La deuxième édition de Smart Cities India Expo s’est tenue du 11 au 13 mai, à New Delhi en Inde. Un événement qui a réuni 325 entreprises issues de 40 pays différents pour débattre des solutions intelligentes à mettre en place pour développer des villes durables en Inde. Présent sur place, Haruki Sawamura, analyste chercheur pour l’observatoire des économies émergentes du Bridge Tank, a pu constater la maturité des échanges et des innovations sur le sujet.
En juin 2015, le Premier ministre indien Narendra Modi lançait la mission « villes intelligentes » pour garantir le développement urbain de l’Inde, aujourd’hui très rurale, mais dont les villes devraient accueillir plus d’un tiers de la population en 2050.
Dans ce contexte, l’édition 2016 de Smart Cities India Expo a offert une occasion aux acteurs institutionnels et de l’Industrie de discuter des solutions à faire figurer dans une feuille de route indienne vers la ville durable. Et les dynamiques échanges, le soutien sans faille du gouvernement comme la fréquentation de l’exposition sont autant de signaux montrant que l’Inde est entrée dans une phase critique déterminante pour la croissance économique future de ses villes et le développement de leur potentiel d’affaires.
Un potentiel qui attire déjà. La présence des pavillons taïwanais, hollandais ou suédois a ainsi souligné la volonté d’acteurs étrangers de faire partie de ce mouvement indien vers un urbanisme intelligent et durable.
Villes intelligentes à l’indienne
Toutefois, si dans les villes déjà érigées et riches en infrastructures des pays développés, l’élan vers la « smart city » se caractérise principalement par le recours aux nouvelles technologies, en Inde le contexte comme le concept diffèrent.
En Europe par exemple, on entend par « smart », « le développement durable de villes qui utilisent les TIC ou l’Internet des objets (IoT) pour assurer une meilleure qualité de vie des citoyens en gérant plus efficacement les infrastructures de base ».
En Inde, le gouvernement a partagé sa définition du concept de villes intelligentes dans un document. On y découvre ainsi qu’il entend par smart city, une ville qui assure :
– Un approvisionnement en eau adéquat,
– Un approvisionnement en électricité sûr,
– Une mobilité urbaine efficace et un réseau de transports en commun,
– Des logements abordables,
– Une connectivité IT robuste et des outils numériques,
– Un environnement durable, et
– La sécurité et le bien-être des citoyens , en particulier des femmes , des enfants et des personnes âgées .
Ce, sans compter la présence d’infrastructures de base.
Du rêve à la réalité
Pour le développement des villes indiennes, les besoins sont donc clairement plus conséquents et transversaux. Un contexte essentiel à saisir pour la mise en œuvre des bonnes solutions. On pourrait d’ailleurs résumer l’édition 2016 par l’expression « du rêve à la réalité ».
Les entreprises participantes ont bien sûr exposé leurs rêves les plus fous pour l’avenir de l’Inde. Toutefois, M. Neeraj Gupta en charge de l’investissement pour l’International Finance Corporation (IFC) les a tempérés au nom du réalisme financier, évoquant « le rôle du secteur privé dans les villes intelligentes et la nécessité pour l’UE comme pour l’IFC de développer des modèles d’affaires durables et compétitifs ». Et critiquant « cet argent qui va vers les rêves » mais dont les résultats ne suivent pas, car les bailleurs de fonds ont manqué de mettre en perspective la durabilité du projet. « Les villes doivent être gérées comme une entreprise et construire des modèle d’affaires gagnant-gagnant entre elles et les opérateurs d’affaires », a poursuivi M. Neeraj Gupta, afin que les entreprises partenaires puissent s’assurer de la rentabilité à long terme des projets.
A la question, comment apporter l’intelligence appropriée aux villes indiennes ?, l’une des réponses données a donc été de mettre au point une feuille de route stable et modeste qui relie rêves et réalité et s’appuie sur des solutions durables, tant d’un point de vue environnemental que commercial.