alors que la déforestation, la désertification et l’érosion des sols augmentent, la stabilité et le développement futurs de toute une région se trouvent menacés. La survie des rivières d’Afrique de l’Ouest dépend de la sauvegarde du Fouta Djalon.
Les défis auxquels est confronté le Fouta Djalon:
- Le changement climatique : la diminution des précipitations, les sécheresses cycliques et la désertification ;
- Des méthodes agricoles traditionnelles inadaptées, comme l’agriculture itinérante et la culture sur brûlis, qui entraînent une surexploitation des terres ;
- Diminution du couvert végétal, en raison par ex. de l’expansion des terres agricoles et des coupes de bois abusives dans les forêts pour le bois de chauffe ;
- Diminution de la qualité des sols, due par ex. au surpâturage qui accélère l’érosion et la désertification ;
- Épuisement des ressources en eau, dû à l’augmentation de l’ensablement et de la sédimentation des têtes de sources, à la diminution du couvert végétal et de la qualité des sols.
Une feuille de route pour la restauration écologique et le développement :
- Soutenir & mobiliser les communautés locales, par ex. par la diffusion de catalogues de bonnes pratiques d’agroforesterie traditionnelle et moderne, de restauration des écosystèmes, de sensibilisation et de formation des populations locales ;
- Encourager la recherche et l’innovation, en augmentant par ex. les données sur les ressources et les écosystèmes, en incubant des start-ups technologiques locales, en soutenant la recherche sur les solutions basées sur la nature, l’ingénierie environnementale locale ;
- Volonté politique et coopération régionale: organismes de bassin, cadres de coopération régionale autour d’une ressource commune pour assurer la durabilité sociale et environnementale ;
- Une obligation verte et bleue pour le Fouta Djalon, soutenue au niveau international, afin de mobiliser des fonds pour la restauration des ressources et le développement social du massif du Fouta Djalon. »
Les auteurs:
Joël Ruet
Économiste des ressources naturelles, Président, The Bridge Tank
Hamed Semega
Board Member Fondateur de The Bridge Tank, ancien Haut Commissaire de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), 2017-22