La question des échanges humains, qu’ils soient culturels, éducatifs ou scientifiques, est cruciale pour la vision du futur, en particulier dans cette période de crise sanitaire. Irina Bokova, Hervé Barbaret, Amel Kefif, Wu Peirong et Deborah Furet ont débattu de ces questions.
Pour Irina Bokova, c’est un sujet important dans le débat sur le recentrage des relations entre l’Europe et la Chine, d’autant plus que la Chine a investi largement dans les aspects patrimoniaux, culturels et identitaires.
Pour Hervé Barbaret , il faut créer de nouvelles solidarités, de nouvelles curiosités et de nouveaux réseaux.
- De nouvelles solidarités : l’accès aux oeuvres et l’expérience sensible est indépassable. Pour contrer les formes de communautarismes qui prétendent exclure une grande part de l’humanité d’oeuvres non produites par leur propre culture, il faut développer une démarche universaliste généreuse, qui ne hiérarchise pas, permet de croiser les regards, de profiter de la richesse des convergences et divergences dans les approches formelles.
- De nouvelles curiosités : le grand défi est celui de l’attractivité, de prendre acte de la richesse de l’offre culturelle de proximité et d’éveiller une curiosité pour cette offre.
- De nouveaux réseaux : l’offre culturelle est trop souvent en silos, il y a besoin d’une réconciliation du savoir. Les échanges humains post-covid nécessitent une approche décloisonnée qui peut se baser ou non sur les outils technologiques.
Amel Kefif souligne le point de vue entrepreneurial en lien aux comités de coopération nationaux, qui posent par exemple la question des investissement faits par les diasporas. La diaspora africaine développe des réseaux de développement pour créer des projets culturels entre l’Europe et l’Afrique, ainsi que des synergies socio-professionnelles et des accompagnements à l’entrepreneuriat. Ces projets participent à lutter contre les stéréotypes culturels mais aussi de genre. Ces bonnes pratiques dans les échanges culturelles entre la France et l’Afrique pourraient être dupliquées entre la Chine et l’Europe et vice versa. Cela pose des questions sur les obstacles et recommandations pour diriger des investissements productifs entre ces deux puissances, et quels sont les débats pour l’entreprenariat.
Wu Peirong rappelle que l’avancée technologique a contribué au progrès mais les réseaux sociaux créent une bulle culturelle qui contribuent à enfermer chacun dans ses sujets, ce qui pourrait renforcer la polarisation politique tel qu’on l’observe aux USA. Les technologies sont donc à double tranchant car elles peuvent créer des murs culturels.
Deborah Furet replace ces enjeux dans la tradition philosophique chinoise dans laquelle la transformation de la société ne passe par la politique, mais par l’individu, qui n’est pas le même que dans la culture européenne. En Chine, l’individu est indissociable des autres et de la nature. Cette tradition peut aider à penser les transformations sociétales.