L’actualité du développement durable est dominée par l’initiative annoncée lors du 75ème anniversaire de l’ONU par Xi Jinping d’être neutre en carbone à l’échéance de 2060. L’AIIB a décidé de ne plus financer de charbon. Le gouvernement chinois vise à passer le pic d’émission de carbone avant 2030 mais 80% des énergies primaires en Chine est carbonée représentant 27% des émissions de GES mondiales. Edmond Alphandéry, Pierre-Noël Giraud, Song Luzheng et Djellil Bouzidi ont débattu des instruments économiques d’une possible coopération UE-Chine en la matière dans un panel présidé par Philippe Coste.
Philippe Coste rappelle que pour l’immédiat de nombreux projets de centrales à charbon sortent de terre en Chine. Mais la conjonction d’une volonté de la Chine de passer le pic d’émission de carbone avant 2030 et du lancement par l’Europe de son plan vert en lien au plan de relance donne une très belle matière à coopération, à condition d’en identifier les pistes d’exploitation effective.
Edmond Alphandéry pousse pour l’outil d’un prix du carbone. En Europe une coalition des ministres des finances s’est mise en place en ce sens: c’est une solution de marché, décentralisée, poussant à produire des énergies non carbonées. En Europe 45% des émissions sont soumises au marché ETS. Ce mécanisme conserve le problème de la volatilité. Or pour garder sa puissance de signal prix, le prix des quotas d’émission doit être prévisible et stable sur le long-terme et Edmond Alphandery a mis en place une Task Force pour convaincre les autorités européennes de cibler les prix du carbone plutôt que les volumes des émissions.
La Chine est absolument clé dans la lutte contre le changement climatique. Elle en a pris conscience et mis en place un marché du carbone. Au sein de l’International Finance Forum, nous menons une initiative commune entre personnalités chinoises et européennes de premier plan envers une stratégie commune pour un prix convergent du carbone. L’idée diffuse en Chine.
Pierre-Noël Giraud insiste de même sur le rôle de la politique et de la société civile arguant que Les banques n’ont aucun intérêt s’impliquer du fait de la liquidité des marchés financiers. L’échec des green bonds est également manifeste car ils ne rapportent que 8 points de base.
Djellil Bouzidi partage complètement ce point de vue sur les green-bonds. Les taux zéros et les taux négatifs sont les ennemis. Le coûts de l’investissement ne varient pas et l’intensité énergétique des entreprises qui émettent des green bonds est en général pire après. L’état est très important, la lutte contre l’émission de GES est une affaire d’état ! Les obligations d’états indexées sur des performances environnementales (émission de GES, déforestation, indices composites) contraindraient des gouvernements à tenir leurs engagements, soit une nouvelle classe d’actifs : les sustainability-linked bonds, ou obligations à performance environnementale. La comptabilité privée est un autre levier pour les entreprises privées à deux niveaux.
Le débat a mentionné le rôle de l’Afrique : Demain les grands émetteurs seront l’Asie du Sud et l’Afrique. Dès 2050, la Chine sera revenue à 1 Mds d’habitants de même que l’Occident. L’Afrique aura 2,4 Mds d’habitant et 2,5 Mds d’habitant l’Asie du Sud. Or en Asie du Sud et moins encore en Afrique, on n’aura pas d’États suffisamment forts pour impulser des investissements. Un partenariat tripartite en Afrique doit être mis en place pour suppléer aux carences des états. On pourrait se mettre d’accord entre chinois et occidentaux. Il faut faire de l’Afrique un laboratoire des énergies vertes ! Les investissements en Afrique devraient être entièrement décarbonés même si, en pratique, cela rajoute des difficultés. La Chine, dans le cadre de BRI, pourrait se doter d’un prix du carbone dans ses investissements à l’étranger, incitant ses partenaires à faire de même. Les partenaires financiers – les banques – ont des clients qui les ont déjà poussés à sortir de l’inaction. Pour les instruments proposés : la structure de marchés de la finance neutralise la puissance de ces instruments.
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