Tanger – La croissance inclusive s’invente

Lors de la conférence MEDays 2015 de Tanger, au Maroc, Joël Ruet, président du Bridge Tank, a rappelé que le développement inclusif commençait par le bas grâce au dynamisme des populations déterminées à agir. Mais, si aucun modèle ne saurait s’imposer au monde, aux pays du sud en particulier, rien ne se fera sans une intégrité sans faille des élites et la responsabilité qui leur incombe de créer les conditions favorables à l’expression des volontarismes des jeunes et entrepreneurs de leurs Etats.

 

« Le développement inclusif commence par le bas. C’est le dynamisme de la jeunesse qui le créée et c’est la responsabilité des décideurs, des élus, de créer les conditions favorables en termes d’accès à l’énergie, d’accès à l’information et à la formation », a lancé Joël Ruet, aux MEDays, en ouverture de la table ronde « Emerging Economies Outlook: Modelling an Inclusive and Sustainable Growth ».

Aux côtés de Eric Besson, ancien ministre français, Karim Helal, président de l’association Asia-Egypt Business, et Alexei Vasiliev, conseilleur en politique extérieure du gouvernement russe, Joël Ruet a ainsi échangé sur les conditions à la création d’une croissance inclusive et sur les premiers exemples prometteurs en la matière.

Citant la réussite du projet « One Million Baht One Village Fund » en Thaïlande pour réduire le taux de pauvreté, celle du programme rwandais « une vache par famille » ou celle du programme « 3N » – « Les Nigériens nourrissent les Nigériens » – au Niger, il a souligné que s’il n’existe pas de recettes, il existe des valeurs d’exemple.

« Chaque pays doit trouver son modèle. Même si les grands piliers de l’énergie, des infrastructures, du financement durable, du respect de l’environnement sont incontournables. Et la densification de l’économie est centrale également, a-t-il poursuivi. Il faut bien voir qu’on est en Afrique dans des zones très étendues (l’Afrique c’est 10 fois plus grand que l’Inde par exemple). Même dans une Afrique à 2 milliards d’habitants, la densité resterait environ huit fois inférieure à celle d’une Inde à bientôt 1,5 milliard d’habitants. Y densifier l’économie locale, c’est avoir demain des débouchés locaux. Bien sûr il faut connecter les Afriques au reste du monde, il faut développer le commerce, un commerce équilibré, mais créer des marchés locaux peut contribuer à la création d’énormément d’emplois », a avancé le président du Bridge Tank pour favoriser le développement inclusif du continent africain.

Et face aux inquiétudes émises par certains devant les projets chinois en Afrique, il a souhaité clarifier le débat. « Une des grandes modifications que la Chine a apportée à la mondialisation c’est qu’elle a fait passer toute une partie du commerce vers du hors marché, via des contrats de long terme. On connaît en effet le problème des prix de session très faibles, mais là je renvoie à la responsabilité des élites africaines, des gouvernements, de la société civile et donc au besoin d’intégrité que nous évoquions précédemment. Mais n’oublions pas qu’un contrat de session de long terme est aussi un moyen de stabiliser les prix, a rappelé Joël Ruet. C’est donc assez simpliste d’incriminer d’un côté la mondialisation à l’américaine ou à l’occidentale, je simplifie, dans laquelle les prix fluctuent, et la mondialisation chinoise de l’autre, je simplifie encore plus, avec des prix fixes ».

Idée sous-entendue ici par le président du Bridge Tank : des partenariats avec les Emergents peuvent être un bon moyen de stabiliser les fluctuations bien connues et néfastes pour les Etats et régions qui souhaitent se développer. Le temps donné par les contrats de long terme permettant de mettre en œuvre des stratégies d’industrialisation et d’infrastructure solides.

Quant à la contradiction qu’il y aurait entre une prise en compte nécessaire des enjeux environnementaux et le besoin de croissance massive au sud, à Joël Ruet de conclure, que cette inquiétude n’a aucun sens si les Etats en développement misent sur « des stratégies nationales, régionales, résilientes, qui permettent de construire et d’accumuler du capital humain, du capital social et du capital naturel ».

Pour visionner le débat : https://www.youtube.com/watch?v=wI2NNLQvZX4&sns=tw

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