Dakhla – Au Maroc, les signaux d’émergence s’intensifient

La 3e rencontre internationale de Dakhla organisée sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI s’est tenue les 3 et 4 décembre sous le thème « Les nouveaux territoires économiques, acteurs et facteurs de l’émergence, expériences internationales comparées ». A cette occasion, Joël Ruet, président du Bridge Tank, a mis en avant les signaux d’émergence du Maroc, de sa diversification industrielle à la valorisation de son capital naturel.

Réunis à Dakhla, ville du sud marocain, experts et représentants politiques ont échangé pendant deux jours sur les processus d’émergence à l’œuvre, et sur la capacité de pays comme le Maroc, le Mexique, la Turquie ou l’Ethiopie à produire des richesses et à proposer une croissance nouvelle à haute valeur ajoutée.

Intervenant dans le cadre du Réseau de prospective du partenariat Maroc-France*, Joël Ruet a partagé son analyse sur les potentiels économique, industriel, environnemental et humain du Maroc. « Je pense sincèrement que le Royaume sort du lot, comme l’Ethiopie plus à l’est, ou la Turquie, mais avec une cohérence et une constance plus grandes que dans ce pays soumis à des aléas politiques croissants. Et je ne m’appuie pas, ou seulement superficiellement, sur la densification des IDE (nrdl : Investissements directs à l’étranger) mais sur des signaux plus profonds, à savoir la manière dont le Maroc orchestre ses quatre capitaux – technique, naturel, humain et social-», a estimé le président du Bridge Tank.

Rappelons qu’avec un taux de croissance compris entre 2 et 5% ces cinq dernières années ainsi qu’un déficit public ramené à 5,5% en 2013, le Maroc affiche une forme économique assez rare en Afrique et proche des autres pays qualifiés d’émergents.

Mais, comme l’a rappelé Joël Ruet, l’émergence est autre chose qu’une série de chiffres, autre chose que la capacité d’un pays à attirer l’investissement étranger. Chaque émergence est spécifique, fruit de la rencontre de modernisations sociales, de traditions industrielles propres, et d’un moment donné de la globalisation industrielle. Et à ces titres, le Maroc intensifie les signaux de son émergence.

Premier signal important selon Joël Ruet, le Maroc se diversifie. « Et l’émergence, je le rappelle, c’est au-delà du développement et au contraire de la spécialisation, une diversification industrielle, technique et des procédures des écosystèmes économiques », a-t-il poursuivi. Citant l’exemple de l’industrie automobile, il a relevé l’engagement de tous les acteurs (autorités territoriales, banques, industriels…) dans ce domaine, et notamment l’importance grandissante accordée à la formation.

Deuxième signal essentiel à l’heure d’un tournant global de l’usage et de la transformation des ressources, le Maroc a, selon Joël Ruet, pris conscience très tôt du caractère sacré de son capital naturel.  Les créations d’observatoires régionaux de l’environnement, le plan Maroc vert ou les grands projets solaires démontrant la volonté et surtout la capacité du Royaume a devenir pionnier dans le domaine, et pourquoi pas meneur exemplaire en Afrique.

Des atouts auxquels s’ajoutent sur les plans humain et technique, une réelle dynamique pour acquérir les savoir-faire en concluant des partenariats gagnant-gagnant et un élan dans la recherche. Et qui donnent déjà au Maroc tous les contours de l’émergence. Reste, comme l’a souligné le professeur Driss Gerraoui, président de l’Association d’études et de recherche pour le développement, membre du Réseau de prospective du partenariat Maroc-France, à transformer l’essai en structurant le territoire grâce au 12 nouvelles régions, appelées à devenir des pôles de développement capables de produire des richesses mieux réparties, de l’emploi local, tout en garantissant la durabilité des écosystèmes industriels et naturels.

*Depuis avril 2015, The Bridge Tank est membre-fondateur du Réseau de prospective du partenariat Maroc-France, aux côtés de l’Académie d’intelligence économique présidée par Alain Juillet, de l’Association d’études et de recherche pour le développement, présidée par Driss Gerraoui, et de l’Association internationale francophone d’intelligence économique, dirigée par Philippe Clerc.

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